Temple d'Athéna Pronaia
Le Temple d'Athéna Pronaia (ou Pronoia[1]) était un temple situé sur le site antique de Delphes. Il était situé dans le sanctuaire d'Athéna Pronaia, un groupe de bâtiments comprenant des temples et des trésors ainsi que le célèbre Tholos de Delphes. Il a connu deux états : un. premier temple archaïque (vers -580), dont seuls quelques pierres ont été retrouvées, et un second, construit vers 520-510 (38° 28′ 49″ N, 22° 30′ 30″ E) en tuf de Corinthe, en partie détruit lors d'une chute de rochers en 1905.
Description
modifierLe sanctuaire d'Athéna « Pronaia » se trouve au lieu-dit « Marmaria » (les Marbres), à environ 1500 m à l’est du grand Hiéron d’Apollon. Il est situé en contrebas de la route qui conduisait les pèlerins qui venaient à Delphes par voie de terre pour consulter l’Oracle. La déesse était nommée Pronaia car son temple était autrefois situé devant le temple d'Apollon.
Les figurines mycéniennes exposées au musée archéologique de Delphes, y compris la figure assise notable sur un trépied, ont été découvertes ici, mais sans contexte archéologique et il est probable qu'elles aient été apportées d'ailleurs.
Temple du haut archaïsme
modifierLe premier temple dédié à Athéna, de petites dimensions, était bâti en pierre poreuse (tuf) de couleur grise. Il fut construit au début du VIe s. av. J.-C. Huit chapiteaux, quelques tambours et quelques pièces de mur ont été retrouvées réutilisées dans les fondations du temple suivant. Les chapiteaux "en galette" sont caractéristiques du haut-archaïsme.
Temple de la fin de l'archaïsme
modifierCe temple a été construit vers 520-510 avant J.C., probablement dans le cadre d'un programme de construction lancé par les Alcméonides (famille noble d'Athènes) destiné à agrandir le sanctuaire et reconstruire le temple d'Apollon.
Ce second temple (13,25 × 27,46 m) fut également construit en pierre poreuse (tuf). Il s'agissait d'un temple périptère, constitué de 12 colonnes sur les côtés longs et 6 colonnes sur les côtés étroits. Les frontons étaient décorés, au Nord avec des figures en terre cuite (tête d'Athéna et acrotères ailées exposées au musée), au sud peut-être en pierre.
Lorsque le temple fut dégagé par la "grande fouille" en 1901, 15 colonnes étaient encore conservées à une certaine hauteur, mais elles furent détruites à la suite d'une chute de pierre en 1905. Il avait déjà subi, durant l'antiquité, un glissement de terrain suivi d'une réparation.
Les fragments de marbre d'une statue d'Athéna ont été découverts et sont attribués à la statue cultuelle d'Athéna, située dans la cella du temple[2]
Le voyageur Pausanias brosse une description du temple au IIe siècle lors de sa visite à Delphes :
« En entrant dans la ville, on trouve une série de temples : le premier était en ruines [...] le dernier s'appelle Temple d'Athéna Pronoia ; il abrite deux statues de la déesse. Celle qui se trouve dans le pronaos est une offrande des Massaliotes, de dimension plus grande que celle qui se trouve à l'intérieur... Quant au bouclier d’or qu’offrit Crésus de Lydie à Athéna Pronoia, la tradition delphique veut qu’il ait été pillé par Philomélos[3],[4]. »
Le temple cessa probablement d'être un lieu de culte après le IVe siècle ou Ve siècle, car à cette période, tous les sanctuaires païens étaient fermés à la suite de la montée du christianisme et la persécution des païens à travers l'Empire romain.
Dérivation en Temple d’Athéna « Pronoia »
modifierSelon Hélène Walter, professeur d'archéologie et d'Histoire de l'art, le temple aurait été renommé Temple d Athéna « Pronoia » (Prévoyante ou Providence) à partir du IVe siècle av. J.-C.[1].
L’origine de cette nouvelle dénomination est incertaine. Une hypothèse assez répandue est qu’il s’agirait d’un jeu de mots qui était à l’époque en vogue chez les Athéniens. En effet, comme l’explique le professeur d’archéologie Charles Picard, Athéna avait dans la mythologie grecque veillé sur l’accouchement de Léto ainsi que sur la naissance d’Apollon, ce qui expliquerait l’épiclèse de « Providence »[5].
Dans son discours sur le Roi-Soleil, l’empereur romain Julien indique en effet que « Les Anciens (les Grecs) avaient associé Athéna-Providence à Apollon »[6].
Les archéologues français Robert Demangel et Georges Daux notent néanmoins que la question de l’épiclèse Pronaia ou Pronoia était encore régulièrement débattue au début du XXe siècle[7].
Références
modifier- Walter 1984, p. 157.
- J. Marcadé, Sculptures inédites de Marmaria (Delphes), BCH 79 (1955), p. 379-418.
- Georges Roux, « Pausanias, le « Contre Aristogiton » et les « Énigmes de Marmaria » à Delphes », Revue des Études Anciennes, , p. 37-53 (lire en ligne)
- Pausanias, Description of Greece 10. 8. 6 (trans. Jones)
- Picard 1932, p. 245-253.
- Louis Ménard, Du polythéisme hellénique, Paris, (lire sur Wikisource)
- Demangel&Daux 1923, Introduction, p. 1.
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Sandrine Huber et Didier Laroche, Marmaria, l'autre sanctuaire de Delphes, Les Dossiers d'archéologie n°411, Mai-juin 2022, p. 62-67.
- Anne Jacquemin et Didier Laroche, Pourquoi Athéna est-elle Pronaia à Delphes ?", communication du 4 février 2019 à la Revue des Etudes grecques.
- Hélène Walter, Hommages à Lucien Lerat, Presses Univ. Franche-Comté, (lire en ligne)
- Charles Picard, Athéna Zostéria, Revue des Études Anciennes, (lire en ligne)
- Robert Demangel et Georges Daux, Fouilles de Delphes – Tome II – Topographie et Architecture, Paris, R DE Boccard, (lire en ligne)
- Bommelaer J.-F. (1997). Guide de Delphes. Marmaria, le sanctuaire d'Athéna à Delphes , Paris.
- Bommelaer, J.-F., Laroche, D., (1991). Guide de Delphes. Le site. Paris, p. 65-68.
- Kolonia, R. (2006). Le musée archéologique de Delphes, Athènes
Articles connexes
modifierLiens externes
modifierSur les autres projets Wikimedia :
- Temple d'Athéna Pronaia, sur Wikimedia Commons
Robert Demangel, « Fouilles de Delphes, Topographie et architecture, Le sanctuaire d'Athéna Pronaia », (consulté le )
- Didier Laroche et Anne Jacquemin, « Constructions et reconstructions à Delphes au IVe s. av. J.-C. », sur Les Dossiers d'archéologie, 2010, (consulté le )
- Jean-François Bommelaer et Didier Laroche, « Guide de Delphes – Sites et Monuments (Ecole Française d’Athènes) », (consulté le )