Salafisme

mouvement religieux de l'islam sunnite

Le salafisme (arabe : السلفية) est un mouvement religieux de l'islam sunnite, revendiquant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l'époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples — connus comme les « pieux ancêtres  » (al-Salaf al-Ṣāliḥ ) — et la « rééducation morale » de la communauté musulmane. Le terme est souvent utilisé comme synonyme de wahhabite, bien que tous les salafistes ne soient pas wahhabites.

Les salafistes ont une lecture littérale des textes de l'islam, le Coran et les ahadith de la Sunna. Ils rejettent les innovations religieuses (bidʻah) blâmables.

Historiquement, un autre mouvement d'inspiration libérale, né vers la fin du XIXe siècle en Égypte, a été désigné sous le nom de « salafisme ». Par la suite, un autre mouvement se réclamant essentiellement dans l'héritage idéologique de Ibn Taymiyya (XIIIe siècle) est apparu dans ce même pays en 1926 puis, sous l'impulsion de Rachid Rida, a convergé avec le wahhabisme, auquel il est souvent apparenté.

On distingue trois principales mouvances dans le salafisme contemporain : une qualifiée de « quiétiste », refusant de s'impliquer dans la vie civique ou politique et se consacrant à l'éducation des musulmans à la doctrine salafiste, une « politique » et une « djihadiste », qui prône l'action armée et utilise le salafisme comme une base idéologique pour justifier le terrorisme. Cependant, tous les salafistes se réclament à la fois d'Ibn Taymiyya et Mohammed Ben Abdelwahhab.

Le mouvement est ainsi caractérisé par des polémiques internes et des disputes théologiques, chacune de ces tendances entretenant un rapport particulier aux sociétés européennes et musulmanes ainsi qu'aux façons de parvenir à l'établissement de l’État islamique.

Terminologie

Étymologie

Étymologiquement, « salafisme » (en arabe السلفية, as-salafiyya) provient du mot سلفي salaf, « prédécesseur » ou « ancêtre » (al-salaf al-salih désigne les « pieux prédécesseurs »). La notion de pieux ancêtres est issue d'un hadith du Sahh al-Bukhari, où les compagnons du prophète Mahomet, Imran ibn Husain et Abdullah ibn Masud, disent l'avoir entendu dire que « le meilleur de ma communauté est dans ma génération, puis celle qui suit et celle qui suit après ». Dans ce hadith, le terme « génération », traduction de l'arabe qarn, désigne Mahomet et ses compagnons, ainsi que les deux générations de disciples qui les suivirent, la tabi'un et les tabi‘ at-tabi‘in[1], et peut être compris comme une unité de temps, équivalent à cent ans selon certains exégètes[2].

Le wahhabisme est en général considéré comme étant une mouvance voire un synonyme du salafisme[3]. Les mouvements islamo-nationalistes tels que les Frères musulmans sont aussi parfois appelés « néo-salafistes »[4], mais sont le plus souvent qualifiés d'islamistes.

Usage ancien du terme

Usage médiéval

Le terme « salafisme » ou « salafiya » a été utilisé à l'époque médiévale pour désigner les adeptes de l'atharisme, suivant les salaf[5]. Henri Lauzière estime que même si les hanbalistes étaient qualifiés à cette époque de « salafistes », les désigner comme tels à notre époque est anachronique[6].

Salafisme moderniste

La naissance du mouvement salafiste date des années 1920[7], dans un contexte d'effondrement de l'empire ottoman et de grande faiblesse des hachémites. Toutefois, les historiens et le monde académique en général situent l’apparition du terme salafiste à la fin du XIXe siècle, pour désigner un mouvement apparu en Égypte, en réaction à la domination intellectuelle et politique de l'Europe sur le monde musulman[8]. Les leaders initiaux de ce mouvement, Djemâl ad-Dîn al-Afghâni, et plus particulièrement ses disciples, Mohamed Abduh[9] et Mohammed Rachid Rida[8],[3], critiquent la stagnation de la pensée islamique et la sécularisation des élites musulmanes, et plaident pour une réinterprétation des textes fondateurs de l'islam, le Coran et la Sunna, en accord avec les principes de rationalité scientifique et de gouvernance libérale[8]. Ce mouvement a été baptisé « salafisme » dans les années 1920 par des orientalistes français Louis Massignon et Henri Laoust, sans que les intéressés aient nécessairement revendiqué ce nom[10]. Cette tendance initiale est aujourd'hui qualifiée de « salafisme moderniste »[10],[4].

Histoire

Fondation du wahhabisme

Du wahhabisme au salafisme

L'ambitieux futur roi d'Arabie saoudite, Abdelaziz Al Saoud, doté d'un grand charisme allié à une orthodoxie religieuse, qui ne rejetait pas un relatif pragmatisme vis-à-vis de la modernité (au moins dans sa dimension technologique et lorsque celle-ci servait ses objectifs), devenait le leader islamique idéal aux yeux de Rachid Rida (l'alternative eut été le laïque Atatürk). Sans défendre directement la doctrine wahhabite portée par les Saoud, qui était alors largement redoutée, Rachid Rida éluda toutes critiques de celle-ci et fut un avocat passionné d'Abdelaziz Al Saoud et de ses fanatiques Ikhwans, contribuant de fait à la légitimation du wahhabisme[7], notamment via sa publication Al Manar (arabe : المنار, Le Phare). L'influence des wahhabites, se présentant alors de manière récurrente comme « salafistes par la foi, hanbalites par la loi », allait alors transformer le mouvement dans sa version contemporaine qui de fait est souvent associé, sinon assimilé[3], au wahhabisme introduit par Mohammed ben Abdelwahhab dans la péninsule Arabique au XVIIIe siècle. Le mouvement salafiste moderniste deviendra marginal dans la période post-coloniale[11]. Rashid Rida s'est ensuite rapproché du wahhabisme à la fin de sa vie[12],[13].

À la suite de la mort de Rachid Rida en 1935, Hassan el-Banna devint l’éditeur de la publication Al Manar, témoignant de l'influence du salafisme moderniste chez celui qui créa le mouvement les frères musulmans en 1928[14].

Le mouvement salafiste contemporain, rejetant le rationalisme, voue une antipathie aux théologiens salafistes égyptiens du XIXe siècle et revendique de façon quasi obsessionnelle être l'héritier de la pensée du théologien du XIIIe siècle, Ibn Taymiyya[3], ainsi que de ses disciples Ibn Al-Qayyim et Ibn Kathîr. Les salafistes contemporains affirment que le concept de « salafisme » est antérieur au courant moderniste égyptien[15] en invoquant l'interprétation littéraliste de l'islam par Ahmad Ibn Hanbal au IXe siècle, ainsi que l'appel au retour à la foi d'origine lancé par ce dernier et Ibn Taymiyya.

À partir des années 1920, les autorités saoudiennes délaissent le terme « wahhabisme » au profit de « salafisme » qu'Ibn Saoud revendique en 1936 lors du hajj[16].

Doctrine

Les divers courants salafistes se perçoivent comme un mouvement de renaissance de l'islam recherchant un retour à la foi des origines, celle des « pieux prédécesseurs » et s'émancipent de la tradition fondée par les écoles juridiques (madhahib)[17]. Les théologiens salafistes établissent une relation de causalité entre la piété exemplaire des trois générations des « pieux prédécesseurs » — qui pour eux incarnent l’âge d’or de l’islam — et leurs succès militaires et politiques dont résulte l'expansion de l'islam[18].

À l'extrême, certains considèrent que l'imitation (taqlid) de la jurisprudence des écoles juridiques équivaut à une forme de polythéisme[19]. Là où les salafistes modernistes de la fin du XIXe siècle plaidaient pour une réinterprétation des textes fondateurs de l'islam, le Coran et la Sunna en accord avec les principes de rationalité scientifique et de gouvernance libérale[8], les salafistes contemporains, rejetant le rationalisme, sont réputés suivre l’école athariste, laquelle préconise une lecture littérale et non interprétée des textes, par opposition à une interprétation métaphorique ou ésotérique (Ta'wil).

Orthodoxie

Pour les salafistes contemporains, le Coran et la Sunna se suffisent à eux-mêmes et ne révèlent qu'une seule vérité : il n'y a pas de place pour des différences d’interprétations. La pluralité d’écoles islamiques est dès lors inacceptable et l’adhésion à l'une d'elles sans faire l'effort de comprendre les textes fondateurs de l'islam (ijtihad) par soi-même ne peut que conduire le musulman à sa perte. Par ailleurs, de par sa nature littéraliste, le mouvement salafiste est proche de l'école hanbaliste[20]. Ils rejettent ainsi les quatre madhhab, les consensus des théologiens et le raisonnement par analogie[21].

Les salafistes saoudiens suivent généralement le hanbalisme, et préconisent de se laisser guider par un imam plutôt que de chercher à comprendre l'écriture par soi-même[22], ce qu'ils définissent éventuellement comme étant « salafiste par la foi, hanbaliste par la loi »[7]. Cela a été dénoncé par l'un des théoriciens du salafisme Muhammad Nassiruddine al Albani[19],[22], comme étant contraire à l’idéologie salafiste. La doctrine wahhabite se situe dans l'héritage de Abd al-Wahhab qui s'est largement inspirée des idées de Ibn Taymiyya, ce dernier ne rejetant pas le taqlid. La doctrine salafiste s'appuie plus sur le disciple de Ibn Taymiyya, Ibn Qayyim al-Jawziyya qui arguait que les musulmans devaient s'émanciper du taqlid[23], impliquant alors un intérêt renouvelé dans les hadiths, pour trouver les réponses autrement fournies par le taqlid[24]. Par ailleurs, dans leur quête d'un islam purifié, ils sont extrêmement concernés que celui-ci soit infecté par des hadiths contrefaits : les figures salafistes les plus connues, comme al Albani, se sont spécialisées dans l'authentification de hadiths[20], les hadiths eux-mêmes devant être interprétés littéralement, dans le but de fournir des réponses non trouvées dans le Coran sans faire appel à la raison humaine[24].

Pour les salafistes contemporains, spéculer ou raisonner dialectiquement (kalâm) est proscrit[25], l’idée sous-jacente étant que lorsque les hommes tentent d'appliquer leur propre logique ou raison, celle-ci est pervertie par le désir humain et autres déviances lesquelles conduisent à un biais d’interprétation dans l’intérêt des hommes plutôt que de la vérité divine[3].

Les principes centraux du salafisme contemporain sont l'unique qualité de Dieu (tawhid), où toute association d’être ou objet avec Dieu, telle que le « culte des saints » est considérée comme une forme de polythéisme (shirk) et, parce que le Coran mentionne Dieu comme le législateur suprême, le respect de la charia dans son entièreté. Les salafistes rejettent la séparation du religieux et de l’État (ou la laïcité) car impliquant la suprématie des lois et institutions humaines sur la gouvernance divine[3], ce qui est contraire au principe de souveraineté islamique (hakimiyyah)[26],[27].

Plus généralement, les salafistes voient l'Occident comme un ennemi éternel et déterminé à détruire l'islam en le polluant avec ses concepts et valeurs. Le verset coranique 2:120 « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion » leur permet de donner une assise idéologique au rejet de valeurs, systèmes de raisonnement ou d'analyse occidentaux. Si ceux-ci n’étaient pas utilisés par les pieux ancêtres ils sont considérés comme « innovation blâmable » (bid'ah)[20] et doivent être rejetés[3].

Cette hostilité envers les « innovations » est aussi ancrée dans un certain nombre de hadiths[28]. Si une activité ou une coutume n'est pas directement prévue par le Coran ou la Sunna, alors elle est considérée comme contraire à l'islam. Beaucoup de salafistes adoptent donc un code vestimentaire inspiré de l'époque prophétique et rejettent le style occidental[20]. Par ailleurs les salafistes sont arrivés à la conclusion que les innovations technologiques, plus spécifiquement lorsqu'elles supportent leur prosélytisme, sont acceptables. Cela avait été un point d'achoppement dans les années 1920 entre Abdelaziz Al Saoud et ses ikhwans, qui lui reprochaient d'introduire des innovations impies, éventuellement conduisant à une révolte avortée en 1927. Rashid Rida a posé en 1928 ce principe doctrinal : tout ce qui est incréé, tel la philosophie, est du domaine des innovations blâmables, pendant que tout ce qui est créé l'est par la grâce de Dieu[7].

Les salafistes se réfèrent aussi au hadith faisant dire au prophète Mahomet « Ma communauté se divisera en 73 sectes, toutes iront en enfer sauf une... et elle sera celle qui suivra la même voie que la mienne et celle de mes compagnons » pour justifier la supériorité de leur choix[3] et éventuellement de leurs mœurs et coutumes.

Anthropomorphisme

Les noms et attributs divins qui apparaissent dans le Coran et la Sunna, étant acceptés littéralement, conduisent à une vision anthropomorphique de Dieu interdite d’après le Coran (versets 42:11 et 112:1-4). La doctrine hanbalite est néanmoins de toujours avoir une lecture affirmant les attributs de Dieu, mais sans recourir aux facultés humaines pour les comprendre (bi-la kayfa, en arabe : بلا كيف). Ibn Taymiyya ayant été emprisonné pour avoir refusé une interprétation métaphorique des attributs divins, est une source d'inspiration pour les salafistes. Pour les salafistes contemporains, le mutazilisme, une école théologique rationaliste fondée par un salaf au VIIIe siècle est la quintessence de la déviance, car l'usage de la raison conduirait à nier ou questionner les attributs divins et par là remettre en cause l'indivisibilité de Dieu, laquelle est une pierre angulaire du tawhid[3].

Orthopraxie

L'orthopraxie est un élément majeur de l'islam et une pléthore d'hadiths régissent pratiquement tous les aspects imaginables de la vie quotidienne, de la posture à adopter pour la prière à l'usage du cure-dent (siwak), en passant par l’hygiène féminine. Les salafistes appliquent littéralement et avec zèle tous ces commandement du prophète Mahomet[20]. Ils se conforment notamment à l'hadith réglant l’hygiène personnelle de base (fitra), qui prescrit entre autres l’épilation des aisselles, le rasage du pubis, la taille de la moustache et de se laisser pousser la barbe[29]. Cela est éventuellement appliqué dans une optique d’extériorisation de l'engagement religieux salafiste, tout comme l'est le port de vêtements tels que le qamis ou la djellaba en Europe[30], lesquels permettent aussi de signifier le rejet du style occidental comme étant une innovation blâmable[20]. Adopter le style vestimentaire ou les manières, notamment de saluer, des juifs et des chrétiens, étaient déjà dénoncé comme contraire à l'islam par Ibn Taymiyya[31]. Par ailleurs Nasir al-Din al-Albani a critiqué le port de l'agal, communément utilisé en Arabie Saoudite, comme contraire à l'islam[30].

Un autre point d'achoppement de al Albani avec les wahhabites fut sur le port du voile pour les femmes, les versets coraniques à son sujet étant relativement abscons. Al Albani a inféré que la dissimulation du visage n’était pas une obligation pour les musulmanes. C’était une opinion inacceptable pour les autorités saoudiennes, qui ne renouvelèrent pas son contrat avec l'université islamique de Médine, le forçant de fait à quitter le royaume en 1963[24]. De nos jours pendant que des salafistes portent le niqab, d'autres portent aussi le khimar (un hijab descendant jusqu'à la taille), et les femmes concernées peuvent porter alternativement l'un et l'autre[32].

L'ensemble de l'orthopraxie salafiste fait que ces derniers sont immédiatement reconnaissables, de par leurs habitudes vestimentaires, sociales ou religieuses, ainsi que la forme et le contenu de leur discours[23]. D'un point de vue sociologique, les salafistes, comme beaucoup de mouvements, tentent de forger une nouvelle identité avec ses propres normes, se confrontant avec le modèle culturel dominant. Ce faisant, ils créent, à partir de la sunna, une communauté imaginée, et des réseaux d'activistes déterminés à reproduire et propager leur interprétation de l'islam. La diffusion des valeurs et méthodes (manjah) salafistes, faisant fi des frontières traditionnelles (éventuellement par vertu d’être extra territoriale et déculturée), motive les individus à appliquer le manjah, parfois sans se soucier des règles locales en vigueur : le manjah est le liant qui maintient la communauté salafiste comme un mouvement se destinant à purifier l'islam et rééduquer[32] la communauté musulmane[20].

Le sens communautaire est renforcé par des frontières, et les salafistes sont obsédés par celles-ci : ils sont engagés dans une définition continue de la communauté de vrais croyants, versus les autres qui d'une manière ou d'une autre sont corrompus ou dans l'erreur[23]. L'apport du wahhabisme au salafisme a été une attitude sectaire vis-à-vis des musulmans ne partageant pas leurs vues théologiques et xénophobes vis-à-vis des non-musulmans[30], ce qui inclut les chiites lesquels sont traditionnellement considérés par les wahhabites comme une secte hérétique ne faisant pas partie de l'islam[33],[34]. Cela a été érigé par les wahhabites en un principe dit de « loyauté et désaveu » (Al wala' wal bara') lequel enjoint aux musulmans de haïr les non-musulmans et lequel est devenu une pierre angulaire du salafisme[31].

Ce principe aussi encourage les musulmans des pays dits mécréants (kafir) à émigrer dans un pays musulman (Hijra), qui occupe une place importante dans l'imaginaire salafiste. De manière assez spectaculaire al-Albani a enjoint aux Palestiniens de quitter les territoires occupés de Gaza et Cisjordanie, mais pas tant à cause du principe de loyauté et désaveu, mais plus parce qu'ils ne pouvaient pas pratiquer leur religion correctement selon lui. Par ailleurs l’idée centrale reste que l’intégrité de la doctrine prime sur l'attachement territorial[24].

Formes actuelles

Il y a un fort sentiment parmi les sunnites que la proximité temporelle avec le prophète Mahomet est gage de pureté de l'islam[23], ce qui fait que de nombreux mouvements se réclament salafistes, à commencer par le wahhabisme[35]. Par ailleurs pendant que les salafistes partagent la même doctrine exposé ci-dessus, ils divergent sur l'analyse du contexte. Par exemple tous les salafistes sont d'avis, que si un ennemi attaque délibérément des civils musulmans, les musulmans sont fondés à engager des représailles : la scission apparaît alors sur l’interprétation des intentions occidentales dans les conflits impliquant des musulmans : une question de contexte et non de théologie[3].

Outre les divergences d’interprétations sur le djihad, un autre point de divergence au sein du mouvement salafiste est sur la hisba, ou le devoir d’ordonnance du bien et d'interdiction du mal (al ʿamr bi-l maʿrūf wa-n nahy ʿan al munkar). Au contraire du al wala wal bara régissant les rapports de la communauté avec l’extérieur, la hisba régit le fonctionnement intra-communautaire, et peut être considéré comme un outil de purification de celle-ci qui peut être achevé soit par l'usage de la violence, soit par le reproche verbal, ou par la désapprobation mentale[36],[37]. Par-delà le fait de savoir si la hisba est un devoir individuel (farḍ al-'ayn) pour les musulmans ou collectif pour la communauté musulmane (farḍ al-kifāya), les salafistes se partagent entre une approche quiétiste, où le devoir du croyant est limité au « conseil discret » et une approche plus activiste où la hisba est utilisée pour légitimer l'usage de la violence[37] en couvrant un large éventail coercitif intermédiaire[38].

Tout cela favorise la fragmentation du mouvement, laquelle est exacerbée par la nature décentralisée de son fonctionnement où chaque savant salafiste offre sa propre lecture comme la seule vérité possible[20]. On distingue néanmoins trois mouvances dans le salafisme contemporain : une « quiétiste », une politique, et une djihadiste :

De nos jours, lorsque le terme « salafisme » est utilisé sans qualificatif, il est compris comme désignant le « salafisme contemporain »[10] qui est un mouvement d'inspiration néo-fondamentaliste[3] lui-même divisé en trois courants[3],[39],[40] :

  • le « salafisme quiétiste », aussi connu comme « salafisme prédicatif » (salafiyya al-da'wa), « salafisme littéraliste » ou « salafisme cheikhiste », qui prône l'éducation et la purification de la communauté (oumma) par la pédagogie et l'enseignement religieux[23] ;
  • le « salafisme politique », « salafisme réformiste » ou « salafisme activiste » (salafyia al-harakyyia), organisé en mouvements politiques ;
  • le « salafisme djihadiste » (al-salafiyya al-jihadiyya) ou « salafisme révolutionnaire » qui prône, lui, une action armée pour imposer l'islam purifié des origines[41]. On retrouve dans cette mouvance des groupes terroristes[42] tels qu'Al-Qaïda ou l'État islamique[43].

Les salafistes se revendiquent régulièrement comme des « gens du hadith » (ahl al-hadith)[20] et les adhérents d'une mouvance salafiste contemporaine la désignent toujours comme représentant le « salafisme pur » ou « vrai salafisme » (al-salafiyya al-naiyya ou al-salafiyya al-sahida)[7].

Ce mouvement protéiforme est ainsi caractérisé par des polémiques internes et des disputes théologiques[32], chacune de ces tendances entretenant un rapport particulier aux sociétés européennes et musulmanes ainsi qu'aux façons de parvenir à l'établissement de l’État islamique[18].

Le salafisme quiétiste

Afin d'endiguer le panarabisme, principalement représenté par le nassérisme en Égypte[3] et le baasisme en Syrie et en Irak, l'Arabie saoudite développa une politique de prosélytisme islamique dans les années 1960, notamment avec la création de l’université islamique de Médine en 1961 et de la Ligue islamique mondiale en 1962[11],[44]. Ces entités deviendront d'importants vecteurs du prosélytisme salafiste[11],[45],[46].

À partir des années 1970, notamment sous l'influence de Nasir al-Din al-Albani, un processus d'idéologisation du salafisme contemporain prit place, transformant une doctrine théologique en une idéologie, ou une méthode (manjah), prétendant régir tous les aspects de la vie quotidienne dans le but de transformer celle-ci.

Cette tendance salafiste, développée en particulier par des imams proches du régime saoudien, est essentiellement inspirée par le cheikh Muhammed Nacer ad-din al-Albani, particulièrement à partir de 1961 où il a été nommé à l'université de Médine, jusqu'à sa mort en 1999. Il a théorisé la doctrine quiétiste sur la base de « la bonne politique, aujourd'hui, est de délaisser la politique »[24]. Pour al-Albani, il est nécessaire de poursuivre une stratégie du « at tasfiyatu wa tarbiyah » (la purification et l'éducation) : d'une part, régénérer la foi en la purifiant des « innovations » l'éloignant de la foi authentique ; d'autre part, éduquer les musulmans à cette foi régénérée, de manière qu'ils abandonnent toutes leurs pratiques religieuses antérieures, jugées corrompues. C'est de la diffusion générale dans la société de cette piété que doit naître le changement politique.

Les quiétistes sont parfois qualifiés de pacifistes, a tort selon certains experts, qui postulent qu'ils sont avant tout de nature obéissante et qu'ils n’hésiteraient pas à s'engager dans le djihad si ordre est donné par l’autorité reconnu. Ils l'ont déjà fait à plusieurs reprises, contre l'URSS en Afghanistan dans les années 1980, les socialistes dans la guerre civile yéménite de 1994, et contre les zaydites dans la région de Sa'dah dans le nord du Yémen, depuis 2014[23].

Bien que les quiétistes aient développé une rhétorique vitriolique envers les djihadistes, ils ne rejettent pas le djihad comme un moyen tactique, mais pensent que la communauté musulmane, et salafiste en particulier, n'est pas encore prête pour cette étape qui doit venir après l'éducation et la purification de la communauté, ce qu'al Albani a résumé par cette question rhétorique : « Comment ces gens se disent prêts pour le djihad, quand ils ne sont pas encore d'accord entre eux, sur les articles de foi à respecter ('Aqîda) ? ». Cette vue est aussi replacée dans le contexte historique où le prophète Mahomet a commencé par propager la foi, avant le djihad. Les guerres civiles d'Afghanistan après le retrait des troupes soviétiques, sont une preuve selon les quiétistes que les musulmans afghans n’étaient pas préparés spirituellement au djihad. Ils sont par ailleurs d'avis, qu'une fois que la communauté musulmane aura embrassé la vraie foi, c'est-à-dire la leur, alors, le djihad ne pourra que devenir triomphant. Dans l’intermède, ils pensent que l'action violente ne peut qu’entraîner des réactions négatives des autorités limitant leur capacité de prosélytisme[20].

En retour, les djihadistes dénoncent les quiétistes comme cheikhistes, impliquant que ces derniers sont des instruments des autorités « acheté pour protéger les gouvernements immoraux de la colère des vrais musulmans », et les djihadistes ne rechignent pas à déclarer des quiétistes du pouvoir saoudien comme traites et apostats[20].

Le développement du salafisme contemporain est depuis les années 1960-70 largement lié au généreux mécénat saoudien dont, selon un faisceau de présomptions, bénéficie ce mouvement sous toutes ses formes y compris les plus violentes[47].

Le salafisme réformiste

Les Frères musulmans, fuyant les répressions du nassérisme en Égypte[3] celle du baasisme en Syrie et en Irak[11] importèrent en Arabie saoudite, où ils trouvèrent refuge, une culture politique auparavant relativement absente, sans que cela ne gêne réellement le pouvoir en place. Cela changea fortement lorsque le pouvoir religieux, associé au salafisme quiétiste, émit une fatwa permettant le stationnement de troupes américaines sur le sol saoudien dans le cadre de la première guerre du Golfe en 1990. Cette décision fut un choc pour la communauté salafiste qui est considéré comme l’événement majeur à l'origine de l'essor du salafisme politique[3]. Cette mouvance est issue du syncrétisme entre idéologie des Frères musulmans et wahhabisme durant les années 1960, à un moment où le wahhabisme manquait de cadre[48].

Cette expression du salafisme est représentée principalement par le courant du « Réveil islamique » (Sahwa Islamiyya), dans les années 1990 en Arabie saoudite[40],[49].

Le salafisme djihadiste

Le mouvement salafiste contemporain a été jusqu'à récemment largement quiétiste, c'est-à-dire qu'il refusait de s'engager dans l’arène politique ou, plus généralement, de prendre part aux affaires de la société civile, afin de ne pas éroder la pureté de l'islam en y mêlant des désirs et émotions humaines. Récemment sont apparues deux autres courants, le salafisme djihadiste et le salafisme politique, lesquels sont dénoncés par les quiétistes historiques comme rationalistes et motivées par le désir humain[3].

Le but des salafistes djihadistes est l’établissement d’États islamiques. Cette mouvance fait du djihad armé le cœur de son engagement : la doctrine djihadiste consiste alors à établir les raisons justifiant le djihad, puis à justifier les méthodes utilisées[50].

Le salafisme djihadiste quant à lui est largement considéré comme étant le résultat de la Guerre d'Afghanistan (1979-1989)[3] : la première guerre contemporaine conduite en invoquant le principe du djihad (soutenue largement par l'Arabie saoudite et les États-Unis). Cette guerre a été marquée par un succès pour les djihadistes (alors appelés moujahidin), le premier, de très longue mémoire, contre un pays qui était à l'époque une des plus grandes puissances de la chrétienté. Cela a laissé une armée de djihadistes, forte d'une grande aura dans le monde musulman, galvanisée, bien entraînée, extrêmement confiante et bien décidée à reproduire de tels succès[51]. La faction djihadiste prit son essor seulement à la suite de la répression saoudienne contre les mouvements salafistes politiques dans le milieu des années 1990[3]. Le vide théologique et charismatique créé par la disparition des principales figures du salafisme quiétiste, le grand mufti d'Arabie Saoudite, Abd al-Aziz ibn Baz, et al-Albani en 1999, puis Ibn Uthaymin en 2001, profita aussi à l'émergence d'une génération de cheikhs saoudiens beaucoup plus radicaux, dont notamment les disciples de Hamoud al Aqla al Shuebi, mort en 2002[52].

Le salafisme djihadiste de l'État islamique et des autres groupes du même type s'inspire du wahhabisme. Cependant, ces différents groupes rivaux s'excommunient entre eux. Pour l'historien Daoud Riffi, le salafisme djihadiste est le « wahhabisme originel », « intégral »[53],[16].

La plupart des musulmans sont extrêmement réticents à dénoncer un des leurs comme apostat (Takfîr), une dénonciation fortement découragée par plusieurs hadiths. C’était néanmoins une pratique appliquée libéralement chez les kharijites... Et c'est un préalable nécessaire à l'action djihadiste en terrain musulman, puisque permettant de se libérer des contraintes coraniques tel le verset 4:92 : « Il n'appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n'est par erreur »[50] ; ou le verset 4:59 : « Ô les croyants ! Obéissez à Allah, [...] et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement ». Ceci vaut aux djihadistes d’être souvent qualifiés de « takfiri » ou de «kharidjites » par leurs contempteurs musulmans[54].

En effet, une grande partie de la construction de la doctrine djihadiste consiste à établir les conditions d'apostasie : cette doctrine aurait deux origines, l'une wahhabite et l'autre venant des Frères musulmans Égyptiens, cette dernière prenant sa source en Inde dans un contexte d'occupation coloniale britannique[50],[55].

Rhétoriques

L'une des rhétoriques des salafistes est de s'en prendre aux théologiens et aux suiveurs des autres courants de l'islam en mettant en garde contre eux et en les accusant d'hérésie, de perversion voire de mécréance[56].

Mouvements salafistes aujourd'hui par pays

Allemagne

Le salafisme est un mouvement croissant en Allemagne et les estimations de l'Office fédéral de protection de la constitution (BfV : Bundesamt fuer Verfassungsschutz) montrent qu'il est passé de 3 800 membres en 2011 à 7 500 membres en 2015[57]. En Allemagne, la plupart des recrutements au mouvement se fait sur Internet et également dans les rues, par le biais d'une propagande qui cible tout particulièrement les jeunes[57]. Il y a deux camps idéologiques ; l'un majoritaire, se fait l'avocat du salafisme politique et oriente ses efforts de recrutement en direction des non-musulmans et les musulmans non-salafistes pour gagner en influence sur la société ; l'autre minoritaire, se fait l'avocat du salafisme djihadiste et cherche à gagner en influence par le recours à la violence et dernièrement, la totalité des cellules terroristes identifiées en Allemagne venaient des milieux salafistes[57].

En 2015, Sigmar Gabriel, vice-chancelier de l'Allemagne, a déclaré que : « Nous avons besoin de l'Arabie saoudite pour résoudre les conflits régionaux, mais nous devons en même temps clarifier le fait que la politique de l'autruche est terminée. Les mosquées wahhabites sont financées dans tout le monde entier par l'Arabie saoudite. En Allemagne, beaucoup de dangereux islamistes proviennent de ces congrégations »[58].

En 2017, le nombre des salafistes est passé 10 800 selon BfV[59].

Belgique

Relayant les critiques d'islamologues formés dans les universités belges ou françaises et de militants pour un islam libéral (dit aussi « islam européen », adapté aux sociétés sécularisées)[60] soutenus par des personnalités politiques[61][réf. nécessaire], plusieurs médias rapportent que l'origine de l'implantation du salafisme en Belgique remonterait à la création du Centre islamique et culturel de Belgique (CICB) en 1963[62]. En 1967, lors d'une visite officielle en Belgique, le roi Fayçal fait un don aux victimes de l'incendie de l'Innovation. En remerciement et pour des raisons de diplomatie économique, les autorités belges louent (bail emphytéotique de 99 ans) en 1969 à l'Arabie saoudite le bâtiment d'un pavillon oriental en ruine qui, une fois complètement transformé (notamment par l'ajout de trois étages), devient en 1978 la Grande mosquée de Bruxelles et le siège du CICB[63],[64]. Influente, la mosquée est présentée par de nombreux observateurs comme « un cheval de Troie salafiste au cœur de Bruxelles »[62]. En avril 2012, les autorités belges exigent discrètement du gouvernement saoudien le départ du diplomate et directeur du CICB, l'imam Khaled al-Abri en raison de ses prêches radicaux[65]. Khaled al-Abri nie ces accusations[66]. Comme le constate Christophe Lamfalussy dans La Libre Belgique, « jamais la Grande Mosquée n’a été impliquée dans une filière d’envoi de djihadistes vers la Syrie »[64]. L'imam théologien de la Grande mosquée de Bruxelles, le soufi mouride[67],[68],[69] Mouhamed Galaye Ndiaye condamne « avec fermeté » les violences commises au nom de l'islam et les « criminels » qui les commettent. Et affirme « sur les 400 ou 500 jeunes qui sont partis en Syrie, il n’y en a pas un qui a étudié chez nous ». L’imam souligne que la violence « n’a rien à voir avec l’islam ». La Grande mosquée de Bruxelles a « un programme de lutte contre le radicalisme » qui, grâce au centre islamique et culturel belge (CICB), a pu aider des familles dont les enfants avaient emprunté le chemin de la radicalisation[70].

En juillet 2012, Alain Winants, administrateur-général de la Sûreté de l'État, confie au journal De Morgen que « le salafisme est la menace principale pour la Belgique[71] », une opinion qu'il réitère à La Libre Belgique en novembre de la même année[72].

Selon le politologue spécialiste de l'Islam Olivier Roy, invité à Bruxelles par le roi Philippe, la génération de djihadistes des années 2010 n’est pas inspirée principalement par le salafisme mais se trouve « dans une perspective suicidaire, nihiliste, non utopiste », qui ne fait aucune référence à un conflit particulier. Ces terroristes ne sont pas des piliers de mosquées. Ce qui fait dire au professeur à l'Institut universitaire européen de Florence qu’il ne sert à rien de vouloir fermer les mosquées salafistes pour combattre le terrorisme. Le problème est selon lui ailleurs[73].

Selon La Libre Belgique, en 2016, « à bonne source, on estime » le nombre de mosquées sous influence salafiste à une trentaine, soit deux fois plus que l'estimation précédente en 2001[74].

Le principal centre salafi à Bruxelles est le Markaz Al-Forqane[75] et le principal centre salafi en Wallonie est le Markaz-Al-Jama'a, situé boulevard Jacques Bertrand à Charleroi[76].

Égypte

Al-Sunna Al-Muhammadeyya est une organisation fondée en 1926 par Muhammad Hamid al-Fiqi en Égypte. Son fondateur se réclame de Ibn Taymiyya[77],[78].

France

La présence du salafisme en France est identifiée depuis les années 1990[79]. Pour le politologue Gilles Kepel, les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises « permettent, à côté de la participation politique massive des enfants de l’immigration musulmane, l’émergence d’une minorité salafiste visible et agissante qui prône le « désaveu » (al bara’a) d’avec les valeurs de l’Occident « mécréant » et l’allégeance exclusive (al wala’) aux oulémas saoudiens les plus rigoristes »[80].

Selon des sources policières, la France compterait 90 lieux de culte d’obédience salafiste sur 2 500 recensés en 2015, soit deux fois plus qu'en 2010[81] et environ cinq fois plus qu'en 2005[79]. D'après la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), le nombre de fidèles affiliés au courant a quant à lui triplé entre 2010 et 2015, passant de 5 000 à 15 000[79]. Cette progression a lieu essentiellement dans les grands centres urbains (région parisienne, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur). Le courant quiétiste est largement majoritaire dans le salafisme français[82]. L'essor de la mouvance serait dû à l'effacement des Frères musulmans représentés au sein de l'Union des organisations islamiques de France[83].

Par exemple, la mosquée Assalam de Nantes a fait l'objet d'une vive controverse lors de sa construction commencée en 2009 et achevée en 2012. Elle est la plus grande mosquée dans sa région. La mosquée est souvent classée parmi les exemples des efforts du Qatar pour exporter le wahhabisme, leur version extrême et souvent intolérante de l'islam, dans toute l'Europe[84].

Selon le sociologue Samir Amghar, « [...] le salafisme s’est implanté grâce à la prédication des premiers diplômés européens revenus d’Arabie Saoudite où ils étaient allés suivre une formation en sciences religieuses. [...] Les ouvrages des théologiens salafis sont de plus en plus présents dans les librairies islamiques, ils deviennent des références pour beaucoup de musulmans, même pour ceux qui appartiennent aux autres tendances de l’islam (Frères musulmans, tablighis…). Le salafisme s’impose de plus en plus comme une orthodoxie religieuse. Cette prédication est tellement efficace que le mouvement a vu ses effectifs doubler en cinq ans, passant de 5 000 en 2004 à plus de 12 000 aujourd’hui (en 2012) »[85].

Et de relever une évolution récente : « Internet est devenu la principale source d'information religieuse mais aussi le principal pourvoyeur de radicalité. Ce n'est plus tant dans les mosquées (radicales), lieux traditionnels du débat mais aussi du recrutement des djihadistes avant le 11 septembre 2001, et où les imams (salafistes) se savent aujourd'hui très surveillés par les services de renseignement [...] »[86]. En effet, même les salafistes djihadistes reprennent avec succès les codes du web et les principes du marketing 2.0 pour embrigader la jeunesse et l'inciter à rompre totalement avec le reste de la société dite mécréante[87].

Pour certains analystes, cette progression s'explique par la perte d'influence de l'Union des organisations islamiques de France. Si les salafistes français sont dans leur grande majorité des quiétistes qui dénoncent le djihad armé, le chercheur Haoues Seniguer estime que « le néosalafisme d'aujourd'hui peut être un sas » vers le djihadisme[81].

Pour le sociologue Samir Amghar, l'autre raison est à chercher dans la « demande de normes très strictes ». Cette affiliation à « des groupes religieux intensifs forts, capables d’offrir des codes de sens et une sécurité apaisante » serait aussi vécue comme un « défi manifeste à l’opinion majoritaire ». Les salafistes pensent incarner un « groupe dangereux ou redoutable pour les classes moyennes et supérieures ». C'est pourquoi, « le salafisme fascine ceux qui ont un différend avec l’ordre social » »[85].

Toutefois, d'après Mediapart, le salafisme français « est le fait de petits groupes informels ne cherchant pas à se fédérer à l'échelon national. Aucun de ses représentants ne siège dans l'Instance de dialogue avec l'islam, lancée par Manuel Valls le 15 juin 2015 pour réfléchir à la formation des imams et au financement des mosquées »[79].

Pakistan

Ahl al-Hadith est un mouvement salafiste présent au Pakistan[88].

Suède

Des représentants de la mosquée de Gävle ont fait la promotion de cette variante de l'Islam, laquelle est considérée comme extrémiste en Suède. Selon le chercheur Aje Carlbom à l'Université de Malmö, l'organisation derrière le travail de missionnaire est la Swedish United Dawah Center, abrégée en SUDC[89]. La SUDC est caractérisée comme un groupe salafiste par un chercheur en histoire religieuse à l'université de Stockholm et a de nombreux liens avec le Britannique Abdur Raheem Green (en)[89].

Personnalités salafistes

Bibliographie

Ouvrages

  • Céline Pina, Silence coupable : déni de la classe politique face à la progression rampante du salafisme, ed. Kero,

Littérature confessionnelle

  • Muhammad Nassiruddine al Albani (dir.), Le Salafisme du mythe à la réalité, édition Al-Hadith, (2008), 244 pages (ISBN 978-2-930395-22-7)
  • M. Jarman, Les salafites de Muhammad Ibn 'Abd al-Wahhâb à Nâsir ad-Dîn Al-Albânî, Conseil islamique de France, , 199 p. (ISBN 9953-81-083-4, lire en ligne)

Articles

Filmographie

  • Salafismes au XXe siècle, conférence de Dominique Thomas dans le cadre de l'Université de tous les savoirs, Service du Film de Recherche Scientifique, Vanves ; CERIMES, 2008?, 88 min (DVD)

Notes et références

  1. Sabrina Mervin, Histoire de l'islam : fondements et doctrines, Paris, Flammarion, , 333 p. (ISBN 2-08-122054-7 et 978-2081220546, présentation en ligne), p. 25-29.
  2. (en) Tayyara Abed el-Rahman, « The Evolution of the Term qarn in Early Islamic Sources », Journal of Near Eastern Studies, vol. 71, no 1,‎ , p. 99-110 (DOI 10.1086/669204, lire en ligne)
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r (en) Quintan Wiktorowicz, « Anatomy of the Salafi Movement », Studies in Conflict & Terrorism, Taylor & Francis Group, LLC, vol. 29,‎ , p. 207–239 (ISSN 1057-610X, lire en ligne)
  4. a et b (en) Reinhard Schulze, A Modern History of the Islamic World, New York, New York Univ Pr, , 450 p. (ISBN 978-0-8147-9819-5), p. 95
  5. (en) Amy Benson Brown et Karen M. Poremski, Roads to Reconciliation : Conflict and Dialogue in the Twenty-first Century, Routledge, (ISBN 978-1-317-46076-3, lire en ligne), p. 77
  6. Henri Lauzière, The Making of Salafism : Islamic Reform in the Twentieth Century, Columbia University Press, (lire en ligne), p. 28
  7. a b c d et e (en) Henri Lauzière, The Making of Salafism : Islamic Reform in the Twentieth Century, New York, Columbia University Press, , 328 p. (ISBN 978-0-231-17550-0), chap. 2, p. 60-95
  8. a b c et d (en) Saba Mahmood, Politics of Piety : The Islamic Revival and the Feminist Subject, Princeton University Press, , 233 p. (ISBN 978-0-691-14980-6, lire en ligne), p. 61
  9. (en) Eugene Rogan, The Arabs : A History, New York, Basic Books, , 628 p. (ISBN 978-0-465-02504-6), p. 140
  10. a b et c (en) Henri Lauzière, « The construction of salafiyya: Reconsidering Salafism from the perspective of conceptual history », International Journal of Middle East Studies, 3e série, vol. 42,‎ , p. 369-289 (DOI DOI: 10.1017/S0020743810000401)
  11. a b c et d (en) Henri Lauzière, The Making of Salafism : Islamic Reform in the Twentieth Century, New York, Columbia University Press, , 328 p. (ISBN 978-0-231-17550-0), chap. 6, p. 199-230
  12. « I am a salafi », sur library.fes.de (consulté le ).
  13. Jean-Paul Richier, « Que désigne le terme « salafisme » ? », sur Club de Mediapart, (consulté le ).
  14. (en) Jakob Skovgaard-Petersen, Defining Islam for the Egyptian State : Muftis and Fatwas of the Dār Al-Iftā, Pays Bas, Brill Academic Pub, , 424 p. (ISBN 978-90-04-10947-6, lire en ligne), p. 156
  15. (en) Edward E. Curtis, Encyclopedia of Muslim-American History, Facts on File, , 728 p. (ISBN 978-0-8160-7575-1), p. 499
  16. a et b « Comprendre le salafisme, Rencontre avec l'historien Daoud Riffi », sur www.lescahiersdelislam.fr (consulté le ).
  17. Bernard Rougier, « Pourquoi l'islamisme salafiste, progresse, du Golfe à nos banlieues », L'Expansion, janvier 2009.
  18. a et b Amghar Samir, « Le salafisme en Europe. La mouvance polymorphe d'une radicalisation », Politique étrangère, 1re série,‎ printemps 2006/, p. 65-78 (DOI 10.3917/pe.061.0065, lire en ligne)
  19. a et b (en) William Shepard, « Salafi Islam: The study of contemporary religious political movement », dans Clinton Bennett, The Bloomsbury Companion to Islamic Studies, London, UK, Bloomsbury Academic, (ISBN 978-1472586902), p. 163-184
  20. a b c d e f g h i j et k (en) Quintan Wiktorowicz, « The Salafi Movement: Violence and Fragmentation of Community », dans Miriam Cooke, Bruce B. Lawrence, Muslim Networks from Hajj to Hip Hop, Chapel Hill, NC, Univ of North Carolina Pr, (ISBN 978-0807855881), p. 208-234
  21. « Les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie Saoudite: un salafisme importé ? », sur tel.archives-ouvertes.fr (consulté le ).
  22. a et b (en) Stephane Lacroix (trad. George Holoch), Awakening Islam : The Politics of Religious Dissent in Contemporary Saudi Arabia, Cambridge, MA, Harvard University Press, , 384 p. (ISBN 978-0-674-04964-2, lire en ligne), p. 84-85
  23. a b c d e f et g (en) Bernard Haykel, « On the Nature of Salafi thought and Action », dans Roel Meijer, Global Salafism: Islam's New Religious Movement, Oxford, UK, Oxford University Press, (ISBN 9780199333431), p. 33-57
  24. a b c d et e (en) Stéphane Lacroix, « Between Revolution and Apoliticism », dans Roel Meijer, Global Salafism: Islam's New Religious Movement, Oxford, UK, Oxford University Press, (ISBN 9780199333431), p. 58-78
  25. (en) Jeffry R. Halverson, Theology and Creed in Sunni Islam, Palgrave Macmillan, , 188 p. (ISBN 978-0-230-10658-1, lire en ligne), p. 36
  26. a et b (en) Mohamed Bin Ali, The Islamic Doctrine of Al-Wala’ wal Bara’ (Loyalty and Disavowal) in Modern Salafism (thèse de doctorat (en études arabes et islamiques), Exeter, UK, University of Exeter, UK, , 263 p. (lire en ligne)
  27. certains salafistes parlent d’unicité du législateur islamique (tawhid al hakimiyyah), comme introduit par Sayyid Qutb, par ailleurs il y a divergence de vues, notamment chez les quiétistes, qui, comme Salih Al-Fawzan, pensent que cela est une erreur de parler de tawhid al alhakimiyyah, car introduisant un élément politique dans le tawhid, qui doit être évité selon ces derniers[26]
  28. tel que le hadith extrait du Sahih Muslim et faisant dire au prophète Mahomet que « Les pires des choses sont les créations nouvelles. Toute création nouvelle est une innovation et toute innovation est source d'égarement...Et tout égarement mène à l'Enfer »
  29. Comme rapporté par Aïcha dans le recueil d'hadith de Al-Tirmidhî
  30. a b et c (en) Roel Meijer, « Introduction », dans Roel Meijer, Global Salafism: Islam's New Religious Movement, Oxford, UK, Oxford University Press, (ISBN 9780199333431), p. 1-29
  31. a et b (en) Joas Wagemakers, « The Transformation of a Radical Concept », dans Roel Meijer, Global Salafism: Islam's New Religious Movement, Oxford, UK, Oxford University Press, (ISBN 9780199333431), p. 81-102
  32. a b et c (en) Ineke Roex, « Should we be scared of all salafists in Europe? A Dutch case study », Perspectives on Terrorism, vol. 8, no 3,‎ , p. 51-63 (ISSN 2334-3745, lire en ligne)
  33. (en) Guido Steinberg, « Jihadi-Salafism and the Shi‘Is », dans Roel Meijer, Global Salafism: Islam's New Religious Movement, Oxford, UK, Oxford University Press, (ISBN 9780199333431), p. 107-125
  34. (en) Mehdi Mozaffari, « What is Islamism? History and Definition of a Concept », Totalitarian Movements and Political Religions, vol. 8, no 1,‎ , p. 17-33 (DOI 10.1080/14690760601121622, lire en ligne)
  35. Baptiste Brodard, « De la « Nation of Islam » au wahhabisme : identité culturelle et religiosité chez les musulmans afro-américains », Cahiers de l'Institut Religioscope, no 11,‎ , p. 9-10 (lire en ligne)
  36. Cela reflète un hadith du Sahih MuslimAbu Sa`id al-Khudri rapporte que le prophète Mahomet aurait dit; «Celui qui voit un mal et peut le changer avec sa main, qu'il le fasse. Celui qui ne peut pas le changer avec sa main et le peut avec sa langue, qu'il le fasse. Et celui qui ne peut pas le changer avec sa langue et le peut avec son cœur, qu'il le fasse, c'est le degré le plus faible de la foi»
  37. a et b (en) Roel Meijer, « Salafism: Doctrine, Diversity and Practice », dans Khaled Hroub, Political Islam: Context Versus Ideology, Saqi Books, (ISBN 978-0863566592), p. 37-60
  38. (en) Lorenzo Vidino, Hisba in Europe? Assessing a murky phenomenon (rapport), Bruxelles, Belgique, European Foundation for Democracy, , 55 p. (lire en ligne)
  39. Samir Amghar, « Le salafisme en Europe : la mouvance polymorphe d’une radicalisation », Politique étrangère, no 1,‎ (lire en ligne).
  40. a et b Olivia Blachez, « Qu'est-ce que le salafisme ? », sur lesclesdumoyenorient.com, .
  41. Malek Chebel, L'Islam, La Boétie, , 240 p. (ISBN 978-2-36865-017-2, lire en ligne)
  42. (en) Graham Gooch et Michael Williams, A Dictionary of Law Enforcement, Oxford, UK, Oxford University Pres, , 432 p. (ISBN 978-0-19-280702-1, lire en ligne), p. 323
  43. (en) Patrick Cockburn, « Syria peace deal may be a real turning point in ending the war – but al-Nusra and Isis will unlikely go without a fight », The Independent,‎ (lire en ligne).
  44. (en) David Commins, The Wahhabi Mission and Saudi Arabia, London, UK, I.B.Tauris, , 288 p. (ISBN 978-1-84511-080-2), p. 130-154
  45. a et b (en) Khaled Abou El Fadl, The Search for Beauty in Islam : A Conference of the Books, Rowman & Littlefield Publishers, , 428 p. (ISBN 978-0-7425-5094-0, lire en ligne), p. 192
  46. L’université de Médine est à l'origine d'une version anglaise du Coran connue comme le Noble Coran (traduit par Hilali et Khan en 1977), largement diffusée dans les pays anglo-saxons ; on la trouve à titre gracieux dans la plupart des centres culturel islamiques d’Amérique. Ce document a été critiqué comme un cheval de Troie du salafisme (par exemple, la version anglaise des versets coraniques 24:31 et 33:59, ayant trait au voile islamique, fait explicitement mention des parties du corps à couvrir, à savoir toutes sauf les yeux, ce qu'une lecture littérale du texte originel ne permet pas d'affirmer)[45]
  47. Laure Mandeville, « 11 septembre : ces 28 pages qui menacent l'axe Washington-Riyad », sur Le Figaro, (consulté le )
  48. Jean-Pierre Filiu, « Définir Al-Qaida », sur Cairn.info (consulté le ).
  49. Blandine Le Cain, Le salafisme, un terme qui regroupe plusieurs courants religieux, Le Figaro, 29 juin 2015.
  50. a b et c (en) Quintan Wiktorowicz, « A Genealogy of Radical Islam », Studies in Conflict & Terrorism, Taylor & Francis Group, LLC, vol. 28,‎ , p. 75–97 (ISSN 1057-610X, lire en ligne)
  51. (en) Samuel P. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, , 368 p. (ISBN 978-0-8160-7575-1), p. 246-247
  52. (en) Thomas Hegghammer, Jihad in Saudi Arabia : Violence and Pan-Islamism since 1979, Cambridge, UK, Cambridge University Press, , 304 p. (ISBN 978-0-521-73236-9), p. 29,83
  53. « Géopolitique de l'état islamique », sur Google Books (consulté le ).
  54. Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech, l'État islamique ou le retour de l'Histoire, Paris, La Découverte, , 192 p. (ISBN 978-2-7071-8597-6), p. 176
  55. (en) Olivier Roy, Islam and Resistance in Afghanistan, Cambridge, UK, Cambridge University Press, , 284 p. (ISBN 978-2-7071-8597-6), p. 56-58
  56. (en) Elkassimi, « Salafism between (the Extreme of) Fanaticism and (the Golden mean of) Moderation By Dr. Mohammed Bouterbouch Chair of the Regional Council of Scholars in Kenitra and Professor at the Faculty of Letters, Ibn Tofail University, Kenitra », sur www.habous.gov.ma (consulté le ).
  57. a b et c (de) « Salafistische Bestrebungen - Inhalte und Ziele salafistischer Ideologie », sur Bundesamt für Verfassungsschutz, Office fédéral de protection de la constitution (consulté le )
  58. Reuters, 6 décembre 2015, German Vice Chancellor warns Saudi Arabia over Islamist funding. Deutsche Welle, 6 décembre 2015, German vice chancellor warns Saudi Arabia over Islamist funding in Germany
  59. (de) Deutsche Welle (www.dw.com), « Zahl der Salafisten steigt in Deutschland auf Rekordhoch | Aktuell Deutschland | DW | 10.12.2017 », sur DW.COM (consulté le )
  60. Bosco D'Otreppe, 4 mai 2015, « Quatre Belges défendent un islam des Lumières », sur La Libre Belgique (consulté le )
  61. (nl) Koen Vidal, « Islamvernieuwers met dood bedreigd », sur www.demorgen.be, (consulté le ).
  62. a et b Bosco d'Otreppe et Ch. Ly., « La mosquée du Cinquantenaire inquiète », sur www.dhnet.be, (consulté le ).
  63. Marie-Cécile Royen, « Comment l'Arabie saoudite a imposé son islam rigoriste à la Belgique », sur www.levif.be, (consulté le ).
  64. a et b Christophe Lamfalussy, « Comment l'incendie de l'Innovation a développé le salafisme en Belgique », sur www.lalibre.be, (consulté le ).
  65. « Dossier Alabri : la Belgique a fait pression sur l'Arabie Saoudite », sur www.rtbf.be, (consulté le ).
  66. Sébastien Porcu, « Exclusif : l'imam saoudien de la grande mosquée de Bruxelles, expulsé en 2012, réfute tout discours radical », sur www.lacapitale.be, (consulté le ).
  67. Conférence de Mouhamed Galaye Ndiaye sur Mouride TV en 2011
  68. Conférence de Mouhamed Galaye Ndiaye sur l' « apport du mouridisme dans le domaine de l'éducation et de la culture » au Forum Magal 2013 (commémoration, célébrée à Touba, du départ en exil de Ahmadou Bamba.)
  69. Mouhameth Galaye Ndiaye, « Le réalisme pragmatique du Cheikh suprême de la Muridiyya », Revue (Mouride Eveillé) 2007
  70. Yaye Maguette Diouf, « Attentats à Bruxelles : « Ce qu’ils ont fait n’a rien à voir avec l’islam », selon l’imam Mouhamed Galaye Ndiaye », sur SeneNews, .
  71. (nl) « Salafisme is de grootste bedreiging voor België »  , sur www.demorgen.be, (consulté le ).
  72. Jacques Laruelle, « Alain Winants : “Le salafisme plus dangereux qu'un attentat terroriste” », sur www.lalibre.be, (consulté le )
  73. CH.LY., « Olivier Roy : La plupart des djihadistes sont des born again », sur www.lalibre.be, (consulté le )
  74. Christophe Lamfalussy, « Le nombre de mosquées salafistes belges a doublé en 15 ans »  , sur www.lalibre.be, (consulté le ).
  75. Site web du Markaz Al-Forqane
  76. Site web du Markaz-Al-Jama'a
  77. (en) « Islam and Politics in the New Egypt », sur Carnegie Endowment for International Peace (consulté le ).
  78. « oliticization-of-salafism-in-egypt », sur file.setav.org (consulté le ).
  79. a b c et d Carine Fouteau, « Le salafisme en France: un courant fondamentaliste en quête de normalisation (1/2) », sur Mediapart, (consulté le ).
  80. Gilles Kepel, « «Radicalisations» et «islamophobie» : le roi est nu », sur Libération.fr, (consulté le ).
  81. a et b Élise Vincent, « Le salafisme gagne du terrain chez les musulmans », Le Monde, no 21837,‎ (lire en ligne, consulté le )
  82. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/21/que-pese-l-islam-en-france_4559859_4355770.html ; Quel est le poids de l'Islam en France ? Le Monde ; 21 janvier 2015
  83. Le Monde du 2 avril 2015 p. 17
  84. (en) « No Petrodollar Land Grabbing for Qatar in Brussels », sur Consortium Against Terrorist Finance
  85. a et b « Salafisme : les raisons d'un succès. Entretien avec Samir Amghar. », sur Sciences Humaines, http://google.com/+scienceshumaines (consulté le )
  86. « Samir Amghar : «Le Net est le principal pourvoyeur de radicalité» », sur leparisien.fr (consulté le )
  87. « "SLF Magazine", le site salafiste qui fait du lol avec le djihad », sur L'Obs, https://plus.google.com/+LeNouvelObservateur (consulté le )
  88. (en) Mariam Abou Zahab, « Salafism In Pakistan: The Ahl-e Hadith Movement - Oxford Scholarship », sur www.oxfordscholarship.com, (DOI 10.1093/acprof:oso/9780199333431.003.0006, consulté le ).
  89. a et b (sv) « Gävles moské vill sprida extrem tolkning av islam », Gefle Dagblad,‎ (lire en ligne, consulté le )
  90. (en) Caryle Murphy, « A Kingdom Divided », GlobalPost, (consulté le ) : « As Grand Mufti, the late Bin Baz was the most prominent proponent of Saudi Arabia’s ultraconservative strain of Salafi Islam, sometimes known as Wahhabism »
  91. (en) Philip Lewis, Young, British and Muslim, Londres, Bloomsbury Academic, , 160 p. (ISBN 978-0-8264-9729-1, lire en ligne), p. 192

    « Two other Wahhabi/ Salafi individuals are worth mentioning. The first is Sheikh Abdullah el-Faisal, who merited a full front-page article in The Times in February 2002 »

  92. (en) Marloes Janson, Islam, Youth and Modernity in the Gambia : The Tablighi Jama'at, London/New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-04057-1, lire en ligne), p. 244
  93. a b et c (en) Innes Bowen, Medina in Birmingham, Najaf in Brent : Inside British Islam, Hurst Publishers, , 288 p. (ISBN 978-1-84904-301-4, lire en ligne)
  94. (en) « The Tsarnaev Trial and the Blind Spots in "Countering Violent Extremism" », The Intercept,  : « Among ultra-conservative Salafi Muslims, religious figures have often expressed fear about broaching topics of conflict and radical politics even when feeling pressure to engage on these issues by their followers. In 2011, Abu Eesa Niamatullah and Yasir Qadhi, two influential Salafis, shelved a potential course discussing the fiqh (jurisprudence) of warfare in Islam in response to repeated questions posed to them by students of their religious institute. Explaining the decision at the time, Niamatullah said, “Picture two bearded guys talking about the fiqh of jihad. We would be dead. We would be absolutely finished.” »
  95. (en) « 'I'm a Muslim woman, here's why I don't wear a veil' », sur walesonline (consulté le )
  96. (en) « Jordanian cleric Abu Qatada acquitted of terror charges », sur america.aljazeera.com (consulté le )
  97. (en) Jocelyne Cesari, Why the West Fears Islam : An Exploration of Muslims in Liberal Democracies, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-1-137-25820-5, lire en ligne)
  98. Wall Street Journal: "Islamic Preacher Anjem Choudary Charged in U.K. With Inviting Support of Terror" By MARGARET COKER and JENNY GROSS August 5, 2015 |"Mr. Choudary supports the fundamentalist strain of Islamic teaching known as Salafism and believes that Muslims can only attain a state of purity by living in a nation that is based on religious law, known as Shariah."
  99. The Guardian: "Anjem Choudary: the British extremist who backs the caliphate" by Andrew Anthony 6 September 2014 |"Although that was an event that radicalised a generation of Muslim activists, the former friend suggests it might have been Choudary's failure to land a job with a big legal firm upon graduating that set him off on his path to Salafi righteousness."
  100. (en) Angel Rabasa et Cheryl Benard, Eurojihad : Patterns of Islamist Radicalization and Terrorism in Europe, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-06268-5, lire en ligne)
  101. Sara Aridi, « Islamic preacher charged with promoting ISIS in UK », Christian Science Monitor,‎ (ISSN 0882-7729, lire en ligne, consulté le )
  102. The Globe and Mail : "Controversial imam Bilal Philips says banning him won’t stop his message" September 15, 2014 |"“If Salafi means that you’re a traditionalist that follows the scripture according to the early traditions, then yeah. I’m not a modernist. I’m not a person who makes his own individual interpretations according to the times."
  103. Eric Schmitt, Michael S. Schmidt et Ellen Barry, « Boston Marathon Inquiry Shifts to Suspect’s Russia Trip », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  104. Al Jazeera Studies: "Arab World Journalism in a Post-Beheading Era" by Thembisa Fakude 2013 |"Al-Munajjid is considered one of the respected scholars of the Salafist movement, an Islamic school of thought whose teachings are said to inspire radical movements in the Arab world, including al-Qaeda and a group called al-Dawla al-Islamiya fil Iraq wal Sham (also known as the Islamic State, IS or Daesh)."
  105. (en) Caryle Murphy, « A Kingdom Divided », GlobalPost, (consulté le ) : « First, there is the void created by the 1999 death of the elder Bin Baz and that of another senior scholar, Muhammad Salih al Uthaymin, two years later. Both were regarded as giants in conservative Salafi Islam and are still revered by its adherents. Since their passing, no one "has emerged with that degree of authority in the Saudi religious establishment," said David Dean Commins, history professor at Dickinson College and author of "The Wahhabi Mission and Saudi Arabia." »
  106. Stephane Lacroix, Al-Albani's Revolutionary Approach to Hadith. Leiden University's ISIM Review, Spring 2008, #21.
  107. (en) Robert A. Dowd, Christianity, Islam, and Liberal Democracy : Lessons from Sub-Saharan Africa, Oxford University Press, , 224 p. (ISBN 978-0-19-022521-6, lire en ligne), p. 102
  108. (en) Assaf Moghadam, The Globalization of Martyrdom : Al Qaeda, Salafi Jihad, and the Diffusion of Suicide Attacks, Johns Hopkins University Press, , 45 p. (ISBN 978-1-4214-0144-7, lire en ligne)

    « Salafi Jihadist preachers such as Abu Hamza al-Masri and Omar Bakri Muhammad help inspire thousands of Muslim youth to develop a cultlike relationship to martyrdom in mosques »

  109. (en) C. Christine Fair et Sarah J. Watson, Pakistan's Enduring Challenges, University of Pennsylvania Press, , 344 p. (ISBN 978-0-8122-4690-2, lire en ligne), p. 246

    « Osama bin Laden was a hard-core Salafi who openly espoused violence against the United States in order to achieve Salafi goals. »

  110. (en) Amy Benson Brown et Karen M. Poremski, Roads to Reconciliation : Conflict and Dialogue in the Twenty-first Century, Routledge, (ISBN 978-1-317-46076-3, lire en ligne), p. 81
  111. Royal Aal al-Bayt Institute for Islamic Thought, Sheikh Rabi’ Ibn Haadi ‘Umayr Al Madkhali. The Muslim 500: The World's Most Influential Muslims
  112. Omayma Abdel-Latif, "Trends in Salafism." Taken from Islamist Radicalisation: The Challenge for Euro-Mediterranean Relations, p. 74. Eds. Michael Emerson, Kristina Kausch and Richard Youngs. Bruxelles : Centre for European Policy Studies, 2009. (ISBN 9789290798651)
  113. Elliot, Andrea ( April 17, 2011). "Why Yasir Qadhi Wants to Talk About Jihad". New York Times.
  114. (en) Praveen Swami, Religion and Security in South and Central Asia, Londres, Taylor & Francis, (ISBN 978-0-415-57590-4, lire en ligne), « Islamist terrorism in India », p. 61 — To examine this infrastructure, it is useful to consider the case of Zakir Naik, perhaps the most influential Salafi ideologue in India.
  115. (en) « Wahhabism and the Rise of the New Salafists », sur Google Books (consulté le ).

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Liens externes