Saint-Marcouf (Manche)
Saint-Marcouf (officieusement Saint-Marcouf-de-l'Isle) est une commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, peuplée de 351 habitants[Note 1].
Saint-Marcouf | |
L’église Saint-Marcouf de Saint-Marcouf. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération du Cotentin |
Maire Mandat |
Jean-Claude Legoupil 2020-2026 |
Code postal | 50310 |
Code commune | 50507 |
Démographie | |
Gentilé | Saint-Marculfiens |
Population municipale |
351 hab. (2021 ) |
Densité | 26 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 28′ 23″ nord, 1° 17′ 27″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 36 m |
Superficie | 13,38 km2 |
Type | Commune rurale à habitat dispersé |
Unité urbaine | Hors unité urbaine |
Aire d'attraction | Hors attraction des villes |
Élections | |
Départementales | Canton de Valognes |
Législatives | Première circonscription |
Localisation | |
modifier |
Géographie
modifierClimat
modifierEn 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[2]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Normandie (Cotentin, Orne), caractérisée par une pluviométrie relativement élevée (850 mm/a) et un été frais (15,5 °C) et venté[3]. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat maritime », correspondant au Cotentin et à l'ouest du département de la Manche, frais, humide et pluvieux, où les contrastes pluviométrique et thermique sont parfois très prononcés en quelques kilomètres quand le relief est marqué[4].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 10,4 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 730 mm, avec 13,1 jours de précipitations en janvier et 7,9 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Sainte-Marie-du-Mont à 12 km à vol d'oiseau[5], est de 11,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 890,0 mm[6],[7]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[8].
Urbanisme
modifierTypologie
modifierAu , Saint-Marcouf est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[9]. Elle est située hors unité urbaine[10] et hors attraction des villes[11],[12].
La commune, bordée par la Manche, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[13]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d'urbanisme le prévoit[14].
Occupation des sols
modifierL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (94,4 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (94,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : prairies (79,5 %), terres arables (11,1 %), zones urbanisées (4,6 %), zones agricoles hétérogènes (3,8 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,6 %), eaux maritimes (0,2 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (0,1 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Toponymie
modifierVers le VIe siècle de notre ère, Saint-Marcouf est mentionnée sous la forme latinisée Nantus[16].
Le nom actuel fait référence à saint Marculf, fondateur d'une abbaye en ce lieu. Le gentilé est Saint-Marculfiens[17].
Il semble que la forme moderne Nanteuil, que l'on rencontre parfois dans les écrits, soit issue d'une confusion avec l'abbaye Notre-Dame de Nanteuil en Charente, puisque cette forme n'apparait nullement dans les anciennes attestations concernant Saint-Marcouf. Dans la Vita Marculfi B, il est écrit : « fiscum in pago Constantino qui Nantus dicitur ». Le martyrologe sénonais parle quant à lui d'« in Onellico Nanto monasterio depositio Marculfi abbatis ». Chez Wace, dans son Roman de Rou, on trouve : « A saint Marcoust en la rivière, riche abaie et planière, Nantes a cel jour avoit non cele contree d'environ ».
L'ancien nom de lieu de Nantes est un type toponymique d'origine celtique (gaulois) commun en France, qui représente le mot gaulois nantu-, nanto- « val, ruisseau » (cf. gallois nant, francoprovençal savoyard nant, même sens). Il est attesté dans le glossaire de Vienne qui traduit en latin des mots gaulois : nanto : valle ; trinanto : tres valles et dans l'Inscription de Cajarc : ...in uertamon nantou(s) « ...au sommet de la vallée ». Il reste très fréquent en toponymie : Nant, Nans, Namps-au-Mont, etc.[18]. Cependant, comme il n'y a pas de vallée à Saint-Marcouf, il désigne un ruisseau.
Micro-toponymie
modifierCrisbecq est à l'origine le nom scandinave du ruisseau qui a pu se substituer à celui de Nantes, disparu. Il procède du norrois bekkr « ruisseau » et de l'élément norrois [?] cres(s) / cris- déjà repéré dans les Cristot, Crétot, Cresseveuille de Normandie. Son sens est obscur.
Remarque : les anciens anthroponymes terminés par -wulf, -wolf (germanique continental) et -ulfr, -olfr (scandinave) se retrouvent sous la forme d'une terminaison -ouf spécifique au Cotentin et à une partie de la Basse-Normandie, alors qu'ailleurs en Normandie, elle a évolué en -ou(l)t, -ou, ainsi Ingouf correspond à Ygout ou Gounouf à Gounou, etc. Ainsi saint Marcouf est-il connu également sous le nom de saint Marcou(lt).
Histoire
modifierAu VIe siècle saint Marcouf y fonde une abbaye connu sous le nom de abbaye de Nantus ou de Nanteuil[19],[20] sur un terrain au lieu-dit le Fisc de Nant concédé par le roi Childebert et la reine Ultrogote[21] ainsi que les deux îles Doulimones qui prirent le nom de Saint-Marcouf. Le monastère est détruit au Xe siècle lors des raids vikings et est déserté en 906[22], un prieuré lui succède fondé par l'abbaye de Cerisy[23].
Vers 1035, Robert, archevêque de Rouen, concède à l'abbaye de Saint-Wandrille la dîme des « poissons gras » (cétacés fournissant du lard : baleines, marsouins, cachalots, etc.) capturés à Saint-Marcouf[24]. Une mention, aux environs de 1120, fait référence à ses mêmes poissons gras pêchés entre la Saire et la baie des Veys par les Waumanni de Saint-Marcouf, Saint-Vaast, Lestre et Quinéville au profit de l'abbaye de Montebourg[24].
Au XIIe siècle, la paroisse a comme seigneur et patron Hervieu Le Berceur (1579-1644)[Note 2], et par la suite Anthoine Le Berseur (1612-1661), chevalier, page du roi Louis XIII, lieutenant en 1632 dans le régiment des Gardes du Roi, année où il est blessé à la bataille de Castelnaudary et lieutenant du Roi en la ville et château de Cherbourg où il se marie en 1634 avec Marie Eustace qui lui apporte la seigneurie de Réthoville[26].
La paroisse de Saint-Marcouf, avec celles de Fontenay-sur-Mer, Émondeville et Azeville, composaient le marquisat de Fontenay[27].
Lors de la Seconde Guerre mondiale, sur le territoire de la commune se trouvait la batterie allemande de Crisbecq (aussi appelée batterie de Marcouf) au-dessus du hameau homonyme et une des principales batteries côtières allemandes du mur de l'Atlantique en Normandie. Elle subit plusieurs bombardements aériens alliés à partir d' dont un très important la veille du débarquement, dans la nuit du au . Néanmoins, la batterie restera opérationnelle et ouvrira le feu dès le au matin sur le secteur d'Utah Beach tout proche, coulant l'USS Corry un destroyer de l'US Navy et touchant d'autres navires. Elle ne sera réduite au silence que le après un feu naval de trois cuirassés américains. Elle résistera aux attaques terrestres plusieurs jours et ne sera investie qu'au au matin, sans combats, par l'infanterie américaine, le reste encore valide de sa garnison s'étant replié plus au nord la nuit précédente.
Héraldique
modifierLes armes de la commune de Saint-Marcouf se blasonnent ainsi :
|
Politique et administration
modifierLe conseil municipal est composé de onze membres dont le maire et deux adjoints[33].
Démographie
modifierL'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[34]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[35].
En 2021, la commune comptait 351 habitants[Note 3], en évolution de +2,63 % par rapport à 2015 (Manche : −0,76 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Économie
modifierLa commune se situe dans la zone géographique des appellations d'origine protégée (AOP) Beurre d'Isigny et Crème d'Isigny[38].
Une partie de l'électricité produite par les futurs parcs éoliens Centre Manche 1 & 2 transitera par le poste de Menuel[39], l'atterrage se faisant à Saint-Marcouf[40].
Lieux et monuments
modifier- Batterie de Crisbecq, vestige du mur de l'Atlantique, construite à partir de 1941. Elle couvrait la côte de Saint-Vaast-la-Hougue à la pointe du Hoc et sera prise par les Gi's US que le [41]. Le site classé, a été aménagé et transformé en musée.
- Église Saint-Marcouf des XIe, XIIIe – XVe siècles, inscrite au titre des monuments historiques en totalité par arrêté du et crypte classée par arrêté du [42]. Son extérieure rénovée a conservé l'architecture du XIIIe siècle et à l'intérieur de la nef l'appareillage des pierres en épi, indique le XIIe siècle. À noter, dans les arcatures de la tour la présence de statues sculptée[43].
- L'édifice abrite un tableau sainte Dorothée couronnée par l'Enfant Jésus du XVIIe siècle classé au titre objet[44].
- Chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours aux Gougins du XIXe siècle, avec une verrière du XXe. Elle fut bâti par Elie Leroy (1811-1911) qui a sa statue dans l'église ; Gougins devint paroisse en 1851[41].
- Château des Biards des XVIIe – XXe siècles.
- Ferme-manoir d'Ingreville du XVIe siècle.
- Ferme-manoir de Gourmont des XVIe – XVIIIe siècles.
- Ferme-manoir de Dodainville des XVIe – XVIIIe siècles.
- Ferme-manoir de Pierreville et son colombier du XVIe siècle.
- Vestiges du château de Fontenay du XVIIIe siècle détruit en 1944 et dont il reste un parc entretenu, dessiné par Le Nôtre[45].
- Ferme d'Avourie du château de Fontenay.
- Fontaine Saint-Marcouf du XIIIe siècle près du cimetière ayant l'aspect d'une maison en pierre. Saint Marcouf est invoqué pour la guérison des furoncles et des écrouelles[46].
- Îles Saint-Marcouf appelées anciennement les Deux Limons[21], archipel, site classé depuis le . Elles furent occupées par les Anglais de 1793 à 1802 avant que la France n'en reprenne possession et y fit construire des ouvrages de défenses, dont un fort en 1810[43].
Activité et manifestations
modifierPersonnalités liées à la commune
modifierSaint-Marcouf dans la culture populaire
modifierLa série Les Six Compagnons de Paul-Jacques Bonzon compte un tome Les Six Compagnons et la Bouteille à la mer qui a pour cadre Saint-Vaast-la-Hougue et les îles Saint-Marcouf.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Population municipale 2021.
- Sa dalle funéraire est conservée dans l'église Saint-Marcouf[25].
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
Cartes
modifier- IGN, « Évolution comparée de l'occupation des sols de la commune sur cartes anciennes », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ).
Références
modifier- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2012 (site de l'IGN, téléchargement du 24 octobre 2013)
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée ».
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le ).
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- Maurice Lecœur, Le Moyen Âge dans le Cotentin : Histoire & Vestiges, Isoète, , 141 p. (ISBN 978-2-9139-2072-9), p. 83.
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- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
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- « Perspectives de développement des réseaux électriques en mer sur la façade normande » [PDF], sur RTE, .
- « Le tracé électrique terrestre du parc éolien de Centre-Manche défini », sur Ouest-France, .
- Gautier 2014, p. 568.
- « Église de Saint-Marcouf », notice no PA00110589, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
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- « Tableau : Sainte Dorothée couronnée par l'Enfant Jésus, cadre », notice no PM50001342, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et Manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 95.
- Hippolyte Gancel, Les Saints qui guérissent en Normandie, Rennes, Éditions Ouest-France, , 253 p. (ISBN 978-2-7373-4726-9), p. 56-57.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN 978-2-9159-0709-4), p. 212.
- René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 568.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la géographie :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Résumé statistique de Saint-Marcouf sur le site de l'Insee
- L'histoire des Batteries de Crisbecq : au nord de la plage d’Utah Beach à Saint Marcouf de l'Isle (50)