Rough Wooing
Le Rough Wooing (cour brutale en anglais) désigne la guerre anglo-écossaise déclenchée par Henri VIII d’Angleterre pour tenter de forcer les Écossais à accepter un mariage entre son fils, le futur roi Édouard VI, héritier de la couronne anglaise, et Marie Stuart, reine d'Écosse, au lieu de renouveler l’Auld Alliance avec la France et qui eut lieu par intermittence entre 1544 et 1551. Elle fut d’abord dirigée par Henry VIII, du au , puis par le régent du roi Édouard VI, Edward Seymour, du au [1].
Date | du 24 novembre 1542 à mars 1551 |
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Lieu | Écosse et Angleterre |
Casus belli | Le refus de marier Marie Stuart au fils d'Henri VIII, Édouard VI |
Issue | Victoire Franco-écossaise |
Royaume de France Royaume d'Écosse |
Royaume d'Angleterre |
Rough Wooing
Contexte
modifierAvec la mort de Jacques V d'Écosse, le trône d'Écosse résidait entièrement en la jeune Marie Ire d'Écosse. Ceci constituait une occasion unique pour le roi Henri VIII de réunir les royaumes d'Angleterre et d'Écosse en mariant Marie à son fils Édouard. Cependant, les approches diplomatiques échouèrent : en décembre 1543, le parlement écossais rejeta le traité de mariage dit de Greenwich, et renouvela son alliance avec la France[2]. Henri entame alors une politique guerrière pour pousser l'Écosse à accepter le mariage : le « Rough Wooing ». Il y eut de nombreuses batailles entre l'Angleterre et l'Écosse au XVIe siècle, aussi bien au début avec Flodden Field en 1513 qu'avec le Long Siège du château d'Édimbourg en 1573.
Cependant, l'essentiel de ces batailles était de nature religieuse, avec une Angleterre protestante et une Écosse catholique, tandis que celles du « Rough Wooing » présentent la particularité de batailles unionistes. Le contexte est d'autant plus favorable à ces batailles avec la dissolution des monastères : Henri VIII confisque les biens des ordres religieux d'Angleterre, du Galles et d'Irlande et dispose ainsi des fonds importants qui lui permettront et à son successeur d'avoir 3,5 millions de livres en dépenses militaires sur six ans (dont un quart pour le « Rough Wooing »). Cependant, plusieurs historiens, tel que Marcus Homer Merriman (Baltimore - Lancaster ) de l'Université de Lancaster, estiment qu'une conquête de l'Écosse par les armes était tout simplement impossible. Par exemple, les technologies militaires des années 1540 ne permettaient pas la prise des châteaux d'Édimbourg ou de Stirling, ce dernier étant la clé d'accès au nord de l'Écosse[1].
Origine du terme
modifierL'emploi du terme s'est répandu au XXe siècle. Lors de la bataille de Pinkie Cleugh, le , l'Écossais George Gordon aurait été capturé par un Anglais qui lui demanda ce qu'il pensait devant un triomphe si écrasant qu'il était certainement l'œuvre de Dieu. Gordon aurait répondu : « I wade it sud gea furth, and haud will wyth the marriage, but I lyke not thys wooyng »[note 1]. Cette phrase serait remontée à William Patten, qui était alors chroniqueur pour les Anglais, et depuis cette phrase fit son chemin dans l'histoire[1]. En 1726, William Gordon et George Crawford rapportèrent cette anecdote de Huntly sur la cour dans leurs ouvrages respectifs, et l'image fut reprise par William Robertson en 1761 puis finalement par Walter Scott avec la phrase « So rough a mode of wooing »[note 2] Finalement, en 1906, Henrietta Elizabeth Marshall employa le terme que l'on connaît aujourd'hui : « It was a rough wooing ». Il n'y a pas de traduction établie en français : La Grande encyclopédie propose « cour brutale »[3] mais on trouve également « rude flirt »[4], et une traduction alternative est celle d'une « rude séduction ».
Première phase sous Henri VIII d'Angleterre
modifierCette phase dura du au , et fut particulièrement intense de à . Le , le Traité de Greenwich qui promettait Marie au fils d'Henri est annulé par le Parlement d'Écosse, et le cardinal Beaton qui représentait les opposants à Henri est fait chancelier. En , Henri ordonne à son beau-frère Edward Seymour (alors connu comme comte de Hertford) de « tout mettre à feu et à sang [afin qu'il] puisse rester à jamais la mémoire perpétuelle de la vengeance de Dieu éclairé [pour] la fausseté et déloyauté [des Écossais][5],[note 3] ». En mai, Seymour dévaste l'est des Lowlands avec 15 000 hommes puis retire ses troupes pour participer à l'invasion de France et revient en 1545 pour brûler la nouvelle récolte autour du fleuve Tweed, à la frontière entre l'Écosse et l'Angleterre.
Seconde phase sous Edward Seymour
modifierCette phase dura du au , et fut particulièrement intense de à , puis de juin à , et de février à . En raison du renouveau de l'alliance entre la France et l'Écosse, la France envoie des galères pour libérer le château de St Andrews, où le cardinal Beaton fut assassiné. L'Angleterre, maintenant sous la régence d'Edward Seymour devenu Protecteur Somerset répond en envoyant 15 000 hommes en Écosse. Ils arrivent le vers le village de Pinkie, où se déroule la bataille de Pinkie Cleugh[5]. Celle-ci est un désastre pour les Écossais qui subissent 10 000 pertes, et reste dans les mémoires sous le nom de samedi noir. Le traité d'Outreau, signé le entre la France et l'Angleterre, et ratifié le par l'Écosse, met fin au « Rough Wooing ».
Notes
modifier- Traduction indicative : « je travaillerai à ce que cela aille plus loin, et tienne avec le mariage, mais je n'aime pas cette « cour » ».
- Traduction indicative : « une façon de courtiser si dure ».
- « put all to fire and sword [so that] there may remain forever a perpetual memory of the vengeance of God lightened [upon] them for their falsehood and disloyalty ».
Références
modifier- (en) Marcus Merriman - The rough wooings: Mary Queen of Scots 1542-1551, Tuckwell Press, 2000, xxix, 448 p., (ISBN 978-1-86232-090-1).
- (en) T. F. Henderson - Mary Queen of Scots: Her Environment and Tragedy, vol. 1, Haskell House Publishers, New York, 1969.
- (fr) La Grande encyclopédie, Larousse, 1978.
- (fr) Abigaël Brisou-Nowik - Écosse, Éditions Marcus, 1998, (ISBN 978-2-71310-125-0).
- (en) Susan Doran - Mary Queen of Scots, British Library, 2007, (ISBN 978-0-71234-916-1). chap. I : Early life in Scotland and France 1542-1558, p. 12-39.