Sonate pour basson et piano de Saint-Saëns
Le Sonate pour basson et piano est une œuvre de Camille Saint-Saëns composée en 1921, peu avant sa mort.
Sonate pour basson avec accompagnement de piano op. 168 (R 148) | |
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Genre | Sonate pour basson |
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Nb. de mouvements | 3 |
Musique | Camille Saint-Saëns |
Effectif | Basson et piano |
Durée approximative | 13 min |
Dates de composition | 1921 |
Dédicataire | Léon Letellier |
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Présentation
modifierLa Sonate pour basson de Camille Saint-Saëns s'inscrit dans un cycle de sonates pour vents que le compositeur destine « aux instruments peu favorisés sous ce rapport », pour leur donner « les moyens de se faire entendre »[1].
Composée en mai-juin 1921, la sonate est publiée en novembre de la même année par les éditions Durand et porte le numéro d'opus 168 : c'est la dernière œuvre musicale de Saint-Saëns[2].
La partition, notée « Sonate pour basson avec accompagnement de piano »[3], est dédiée à Léon Letellier, soliste de l'Orchestre de l'Opéra de Paris et de l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire[4].
Elle a été créée en 1921 par Édouard Flament[5].
Il existe plusieurs transcriptions de la sonate : Vincent Penot, clarinette basse solo à l'orchestre de l'Opéra de Paris, l'a adaptée pour clarinette basse descendant à l'ut grave et piano[6] et l'altiste Léa Hennino l'a transcrite pour alto et piano aux éditions Belle Symphonie en 2021[7].
Structure
modifierL’œuvre, d'une durée moyenne d'exécution de treize minutes environ[8], comprend trois mouvements[9] :
Analyse
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Fichier audio | |
Sonate pour basson avec accompagnement de piano de Saint-Saëns. | |
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La Sonate pour basson et piano est une « page spirituelle et transparente » qui a en outre le mérite « d'inaugurer un répertoire quasi inexistant[2] ». Jean Gallois la considère comme un « modèle de transparence, de vitalité, de légèreté[10] ».
Le premier mouvement est un Allegretto moderato paisible et élégiaque, en sol majeur, dans lequel, « sur les volutes en doubles croches du piano le basson déroule une noble mélodie[2] ». Pour Gallois, c'est une aria chantée au basson, s'écoulant en « un sentiment de paix sinon de recueillement[10] ».
Le deuxième mouvement est un Allegro scherzando, en mi mineur, qui a la particularité de rompre le déroulement attendu du genre sonate, en trois mouvements, vif, lent, vif, puisque le tempo est ici plus rapide encore que dans le mouvement initial[11]. Pour Ménétrier, c'est « une pochade dans le goût espagnol où Saint-Saëns tire des effets bouffons d'arpèges en staccato de l'instrument[12] ». Gallois souligne l'aspect humoristique et le « caractère primesautier voire bouffon » de ce scherzo, qu'il rapproche de la Tarentelle op. 6 du compositeur[10].
Le troisième mouvement est constitué de deux parties : la première, Molto adagio, la plus longue de toute la sonate[8], est une sorte de grande mélodie d'opéra, de caractère mélancolique[12], « laissant à travers ses arabesques s'extérioriser quelques réminiscences du premier volet[10] ». S'ensuit sans transition un très bref finale enchaîné, Allegro moderato, aux couleurs de « fête, une sorte de pied de nez[10] ».
À l'instar des Sonate pour clarinette et Sonate pour hautbois exactement contemporaines, la Sonate pour basson est habitée par un esprit néoclassique, une rigueur archaïque et une forme réduite à l'essentiel[13] qui annoncent les œuvres similaires du Groupe des Six et de Poulenc par exemple[14],[2]. Elle constitue le testament musical de Saint-Saëns[15], en même temps que le point culminant de son œuvre de musique de chambre[13]. C'est aujourd'hui un pilier du répertoire de l'instrument[4],[16].
Discographie
modifier- Camille Saint-Saëns : Chamber Music for Wind Instruments and Piano, Dag Jensen (basson) et Leonard Hokanson (piano), MDG 3040395, 1991[17].
- Saint-Saëns : Chamber Music, CD 1, Ursula Leveaux (basson), Ian Brown (piano), Hyperion Records 67431, 2005[18].
- Camille Saint-Saëns : Musique de chambre avec vents, CD 2, Marc Trénel (basson) et Pascal Godart (piano), Indésens Records 010, 2010[19].
- Saint-Saëns : Music for Wind Instruments, Christopher Millard (basson) et Stéphane Lemelin (piano), Naxos 8.570964, 2010[20].
- Camille Saint-Saëns : Musique de chambre avec vents, Maurice Allard (basson) et Annie d'Arco (piano), Indésens Records 019, 2013.
- Saint-Saëns : Chamber Music, Francesco Bossone (basson) et Akane Makita (piano), Brilliant Classics 95165, 2015[21].
- Camille Saint-Saëns Edition, CD 12, Dirk Meijer (basson) et Jan van Liere (piano), Warner Classics 0190296746048, 2021[22].
Bibliographie
modifierÉditions
modifier- Camille Saint-Saëns, Sonate pour basson avec accompagnement de piano, Durand, (lire en ligne [archive]).
- Camille Saint-Saëns (préf. Peter Jost), Sonate pour basson, G. Henle Verlag, coll. « Urtext », (ISMN 979-0-2018-0966-3, présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]).
Ouvrages
modifier- Jean-Alexandre Ménétrier, « Camille Saint-Saëns », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de chambre, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 995 p. (ISBN 2-213-02403-0), p. 752–763.
- Jean Gallois, Camille Saint-Saëns, Liège, Mardaga, coll. « Musique-Musicologie », (ISBN 2-87009-851-0).
Notes discographiques
modifier- (en + fr + de) Michael Stegemann (trad. Sylvie Gomez), p. 8-12, MDG (304 0395-2), 1991 .
- (en + fr + de) Sabina Teller Ratner, « Camille Saint-Saëns : Musique de chambre », p. 11-14, Hyperion (67431), 2005 (Lire en ligne [archive]) .
- (en + fr) Matthew Swann (trad. David Ylla-Somers), « Musique pour instruments à vent », p. 7-8, Naxos (8.570964), 2009 (Lire en ligne [archive]) .
Notes et références
modifier- ↑ Jost 2010, p. IV.
- Ménétrier 1989, p. 757.
- ↑ Jost 2010, p. V.
- « Sonate pour basson et piano en sol majeur op. 168 (Camille Saint-Saëns) [archive] », sur Bru Zane Media Base (consulté le )
- ↑ Gabriel Bender, « Entretien en 1957 avec Edouard Flament (1880-1958) [archive] », sur musimem.com, (consulté le ).
- ↑ Vincent Penot, Les classiques de la clarinette basse pour clarinette basse et piano, vol. 1 (les sonates), Clarinet Edition Corinne Detiange, chap. CE.VP.B1.
- ↑ Léa Hennino, « Sonate op 168 Transcription pour alto et piano [archive] », sur Belle Symphonie,
- (en) Patsy Morita, « Sonata for bassoon & piano, in G… | Details [archive] », sur AllMusic (consulté le )
- ↑ « Bassoon Sonata, Op.168 (Saint-Saëns, Camille) [archive] », sur IMSLP (consulté le )
- Gallois 2004, p. 369.
- ↑ Swann 2009, p. 8.
- Ménétrier 1989, p. 757-758.
- Stegemann 1991, p. 10.
- ↑ Gallois 2004, p. 368.
- ↑ Stegemann 1991, p. 9.
- ↑ « Julien Hardy : "La sonate de Saint-Saëns est le tube des bassonistes mais on ne s’en lasse pas ! " [archive] », sur France Musique, (consulté le )
- ↑ (en-US) Jed Distler, « Saint-Saëns: Wind Sonatas Etc - Classics Today [archive] » (consulté le )
- ↑ (en-US) Jed Distler, « Saint-Saëns: Chamber music/Nash Ensemble - Classics Today [archive] » (consulté le )
- ↑ Pierre-Jean Tribot, « Saint-Saëns, intégrale majeure pour vents par les solides de l'Orchestre de Paris [archive] », sur ResMusica, (consulté le )
- ↑ « SAINT-SAENS, C.: Music for Wind Instruments - Sonatas / Romance / Tarantelle (Canada's National Arts Centre Wind Quintet, Lemelin) - 8.570964 [archive] », sur www.naxos.com (consulté le )
- ↑ « Saint-Saëns: Chamber Music - Brilliant Classics [archive] », sur www.brilliantclassics.com (consulté le )
- ↑ Pierre Jean Tribot, « Saint-Saëns en édition [archive] », sur Crescendo Magazine,
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :