Tefal

entreprise française

Tefal est une entreprise française spécialisée dans les articles culinaires anti-adhésifs, filiale du groupe SEB depuis 1968, dépositaire de 150 brevets[Quand ?]à travers le monde[7].

Tefal
logo de Tefal
illustration de Tefal
Une boutique Tefal à Hong-Kong, en 2021.

Création 1956 à Sarcelles
Dates clés 1968 (Rejoint le groupe SEB)

8 novembre 1973 : immatriculation société actuelle

Fondateurs Marc Grégoire (en)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique Société par actions simplifiée
Slogan Comment s'en passer ?
Siège social Rumilly
Drapeau de la France France
Direction Pierre-Armand Lemoine (d) (depuis )[2]Voir et modifier les données sur Wikidata
Actionnaires Groupe SEB
Activité Fabrication d'articles métalliques ménagers
Produits « art culinaire »
pesage
Société mère Groupe SEB
Groupe SEB (depuis )[3]Voir et modifier les données sur Wikidata
Filiales OBH Nordica Sweden (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Effectif 2 014 en 2018
SIREN 301 520 920
TVA européenne FR39301520920[4],[5]Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web http://www.tefal.com

Chiffre d'affaires 393 829 300 € (2022)
Résultat net 11 277 800 € (2022)[6]
Un pèse-personne de la marque

Histoire

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L'entreprise Tefal S.A. est créée en 1956 à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, par deux ingénieurs, Marc Grégoire, ingénieur à l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA)[8] et Louis Hartmann, spécialiste du polymère anti-adhérent (téflon). Marc Grégoire travaille à perfectionner ses cannes à pêche, inventant la canne à pêche télescopique en Matériau composite (fibre de verre). Le matériau composite adhérant au démoulage, il a l'idée d'utiliser du téflon disponible à l'ONERA pour que la canne se démoule mieux. Lorsque sa femme Colette lui demande de lui fabriquer une casserole anti-adhésive, Marc Grégoire descend au magasin le plus proche où il ne trouve qu'une poêle[9]. Influencé par sa lecture d'un article scientifique, il met au point un procédé permettant d’ancrer le téflon sur le disque aluminium de cette poêle : le traitement de l'aluminium à l’acide chlorhydrique provoque de petits trous dans lesquels se fixe le téflon[8]. Le brevet de la première « poêle qui n'attache pas » est déposé en 1954[réf. nécessaire].

Marc Grégoire essaye ensuite de vendre son invention à différents producteurs, sans succès : la poêle à frire est considérée comme un bien d’équipement, acheté lorsqu’un foyer est fondé, puis passé de génération en génération, en renouvelant occasionnellement son revêtement. Les producteurs n’ont donc qu’un intérêt très limité dans cette innovation. Marc Grégoire décide alors de produire ses poêles antiadhésives lui-même : il créa la marque Tefal en 1956, contraction de « téflon » et « aluminium »[10]. La première poêle est déposée au musée Dupont-de-Nemours à Wilmington (États-Unis)[8]. En 1956, la SARL embauche son premier salarié, Helmut Mottl.

La nouvelle marque connaît un succès international peu après l’élection de John Fitzgerald Kennedy. En effet, au printemps 1961, Jackie Kennedy, la femme du président, met en avant la marque Téfal en se faisant photographier, sortant d’un magasin Macy's, avec une poêle Tefal à la main. En conséquence, les poêles de la marque se vendent par millions aux États-Unis, contraignant même Tefal à faire livrer ses poêles par avion aux États-Unis[11].

Cinq ans après, l'un des fournisseurs de disques d'aluminium, les Forges de Cran, devenues Pechiney Rhenalu, à Annecy (Haute-Savoie), propose à la jeune SARL Tefal une usine[12] de 3 000 m2 à proximité de son site. En 1961, Tefal s'installe à Rumilly.

En 1968, Tefal est rachetée par le groupe SEB. Le revêtement anti-adhésif est, à cette époque, fourni par la Société des Résines Fluorées, filiale de Péchiney Ugine Kuhlman (qui deviendra Atochem, puis Arkema) à Pierre-Bénite dans le Rhône, lequel produit solide est le tétrafluoroéthylène venant du (C2F4)n, en dispersion aqueuse devant être séchée sur les disques pour casseroles[réf. nécessaire]. Ce produit est appelé Soreflon, et est fabriqué par polymérisation du gaz initial. Il est aussi beaucoup employé en autres applications comme le ruban Téflon, ou des applications de protection du rayonnement nucléaire sortie d'apesanteur, dans les voyages spatiaux. C'est un produit neutre pouvant par contre devenir extrêmement nocif s'il se décompose au feu.

La société se développe sur une innovation intensive[13] : en 1974, un croque-gaufre et allume-gaz[13] ; en 1980, Tefal lance un nouveau revêtement anti-adhésif T-Plus à l’international[13] ; deux ans plus tard, elle lance sa première bouilloire électrique destinée au marché anglais ; en 1985, le premier pèse-personne électronique[13] ; en 1990, la pierrade électrique. En 1995, la société investit l'activité puériculture[13]. En 2002, le moule Proflex en silicone avec démoulage facile est mis sur le marché[13].

Pollution

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En , l’Agence régionale de santé d'Auvergne-Rhône-Alpes effectue des prélèvements d'eau potable à Rumilly, et découvre que la teneur en PFOA — un composé dont l'usage est interdit depuis 2020 — est 1,5 fois supérieure à la valeur sanitaire maximale[14].

En , le journal Le Monde publie un article sur la contamination au PFAS de certains sites français, et pointe du doigt le site de production de Rumilly, soulignant la contamination massive des nappes phréatiques du secteur[15],[16]. D'anciens salariés accusent le groupe Seb « d'avoir déversé ses boues de PTFE par camions dans ce qui était une décharge », ce que le groupe nie[17].

Un mois plus tard, la préfecture de la Haute-Savoie et l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes déconseillent, via un communiqué « de consommer les poissons pêchés dans le secteur de Rumilly »[18].

Début 2024, une proposition de loi visant à interdire, au , certains usages non essentiels des Pfas est votée au parlement français. Environ 1500 salariés de Tefal du site de Rumilly se retrouvent à Paris pour manifester contre la fermeture de leur usine. Le Canard Enchaîné rapporte que le service de communication interne a appuyé cette manifestation (journée d'absence payée, frais de repas et de logistique pris en charge par l'entreprise)[19].

Début , les députés approuvent la proposition de loi mais suppriment néanmoins du texte l'application de l'interdiction aux ustensiles de cuisine.

Affaire de corruption

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En 2013[20] éclate à Annecy une affaire de trafic d'influence[21].

La direction de Tefal veut modifier le contrat de travail de certains employés ce qu'un syndicat de travailleurs refuse[21].

Le bras de fer dure plusieurs semaines jusqu’à l'intervention de l'inspection du travail[21]. L'inspectrice du travail chargée de ce dossier découvre une irrégularité dans l’accord sur les 35 heures signé treize ans plus tôt et demande sa renégociation, mais la direction refuse[21].

Philip Paillard de l'union des industries et métiers de la métallurgie et le directeur des ressources humaines Dan Abergel décident de mettre l'inspectrice du travail sous pression pour la faire muter[21].

La direction de Tefal prend également contact avec les renseignements généraux. Rapidement l'inspectrice reçoit des pressions et menaces de sa hiérarchie. La presse révèle que l'entreprise s'est engagée à recruter en stage un proche de Philippe Dumont, directeur départemental du travail, en échange des pressions effectuées sur l'inspectrice du travail pour le compte de l'entreprise[21].

Tefal décide de porter plainte contre l'inspectrice du travail pour violation du secret professionnel et recel. Le procureur d'Annecy, Eric Maillaud, un ami intime[réf. nécessaire] de Philippe Dumont décide de donner suite à la plainte, non contre l'entreprise ou le directeur de l'inspection, mais contre l'inspectrice du travail et le lanceur d'alerte pour « faire le ménage » dans l'inspection du travail[22]. Le , des centaines de personnes manifestent devant le tribunal pour soutenir l'inspectrice du travail[23].

Le procès est renvoyé au . Les organisations syndicales du ministère du travail[24], les syndicats interprofessionnels locaux[25] et les sections Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) de Tefal[26] appellent au même moment à un rassemblement devant le tribunal.

Laura Pfeiffer, inspectrice du travail, reçoit en le « Prix éthique » de l'association Anticor pour son travail dans cette affaire[27]. Néanmoins, en , elle est condamnée en appel pour violation du secret professionnel et recel de documents confidentiels[28]. La journaliste Inès Léraud propose en un reportage sur l'affaire dans l'émission Les Pieds sur terre[29].

En , la Cour de cassation annule la peine et demande que l'affaire soit rejugée à l'aune de l'article de la loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (loi Sapin II) prévoyant une protection pour les lanceurs d'alerte. L'affaire est rejugée devant le même tribunal de Lyon en , avec une mise en délibéré le [30].

Le , la Cour d'Appel de Lyon, statuant sur renvoi, confirme néanmoins la condamnation de Laura Pfeiffer, pour « recel de violation du secret des correspondances et violation du secret professionnel », à 3 500  d'amende et 1 000  de dommages et intérêts en faveur des parties civiles[31]. La Cour ne retient pas le bénéfice de la Loi Sapin II et l'irresponsabilité pénale qui en découlerait, les critères nécessaires n'étant pas remplis en l'espèce, en particulier le respect d'une « procédure graduée », le caractère désintéressé, et « s’entourer de précautions particulières avant de rendre public l’objet de l’alerte [...] en s’étant affranchie de toutes les règles d’enquête et [des] pratiques professionnelles qui s’appliquent à tout inspecteur du travail, en ayant sciemment recelé [des] correspondances électroniques, […] Laura Pfeiffer [a] eu un comportement non seulement précipité, mais encore totalement inapproprié »[32].

Direction

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Notes et références

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  1. (en) « Tefal's Cookware Revolution | Innovative Journey - PH », (consulté le )
  2. « https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/dirigeants/301520920 »
  3. « https://annuaire-entreprises.data.gouv.fr/justificatif/440410637 »
  4. « https://amadeus.bvdinfo.com/version-2019829/ », sous le nom TEFAL (consulté le )
  5. annuaire entreprises (site web), DINUM. 
  6. https://www.societe.com/societe/tefal-301520920.html
  7. « Tefal », sur Societe.com (consulté le )
  8. a b et c Vincent Noce, « Comment M. Téfal a tissé sa poêle. Bilan à la mort de l'inventeur : le Téflon est partout, mais se décolle toujours... », Libération,‎ (lire en ligne).
  9. Norbert Alter, Les logiques de l'innovation, La Découverte, , p. 267
  10. Christian Marais, L'âge du plastique : Découvertes et utilisations, L'Harmattan, , 234 p. (ISBN 978-2-7475-8037-3), p. 156-157.
  11. « Quand Jackie Kennedy a mis en lumière la marque Tefal », sur RTL (consulté le ).
  12. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 252.
  13. a b c d e f et g Olivier Meier, Management du changement : Changement culturel et organisationnel, Dunod, , 192 p. (ISBN 978-2-10-058148-1, lire en ligne), p. 159-160
  14. « Présence de composés perfluorés (PFAS) dans l’eau potable sur la commune de Rumilly », sur Ville de Rumilly (consulté le )
  15. « "Les preuves arrivent en observant les gens tomber malades": une journaliste du Monde décrypte son enquête sur les polluants éternels PFAS », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (consulté le )
  16. « Rumilly, « capitale mondiale de la poêle » et hot spot de la « pollution éternelle » aux PFAS », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « En Haute-Savoie, les nappes phréatiques de Rumilly contaminées au PFOA », 20 Minutes,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Pollution de l'eau aux PFAS : il est déconseillé de consommer les poissons pêchés dans le secteur de Rumilly », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (consulté le )
  19. « Tefal a la com' accrocheuse », Le Canard Enchaîné, no 5396,‎ , p. 4
  20. « Le Responsable de l’Unité Territoriale de Haute-Savoie passe l’inspectrice du travail à la casserole TEFAL ! », sur CNT-TAS, (consulté le )
  21. a b c d e et f « À l’inspection du travail, la casserole Tefal », Libération,‎ (lire en ligne)
  22. « Affaire Tefal : le procureur veut «faire le ménage» dans l’inspection du travail », Libération,‎ (lire en ligne)
  23. « En Haute-Savoie, manifestation à Annecy pour soutenir l'ancienne inspectrice du travail de Tefal », sur France 3,
  24. « Téfal : appel à la mobilisation du 16 octobre 2015 », sur CNT-TAS, (consulté le )
  25. « Téfal : tract des unions départementales de Haute-Savoie », sur CNT-TAS, (consulté le )
  26. « Appel CGT et FO de Téfal 16 octobre 2015 », sur CNT-TAS, (consulté le )
  27. « Condamnée après s'être accrochée avec Tefal », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Bertrand Bissuel, « Affaire Tefal : la condamnation de l’inspectrice du travail confirmée en appel », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  29. Inès Léraud, « Des citoyens qui changent le monde (7) : L'inspectrice du travail de Téfal », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. AFP, « Troisième procès pour une « lanceuse d'alerte » de Haute-Savoie poursuivie par Tefal », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  31. LB, AFP, « Affaire Tefal : la condamnation de l'inspectrice du travail Laura Pfeiffer confirmée par la Cour d'appel de Lyon », sur france3, .
  32. Bertrand Bissuel, « Affaire Tefal : la condamnation de l’inspectrice du travail confirmée en appel », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Liens externes

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