Le mot symbolique peut prendre différentes significations.

Pour tous les sens pris par ce mot en adjectif : «  Qui n'a de valeur que par ce qu'il exprime ou ce qu'il évoque[1]. »
Pour le substantif[1],[2] :

La symbolique-système

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La symbolique est un ensemble de symboles propre à un domaine, un système de signes particulier. Elle peut concerner, du côté des objets désignés, un être naturel (ex. : la symbolique du lion), un art ou une technique (ex. la symbolique architecturale), une religion (la symbolique chrétienne), etc. ou, du côté de ceux qui désignent, un peuple (la symbolique viking), un groupe humain (ex. : la symbolique des alchimistes), une école (la symbolique des romantiques), une époque (la symbolique médiévale), etc.

Les symboles ont tendance à s'organiser en constellations, ils ne sont pas isolés, ils forment des réseaux ; par exemple, la symbolique de la naissance concerne des vivants, des moments, des personnes, des pensées, etc. reliés de façon significative.

Chaque culture a une symbolique. Pour Lévi-Strauss, « toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres[3]. » Pierre Bourdieu a développé cette analyse des systèmes symboliques en en montrant le pouvoir et la violence[4].

Les symboles de propitiation de toutes les religions, d'intercession devenue ciment culturel, se groupent en systèmes essentiellement religieux quelquefois politiques, qui forment un langage cohérent : mythe, rituel, rêve, récit initiatique, poème, tableau, etc.

Les symboles naturels, de la Nature sans artefact de l'homme, tout autant, sont perçus comme des systèmes non chaotiques : les « Quatre Éléments » s'appellent les uns les autres, les parties d'un arbre (racines, tronc, branches ; feuilles, fleurs, fruits) entrent en relations organisées, etc. Les couleurs constituent un monde.

Les symboles forment donc des systèmes, à savoir des complexités variées, interactives, organisées, totales et finalisées.

Mais selon quelles lois ?

Une première loi est, peut-être, l'opposition. Chaque symbole signifie une chose et aussi, du moins en partie, son contraire : l'eau donne la vie comme la mort. De sorte qu'un système de symboles comprend à la fois ses symboles et ses contraires. Une deuxième loi serait la chaîne.

Les symboles se suivent les uns les autres selon une certaine affinité, qui semblerait peu logique, rationnelle, causale. Jacques Chevalier donne ces exemples de chaînes : « "taureau-lune-nuit-fécondité-sacrifice-sang-semence-mort-résurrection-cycle, etc.", "foudre-nuages-pluie-taureau-fécondité, etc." »

Cette logique obéirait à la ressemblance, à la contiguïté spatiale ou temporelle, à la causalité (théorie de l'association d'idées de David Hume[5]) ou à la parenté et à la sympathie, aux correspondances et analogies (théorie des analogies et correspondances Pierre A. Riffard[6]), ou aux pulsions inconscientes (théorie freudienne de l'association libre Sigmund Freud[7]).

La notion de champ lexical peut s'avérer pertinente.

Quelles sont les choses à valeur symbolique ?

Les Chinois listent :

  • animaux, céréales (blé, riz, maïs, orge, millet)
  • couleurs
  • éléments (terre, métal, eau, air, feu)
  • nombres
  • notes de musique
  • odeurs (rance, brûlé, parfumé, odeur de viande crue, pourri)
  • organes des sens (yeux, oreilles, nez, bouche, peau)
  • orients (centre, sud, ouest, nord, est)
  • saisons
  • saveurs (acide, amer, doux, âcre, salé)
  • végétaux
  • viscères (foie, cœur, rate, poumons, reins)[8]...

On trouve donc des catégories (animaux, céréales…), des listes (céréales : riz, blé), des correspondances (feu, sud, rouge, amer, poulet, sept qui se correspondent).

Tableau des correspondances pour « Cinq Éléments »
Bois Feu Terre Métal Eau
Couleur cyan[9] (bleu à vert) rouge jaune blanc noir
Point cardinal est sud centre ouest nord
Saison printemps été
(deux premiers mois)
Changement de saison
(tous les trois mois)
automne hiver
Planète Jupiter Muxing Mars Huoxing Saturne Tuxing Vénus Jinxing Mercure Shuixing
Note de musique chinoise
(système pentatonique)
mi júe sol zhǐ do gōng shāng la
Viscère « plein » foie cœur rate poumon rein
Viscère « creux » vésicule biliaire intestin grêle estomac gros intestin vessie
Doigt index médium / majeur pouce annulaire auriculaire
organe des sens œil langue bouche nez oreille
Sens vue parole goût olfaction audition
Humeur larmes bave salive sécrétions nasales, mucus sueur
Saveur aigre/acide amer doux, sucré piquant salé
Sentiment colère joie réflexion, introspection anxiété peur
Vertu confucéenne fraternitérén bienséance parolexìn devoir sagessezhì
Comportement contenance regard pensée parole écoute
Technique martiale saisie poing paume tranchant pique
Animal domestique volaille mouton, chèvre bœuf chien, cheval porc
Fruit poire prune kaki pêche châtaigne
Graine sésame blé riz millet haricot
... (non exhaustif)

La symbolique-interprétation et la symbolique-théorie

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Quand le mot « symbolique » désigne l'art d'interpréter, on se trouve face à une discipline précise, l'herméneutique. « On distingue sens ou valeur symbolique et interprétation symbolique. Une interprétation symbolique dépend entièrement de son auteur, qui est le lecteur, alors que le symbole comme procédé dépend de l'auteur du texte (ou d'une œuvre) et demande à être perçu par le lecteur » (Bernard Dupriez)[10].

Quand le mot « symbolique » désigne une théorie des symboles, il désigne la symbologie, qui décrit ou étudie les symboles dans leur histoire, leur classification, leur morphologie, etc.

Le travail de symbolisation chez Freud et ses successeurs

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Dans la psychanalyse freudienne on parle plutôt de travail de symbolisation pour mettre en évidence un processus et notamment éviter une vision « symboliste » qui n'a rien à voir avec les théories de Sigmund Freud ou celles de Melanie Klein. La vision « symboliste » est le fait des théories de la psychologie analytique de Carl Gustav Jung qui présentent une dimension mythologique.

Pour Jung la symbolique est l'ensemble des symboles [mots, images, gestes, œuvres d'art...] à signification constante qui peuvent être retrouvés dans diverses productions de l'inconscient [fantasmes, rêves, actes manqués, mots d'esprit, symptômes...][11].

Le symbolique en psychanalyse lacanienne

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Selon Jacques Lacan, qui a poursuivi l'étude du « forclos » le symbolique est l'un des trois « registres essentiels » qu'il distingue dans le champ de la psychanalyse, avec l'imaginaire et le réel. Le symbolique change de sens, de genre et désigne alors « l'ordre des phénomènes auxquels la psychanalyse a à faire en tant qu'ils sont structurés comme un langage[12]. »

Le symbolique est un registre de l'ordre de l'inconscient, celui des signifiants. Il concerne la capacité de représentation. Il est lié à l'acte de parole. Dès 1953, Lacan médecin psychanalyste et structuraliste (« le symbolique, l’imaginaire et le réel ») distingue trois registres : RSI, « le symbolique », « l'imaginaire », « le réel »[13]. Le fait d'apprendre le langage nous coupe en quelque sorte du monde : ainsi naît « le Réel », ce qui ne peut être nommé, ce qui ne relève pas du langage. Le langage dans lequel nous naissons contient des valeurs, cela organise le monde dans lequel nous vivrons avant même que nous soyons né. Cette dimension organisatrice et de distribution de la valeur, Lacan l'appelle « le symbolique ». Le symbolique qui utilise les symboles « topo ° logique » est « l'ordre des phénomènes auxquels la psychanalyse a à faire en tant qu'ils sont structurés comme un langage ». Quant à l'« imaginaire », il désigne « la manière dont le sujet se perçoit par le truchement des autres et du langage dans lequel il se trouve[14]. » En 1956-1957, Lacan différencie un « père réel » (le géniteur), un « père symbolique » (qui vaut comme fonction) et un « père imaginaire » (à la limite du « voulu »).

Notes et références

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  1. a et b « Définition de "Symbolique" », sur CNRTL.
  2. Selon Jean Chevalier, l'auteur du Dictionnaire des symboles (1969, 1982)
  3. Claude Lévi-Strauss, Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss, apud Marcel Mauss, Sociologie et Anthropologie, PUF, 1950, p. XIX.
  4. Samuel Lézé, "SYMBOLIQUE", in : Cazier (dir.) Abécédaire de Pierre Bourdieu, Sils Maria, Vrin, p. 192-95
  5. Sur la théorie de l'association des idées : David Hume, Enquête sur l'entendement humain (1748), section III.
  6. Sur la théorie des analogies et correspondances : Pierre A. Riffard, L'ésotérisme, 1990, Robert Laffont, coll. 'Bouquins", p. 335-348.
  7. Sur la méthode d'association libre : Sigmund Freud, Ma vie et la psychanalyse, 1925, Gallimard, p. 50-52.
  8. Marcel Granet, La pensée chinoise, 1934, Albin Michel 1968, p. 309, 311, 312.
  9. le terme chinois , que l’on retrouve dans l'écriture chinoise du dragon azur associé, désigne en fait toute la gamme de couleur entre le bleu et le vert, et est conventionnellement associé au cyan
  10. Bernard Dupriez, Gradus, 1984, p. 437.
  11. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles (1re éd. 1969, édition revue et corrigée 1982, Robert Laffont, coll. "Bouquins", p. XII, XIII.
  12. Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, 1971, p. 474.
  13. Jacques Lacan, Écrits, Seuil, p. 274-279.
  14. Du langage dans lequel «il» se trouve d'après Lacan

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Sigmund Freud, La science des rêves (1900). Approche psychanalytique.
  • Vladimir Propp, Morphologie du conte (1928), Seuil. Approche structurale.
  • Gaston Bachelard, La psychanalyse du feu (1938), L'eau et les rêves (1942), L'air et les songes (1943), La terre et les rêveries du repos (1948), La terre et les rêveries de la volonté (1948), éd. Corti.
  • Carl-Gustav Jung, Psychologie et alchimie (1944), Buchet-Chastel.
  • Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'imaginaire (1960), Dunod. Approche anthropologique.
  • G. Scholem, La kabbale et sa symbolique (1969), trad., Payot, Paris, 1966.
  • R.A. Schwaller de Lubicz, Du Symbole et de la Symbolique (1951), Impr. Schindler, Le Caire. Réédition Dervy-Livres, Paris, 1978. (ISBN 9782850760884)
  • Jean-Claude Milner, Les Noms indistincts, Le Seuil, collection « Connexions du Champ freudien », 1983
  • Manfred Lurker, Dictionnaire des dieux et des symboles des anciens Égyptiens, Pardès, 1994.
  • Alexander Roob, Alchimie et Mystique, Taschen, 1997.
  • E.Dufour-Kowalski, Symbolique du Pentagramme, Slatkine, Genève, 2012. (ISBN 9782051024426)

Articles connexes

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