Statues d'Ain Ghazal

statues du néolithique précéramique, en Jordanie
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Les statues d'Ain Ghazal sont des statues de grande taille en plâtre de chaux et en roseau, âgées d'environ 9 000 ans, découvertes sur le site archéologique d'Ain Ghazal, en Jordanie. Elles ont été réalisées au Néolithique, entre 7200 et 6250 av. J.-C.[1],[2],[3]. Un total de 15 statues et 15 bustes ont été découverts en 1983 et 1985 dans deux caches souterraines, créées à environ 200 ans d'intervalle[4],[5].

Statues d'e 'Ain Ghazal
Statue d'Ain Ghazal au musée du Louvre, à Paris.
Statue d'Ain Ghazal au musée du Louvre, à Paris.
Dimensions jusqu'à 1 m de haut
Matériau plâtre
Période Néolithique
entre 7200 et
Culture
Date de découverte 1983 et 1985
Lieu de découverte Ain Ghazal
Coordonnées 31° 59′ 17″ nord, 35° 58′ 34″ est
Conservation Musée Jordanien (en) d'Amman

Les statues sont parmi les plus anciennes représentations à grande échelle de la forme humaine, et sont considérées comme l'un des plus remarquables spécimens d'art préhistorique du Néolithique du Proche-Orient[a],[6],[7],[8].

Statues au Musée archéologique jordanien (en) de la Citadelle d'Amman.

Historique

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Le site d'Ain Ghazal a été découvert en 1974 par des promoteurs qui construisaient une autoroute reliant Amman à la ville de Zarka. Les fouilles ont commencé en 1982. Les statues ont été découvertes en 1983. En examinant une coupe transversale de la terre dans un chemin creusé par un bulldozer, les archéologues sont tombés sur le bord d'une grande fosse située à 2,5 m sous la surface et contenant des statues en plâtre. Des fouilles dirigées par Gary O. Rollefson ont eu lieu en 1984-1985, et une deuxième série de fouilles sous la direction de Rollefson et Zeidan Kafafi en 1993-1996[9].

Au total, 15 statues et 15 bustes ont été trouvés dans deux caches, séparées par près de 200 ans. Comme ils ont été soigneusement déposés dans des fosses creusées dans le sol de maisons abandonnées, ils sont remarquablement bien conservés[10]. Les vestiges de statues similaires trouvées à Jéricho et à Nahal Hemar (en) n'ont survécu qu'à l'état de fragments[11].

La fosse où les statues ont été trouvées a été soigneusement creusée autour par les archéologues, et le contenu a été placé dans une boite en bois remplie de mousse de polyuréthane pour la protection pendant le transport[12]. Les statues sont faites de plâtre, qui est fragile, surtout après avoir été enterré pendant si longtemps. Le premier ensemble de statues découvert sur le site a été envoyé à l'Institut royal d'archéologie en Grande-Bretagne, tandis que le second ensemble, trouvé deux ans plus tard, a été envoyé à la Smithsonian Institution de New York pour y être restauré. Les statues ont été retournées en Jordanie après leur restauration et peuvent être vues au Jordan Museum[13].

Contexte

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Le site d'Ain Ghazal a été habité d'environ 7250 à [14]. À son apogée, durant la première moitié du VIIe millénaire av. J.-C., la colonie s'étendait sur 10 à 15 ha et était habitée par environ 3 000 personnes[14].

Description

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Les sculptures sont de deux types, des statues complètes et des bustes. Certains des bustes sont bicéphales. Un grand effort a été fait pour modeler les têtes, avec des yeux grands ouverts et des iris soulignés par du bitume. Les statues représentent des hommes, des femmes et des enfants ; les femmes sont reconnaissables à leurs caractéristiques ressemblant à des seins et à des ventres légèrement élargis, mais les caractéristiques sexuelles masculines ou féminines ne sont pas mises en valeur, et aucune des statues n'a de parties génitales, la seule partie de la statue façonnée avec un minimum de détails étant le visage[4].

Les statues ont été formées en modelant du plâtre humide à partir de calcaire sur un noyau de roseau à l'aide de plantes qui poussaient sur les rives de la rivière Zarqa. Le roseau s'est décomposé au cours des millénaires, laissant des coquilles de plâtre avec des intérieurs creux. Le plâtre de chaux est formé en chauffant le calcaire à des températures comprises entre 600 et 900 °C. La chaux hydratée est ensuite combinée à de l'eau pour obtenir une pâte, qui a ensuite été modelée. Le plâtre devient un matériau résistant à l'eau lorsqu'il sèche et durcit. Les têtes, les torses et les jambes étaient formés à partir de fagots de roseaux séparés qui étaient ensuite assemblés et recouverts de plâtre. Les iris étaient soulignés avec du bitume et les têtes étaient probablement recouvertes d'une sorte de perruque[12].

Les statues sont grandes mais pas de taille humaine, les plus grandes ayant une hauteur proche de 1 m. Elles sont disproportionnellement plates, d'une épaisseur d'environ 10 cm. Elles étaient néanmoins conçues pour tenir debout, probablement ancrées au sol dans des lieux clos et destinées à être vues uniquement de face[11],[15].

Interprétation

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La façon dont les statues ont été fabriquées ne leur aurait pas permis de durer longtemps, mais comme elles ont été enterrées en parfait état, il est possible qu'elles n'aient jamais été exposées pendant une longue période, mais plutôt produites dans le but d'être enterrées intentionnellement[4].

Leur fonction reste incertaine, les archéologues pensant qu'elles ont pu être enterrées juste après leur production, ayant peut-être été faites dans cette intention[4] : « Elles sont généralement considérées comme représentant les ancêtres des membres de la communauté, ou des variations sur ce thème. On peut en déduire que le traitement des têtes de ces statues est similaire à celui des crânes désarticulés et enterrés. L'enterrement des statues est également similaire à la manière dont les habitants d'Ain Ghazal enterraient leurs morts. Cependant, que se passe-t-il si ces statues ne sont pas du tout des représentations, mais plutôt des objets animés ? Et si elles étaient enterrées de la même manière que les humains parce qu'on pensait qu'elles étaient mortes ou qu'elles avaient perdu leurs pouvoirs animés ? Ces statues soulèvent autant de questions qu'elles n'apportent de réponses et, pour cette raison, elles constituent un riche terrain d'étude pour l'avenir. »[16].

Conservation

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Les statues d'Ain Ghazal font aujourd'hui partie des collections du Musée Jordanien (en) d'Amman, certaines étant également exposées au Musée archéologique jordanien (en) de la Citadelle, tandis que quelques-unes ont été prêtées à des musées étrangers. Une statue se trouve au musée du Louvre à Paris[17], dont elle constitue l'œuvre la plus ancienne du musée ; ce prêt de longue durée de la Jordanie est tacitement renouvelable tous les trente ans[18]. Des parties de trois autres statues sont visibles au British Museum de Londres[19] ; et l'une des figures à deux têtes est exposée au Louvre Abou Dabi[20],[21].

Galerie

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « ʿAin Ghazal statues » (voir la liste des auteurs).

  1. Les plus grandes des statues d'Ain Ghazal atteignent environ 1 m de haut, et on suppose qu'elles étaient autoportantes, bien qu'ancrées dans le sol, car elles ne pouvaient pas se tenir debout sans soutien. Les figurines du Paléolithique supérieur ont tendance à avoir une hauteur inférieure à 20 cm. Les représentations plus grandes de la forme humaine de l'ère paléolithique, comme la Vénus de Laussel, sont en bas-relief ou peintes.

Références

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  1. (en) Besim Ben-Nissan, Advances in Calcium Phosphate Biomaterials, Springer Science & Business, (ISBN 9783642539800, lire en ligne), p. 436.
  2. (en) Fred S. Kleiner et Christin J. Mamiya, Gardner's Art Through the Ages: The Western Perspective, vol. 1, Belmont (Californie), Wadsworth Publishing, (ISBN 0-495-00479-0), p. 25.
  3. (en) « Ain-Ghazal », sur Encyclopædia Britannica (consulté le ).
  4. a b c et d (en) Susan McCarter, Neolithic, Routledge, (ISBN 9781134220397, lire en ligne), p. 161–163.
  5. (en) G. O. Rollefson et Ian Kuijt (dir.), Life in Neolithic Farming Communities: Social Organization, Identity, and Differentiation, Springer, (lire en ligne), p. 153.
  6. (en) « Lime Plaster statues », sur British Museum (consulté le )
  7. Olivier Aurenche et Stefan K. Kozlowski, La naissance du Néolithique au Proche-Orient, Paris, CNRS Éditions, coll. « Biblis », (ISBN 978-2-271-08601-3), p. 247.
  8. (en) Ofer Bar-Yosef, « The Origins of Sedentism and Agriculture in Western Asia », dans Colin Renfrew (dir.), The Cambridge World Prehistory, Cambridge, Cambridge University Press, , p. 1417.
  9. (en) Gary O. Rollefson et Zeidan Kafafi, « Preliminary excavation reports », Annual of the Department of Antiquities of Jordan, no 38,‎ , p. 11–32 ; no 40, 1996, p. 11–28 ; no 41, 1997, p. 27–48.
  10. (en) Kathryn W. Tubb, « The statues of 'Ain Ghazal: discovery, recovery and reconstruction », Archaeology International,‎ , p. 47-50 (DOI 10.5334/ai.0514, lire en ligne [PDF]).
  11. a et b (en) Susan McCarter, Neolithic, Routledge, (ISBN 9781134220397, lire en ligne), p. 161–163 : Cache 1 : Sq 2083 Loc. 20 : 13 figures complètes, 12 bustes à une tête Cache 2 : Sq 3282 Loc 049 : 2 figures, 3 bustes à deux têtes et 2 pièces non identifiées.
  12. a et b (en) « Preserving ancient statues from Jordan », sur asia.si.edu, National Museum of Asian Art, Smithsonian Institution (consulté le ).
  13. (en) Zeidan Kafafi, « Ayn Ghazal. A 10,000 year-old Jordanian village », dans Atlas of Jordan, Beyrouth, Contemporain publications. Presses de l'Ifpo, (ISBN 9782351594384, lire en ligne), p. 111–113.
  14. a et b (en) Gary O. Rollefson, « 'Ain Ghazal, Jordan », dans Graeme Barker et Candice Goucher, The Cambridge World History, vol. 2 : A World with Agriculture, 12,000 BCE–500 CE, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-29778-0, lire en ligne), p. 426–.
  15. (en) Patrick E. McGovern, Uncorking the Past: The Quest for Wine, Beer, and Other Alcoholic Beverages, University of California Press, (ISBN 9780520944688, lire en ligne), p. 91.
  16. (en) Keffie Feldman, « Ain-Ghazal (Jordan) Pre-pottery Neolithic B Period pit of lime plaster human figures », sur Joukowsky Institute, université Brown
  17. Voir les statues du musée du Louvre, sur Wikimedia Commons.
  18. Pierre Rosenberg, Dictionnaire amoureux du Louvre, Plon, , 972 p. (ISBN 978-2259204033), p. 73-74
  19. (en) « Visite immersive de la section du British Museum où se trouvent les statues », sur Google Arts & Culture (consulté le ).
  20. (en) Stanley Carvalho, « East meets West as Louvre Abu Dhabi opens in the Gulf », sur Reuters, (consulté le ).
  21. (en) « The First Villages », sur Louvre Abou Dabi (consulté le ).

Annexes

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Bibliographie

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  • (en) Peter M. M. G. Akkermans et Glenn M. Schwartz, The archaeology of Syria: from complex hunter-gatherers to early urban societies (ca. 16,000–300 BC), Cambridge World Archaeology, Cambridge University Press, , p. 83-.
  • Laura Battini, « Les statues d’Ain Ghazal, ou la naissance d’une pensée collective », Sociétés humaines du Proche-Orient ancien,‎ (lire en ligne).
  • (en) C.A. Grissom, « Neolithic statues from 'Ain Ghazal: construction and form », American Journal of Archaeology, no 104,‎ , p. 25–45 (JSTOR 506791).
  • (en) G. O. Rollefson, « Ritual and ceremony at Neolithic 'Ain Ghazal (Jordan) », Paléorient, no 9,‎ , p. 29–38 (lire en ligne).
  • (en) G. O. Rollefson, « Early Neolithic statuary from 'Ain Ghazal (Jordan) », Mitteilungen der Deutschen Orient-Gesellschaft, no 116,‎ , p. 185–192.
  • (en) G. O. Rollefson, « Neolithic 'Ain Ghazal (Jordan)- Ritual and ceremony II », Paléorient, no 12,‎ , p. 45–51 (lire en ligne).

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Liens externes

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