Pan (instrument)
Un pan[1], aussi appelé steelpan[2] (/ˈstiːl.ˌpæn/), ou steeldrum[3], ou plus rarement, tambour d'acier[4] ou tambour métallique[5], est un instrument de percussion idiophone mélodique.
Steel drum | |
Pan de Tobago. | |
Famille | percussions |
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Il est originaire de Trinité-et-Tobago (Caraïbes) et principalement utilisé dans des orchestres appelés steelbands[6], typiquement composés de plusieurs de ces instruments différents[7], du grave à l’aigu, ainsi que d’une polyrythmie. Les pans constituent une famille d'instruments, qui s’est largement diffusée dans le monde.
Le joueur de pan s'appelle paniste[8] ; on utilise aussi la périphrase joueur de tambour d'acier, de même que l'hyperonyme percussionniste. Le lieu de répétition du steelband s'appelle un « panyard ». Un fabricant s'appelle un « pan maker » et un accordeur s'appelle un « pan tuner ».
Histoire
modifierLes steelbands proviennent des mêmes formes musicales carnavalesque que le calypso[9], né à la fin du 19ème siècle. La naissance du pan en tant qu'instrument de musique date de la seconde guerre mondiale[10]. Il a émergé des pratiques polyrythmiques du carnaval de Trinidad & Tobago, qui accompagnaient des chants responsoriaux. Les tambours à peau, ainsi que les bambous pilonnés (tamboo-bamboos) avaient peu à peu été remplacés par des instruments métalliques de récupération (boites de peinture, poubelles, boites de biscuits). L’accordage fut d’abord réalisé sur ces objets métalliques, puis le choix des bidons de pétrole s’imposa.
Jeu, orchestration
modifierLe musicien joue du pan en frappant ces facettes avec des petites mailloches ou « sticks ». Le pan peut −plus rarement− être joué à 4 baguettes. L'accord des instruments permet d'obtenir une mélodie et un arrangement de type symphonique, mais aussi l’utilisation du pan dans le rôle de soliste, ou dans des groupes de jazz.
Il existe deux familles d’orchestres: "conventionnels" (dont tous les instruments sont chromatiques et composés de 1 à 12 bidons pour un musicien) et "single pan", appelés aussi traditionnel, pan around the neck (un seul bidon pour un musicien).
Il existe de nombreux types de pans, regroupés en sections qui vont des graves aux aigus en passant par les médiums. Outre la section rythmique (composée notamment d’un batteur et de percussionnistes), les steelbands comportent donc différentes sections de pans jouant différentes parties : frontline, qui joue la mélodie, les médiums, les basses. Les pans médiums et basses sont appelés « background ».
Dans les orchestres conventionnels, les pans aigus, appelés « frontline », comportent une trentaine de notes sur un ou deux bidons, les médiums comportent vingt à trente notes sur deux à quatre bidons, les basses comportent une vingtaine de notes sur quatre à douze bidons.
Fabrication / accordage
modifierUn pan est fait à partir de fûts en métal de 216 litres utilisés par l'industrie pétrolière pour stocker et transporter du pétrole. Ils sont sectionnés et la face inférieure de ces bidons est emboutie puis martelée pour y réaliser un ensemble de facettes se comportant chacune comme une cloche. Les différentes facettes sont accordées sur une gamme tempérée.
Les pans sont construits en utilisant de la tôle d'une épaisseur comprise entre 0,8 et 1,5 mm. Dans les premiers temps, des steelpans ont été construits avec des tonneaux à huile, des boites de biscuits ou des poubelles usagées.
De nos jours, certains fabricants ne récupèrent pas toujours des bidons, mais il arrive parfois qu’ils utilisent du métal sous forme de tôle plate qu'ils façonnent en cuvette.
Dans une première étape, le fond du bidon est enfoncé en cuvette. Ce processus est habituellement fait avec plusieurs marteaux, manuellement ou sous la pression de l'air. Le modèle de note est alors marqué sur la surface, et les notes de différentes tailles sont façonnées dans la surface. Après le gâchage, les notes doivent être ramollies et accordées (accord initial). Le ramollissement fait partie de ce premier processus d'accord.
Plus la taille de la note est grande, plus la tonalité est grave. La « jupe » (la pièce cylindrique du bidon) voit varier sa taille selon la tessiture : plus les notes sont graves, plus on a besoin d'une grande « jupe » pour faire résonner les fréquences graves. Ainsi le ténor pan, parfois appelé « soprano », très aigu avec des petites notes, est constitué d'un seul fût avec une petite jupe (entre 20 et 30 cm), alors que le joueur de basse est entouré de quatre, six, neuf, voire douze bidons entiers (avec chacun trois notes).
Les pans peuvent être chromés ou peints (ou passées au bichromate de potassium).
Plus on joue, plus les pans se désaccordent, les steelbands se chargent de faire accorder régulièrement leurs instruments (en général une fois ou deux par an). Un tuner (accordeur) doit pouvoir parvenir à faire sonner de manière homogène toutes les notes d'un même instrument. Tout le travail d'accordage est effectué en utilisant des marteaux de différentes tailles.
Voir aussi
modifierNotes et références
modifier- Dans la plupart des cercles musicaux anglophones et francophones où cet instrument est joué, on le désigne usuellement pan. Selon le Larousse, le nom pan serait par ailleurs plus fréquent en français (de France) que les équivalents steeldrum et steelpan. « steel drum », dictionnaire Larousse (consulté le ).
- En français, on relève aussi bien la graphie soudée steelpan (au pluriel steelpans) que steel pan (au pluriel steel pans). La graphie steelpan, attestée en orthographe traditionnelle, est privilégiée par les rectifications orthographiques du français en 1990.
- En français, on relève aussi bien la graphie soudée steeldrum (au pluriel steeldrums) que steel drum (au pluriel steel drums). La graphie steeldrum, attestée en orthographe traditionnelle, est privilégiée par les rectifications orthographiques du français en 1990.
- Universalis, « TAMBOUR D'ACIER », sur universalis.fr (consulté le ).
- « tambour d'acier », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, (consulté le ).
- « steel band », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
- (en) « Steel drum / musical instrument », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).
- « paniste », dictionnaire Larousse (consulté le ).
- « “Calypso & steelbands de Trinidad et Tobago” par Aurélie Helmlinger | Médiathèque Caraïbe (Laméca) » (consulté le )
- « Le pan/steeldrum de Trinité-et-Tobago », sur pad.philharmoniedeparis.fr (consulté le )
Bibliographie
modifier- William R. Aho, 1987, Steel Band Music in Trinidad and Tobago: The Creation of a People's Music in Latin American Music Review 8 (1): 26-56.
- Shannon K. Dudley, Music from behind the Bridge; Steelband Aesthetics and Politics in Trinidad and Tobago, Oxford University Press, 2007, 328 pages.
- Aurélie Helmlinger, Pan Jumbie. Mémoire sociale et musicale dans les steelbands. Société d'ethnologie, 2012, 224 p.
- Aurélie Helmlinger, « La virtuosité comme arme de guerre psychologique », Ateliers d'anthropologie [En ligne], 2011, 35
- Aurélie Helmlinger, Mémoriser à plusieurs. Expérience sur l’effet du groupe dans les steelbands (Trinidad et Tobago). Memorizing together. Group effect experiments in steelbands (Trinidad and Tobago). Annales Fyssen, 2010, 24 : 216-235.
- Aurélie Helmlinger, Les steelbands de Trinidad et Tobago : Ethnomusicologie cognitive d’une mémoire d’orchestre, in Intellectica, 2008, 48 (1) : 81-101.
- Aurélie Helmlinger, Geste individuel, mémoire collective: Le jeu du pan dans les steelbands de Trinidad et Tobago in Cahiers de musiques traditionnelles 14, 2001 : 181-202.
- Ulf Kronman, Steel Pan Tuning - a Handbook for Steel Pan Making and Tuning. Musikmuseets skrifter, 1992, ISSN 0282-8952.
- Stephen Stuempfle, The steelband movement. The forging of a national art in Trinidad and Tobago University of Pennsylvania Press, 1995, 287 p.
- Daniel Verba, Avec Jean-Jacques Mrejen, Pan in A minor, Iskra Film, CNRS, MAE, 1987, 52 min. Ce film a obtenu le Fipa d'argent en 1988, dans le cadre des œuvres musicales.
- Daniel Verba, Trinidad, carnaval, steelband, calypso, Alternatives, Paris, 1995 (ISBN 2 84146 125 4).
- Daniel Verba, « As steelbands de Trinidad ou como o social apreende a musica », Interseçoes, revista de estudos interdisciplinares, Universade do Estado do Rio de Janeiro, Brasil, ano2, juil/dez, 2000.
Liens externes
modifierhttps://greenback.home.blog/2018/12/13/le-steel-pan-tambour-fievreux-des-caraibes/