Société des membres de la Légion d'honneur
La Société des membres de la Légion d'honneur (SMLH) est une association fondée en 1921 par le général Augustin Dubail, grand chancelier de la Légion d’Honneur dont les membres sont des personnes décorées de cette distinction honorifique. Régie par la loi du 1er juillet 1901, l'association a été reconnue d’utilité publique par décret du 27 mars 1922.
Fondation |
1921 |
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Sigle |
SMLH |
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Zone d'activité |
En France et à l'étranger |
Type | |
Forme juridique |
Association reconnue d'utilité publique |
Siège |
Hôtel national des Invalides |
Pays |
Effectif |
40 717 membres cotisants et une dizaine de salariés (2023) |
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Président |
Alain Coldefy (depuis 2018) |
Site web |
La Société des membres de la Légion d'Honneur propose à ses membres de « mettre l’honneur en actions » et de faire de leur décoration, non une récompense clôturant un parcours ou des « services éminents », mais le début d’un engagement renouvelé au service d’autrui et de la société.
L’association compte aujourd’hui 40 717 adhérents dont 4 973 membres associés (sur un total de décorés vivants estimés à 90 000), présents en France dans 127 sections, 577 comités et présentes à l’étranger dans 64 pays[1].
Histoire
modifierAux origines de l'association
modifierLa Légion d’honneur est créée à l’initiative de Napoléon Bonaparte, Premier consul, le 19 mai 1802, nouvelle institution au même titre que le code civil, le Conseil d’État, la Cour des comptes, les grandes écoles ou le corps préfectoral créés à la même époque. Sa création vise à rassembler les Français sur la reconnaissance des mérites personnels acquis et non transmis, sur l’idéal de l’honneur individuel et national, et sur la nécessité de reconnaître les mérites militaires mais également civils.
La dimension de solidarité est présente dès sa naissance, avec la création des cohortes où les légionnaires se devaient mutuellement assistance. Avec leur dissolution à la Restauration, l’entraide entre membres devait tomber en désuétude tout au long du XIXème siècle et jusqu’au premier conflit mondial.
La Première guerre mondiale allait redonner vie à cette dimension centrale. En 1914, l’ordre compte 50 067 légionnaires, et en 1921, ils sont 121 286. En effet, aux cours des quatre années de la Grande guerre, de nombreux soldats reçurent au titre de leurs faits d’arme la Légion d’honneur. Ils constituaient alors une part importante des 175 000 décorés militaires recensés. Beaucoup d’entre eux, blessés, mutilés, marqués par le conflit, tombèrent dans le dénuement et la pauvreté. L’urgence était de remettre au premier plan la solidarité entre membres de l’Ordre.
Naissance de la Société de la Légion d'honneur : du projet initial à sa réalisation
modifierJules Renault, officier d’artillerie pendant la guerre et fonctionnaire à la Grande Chancellerie une fois démobilisé, observe que de nombreux légionnaires sont en situation de précarité. Il décide de proposer au général Augustin Dubail, Grand Chancelier de l’Ordre « de faire revivre, au lendemain de la Grande Guerre, les anciennes cohortes de la Légion d'honneur sous forme de sections provinciales, coloniales, étrangères, rétablir la cohésion primitive entre les membres de l’ordre, leur assurer en cas de besoin, aide et assistance, les rendre solidaires pour travailler, dans toutes les branches de l’activité à la gloire de l’ordre, au progrès, à la prospérité nationale, à la grandeur de la patrie[2]. »
Dans La Légion d'Honneur, un livre que Jules Renault publie, celui-ci rappelle les circonstances dans lesquelles lui est venue l'idée d'une telle société : « L'idée de créer une Société de la Légion d'honneur m'est venue pendant la guerre de 1914-1918, à la suite des circonstances suivantes, tandis que je commandais comme lieutenant la 11e compagnie du 13e régiment d'infanterie de Nevers à la Pointe Saint-Mihiel, en forêt d'Apremont, au lieu-dit Bois-Brûlé. Après un combat très long et très meurtrier le 7 et 8 juillet 1915, ma compagnie s'était portée en avant, sans avoir reçu d'ordre, marchant à la fusillade. Elle avait à plusieurs reprises bousculé l'ennemi. Elle avait enfin repris et occupé solidement le terrain perdu. Quelques jours après, le Colonel Chombart de Lauwe m'avait apporté, en première ligne, la Croix de Guerrre [...]. Le soir même, en notant tout cela pour sur mon carnet de guerre, j'ajoutais : si je reprends mon service à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, j'essaierai de former une grande association de légionnaires [...] ».
Dans un document manuscrit peu connu, écrit au dos d'un exemplaire des premiers statuts de la Société et daté du 28 octobre 1921, Jules Renault explicite quels sont ses buts et précise la démarche qu'il a suivie : « En 1919, au retour des Armées, je rédigeai les statuts de la Société amicale et internationale de la Légion d'honneur. Mon but était celui-ci : faire revivre, au lendemain de la Grand Guerre, les anciennes Cohortes de la Légion, sous forme de sections provinciales, coloniales, étrangères ; rétablir la cohésion primitive entre les Membres de l'Ordre ; leur assurer en cas de besoin aide et assistance [...] ».
Le général Augustin Dubail persuade alors le président de la République, Alexandre Millerand, de la nécessité de la création de la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur, association régie par la loi de 1901, qui voit le jour en 1921 et qui sera reconnue d’utilité publique, le 27 mars 1922. Son fonctionnement repose alors sur la solidarité et la générosité de tous ses membres et fonctionne dans une logique mutualiste où les décorés les plus aisés contribuent alors par leurs cotisations, leurs dons, voire leurs legs aux besoins des plus démunis.
Dans l’immédiat, la genèse de l’association comme l’évolution de sa direction feront que la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur sera souvent présentée par le grand chancelier comme le « bras armé » de l’ordre. Paul Emile Appell, recteur de l’Université de Paris, fondateur du Secours National en 1914, assurera la présidence de la toute nouvelle Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur, dès sa création et jusqu’en 1930, fonction qui sera ensuite très majoritairement occupée par des militaires.
Le grand chancelier a été d'autant plus favorable à cette initiative que la situation au lendemain de la guerre rend nécessaire cette entraide. En effet, du fait du conflit, le nombre de légionnaires a considérablement augmenté, passant de 48 000 en 1914 à 125 000 en 1919. Nombre d'entre eux ont été tués au front ou sont morts au lendemain de la guerre des effets de leurs blessures, laissant des milliers de veuves et d'orphelins dans le besoin. En ce 29 octobre 1921, le général Dubail indique de façon très claire ce que doivent être le but et les moyens d'action de la nouvelle Société : « Le 'secours' est le terme qui vient immédiatement à l'esprit quand il s'agit de bienfaisance, mais notre Société utilisera ou créera tous les moyens permettant d'augmenter pour ses membres les facilités d'existence, tels que les prêts d'honneur, offices de placement, maisons d'assistances, de retraite. Et je ne parle pas de l'influence morale que notre Société exercera si utilement, sur l'ensemble de la Nation [...] ».
Liste des présidents
modifierLa Société des membres de la Légion d'Honneur (SMLH), depuis sa création, a été dirigée par une succession de présidents aux carrières variées, chacun ayant marqué son mandat par son engagement et sa distinction. De 1921 à aujourd'hui, ces présidents, souvent issus des rangs militaires ou du corps médical, reflètent la diversité des parcours, ayant tous atteint des grades élevés au sein de la Légion d’honneur. Parmi eux figurent des généraux, des amiraux, des médecins généraux inspecteurs, ainsi que des hauts fonctionnaires, incarnant les valeurs de cette institution centenaire. Actuellement, l’amiral Alain Coldefy, grand officier de la Légion d’honneur, occupe la présidence de la SMLH depuis 2018, poursuivant cette tradition de dévouement au service de la communauté des décorés et de la Nation.
- 1921 – 1930 : Paul Emile Appell, recteur de l’Université de Paris, grand officier de la Légion d’honneur
- 1930 – 1940 : Amiral Pierre Le Bris, grand croix de la Légion d’honneur ;
- 1940 – 1941 : Général d’armée Charles Nollet, grand croix de la Légion d’honneur, grand chancelier de la Légion d’honneur de 1934 à 1940 ;
- 1941 : Gouverneur général Aimé Moreau, grand officier de la Légion d’honneur ;
- 1941 – 1945 : Général d’armée Antoine Huré, grand officier de la Légion d’honneur ;
- 1945 – 1952 : Général d’armée Edouard Requin, grand croix de la Légion d’honneur ;
- 1952 à 1961 : Médecin général Henri Rouvillon, grand croix de la Légion d’honneur ;
- 1961 à 1971 : Général d’armée Henri Zeller, grand croix de la Légion d’honneur ;
- 1971 : Préfet honoraire Marcel Flouret, grand croix de la Légion d’honneur ;
- 1971 à 1988 : Médecin général inspecteur Louis Petchot-Bacqué, grand croix de la Légion d’honneur
- 1988 à 1996 : Médecin général inspecteur Robert Ronflet, commandeur de la Légion d’honneur ;
- 1996 à 2002 : Général de corps d’armée Arsène Woisard, grand officier de la Légion d’honneur ;
- 2002 à 2009 : Général d’armée François Gérin-Roze, grand officier de la Légion d’honneur ;
- 2009 à 2018 : Général d’armée Hervé Robilliard, grand officier de la Légion d’honneur ;
- Depuis 2018: Amiral Alain Coldefy, grand officier de la Légion d’honneur.
Organisation
modifierPrès de 40 717 personnes décorés[3] de la Légion d’honneur sont membres actifs bénévoles de l’association dont 4 973 membres associés (sur un total de décorés vivants estimés à 90 000). Ces membres actifs sont répartis dans toutes les régions de France dans 127 sections départementales[3], 577 comités d’arrondissement et présents également dans 64 pays étrangers[3]. Ce maillage territorial constitue l’un des points forts de l’association, très présente localement et dont les actions d’entraide sont bien identifiées. Son siège social se situe à l’hôtel national des Invalides à Paris, où une équipe de permanents apportent le soutien nécessaire à l’ensemble des bénévoles. Sa gouvernance est assurée par un conseil d’administration de 21 membres. L’amiral Alain Coldefy assure la présidence de l’association depuis 2018.
Modes d'action
modifier1945 - 2018 : D'une société d'entraide à une société d'engagement
modifierDébat sémantique ou sujet de fond parfois passionnel, la place de la mission d'entraide au profit des membres aura marqué les débats pendant plus d'un demi-siècle chez les sociétaires notamment les plus investis.
En 2012, le E de l'entraide s'effacera du sigle de l'association, rebaptisée Société des membres de la Légion d'honneur, SMLH[4]. Bon nombre de sociétaires reprochent alors au Président de l'association d'avoir tué l'entraide. Plus de dix ans après, le sujet est encore évoqué, mais avec moins de passion cependant, tant les faits ont démontré que cette noble mission de soutien des plus démunis des décorés est toujours bien présente et avec autant de vigueur que par le passé.
En 2018, à l’initiative de ses membres, le projet associatif « SMLH2030 » conforte la mission de solidarité et d’entraide et place la solidarité intergénérationnelle au cœur de son projet en le déclinant autour de quatre dimensions :
- L’intervention dans les établissements scolaires et de formation.
- Le soutien aux formations professionnelles et à l'apprentissage.
- Le soutien aux jeunes méritants.
- Le soutien aux candidats à la naturalisation.
Intervenir dans les écoles permettait à l’origine aux décorés bénévoles de partager avec les plus jeunes leur expérience, et de transmettre aux plus jeunes les vertus du vivre ensemble, dans les valeurs républicaines. Mais, la SMLH a souhaité aller plus loin. Plusieurs de ses sections développaient déjà des actions de partenariat avec les collectivités locales et les autorités académiques en direction des scolaires de CM1/CM2, de sixième et troisième des collèges, voire des classes de seconde des lycées sur demande des enseignants volontaires.
Concernant l'apprentissage et l’enseignement professionnel, l’association a entrepris de décerner tous les ans localement ou à l'échelle nationale un prix aux jeunes apprentis. L’objectif est de contribuer à faire évoluer le regard sur l’apprentissage afin que l’enseignement professionnel ne soient plus considérées comme une filière réservée aux jeunes en situation d’échec, mais bien comme une voie de réussite débouchant sur des emplois et offrant aux jeunes des perspectives réelles de développement personnel et professionnel. Les lauréats sont valorisés à l’occasion de remise d’un prix et en présence des autorités civils et militaires régionales. En 2019, ce sont 35 000 jeunes qui ont été ainsi soutenus par l’association.
En 2023, ce seront près de quatre-vingts sections de la SMLH qui organiseront leur prix départemental de la formation professionnelle et de l'apprentissage. D'autres actions précurseurs anticipaient dès 2010 la naissance de nouveaux statuts. Soutien solidaire des sinistrés d'Haïti à travers l'action de la section de la Guadeloupe, soutien des sociétaires mais aussi d'autres citoyens victimes des sinistres dans le sud de la France et surtout, lancement de l'initiative « l'Honneur en action », grand prix national annuel destiné à récompenser les initiatives notamment solidaires de nos sociétaires sur ces vastes chantiers.
Depuis 2021, pour célébrer le Centenaire de l'association, la SMLH organise les Olympiades de la jeunesse, un événement national dont le but est de transmettre les valeurs de l'association à la jeunesse. Le 26 mai 2024, la SMLH a organisé la deuxième édition de ses Olympiades au Stade Charléty, à Paris. Placée sous le signe de la solidarité, du partage et de l'engagement, cette deuxième édition a regroupé près de 3000 jeunes et plus de 100 partenaires[5].
La solidarité est au cœur de la philosophie et de l'action de SEMLH puis de la SMLH. Elle figure dans l'article premier des statuts : « L'association, dite Société d'entraide des membres de la Légion d'honneur, fondée en 1921, a pour but, sous le haut patronage du Grand Chancelier, de renforcer les liens de solidarité existant entre les membres de l'Ordre, notamment par l'institution éventuelle d'œuvres d'entr'aide ou d'assistance ».
Les prix et récompenses organisés par la SMLH
modifierLa Société des membres de la Légion d'Honneur (SMLH) organise plusieurs prix visant à promouvoir des initiatives solidaires, des actions faisant la promotion de la culture française et l'excellence professionnelle. Le prix « L’Honneur en action® », créé en 2010, récompense chaque année des projets de solidarité et de transmission intergénérationnelle initiés par des membres des sections françaises et étrangères de l’association[6]. Ces projets visent à répondre à des besoins concrets de la société civile, renforçant ainsi l'engagement de la SMLH en faveur de ses concitoyens.
Le Grand prix littéraire de la SMLH, fondé en 1991, distingue une œuvre marquante valorisant la solidarité, la générosité et la transmission des valeurs universelles et citoyennes[7]. En 2023, la SMLH a également inauguré un Prix Littéraire Jeunesse, décerné pour la première fois à Julien Dufresne-Lamy pour son roman Trois fois rien[8], qui aborde le thème de la pauvreté et valorise l'apprentissage comme voie d'excellence.
Enfin, depuis 2019, la SMLH organise un prix pour mettre en lumière les jeunes issus de l’apprentissage et des formations professionnelles. Le Prix national des apprentis, remis dans une grande ville de France, vise à changer la perception de ces filières, souvent considérées à tort comme des choix par défaut, et à souligner leur contribution à la promotion sociale et à la cohésion nationale[9].
Notes et références
modifier- ↑ « Aux Invalides : La société des membres de la légion d’honneur », sur France Culture, (consulté le )
- ↑ « SMLH » (consulté le )
- SMLH, « Société des membres de la Légion d'honneur - Accueil », sur www.smlh.fr (consulté le )
- ↑ « La Légion d'honneur encourage ses membres à l'action sociale », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Olympiades de la jeunesse : la Légion d’honneur encourage l’esprit d’entraide », sur lejdd.fr, (consulté le )
- ↑ SMLH, « Société des membres de la Légion d'honneur - Accueil », sur www.smlh.fr (consulté le )
- ↑ SMLH, « Société des membres de la Légion d'honneur - Accueil », sur www.smlh.fr (consulté le )
- ↑ « Trois fois rien | Actes Sud », sur www.actes-sud.fr (consulté le )
- ↑ SMLH, « Société des membres de la Légion d'honneur - Accueil », sur www.smlh.fr (consulté le )