Saint-Michel-en-Grève
Saint-Michel-en-Grève [sɛ̃.miʃɛl‿ɑ̃.gʁɛv] (Lokmikael-an-Traezh en breton) est une commune française du département des Côtes-d'Armor, dans la région Bretagne, en France. À l'origine une commune vivant essentiellement de son agriculture (au Moyen Âge), elle a connu un essor important avec l'arrivée du tourisme. Le village a compté jusqu'à six hôtels répartis dans la rue principale, il n'en reste plus aucun aujourd'hui.
Saint-Michel-en-Grève | |||||
La baie. | |||||
Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Côtes-d'Armor | ||||
Arrondissement | Lannion | ||||
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Lannion-Trégor Communauté | ||||
Maire Mandat |
François Ponchon 2020-2026 |
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Code postal | 22300 | ||||
Code commune | 22319 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Michelois, Micheloise | ||||
Population municipale |
448 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 96 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 48° 41′ 02″ nord, 3° 33′ 45″ ouest | ||||
Altitude | 8 m Min. 0 m Max. 107 m |
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Superficie | 4,69 km2 | ||||
Type | Commune rurale à habitat dispersé | ||||
Unité urbaine | Hors unité urbaine | ||||
Aire d'attraction | Lannion (commune de la couronne) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton de Plestin-les-Grèves | ||||
Législatives | Quatrième circonscription | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Côtes-d'Armor
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
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Liens | |||||
Site web | saintmichelengreve.com | ||||
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Géographie
modifierSituation
modifierSaint-Michel-en-Grève est située dans le canton de Plestin, près de Lannion. Ce village trégorrois se trouve en bord de la Manche, avec une courte façade littorale donnant sur la « Lieue de grève », au fond de la Baie de Lannion, où est concentrée la majorité de la population.
La commune est séparée de celle de Tréduder par le ruisseau de Roscoat. Un autre petit ruisseau, le Traou Bigot au nord, la sépare de Trédrez-Locquémeau, tandis que le Kerdu, qui vient de Ploumilliau, la traverse.
Géologie
modifierÀ l'ouest de Saint-Efflam, au niveau de la grève de Saint-Michel, affleure la formation de Plestin-les-Grèves dont l'âge est estimé à 585 millions d'années. Elle est représentée par des schistes noirs recoupés de nombreux filons de quartz affecté de plis ptygmatiques[1] par suite d'un raccourcissement dû à une compression de la roche encaissante. Ces schistes ardoisiers ont été exploités depuis le XVIIIe siècle jusqu'en 1918. En contrebas du Grand Rocher, des déblais de carrières montrent des schistes à chiastolite d'âge ordovicien[2].
Le Grand Rocher est constitué de grès quartzites et phylliteux et de grès quartzites massifs. Ces roches sont affectées par des plissements (plis coffrés ou plus serrés, métriques ou décamétriques) et des fractures[3].
Soumise à d'importants prélèvements de sable, notamment pour des besoins agricoles, depuis des siècles, et poursuivis pendant longtemps en dépit des arrêtés d'interdiction pris dès la seconde moitié du XIXe siècle, le trait de côte de la « Lieue de Grève » a considérablement reculé. De nos jours, les dépôts abondants d'algues vertes provoquent des odeurs nauséabondes (marées vertes) en raison de leur décomposition et leur ramassage entraîne de gros frais[4].
Climat
modifierEn 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[5]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[6]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral », exposée à un climat venté, avec des étés frais mais doux en hiver et des pluies moyennes[7].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 10,3 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 878 mm, avec 14,6 jours de précipitations en janvier et 7,6 jours en juillet[5]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Lannion à 10 km à vol d'oiseau[8], est de 11,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 929,5 mm[9],[10]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[11].
Urbanisme
modifierTypologie
modifierAu , Saint-Michel-en-Grève est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[12]. Elle est située hors unité urbaine[13]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lannion, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[13]. Cette aire, qui regroupe 40 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[14],[15].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[16]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[17].
Occupation des sols
modifierL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (64,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (67,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (46,4 %), forêts (18,7 %), terres arables (18,2 %), zones urbanisées (12,4 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (4 %), zones humides côtières (0,3 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Logement
modifierParmi les logements de Saint-Michel-en-Grève, on observe une faible part (57,4%)[19] de résidences principales par rapport au département (75.3%) et une proportion élevée (37,5%) de résidences secondaires par rapport au département (16%). La part (5,1%) de logements vacants est inférieur aux Côtes d'Armor (8,7%).
Toujours en 2016, le nombre de résidences principales étaient de 260 pour 453 personnes. La proportion des résidences principales, propriétés de leurs occupants étant de 75,3%, contre 71,1 % en Côtes d’Armor.
Voies de communication et transports
modifierVoies de communication
modifierLe territoire communal est desservi par la route départementale RD786.
Le territoire communal est traversé par le Sentier de grande randonnée 34 et donc de fait par le Sentier européen E5, qui utilise le GR34 pour border la Manche.
Transports collectifs
modifierSaint-Michel-en-Grève est desservie par la ligne 30 Lannion-Morlaix reliant Lannion à Morlaix. Les deux collectivités Lannion-Trégor Communauté et Morlaix-Communauté assurent chacune les transports à l’intérieur de leurs périmètres. Cette ligne dessert la Gare de Lannion et la Gare de Morlaix.
Toponymie
modifierLe nom de la localité est attesté sous les formes Locus Michaelis en 1224, ecclesia Beati Michaelis de Littore en 1330, ecclesia de Loco Mych(aelis) fin du XIVe siècle, parochia Beati Michaelis in Littore en 1427, Lochmichael en Trez en 1461, Lomicael en 1484, Locmiguel en 1543, Saint Michel en Greffve en 1544[20].
Son nom est formé du breton lok « lieu consacré », associé au nom de l'Archange saint Michel[20].
Lokmikael-an-Traezh en breton[21].
Histoire
modifierAntiquité
modifierDes recherches archéologiques ont permis de mettre au jour des restes d'enceintes fortifiées. La commune compte également quelques menhirs. Dans le bourg et sous la plage de Saint-Michel-en-Grève, se trouvent des restes d'une voie romaine, aujourd'hui matérialisée par la rue La voie romaine, et la croix de Mi-lieue.
Moyen Âge
modifier« Le nom du bourg atteste une création qui ne peut-être antérieure au XIe siècle. Siège d'un prieuré-cure jusqu'à la Révolution, le bourg semble lié à la fondation de cet établissement dont les origines sont probablement directement liées à la présence des moines de l'abbaye du Mont-Saint-Michel sur la Lieue-de-Grève. À la suite de la donation que leur fit en 1086 l'évêque de Tréguier du « Mont Hyrglas », « le Grand Rocher », de ses dépendances et de la dîme de Plestin, ces moines fondèrent un prieuré dont on ignore encore l'emplacement exact[22] ».
Époque moderne
modifierFrançoise de Quisidic, fille de Jacques de Quisidic, seigneur de Kervilsic, en Garlan dans le diocèse de Tréguier, née en 1577, convertie par un sermon de Michel Le Nobletz, après avoir vécu une partie de sa vie à Saint-Michel-en-Grève où elle vit deux apparitions de la Vierge Marie, en 1657 et en juillet 1659, mourut le près du couvent de Cuburien, probablement dans l'hospice situé à proximité[23].
La croix de Mi-lieue
modifierLa croix de Mi-lieue datait du XVIe siècle et était un repère bien commode pour ceux qui traversaient la "Lieue de Grève", passage alors obligé pour se rendre de Morlaix à Lannion, car les dangers étaient nombreux, en particulier la marée montante. En 1944, la croix fut détruite, sans que l'on sache si ce fut par les Allemands ou par les Américains. Une nouvelle croix a été érigée en 1993.
La légende de Sainte-Folle
modifierÉdouard Corbière raconte l'histoire légendaire d'une jeune fille sourde-muette qui aurait habité, peu avant la Révolution française, un des cabarets de Saint-Michel-en-Grève, surnommée "La Folle" car considérée comme faible d'esprit, mais que les pêcheurs, superstitieux, emmenaient fréquemment avec eux, convaincus que la présence à bord de la jeune sourde-muette permettait de conjurer les orages. Lorqu'un bateau rentrait avec une bonne pêche, une part lui était réservée. Une nuit d'ouragan, la jeune femme, seule à bord d'un canot, alla porter secours à un brick de pêcheurs en grave difficulté en raison d'un ouragan et, prenant la barre, parvint à ramener le navire au port. « Depuis ce jour mémorable, la Folle, canonisée par la reconnaissance de tout un équipage, devint "Sainte-Folle" pour tous les marins de Basse-Bretagne (...). Longtemps après la mort de cette sainte de fortune, on vit encore, dans la chapelle du Yodet, l'ex-voto que lui avait consacré la piété des matelots du navire conduit et sauvé par elle »[24]. Une complainte l'évoquant, en langue bretonne, fut aussi longtemps chantée dans la région. Son refrain, traduit en français, dit :
Sainte-Folle aux regards si doux,
Veillez sur nous,
Priez pour nous !
Le XIXe siècle
modifierLa "Lieue de grève", un endroit longtemps mal famé
modifierLa plage de la « Lieue de Grève », longue de 4 km, occupe le fond d'une baie se découvrant sur près de 2 km à marée basse[25]
Édouard Corbière décrit en ces termes la "Lieue de grève" en 1843 :
« Cette lieue de grève, presque toujours si déserte et d'un aspect si sauvage, fur autrefois un champ [endroit] fertile en aventures lamentables. Rarement les cavaliers qui s'exposaient à parcourir de nuit cette nouvelle Tauride réussissaient, dit-on, à se rendre d'une de ses extrémités à l'autre, sans être attaqués par des bandits incivilisés qui, sous des paquets de goémon ou des monticules de sable, se cachaient à la vigilance de la maréchaussée, pour mieux surprendre et dépouiller les voyageurs que leur amenait ce qu'ils appelaient, à leur manière, la Providence. (...) Les malheureux piétons osaient à peine s'aventurer sur cette arène sans cesse ouverte aux malfaiteurs dont la Bretagne était alors infestée. On assure même qu'à l'époque assez récente où les messageries traversaient encore la lieue de grève pour se rendre de Saint-Brieuc à Brest, ce n'était que sous bonne escorte que les voitures pouvaient espérer de franchir avec sécurité un défilé aussi dangereux[24]. »
Alexandre de Lavergne (1808-1879) a aussi décrit les voleurs de grand chemin qui sévissaient près du Grand Rocher dans son roman La Circassienne[26].
La croix de mi-lieue qui avertissait les voyageurs traversant la grève de son danger à marée montante, a disparu à la suite du débarquement des troupes alliées en août 1944, une nouvelle croix étant édifiée à son emplacement en 1993 par le Centre Culturel.
La dangerosité de la traversée à gué de l'estuaire du Yar alors que la marée s'y engouffre, occasionne des noyades individuelles ou collectives. Ces accidents ne cessent que vers 1840, quand le Yar rompt la flèche littorale près de sa racine pour aller directement à la mer[27]. Dès lors, le village d'Efflam se transforme en station balnéaire. Plusieurs villas sont construites sur le mode de l'architecture balnéaire et atypique des années folles : villa de Ker Goz (maison d'architecte néo-gothique[28] construite vers 1930 pour Lord et Lady Mond d'après la tradition orale)[29], maison de l'Aigle (villa de style éclectique construite en 1928 par l'ingénieur Raoul Vendôme)[30]…
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La "Lieue de grève" vue des environs de la chapelle Saint-Efflam
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Le "Grand Rocher", qui domine la "Lieue de grève"
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Cimetière marin
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La Croix de Mi-lieue
Le "Grand Rocher", haut de 84 mètres, qui domine la "Lieue de grève", est un ancien oppidum, occupé maintes fois au fil des époques successives. De nombreuses légendes en parlent, la plus connue étant celle de saint Efflam. Un cimetière gaulois y est découvert au XIXe siècle, mais détruit de 1839 à 1851. Ce cimetière aurait pu recouvrir un poste gallo-romain. C'est un site naturel classé depuis 1936 et site départemental depuis 1982, abritant plus de 300 espèces végétales qui témoignent d'un passé agricole (talus empierrés) et de production forestière (boisement de pins : épicéa de Sitka, pin de Monterey, pin sylvestre). Des plantes calcicoles (Marjolaine, Sauge des prés, Troène, Orchidée pyramidale, Iris fétide, Ancolie, Ail des ours) témoignent de l'apport de sable riche en débris coquilliers calcaires exploité par les agriculteurs jusqu'en 1996 comme amendement calcaire. La grotte et le blockhaus de la façade nord abritent une colonie de chauves-souris qui comprend trois espèces différentes (le Grand Rhinolophe, le Petit Rhinolophe et le Murin à moustaches)[31],[32].
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Marjolaine.
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Sauge des prés.
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Troène
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Orchidée pyramidale.
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Iris fétide.
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Ancolie.
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Ail des ours
Saint-Michel-en-Grève décrit en 1843
modifierÉdouard Corbière poursuit en décrivant le bourg de Saint-Michel-en-Grève :
« En dépit toutefois de l'aspect peu attrayant que présente aux yeux et au cœur ce site d'une sauvagerie si pittoresque, un village s'est élevé du sein marâtre des dunes, pour végéter, comme une plante marine, à l'abri d'une de ces crêtes pelées qui enceignent la petite baie, au fond de laquelle s'étend la lieue de grève. Le nom d'un saint, et qui plus est encore, le nom d'un archange a été donné à cette réunion informe de cahutes récrépies de boue et habitées, pour la plupart, par de pauvres pêcheurs déguenillés comme le pays qui les a vus naître. Ce village, qui, aujourd'hui possède, m'a-t-on rapporté, un maître d'école, un débit de tabac et deux cabarets fumeux, décorés du titre d'auberges, s'appelle Saint-Michel-en-Grève[24]. »
Le XXe siècle
modifierL'inventaire des biens d'église fut effectué à Saint-Michel-en-Grève le sans incident notable[33].
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Le cimetière de Saint-Michel-en-Grève vers 1910 (photographie anonyme).
Le monument aux morts de Saint-Michel-en-Grève porte les noms de 15 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; trois d'entre eux au moins (Jean Cadiou, Pierre Rolland, Louis Subille) sont des marins disparus en mer ; Joseph Le Grand, soldat au 73e régiment d'infanterie territoriale, est décédé à Langemark (Belgique) le [34].
De 1916 à 1947, la commune a été desservie par une voie ferrée.
La Seconde Guerre mondiale
modifierLe monument aux morts de Saint-Michel-en-Grève porte les noms de 10 personnes mortes pour la France pendant la Deuxième Guerre mondiale dont Pierre Rolland, quartier-maître manœuvre à bord du Tahure, disparu en mer lors du naufrage de son bateau le au large du Cap Varella (Indochine) ; Yves Brugière, résistant FFI, tué à l'ennemi le à Sainte-Hélène (Morbihan) lors des combats de la poche de Lorient et Édouard Lachiver[35], résistant, mort au camp de concentration de Ravensbrück le [34].
Trois aviateurs anglais, qui avaient dû atterrir en catastrophe (le réservoir de leur avion était percé) une nuit de décembre 1941 sur la "Lieue de grève", furent cachés par Anne Leduc[36] qui habitait Saint-Efflam, et par Marie Anne d'Affray de La Monnaye[37], puis en plusieurs autres lieux, avant d'être conduits à Nantes par Jean-Baptiste Legeay pour y rejoindre une filière d'évasion[38].
Le , Louis Arzur, de Saint-Michel-en-Grève, est tué par une sentinelle allemande car il n'a pas répondu aux sommations d'usage[39].
Le débarquement du
modifierLe , la Task Force A américaine reçut l'ordre de prendre le lendemain et de garder le contrôle de la plage de Saint-Michel-en-Grève qui était retenue pou devenir une plate-forme de débarquement pour les approvisionnements en armes et en munitions des troupes alliées pendant le siège de Brest[40].
Le général américain Herbert Earnest[41] reçut cet ordre le : « Prenez Saint-Michel-en-Grève demain matin. Faites attention aux plages, nous voulons pouvoir les utiliser ».
Le , un débarquement anglo-américain[42] de trois péniches LST[43] se produit à Saint-Michel-en-Grève et Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves) (deux Américaines et une Britannique), parties de Portland, s'échouent sur la "Lieue de grève" pour ravitailler en carburant l'armée du général Patton (la "Lieue de grève" avait été déminée les jours précédents par un détachement américain). Ils sont accueillis par les habitants du village et les résistants de Plestin. Ces débarquements (environ 80 au total) de carburant et de marchandises se poursuivront jusqu'au [44]. Les barges ne repartent pas à vide, elles emmènent des blessés et des prisonniers en Angleterre[45].
L'après-Seconde-guerre-mondiale
modifierLe XXIe siècle
modifierDurant les années et , le village de Saint-Michel-en-Grève est une petite station balnéaire, desservie par quelques commerces.
Incidents liés aux algues vertes
modifierLe bassin-versant de la Lieue de Grève, d'une superficie de 12 105 hectares ; en moyenne de 2002 à 2019, entre avril et octobre, la surface occupée sur l'estran par les algues vertes, est de 60 hectares[46]
Selon le médecin urgentiste de l'hôpital de Lannion, Pierre Philippe, il existe des cas particulièrement suspects de mise en danger de vies humaines et de décès liés aux marées d'algues vertes sur la plage de la Lieue-en-Grève de Saint-Michel-en-Grève. Ainsi, en , un joggeur est retrouvé mort au milieu des algues en décomposition, et en , un ramasseur d'algue est pris de convulsions et tombe dans le coma dans la cabine de son tracteur. Malgré les alertes répétées de l'urgentiste auprès des services sanitaires de la DDASS, l'administration ne réagit pas[47],[48].
Le , Vincent Petit, un vétérinaire est en randonnée équestre sur un secteur vaseux de l'embouchure du ruisseau Roscoat. Il fait un malaise et est pris de convulsions après s'être enlisé dans une marée d'algues vertes en décomposition. Il est sauvé in extremis par un conducteur de tracteur chargé de ramasser les algues échouées. Le cheval meurt en quelques minutes seulement, son autopsie révélant un taux de sulfure d'hydrogène (H2S) de 1,07 mg/kg, soit deux fois la dose mortelle pour une personne[49],[47],[48].
L'incident nommé « affaire du cavalier de Saint-Michel-en-Grève » fait grand bruit au niveau médiatique et politique. L'expertise demandée à l'INERIS par la secrétaire d'État à l'écologie de l'époque, Chantal Jouanno, confirme la présence d'émanations de sulfure d'hydrogène dans les amas d'algues vertes. Les taux varient fortement selon les lieux, mais atteignent localement 1 000 ppmv, taux très élevé justifiant des précautions pour le public et plus encore pour le personnel chargé du ramassage. L'INERIS signale que, près d'un mois après l'accident et alors que les plages proches sont nettoyées, sur le lieu de l'accident, le après-midi, à marée basse, les teneurs en H2S émis par la vase noirâtre (après nettoyage des algues) sont de 1 000 ppmv d'H2S et 200 ppmv d'ammoniac, soit plus de 10 fois plus important que celui mesuré en manipulant les algues fraîches rencontrées dans différents secteurs de la baie (5 à 10 ppmv et 20 ppmv d'ammoniac). Cette zone trop vaseuse n'est pas approchée par les engins de ramassage des algues. Il n'y a pas eu de mesures sur les zones trop « sujettes à l'enlisement »[50],[51]. Pour les autres composés soufrés recherchés (méthylmercaptan, diméthylsulfure, diméthylsulfoxyde), le rapport précise que par sécurité « l'INERIS s'est limité à des prélèvements sur les zones les moins émissives ». L'INERIS précise n'avoir ailleurs rencontré que rarement des taux de 1 000 ppmv, plutôt en milieu confiné (milieux industriels, égouts), et que l'exposition à de tels taux peut causer la mort en quelques minutes[50].
À la suite de cet évènement, l'État a annoncé un « plan de lutte » contre le développement des algues vertes et une aide financière des communes les plus touchées par ce phénomène afin de financer le nettoyage des plages[52]
Cependant, en , le tribunal administratif de Rennes rejette la conclusion de l'INERIS considérant qu'il n'y a pas de lien de cause à effet avec les algues vertes et concluant à la mauvaise appréciation de Vincent Petit. L'avis du tribunal est lui-même débouté par la Cour d'appel de Nantes en qui reconnaît la dangerosité des algues tout en réaffirmant les accusations de négligence envers le cavalier[48]. En , le Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris publie une ordonnance de non-lieu, estimant qu'aucune faute pénale ne peut être reprochée aux autorités locales ou aux agriculteurs, tout en soulignant l’inertie des pouvoirs publics face à un problème scientifiquement identifié et l'inadéquation de la loi pénale actuelle face aux catastrophes écologiques[53],[54].
Les apports d'algues vertes en Lieue de Grève diminuent, passant de 23 295 m³ en 2015 à 8 760 m³ en 2020 ; l'objectif d'atteindre à la fin de 2021 une concentration maximale de 20 mg/litre dans les cours d'eau du bassin versant sera-t-il atteint[55] ?
Commémoration du débarquement
modifierLe , une stèle commémorant le débarquement du a été dévoilée et des festivités organisées pour son 75e anniversaire[56].
Héraldique
modifierBlason | D’azur à la cotice d'argent accompagnée en chef d'une étoile d'or et en pointe d'une quintefeuille du même. |
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Détails | Le statut officiel du blason reste à déterminer. |
Politique et administration
modifierÉquipements et services publics
modifierEnseignement
modifierSaint-Michel-en-Grève est rattachée à la circonscription du 1er degré de l'éducation nationale de Lannion, au sein de l’académie de Rennes, et est dans la zone B du calendrier scolaire.
La commune administre une école primaire publique de 39 élèves de la maternelle au CM2[57]. Le collège de secteur est le collège Le Penker à Plestin-les-Grèves.
Postes et télécommunications
modifierUne agence postale communale est hébergée dans le bâtiment de la mairie.
Population et société
modifierDémographie
modifierL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[58]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[59].
En 2021, la commune comptait 448 habitants[Note 2], en évolution de −0,44 % par rapport à 2015 (Côtes-d'Armor : +1,26 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La population de la commune de Saint-Michel-en-Grève est en progression depuis quelques années.
Médias
modifierLa commune est couverte par les médias suivants : Ouest-France, Le Télégramme, Le Trégor, France 3 Bretagne, Tébéo et France bleu Breizh Izel.
Économie
modifierRevenus de la population et fiscalité
modifierEn 2011, le revenu fiscal médian par ménage était de 25 629 €, ce qui plaçait Saint-Michel-en-Grève au 23 772e rang parmi les 31 886 communes de plus de 49 ménages en métropole[62].
Lieux et monuments
modifier- Église Saint-Michel du XVIIe siècle dont le clocher du XVe siècle est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques de 1926.
- Cimetière marin
- La grève (plage) de Saint-Michel-en-Grève
- La croix de Mi-lieue sur les chemins du Tro Breiz
- Chapelle Sainte Geneviève (privée)
- Menhirs
- Nombreux calvaires
Distinctions culturelles
modifierSaint-Michel-en-Grève fait partie des communes ayant reçu l’étoile verte espérantiste, distinction remise aux maires de communes recensant des locuteurs de la langue construite espéranto.
Notes et références
modifierNotes
modifier- La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
Cartes
modifier- IGN, « Évolution comparée de l'occupation des sols de la commune sur cartes anciennes », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ).
Références
modifier- Du grec ptygma (pli) : plissotement serré à charnière régulière, qui affecte un filon quartzo-feldspathique (matériau granitique) dans certaines roches métamorphiques.
- « Sortie 56 du groupe "Patrimoine Géologique 22" en baie de Lannion entre St-Efflam et St-Michel en Grève », sur vivarmor.over-blog.com, .
- Hubert Lardeux et Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 52.
- « La lieue de grève entre Plestin-les-Grèves, Tréduder et Saint-Michel-en-Grève… », sur infobretagne.com (consulté le ).
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « Zonages climatiques en France métropolitaine. », sur pluiesextremes.meteo.fr (consulté le )
- « Les zones climatiques en Bretagne. », sur bretagne-environnement.fr, (consulté le )
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- « Station Météo-France « Lannion_aero » (commune de Lannion) - fiche climatologique - période 1991-2020 », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le )
- « Station Météo-France « Lannion_aero » (commune de Lannion) - fiche de métadonnées. », sur donneespubliques.meteofrance.fr (consulté le )
- « Climadiag Commune : diagnostiquez les enjeux climatiques de votre collectivité. », sur meteofrance.fr, (consulté le )
- « La grille communale de densité », sur le site de l’Insee, (consulté le ).
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- Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, numéro du 11 août 2019, voir https://www.letelegramme.fr/dossiers/debarquement-lieue-de-greve/saint-michel-en-greve-l-autre-debarquement-10-08-2019-12358227.php.
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- Article du Télégramme
- Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, n° du 30 janvier 2021
- « Algues vertes. Non-lieu dans l’affaire du cheval mort sur la plage de Saint-Michel-en-Grève », Ouest-France, (lire en ligne)
- Valérie Le Moigne, « Algues vertes : du mieux pour la lieue de Grève en baie de Lannion », Le Télégramme, (lire en ligne)
- Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, numéro du 11 août 2019.
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- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021.
- « Comparateur de territoires ( Commune de Saint-Michel-en-Grève (22319) | Insee », sur insee.fr (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Site officiel
- Ressources relatives à la géographie :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Saint-Michel-en-Grève sur le site de l'Insee
- « Saint-Michel-en-Grève », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture