Tara Polar Station
Tara Polar Station, est un bâtiment français hybride destiné à la recherche scientifique en Arctique. De conception unique, à mi-chemin entre un navire océanographique et une station polaire dérivante, Tara Polar Station est conçue pour s'installer sur la banquise arctique et accueillir une équipe scientifique pouvant compter jusqu'à vingt personnes. La première expédition est prévue en 2026.
Tara Polar Station | |
Type | Navire |
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Histoire | |
Architecte | Olivier Petit |
Chantier naval | Constructions mécaniques de Normandie |
Lancement | octobre 2024 |
Équipage | |
Équipage | 20 |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 26 m |
Maître-bau | 16 m |
Port en lourd | 250 t |
Caractéristiques commerciales | |
Cabines | 12 |
Carrière | |
Armateur | Fondation Tara Océan |
Pavillon | France |
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Historique
modifierLes racines du projet remontent à l'expédition arctique de la goélette Tara, entre septembre 2006 en janvier 2008. Le bateau s'est laissé enserrer par la banquise, s'est laissé dériver et s'en est libéré, après 505 jours de dérive sur environ 1 800 kilomètres.
En , le chantier CMN de Cherbourg remporte l'appel d'offres de la Fondation Tara Océan[1]. Le , la construction est officiellement lancée lors d'une cérémonie en présence du prince Albert II de Monaco et d'Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et les enjeux maritimes. La « moon-pool » est exhibée sur la table de montage[2],[3].
La construction de la coque est réalisée en deux étapes, la partie basse entre octobre et décembre 2023 et l'assemblage de la superstructure et de la coque en mars 2024. Le chantier initial s'achève par une mise à l'eau le dans le port de Cherbourg.
Prévisionnel
modifierLa construction doit être suivie par une campagne de tests au froid au Groenland début 2025.
Selon Chris Bowler, président du comité scientifique de la fondation Tara Océan, la station sera déployée dans les glaces arctiques pendant au moins vingt ans à partir de 2026, avec dix missions consécutives jusqu'en 2045[4], date à laquelle les scientifiques estiment qu'il ne devrait plus du tout subsister de banquise l'été.
La première mission « Tara Polaris I » partira en 2026 pour environ 500 jours en Arctique, avec Martin Hertau comme capitaine du bâtiment[5].
Conception
modifierComme sa grande sœur la goélette Tara, la station reprend l'idée du Fram de Nansen, premier navire d'exploration polaire à s'être volontairement laisser prendre par la banquise en 1893.
Comme son nom le laisse entendre, le navire est conçu pour passer la grande majorité de son existence stationnaire sur la banquise. Aussi, ses caractéristiques sont très différentes d'un bateau classique, sans contrainte hydrodynamique même s'il dispose d'une capacité de propulsion propre. Sa coque forme vu du haut un ovale de 26 mètres de long sur 16 mètres de large, avec un profil très arrondi, qui lui permettra d'éviter de se retrouver prise dans les glaces. Elle est surmontée d'un espace d'habitation en forme de dôme polyédral, le tout conçu par l'architecte français Olivier Petit d'après le cahier des charges de la fondation Tara Océan. Il doit supporter une température de -52 °C et sa coque en aluminium est conçue pour mieux y résister, contrairement à l'acier qui perd de sa souplesse et devient cassant par grand froid. Son poids est de 250 tonnes à vide. Son moteur est alimenté en biocarburant, mais du fait de son déplacement essentiellement par dérive ce bâtiment est en soi très économe. Son isolation a été soignée pour garantir le confort de l'équipage tout en permettant à la station d'économiser de l'énergie pour son chauffage[6].
Le bâtiment disposera de 400 m2 d'espace de vie dont six laboratoires. Il sera équipé de deux drones dont un drone sous-marin, d'une rosette de prélèvement et de capteurs atmosphériques ou sous-marins qui observeront en continu le milieu ambiant. En hiver, le bâtiment, complètement isolé, hébergera douze personnes, chacune disposant d'une cabine individuelle, six membres d'équipage et six scientifiques. L'été, le navire pourra accueillir jusqu'à 20 personnes, grâce à des rotations et ravitaillements.
Le moonpool, puits central de la station, est probablement l'élément le plus original du bâtiment. Ce cylindre en aluminium de 1,5 mètre de diamètre traversant les 4 niveaux permettra la descente et la remontée des plongeurs et la réalisation de prélèvements dans les eaux polaires depuis l'intérieur même du bâtiment.
Le budget prévisionnel du projet monte à 20 millions d'euros pour la conception et la construction, auxquels il faut ajouter environ 3 millions de frais de fonctionnement annuels. Il est financé à 60 % (13 milliards) par l'état français dans le cadre du plan France 2030 et de la stratégie polaire française Équilibrer les extrêmes[7],[8]. Le reste du financement est assuré par un partenariat associant une trentaine de laboratoires de 15 pays. D'après Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan, il faut comparer ce montant aux 150 millions d'euros de l'expédition MOSAiC qui a mobilisé pendant un an le Polarstern, brise-glace de recherche de l'institut allemand Alfred-Wegener[9].
Science
modifierL'objectif de Tara Polar Station est « de documenter et de comprendre la dynamique » du changement climatique en Arctique, d'« objectiver les données scientifiques et recenser la richesse de la biodiversité locale», « ces connaissances futures sont porteuses d'espoir pour mieux comprendre et ainsi préserver ce qui peut encore l'être en Arctique, mais aussi ailleurs » affirme la fondation Tara Océan.
Objectifs scientifiques
modifierLa station est conçue pour abriter douze à vingt personnes, dont une majorité de scientifiques, et doit permettre de poursuivre plusieurs objectifs :
- mieux comprendre l'impact du changement climatique en Arctique et sur le reste de la planète ;
- améliorer la connaissance de la biodiversité sur Terre en explorant des régions non accessibles aujourd'hui ;
- révéler les adaptations uniques qui ont évolué pour permettre la vie dans cet environnement extrême ;
- analyser les conséquences de la fonte de la glace de mer et la pollution sur ces écosystèmes uniques et fragiles ;
- observer les stocks de poissons de l'Arctique et l'impact de l'arrivée d'espèces plus tempérées ;
- découvrir de nouvelles molécules ou espèces ayant de nouvelles applications potentielles.
Tara Polar Station doit héberger 6 laboratoires : un laboratoire humide pour la manipulation des échantillons dont les carottes de glace, des laboratoires secs avec instrumentation, et des laboratoires dédiés à l'expérimentation sur place pour mener des expériences sur les organismes et les écosystèmes[10]. Parmi l'équipage on comptera des climatologues, biologistes, physiciens, glaciologues, océanographes, ingénieurs, artistes, médecins, journalistes[11].
Équipe scientifique
modifierLa fondation Tara travaille avec le CNRS, le CEA, le laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) et d’autres grands laboratoires de recherche internationaux, au total une trentaine de laboratoires de 12 pays. Elle est reconnue d’utilité publique depuis 2003 et dotée du statut d'observateur spécial à l'ONU.
L'équipe scientifique est pilotée par trois chercheurs du domaine[12][source secondaire souhaitée] :
- Lee Karp-Boss, océanographe, Université du Maine ;
- Chris Bowler, biologiste, ENS / CNRS, co-directeur de la Mission Microbiomes et président du comité scientifique de la fondation Tara Océan ;
- Marcel Babin, océanographe, Université Laval / CNRS.
Elle comprend en outre une trentaine de scientifiques de tous les domaines concernés[12][source secondaire souhaitée] :
- Jørgen Berge, écologiste marin, Université de Tromsø ;
- Rolf Gradinger, écologiste spécialiste de la glace, Université de Tromsø ;
- Marit Reigstad, écologiste marin, Université de Tromsø ;
- Paul Wassmann, biogéochimiste marin, Université de Tromsø ;
- Katja Metfies, écologiste moléculaire, Institut Alfred-Wegener (AWI) ;
- Maxime Geoffrey, spécialiste en acoustique et en écologie des poissons, Université Mémorial de Terre-Neuve ;
- Joannie Ferland, ingénieure en biologie ;
- Marie-Hélène Forget, coordinatrice scientifique ;
- Thomas Linkowski, ingénieur océanographe ;
- Douglas Couet, ingénieur en biologie ;
- Patrick Wincker, spécialiste en génomique ;
- Julia Schmale, spécialiste en microphysique de l'atmosphère, EPFL ;
- François Ravetta, spécialiste en physique de l'atmosphère, LATMOS / IPSL, CNRS ;
- Kathy Law, spécialiste en chimie de l'atmosphère, CNRS ;
- Dirk Notz, spécialiste de la glace, Max Planck Institute ;
- Florent Dominé, spécialiste des virus, Université de Laval / CNRS ;
- Francois Fripiat, océanographe et spécialiste de la glace, Université Libre de Bruxelles ;
- Marcel Nicolaus, spécialiste de la glace, AWI ;
- Martin Vancoppenolle, spécialiste de la glace et du climat, CNRS ;
- Søren Rysgaard, spécialiste de la glace, Université d'Aarhus ;
- Marie-Noëlle Houssais, océanographe polaire ;
- Benjamin Rabe, spécialiste du climat polaire, AWI ;
- Mathieu Ardyna, océanographe, Université de Laval / CNRS ;
- Kelsey Bisson, océanographe, États-Unis ;
- Nina Schuback, océanographe, Institut polaire suisse ;
- Antje Boetius, biologiste, AWI ;
- Connie Lovejoy, microbiologiste, Université de Laval ;
- Jody Deming, microbiologiste, Université de Washington ;
- Flora Vincent, biologiste spécialiste du microbiome, EMBL ;
- Eva Ortega-Retuerta, microbiologiste ;
- Colin Brownlee, biologiste cellulaire, Université de Southampton ;
- Éric Maréchal, spécialiste des lipides, CEA/CNRS ;
- Georg Pohnert, spécialiste en métabolomique, Max Planck Institute ;
- Silvia Gonzalez Acinas, microbiologiste, ICM-CSIC.
Notes et références
modifier- « La station polaire arctique de Tara sera construite par CMN », sur Le marin (consulté le ).
- Charlotte David, « Tara Polar Station : la construction officiellement lancée | Mer et Marine », sur www.meretmarine.com, (consulté le ).
- « Le chantier du « Tara Polar Station » officiellement lancé », sur Le marin (consulté le ).
- « La fondation Tara océan dévoile sa station polaire arctique », sur Le marin (consulté le ).
- « La station polaire Tara mise à l'eau avec succès, première mission en 2026 | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le ).
- Nathalie Mayer, « Mise à flot de Tara Polar Station : la dérive exploratoire de l’Arctique va pouvoir commencer ! », sur Futura (consulté le ).
- « Stratégie polaire française », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr (consulté le )
- « Équilibrer les extrêmes - Stratégie polaire de la France à horizon 2030 » [PDF], sur www.enseignementsup-recherche.gouv.fr, , p. 33
- « La construction d'une station polaire flottante est lancée pour étudier l'impact du réchauffement climatique sur la biodiversité », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Tara polar station, l'expédition au cœur du climat arctique », sur Techniques de l'Ingénieur (consulté le ).
- « Fondation Tara Océan : la recherche au plus proche de l'océan », sur enseignementsup-recherche.gouv.fr, (consulté le ).
- « Tara Polar Station, station polaire dérivante en Arctique », sur Fondation Tara Océan (consulté le ).