Royaume de Pannonie
L'expression impropre royaume de Pannonie est un abus de langage et un exemple de protochronisme propre aux sources secondaires hongroises, pouvant désigner quatre périodes successives de l'histoire de la Pannonie, région d'Europe centrale correspondant aux anciennes provinces romaines de Pannonie inférieure et supérieure, d'abord à l'époque de la fin de l'Empire romain d'Occident et des invasions barbares, puis à l'époque slavo-carolingienne et enfin dans la période séparant celle-ci de l'arrivée des Hongrois :
- celle des incursions des Huns entre 434 et 453 dans ce territoire romain situé rive droite du Danube, à partir de leur Empire hunnique situé rive gauche (depuis 376 et jusqu'en 453)[1],[2] : selon un point de vue minoritaire mais largement diffusé en Hongrie, Attila (héros national dans ce pays, considéré comme un précurseur des premiers Hongrois) aurait annexé, gouverné et érigé la Pannonie en un royaume préfigurant le royaume hongrois[3] ;
- celle de la présence des Ostrogoths dans ce territoire (entre 454 et 567), d'abord comme foederati de l'Empire romain avant leur migration vers la péninsule italique en 493[4] ; eux non plus n'ont pas érigé spécifiquement la Pannonie en royaume, mais, après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, elle fit partie du Royaume ostrogoth jusqu'à l'arrivée des Lombards en 567[5] ;
- celle de la marche de Pannonie (en), l'une des marches orientales de l'Empire carolingien, créée en 796 dans le territoire pannonien alors peuplé de slaves occidentaux ;
- celle de la principauté du Balaton, un knésat slave de la période 840 - 876 sur ce même territoire[6].
Notes et références
modifier- ↑ Róna-Tas András, (en) Hungarians and Europe in the Early Middle Ages: an Introduction to Early Hungarian History, Central European University Press, New York 1999, p. 262.
- ↑ Makkai László, (en) « Hungary before the Hungarian conquest » in Peter F. Sugar, Hanák Péter & Tibor Frank (eds.), A History of Hungary Indiana University Press 1994, (ISBN 963-7081-01-1), pp. 6-7
- ↑ Carte illustrant ce point de vue : [1]
- ↑ Hans-Erich Stier (dir.), Grosser Atlas zur Weltgeschichte, Westermann 1985, (ISBN 3-14-100919-8), page 48.
- ↑ H.E. Stier (dir.), Op. cit., page 49.
- ↑ H.E. Stier (dir.): Op. cit., p. 59 ; mais selon les protochronistes hongrois, puisque les Magyars sont les premiers arrivés dans le bassin du moyen Danube dès le IVe siècle en tant que composante de l'Empire hunnique, il ne pouvait pas y avoir là des principautés slaves, et par conséquent, les sources secondaires hongroises contestent l'identification de Blatnograd à Zalavár et affirment que Mosaburg est l'actuel Moosburg en Autriche, où se trouvent les ruines dites « du château d'Arnulf ». Selon cette thèse hongroise, le château, les églises, la situation géographique, la présence de marais et de la rivière Sala/Salla, à côté de Köflach, correspondent mieux que la Pannonie et le lac Balaton à la description de la Conversio Bagoariorum et Carantanorum. Cette contestation s'inscrit dans l'orientation de l'historiographie hongroise depuis la chute du communisme en 1990 : un retour à la thèse austro-hongroise du « Désert des Avars » (Avar sivatag) émise au cours du XIXe siècle pour délégitimer les revendications austroslavistes ou roumaines. La thèse du « Désert des Avars » affirme que les Magyars d'outre-frontières actuels (devenus un enjeu dans la politique intérieure hongroise sur le thème de leurs droits historiques) sont les « îlots résiduels » d’une population hongroise initialement uniforme dans tout le bassin du moyen Danube (appelé « Bassin Pannonien » en Hongrie, improprement car la Pannonie s'étendait seulement sur la rive droite du Danube). Cette « population exclusivement magyare » aurait été progressivement submergée à partir du XIIIe siècle par « l'arrivée massive d'immigrants allogènes » slaves ou valaques. Cette thèse nie la présence, au moment de l'arrivée des Magyars, de populations slaves ou romanes, affirmant qu'à la suite du massacre de tous les Avars par les Carolingiens en 805, les Magyars auraient trouvé un pays vide de tout habitant sédentaire. Ainsi, la diversité des populations de la Hongrie d'avant 1918 serait le fruit d'une « immigration », et le traité de Trianon serait l'injuste aboutissement d'un processus de « submersion de la population originelle ». Beaucoup d'auteurs et de cartographes hongrois considèrent toute autre thèse comme « fausse » et « inventée » : voir (hu) « Geönczeöl Gyula Fekete és Fehér Magyarország titkai. dr. hist. Bakay Kornél Kárpát-medence népessége a VIII-IX században », sur adoc.pub (consulté le ).