Socfin

holding luxembourgeoise

Socfin, Société financière des Caoutchoucs est un groupe de participations agro-industriel fondé en 1909 par l'entrepreneur et agronome belge Adrien Hallet (1867-1925), devenu une entité financière et commerciale chapeauté par une Holding luxembourgeoise contrôlée par Hubert Fabri et le Groupe Bolloré[1]. Les activités de production (huile de palme, latex/caoutchouc) du groupe Socfin se déroulent dans 10 pays d'Afrique et d'Asie, mais les holdings sont principalement basées au Luxembourg, en Belgique et en Suisse ; le siège se trouve au Luxembourg[1].

SOCFIN
logo de Socfin

Création
Fondateurs Adrien Hallet (1867-1925)
Siège social 4 Avenue Guillaume, L-1650
Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Actionnaires Fabri (54 %), Bolloré (39 %)
Activité Agriculture industrielle, Participations
Filiales Socfinaf et Socfinasia,
Socfinde, PNS LTD, STP Invest et SAFA toutes détenues à 100 % par Socfinaf ou Socfinasia ;
Bereby Finances (contrôlée à 87 % par Socfinaf)
Site web socfin.com

Histoire

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Le groupe nait en 1890 quand Adrien Hallet développe au Congo les cultures d'hévéas et de palmiers à huile. Lors du décès de son fondateur en 1925, les plantations de Socfin et Branco s'étendent en Afrique, en Indochine et en Asie du Sud-Est. L'actuel Groupe Socfin est issu de la fusion de la « Financière des Colonies » avec la « Société Financière des Caoutchoucs » en 1973. Il gère dès cette époque des projets agro-industriels de plantations et d'usines dans le monde entier, en collaboration avec des organismes de recherche.

Au Cameroun, le groupe Socfin reprend la SPFS, Société des Palmeraies de la Ferme Suisse en 1999 et la Société Camerounaise des Palmeraies Socapalm en 2000. Au Ghana, il fait l'acquisition de la plantation de PSG, Plantations Socfinaf Ghana Ltd en 2012.

En 2019, le résultat financier de l'entreprise (EBITDA) était de 152 millions d'euros, et en moins d'une décennie (2009 à 2018) la surface plantée du Groupe a gagné +49,6%, passant de 129 658 à 194 000 hectares. Cette extension des monocultures d'hévéa ou de palmier à huile sur des terres forestières ou agricoles (zones humides parfois) a encore exacerbé les tensions foncières avec les communautés locales qui ont perdu tout ou partie de leurs terres et ressources de subsistance[2].
En 2019, les 387 939 ha de concessions détenues par Socfin pour ses plantations recouvrent tout ou partie de 42 villages au Cameroun, 13 en Côte d'Ivoire, sept (850 familles) au Cambodge, 52 en Sierra Leone[3] et 81 au Libéria, soit au total presque 200 villages et des milliers de familles impactées, qui ont plus ou moins perdu leurs terres de cultures vivrières et leur accès aux ressources naturelles (viande de brousse, plantes, poissons des forêts et rivières). Ceux des villageois qui ont accepté de céder leurs terres en échange d'emplois et d'aides au développement local jugent souvent à terme les compensations insuffisantes ou injustes, et les collectivités locales dénoncent fréquemment des promesses non tenues, bien que contractuellement intégrées dans l'acte de vente ou de concession (continuité de la mission de service public : éducation, santé, logement, l'entretien des routes, etc.)[2]. La Socfin chiffre elle-même à 19 368 le nombre de ses travailleurs de plantation qui sont précaires[2].

Les déforestations se sont faites au détriment de la planète (sols, eau, séquestration carbone par forêts) et des populations autochtones, notamment des Pygmées au Cameroun et des Bunongs au Cambodge, très dépendants de la forêt tropicale. Des plaintes récurrentes, depuis 2013, au Cameroun, au Libéria, en Sierra Leone, en Côte d'Ivoire et au Cambodge concernent une perte d'accès à l'eau potable en raison des drainages et/ou rejets polluants faits par la Socfin[2].

En 2021, un nouveau rapport[4] (rédigé par « Pain pour le prochain », « Alliance Sud » et le « Réseau allemand pour la justice fiscale ») accuse la Socfin d'évasion fiscale à l'égard des pays d'Afrique. Le rapport a étudié les comptes financiers 2020 de l'entreprise et de ses filiales. Ils montrent l'existence de transfert de revenus, via des opérations comptables, vers l'Europe (Suisse en particulier). Ces transferts auraient été de plus de 100 millions de revenus en 2020 (sur un total de 605) alors que le groupe ne produit pas de matières premières en Europe[5]. Selon ce rapport, Socfin ajoute systématiquement des frais élevés pour les services d’expédition en Suisse, tout en osant affirmer que certaines de ses plantations sont en déficit ; Cet important flux de revenus en Europe semble indiquer que des filiales de Socfin, basées en Europe, surfacturent des frais à leurs filiales africaines, par exemple pour l’organisation de ventes à l’étranger, en échange d’autres services, générant des profits dans un pays fiscalement avantageux pour le groupe[6]. Les bilans financiers de Socfin indiquent des bénéfices par employé d'environ 1600 euros dans les pays africains, contre 219 000 euros par employé en Suisse, où le groupe n'a qu'une infime part de son activité[6]. Faute de transparence de l'entreprise, les auteurs ne savent pas si les règles fiscales de l’OCDE (qui favorise les pays, où sont basés les sièges sociaux, et non les pays où la production se fait) sont respectées[6].

Socfin a été accusée à plusieurs reprises d'exode fiscal d'une partie de ses bénéfices vers la Suisse[6], d’accaparement de terres[7] et de violations des droits de l’homme[8].

Actionnariat

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La société est principalement détenue par l'homme d'affaires belge Hubert Fabri (54%) et par le Groupe Bolloré (39%), et en 2020 « plusieurs membres des deux familles occupent des postes de direction importants dans les différentes entités du groupe »[1].

Filiales de plantations

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Le groupe est un opérateur présent dans 8 pays d'Afrique par la Socfinaf et deux pays d'Asie par l'intermédiaire de Socfinasia.

Pays Filiale Culture Superficie
plantée (ha)
Contrôle
(%)
Asie
  Cambodge Coviphama caoutchouc 3 300 100
  Cambodge Socfin KCD caoutchouc 400 100
  Indonésie Socfindo huile de palme, caoutchouc 48 000 90
Afrique
  Cameroun Safacam huile de palme, caoutchouc 9 500 69
  Cameroun Socapalm huile de palme, caoutchouc 34 700 67
  Cameroun SPFS[9] huile de palme 100
  Côte d'Ivoire SOGB huile de palme, caoutchouc 24 000 73
  Côte d'Ivoire SCC caoutchouc 70
  République démocratique du Congo Brabanta huile de palme 6 200 100
  Ghana PSG[10] huile de palme, caoutchouc 7 100 100
  Liberia SRC caoutchouc 4 100 100
  Liberia LAC caoutchouc 12 900 100
  Nigeria Okomu huile de palme, caoutchouc 26 200 66
  Sao Tomé-et-Principe Agripalma huile de palme 2 100 88
  Sierra Leone SAC[11] huile de palme 12 300 93
Source : Socfin, Annual Report 2018 p.53

Notes et références

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  1. a b et c Léa Pham Van, Profundo, Décrypter le Groupe Socfin, 17 février 2020
  2. a b c et d (en) Florence Palpacuer et Alistair Smith, Rethinking Value Chains : Tackling the Challenges of Global Capitalism, Bristol, Policy Press, coll. « Policy Press shorts. Policy et practice », , 204 p. (ISBN 978-1-4473-5918-0, DOI 10.47674/9781447359180). OA PDF |URL=https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/50190/9781447359180_web.pdf?sequence=14
  3. Manu, « Landgrabbing by SOCFIN in Sierra Leone - documentation », sur FIAN Belgium, (consulté le )
  4. (en-US) « Cultivating Fiscal Inequality: The Socfin Report », sur Bread for all (consulté le )
  5. (en-US) « Plantation giant Socfin accused of dodging taxes in Africa », sur Mongabay Environmental News, (consulté le )
  6. a b c et d « Socfin, le géant de la plantation, accusé d’évasion fiscale en Afrique », sur Nouvelles de l'environnement, (consulté le )
  7. (en-US) « ‘They took it over by force’: Corruption and palm oil in Sierra Leone », sur Mongabay Environmental News, (consulté le )
  8. (en) « Nigeria: Okomu Oil Palm Plantation company accused of human rights violations », sur Business & Human Rights Resource Centre (consulté le )
  9. Société des Palmeraies de la Ferme Suisse
  10. Plantations Socfinaf Ghana
  11. Socfin Agriculture Company

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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