Strollad ar Vro

parti politique breton

Strollad ar Vro (« Parti du Pays » en français), est un parti politique breton créé en 1972 par Jean Le Calvez avec le soutien de Yann Fouéré.

Logotype du Strollad Ar Vro.
Drapeau du Strollad Ar Vro.

Il se définissait comme nationaliste breton et fédéraliste européen et était l'héritier de la branche nationaliste du Mouvement pour l’organisation de la Bretagne, par opposition aux régionalistes de gauche qui créent l'Union démocratique bretonne en 1964. On y retrouvait des anciens du MOB, des militants bretons classés plutôt à droite ainsi que des militants nationalistes de gauche. Dans son manifeste, lors de sa création, Strollad ar Vro préconisait une « harmonieuse collaboration des classes »[1]. II avait ouvert de nombreuses permanences, embauché des responsables de secteurs et des troupes de choc, suscité des candidatures — les gaullistes désirant sans doute s'infiltrer dans les rangs des nationalistes bretons, afin soit de les manipuler, soit de démanteler les réseaux FLB. Néanmoins, en 1974 le parti se rallia, dès le premier tour, à la candidature de François Mitterrand face au candidat fédéraliste (Guy Héraud), ce qui provoqua de nombreuses de démissions. Le il s'associa avec les Comités d'action bretons et à Stourm Breizh pour fonder le Front socialiste autogestionnaire breton[2],[3]. La permanence régulière du F.S.A.B. se tiendra d'ailleurs dans ses locaux de Saint-Brieuc. Son organe de presse était l'Avenir de la Bretagne. Après la dissolution du front devenu F.A.S.A.B, il s'étiola et changea de nom en 1982 il s'appela désormais le Parti pour l'organisation de la Bretagne libre.

Moyens financiers

modifier

Jean Le Calvez expliquait ses énormes disponibilités financières par le fait qu'il s'agissait là du « produit des fraudes fiscales de sa société ». Une enquête permit d'établir que le « produit des fraudes fiscales » provenait en réalité des caisses de sa Société Francexpa.

Membres

modifier

Le parti Strollad ar Vro comptait quelque 800 adhérents. Il était composé de 17 fédérations, d'un Conseil National de 43 membres et d'un Comité Directeur de 30 membres. L'instance dirigeante était un Bureau Politique de 6 personnes dont le Président était Jean Le Calvez, le secrétaire national Lucien Raoul, le secrétaire adjoint Lionel Divard, le responsable aux affaires bretonnes Louis Bergeron, le responsable aux affaires françaises Michel Barré et le responsable presse Yves L'Haridon [4].

Élections

modifier

Strollad ar Vro présente, pour la première fois, 32 candidats aux législatives en .

À cette première élection, les meilleurs résultats par département furent : Côtes-du-Nord 3,16 %, Finistère 3,06 %, Ille-et-Vilaine 2,95 %, Loire-Atlantique 6,15 %, Morbihan 1,72 %.

Puis suivirent les cantonales de septembre de la même année où on relève les résultats suivants : Côtes-du-Nord : (Saint-Brieuc) 5,32 % ; Finistère : (Lannilis) 14,61, (Ploudalmézeau) 24,69 ; Ille-et-Vilaine : (Rennes I) 6,59 % ; Loire-Atlantique : (Saint-Nazaire) 3,69.

Pour un début, c'était prometteur mais la prise de position, dès le premier tour, en faveur de la candidature de François Mitterrand alors qu'il y avait un candidat fédéraliste divisa et affaiblira énormément ce jeune parti qui continuera à se maintenir jusqu'en 1977 date à laquelle il se marginalisa jusqu'à son changement de nom en 1982 pour devenir le Parti pour l'organisation de la Bretagne libre.

Publications

modifier
  • Pourquoi des députés, programme électoral pour les législatives 1973.
  • Pour une gauche fédéraliste bretonne, Frañch Tremel, dépôt légal .

Rôle dans la diffusion de l'expression « Loi Pleven »

modifier

On doit à Strollad ar Vro, en 1973, d'avoir baptisé (à tort) « Loi Pleven », la loi de 1972 contre le racisme que le parti menaçait d'invoquer pour se plaindre de la diffusion du film Tout va très bien Madame la Marquise, jugé insultant pour le peuple breton. Cette plainte ainsi qu'une campagne la même année d'Ordre nouveau puis du jeune Front national contre la loi de 1972, contribuèrent à accréditer l'idée d'une implication du ministre dans cette loi et à diffuser l'expression inappropriée « Loi Pleven ». Au vrai, la loi résultait de propositions parlementaires et non d'un projet du ministre qui s'y était d'ailleurs clairement opposé le 8 janvier à l'Assemblée nationale[5].

Notes et références

modifier
  1. Manifeste 1972, p. 11
  2. Histoire chronologique des pays celtiques Jakez Gaucher 1990.
  3. Éléments de la théorie et de la pratique du F.S.A.B., 13 août 1975, imprimerie spéciale du F.S.A.B.
  4. Organigramme, juin 1974
  5. J. S., « Un groupement breton obtient le retrait de “Tout va très bien, Madame la marquise” », Le Monde, 30 avril 1973 dans Dominique Chathuant, Nous qui ne cultivons pas le préjugé de race. Histoire(s) d'un siècle de doute sur le racisme en France, Paris, Le Félin, 2021, p. 367.