Sœurs Bergerot
Les sœurs Bergerot sont un groupe de résistantes françaises qui ont joué un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale. Trois sœurs d'une famille profondément touchée par les guerres, Marie-Louise, Marguerite et Cécile Bergerot, se sont engagées dans la Résistance à l'occupation allemande.
Naissance |
Limoges (Haute-Vienne) pour Suzanne Marie-Louise Apremont-la-Forêt (Meuse) pour Marie-Geneviève Marguerite Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) pour Élisabeth Cécile |
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Biographie
modifierLes trois sœurs Bergerot sont nées dans une famille bourgeoise et militaire. Leur père, Jean-Marie Samuel Bergerot (1848-1899), est un officier d'infanterie de l'Armée française, tandis que leur mère, Marie Couturier de Varsan (1852-1938), est issue d'une famille littéraire et commerciale[1].
Suzanne Marie-Louise naît le 9 février 1882 à Limoges, Marie-Geneviève Marguerite voit le jour le 25 mars 1886 à Apremont-la-Forêt (Meuse), et Élisabeth Cécile naît le 16 mai 1893 à Chalon-sur-Saône[2].
Après avoir subi les pertes du mari de Marie-Louise et de leurs deux frères lors de la Première Guerre mondiale[3],[4], les trois sœurs décident de rester vivre ensemble, dans leur domaine de Villevieux, près de Lons-le-Saunier, dans le Jura[1].
En 1942, les sœurs Bergerot, alors âgées de 60, 56 et 49 ans, rejoignent la Résistance[3]. Elles jouent un rôle essentiel en hébergeant des résistants et des fugitifs, aidant à organiser des parachutages et fournissant un soutien médical[4]. Leur domaine, le château de Villevieux, est devenu un lieu de passage pour de nombreux membres de la Résistance, des aviateurs alliés et des chefs de mouvements de résistance, parmi lesquels Yvon Morandat, Emmanuel d’Astier de la Vignerie, Henri Frenay, Lucie et Raymond Aubrac, Jean Moulin, à plusieurs reprises, le Général Delestraint, et bien d'autres[5],[3],[4],[6],[7].
Après la guerre, les sœurs Bergerot voient leur contribution à la Résistance reconnue. Elles reçoivent toutes les trois la médaille de la Résistance française (avec rosette pour Marguerite et Cécile Bergerot)[8],[9],[10] et la Légion d'honneur pour Cécile Bergerot[1].
Les trois sœurs décèdent en 1964 (Marie-Louise), en 1969 (Marguerite) et en 1977 (Cécile)[2].
Distinctions
modifierDistinctions de Marie-Louise Bergerot :
- Médaille militaire[11] ;
- Médaille de la Résistance française (décret du 6 septembre 1945)[8].
Distinction de Marguerite Bergerot :
- Médaille de la Résistance française, avec rosette (décret du 24 avril 1946)[9].
Distinctions de Cécile Bergerot :
- Chevalier de la Légion d'honneur (1977)[1],[12],[11],[Note 1], remise par Paul Rivière, compagnon de la Libération[11] ;
- Croix de guerre –[11] ;
- Médaille de la Résistance française, avec rosette (décret du 24 avril 1946)[10].
Témoignage
modifierRaymond Aubrac, qui a été hébergé pendant la guerre chez les sœurs Bergerot, témoigne au cimetière de Villevieux en 2009[12] :
« Il est inutile de vous dire combien je suis ému d’être ici devant les tombes des trois dames Bergerot. C’étaient des personnages incroyables. Il est impossible de les classer dans le temps, ce sont des personnages intemporels, ce sont des femmes qui ont toujours existé, dans toutes les guerres, dans toutes les difficultés, dans toutes les aventures humaines, et ce sont des femmes comme je le crois il en existera toujours. Finalement c’est un extraordinaire privilège de les avoir connus et d’avoir bénéficié de leur générosité. »
Vie privée
modifierMarie-Louise épouse Fernand Würtz (1877-1915) le dans le 15e arrondissement de Paris[2]. Ce dernier, capitaine au 130e régiment d'Infanterie, meurt pour la France en 1915. Le couple n'a pas d'enfant[2].
Marguerite et Cécile sont célibataires, sans enfant[2].
Bibliographie
modifier- Jean-François Muracciole, Histoire de la Résistance en France, Humensis, , 128 p. (ISBN 9782715405080, lire en ligne) ;
- Jean Bourcart, Le général Delestraint : La Résistance : de l'Armée secrète jusqu'à Dachau, Place des éditeurs, , 376 p. (ISBN 9782262081140, lire en ligne), p. 1948 ;
- Dominique Chryssoulis, Honneur et disgrâce : Deux préfets sous l'occupation, Primento Digital Publishing, , 155 p. (ISBN 9782390093565, lire en ligne) ;
- André Moissé, La libération en Franche-Comté : Jura, Doubs, Franche-Comté Édition, (ISBN 9782915402445, lire en ligne) ;
- Geoffroy d'Astier de La Vigerie, Emmanuel d'Astier de La Vigerie, combattant de la Résistance et de la liberté 1940-1944, France-Empire, , 353 p. (ISBN 9782704810666, lire en ligne).
Fonds d'archives
modifier- Dossier administratif de résistante de Marie-Louise Bergerot (ép. Wïrtz) au Service historique de la Défense : cote GR 16 P 49973[13] ;
- Dossier administratif de résistante de Marguerite Bergerot au Service historique de la Défense : cote GR 16 P 49970[14] ;
- Dossier administratif de résistante de Cécile Bergerot au Service historique de la Défense : cote GR 16 P 49966[15] ;
Voir aussi
modifierLiens externes
modifierNotes et références
modifierNotes
modifier- Citation accompagnant la nomination de Cécile Bergerot au grade de chevalier de la Légion d'honneur : "Magnifique figure de femme résistante, fidèle à un passé d’honneur que lui avait légué plusieurs générations d’officiers. Entrée dans la résistance en février 1941, elle se consacra entièrement, en compagnie de se deux sœurs, à une œuvre obscure, dangereuse et indispensable : elle hébergea et soigna dans son château de façon continue et jusqu’à la libération des patriotes et des maquisards traqués ou blessés. Habitant près du plus important terrain d’atterrissage de la zone sud, elle abrita pendant près de 15 jours chaque mois des personnalités en partance pour Londres et notamment Jean Moulin et le général Delestraint. Dévouée et courageuse jusqu’au sacrifice, elle ne vivait que pour cette tâche qu’elle considéra jusqu’à la fin comme un devoir patriotique et qu’elle remplit sans défaillance avec une conscience, un désintéressement et un amour dont est seule capable une femme."
Références
modifier- Nadège Beraud Kauffmann, « Les Sœurs Bergeron, la Résistance en famille », sur Nadège Beraud Kauffmann Histoire (consulté le )
- Généalogie famille Bergerot-Le Guen de Kerneizon, « Généalogie de la famille Bergerot », sur Geneanet (consulté le )
- « Les sœurs Bergerot, héroïnes de l’ombre, ne seront pas oubliées », Le Progrès, (lire en ligne)
- Bourcart 2023, p. 1948.
- Le départ clandestin de Jean Moulin pour Londres en janvier 1943 - Lumni | Enseignement, consulté le
- Moissé 2004, p. 8,13,14.
- d'Astier de La Vigerie 2010, p. 185,265.
- Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Marie Bergerot » (consulté le )
- Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Marguerite Bergerot » (consulté le )
- Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Cécile Bergerot » (consulté le )
- Base de données Léonore, « Dossier Légion d'honneur de Cécile Bergerot - cote 19800035/1416/63635 », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
- « Figures de la Résistance et de déportation jurassienne », sur www.anacr-jura.fr (consulté le )
- « Suzanne Bergerot épouse Wurtz - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
- « Marguerite Bergerot - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
- « Cécile Bergerot - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )