Saint-Jean-d'Acre

nom donné par les chrétiens à la ville d'Acre
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Saint-Jean-d’Acre, appelée Acco ou Ptolémaïs dans l'Antiquité et au Moyen Âge, est une ville de Terre sainte. C'était le nom donné par les chrétiens à la ville que les anciens Hébreux appelaient Acco. La prise de Saint-Jean-d'Acre en 1291 par les mamelouks aboutit à la fin du royaume de Jérusalem et clôt la période des croisades médiévales.

Saint-Jean-d'Acre
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Ptolémaïs de Phénicie (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Géolocalisation sur la carte : Proche-Orient
(Voir situation sur carte : Proche-Orient)
Vieil Acre aujourd'hui.
Plan de Saint-Jean-d'Acre.

Histoire

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Tunnel dit des Templiers.

Acco compte parmi les villes habitées les plus anciennes : Une cité cananéenne est documentée dès le XXe siècle avant notre ère, à l'âge du bronze, qui comprenait un port de pêche et de commerce, une citadelle, un rempart et une porte, et dont la culture était principalement côtière[1].

La ville antique

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Cette cité est mentionnée sous le nom de Acco (עַכּוֹ) dans la bible hébraique[2], incluse dans le territoire attribué à la tribu d'Aser, par Josué lors de la conquête de la terre de Canan par les Hébreux ayant quitté l'Égypte sous la conduite de Moïse. Cette ville portuaire est néanmoins un centre d'échanges entre le port de Tyr en Phénicie et les anciens royaumes hébreux[1] et, encore au XIIe siècle, Benjamin de Tudèle la considère comme « la limite d'Asher et le commencement du pays d'Israël[3] ».

« Pendant plusieurs siècles, du Xe au VIe, l'hégémonie phénicienne sur la côte s’est étendue, au sud de la Phénicie, jusqu’à Ashkelon qui est devenue une « cité des Tyriens » à l’époque perse, la présence des Phéniciens étant affirmée par l’archéologie — fouilles d’Akhziv (en), de Tell el-Fukhar (en), de Tell Keisan, de Kabri, d'Akko[4],du Mont Carmel, d'Atlit, de Tel Shiqmonah, de Dor, d'Ashkelon, de Tell el-Kheleifeh, d'Arad, d'Ashdod, Azor. »

En 333 av. J.-C, Alexandre le Grand autorisa la ville à battre monnaie - ce qu'elle fit pendant six siècles[5]. Peu après, la ville d'Acco est conquise par Ptolémée II, souverain d’Égypte, qui la baptisa de son nom, Ptolémaïs, nom qu'elle garde jusqu'à la conquête latine.

En 2003, lors de la construction d'une route, a été découvert un cimetière de l'époque romaine contenant des ossements, des poteries et des objets en verre. Ainsi les archéologues ont pu affirmer que Ptolémaïs a été un port militaire romain sur plusieurs siècles[6].

Moyen-Âge

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Pendant les croisades, la ville de Ptolémaïs est prise le par Baudouin Ier, roi de Jérusalem. L'installation des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et la fondation de l'Hôpital apportent à la ville un nouveau nom, celui de Saint-Jean-d'Acre.

Au XIIe siècle, après la reprise de la ville sainte par Saladin, le , après sa victoire sur Guy de Lusignan à la bataille de Hattin. Elle est reconquise en 1191 par les rois Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade.

Saint-Jean-d'Acre devient la capitale de tous les établissements chrétiens au Proche-Orient. La ville est alors le principal port de Terre sainte, divisé en quartiers contrôlés par des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen : vénitiens, pisans, génois, français et germaniques. C'est de Saint-Jean-d'Acre que Richard Cœur de Lion s'embarque le quittant la Terre sainte pour son voyage de retour. Ce dernier nécessitera 17 mois[7].

Jusqu'à sa prise par les Mamelouks d'Égypte en 1291, la ville est un centre politique et commercial très actif, et intellectuel comme en témoigne la riche production de manuscrits enluminés du scriptorium de Saint-Jean-d'Acre, dont l'activité se développe à partir du séjour du roi de France Louis IX en 1251-1254[8],[9]. La ville est aussi un grand centre de culture juif. En effet, de nombreux Juifs, fuyant les persécutions en Occident, se rendent en Terre sainte. Le rabbin Yehiel de Paris qui, fuyant Paris après le Brûlement du Talmud, y fonde une Yechiva qui devient renommée au-delà de la Terre Sainte. Elle sera après lui animée par Nahmanide, le kabbaliste d'Espagne, et connaîtra un grand renom.

La reconquête de la ville en 1291 par le sultan d'Égypte al-Malik al-Ashraf met fin définitivement à la présence des Européens en Terre sainte[10],[11] et clôt la période des croisades.

Époque moderne

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La renaissance d'Acre est l’œuvre du mercenaire bosniaque Ahmed Pacha, dit « el-Djezzar ». Il fonde un pouvoir quasi indépendant et remet le port en activité. En 1799, la ville a acquis suffisamment d'importance pour que Bonaparte tente de la prendre, mais il est mis en échec par el-Djezzar, soutenu par la flotte anglaise. Acre reste aux mains des Turcs jusqu'en 1918. Après la Première Guerre mondiale et dans le contexte du démembrement de l'Empire ottoman, cette ville portuaire passe au sein du mandat britannique en Palestine jusqu'au plan de partage de 1947[12].

Sites historiques

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Réfectoire monumental de la forteresse des Hospitaliers.

La citadelle, face au large, a été ravagée en 1291 et les Ottomans ont achevé de la démanteler au XVIIIe siècle, en réemployant beaucoup de ses pierres pour construire la muraille maritime.

On peut cependant visiter :

  • la monumentale salle des chevaliers et le réfectoire de la forteresse des Hospitaliers (XIIe siècle), bâtie par le roi Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade, et le tunnel des Templiers, ouvrage stratégique souterrain en pierres reliant la forteresse au port où arrivaient les pèlerins venant en terre sainte ;
  • les fortifications successives de la ville.
  • les quatre vastes caravansérails (khans), dont la cour - entourée de réserves à colonnades surmontées de chambres - accueillaient autrefois les caravanes de dromadaires qui apportaient des céréales de l'intérieur des terres et repartaient avec d'autres produits.
  • Au nord de la ville, la portion de littoral entre Nhariya et les grottes de Rosh HaNikra et appelée Akhziv. Le parc national d'Akhziv abrite les vestiges d'un port phénicien[13].
  • Au sud de la ville, la baie de Haïfa.

Notes et références

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  1. a et b (he) Vieux Acre - Chronologie, sur le site officiel de la ville.
  2. Juges Jg 1,31
  3. (en) The Itinerary of Benjamin of Tudela, traduction d'Adler, p. 40 (en ligne sur Projet Gutenberg).
  4. extrait de l'histoire de la ville de Tyr
  5. Daniel Robinson, Orlando Crowcroft, Anita Isalska, Dan Savery Raz, Jenny Walter, Israël et les Territoires palestiniens, Baume-les-Dames (Doubs), éditions Lonely Planet, , 480 p. (ISBN 978-2-81617-133-4), p. 192
  6. (en) Yotam Tepper and Yossi Nagar, The Roman military cemetery in Acre (Ptolemais), Israel, Israel Antiquities Authority, (lire en ligne)
  7. William Gondoin 2021, p. 59.
  8. Émilie Maraszak, Entre Orient et Occident, les manuscrits enluminés de Terre sainte, Mélanges de l'École française de Rome, 126-2, 2014, §5-6.
  9. Pierre Cockshaw, Jaroslav Folda, Crusader Art in the Holy Land, Scriptorium, tome 33, no 2, 1979, p. 269.
  10. Encyclopédie Universalis
  11. Fiche de l'Unesco
  12. Daniel Robinson, Orlando Crowcroft, Anita Isalska, Dan Savery Raz, Jenny Walter, Israël et les Territoires palestiniens, Baume-les-Dames (Doubs, éditions Lonely Planet, , 480 p. (ISBN 978-2-81617-133-4), p. 192
  13. Daniel Robinson, Orlando Crowcroft, Anita Isalska, Dan Savery Raz, Jenny Walter, Israël et les Territoires palestiniens, Baume-les-Dames (Doubs), éditions Lonely Planet, , 480 p. (ISBN 978-2-81617-133-4), p. 199

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Sophie Crépon, « Les mystères de Saint-Jean-d’Acre », Le Monde,‎ (lire en ligne [sur lemonde.fr], consulté le ).
  • Daniel Robinson, Orlando Crowcroft, Anita Isalska, Dan Savery Raz, Jenny Walter, Israël et les Territoires palestiniens, Baume-les-Dames (Doubs), éditions Lonely Planet, , 480 p. (ISBN 978-2-81617-133-4)

Articles connexes

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Liens externes

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