Roméo Mivekannin
Roméo Mivekannin, né à Bouaké (Côte d'Ivoire) en 1986, est un artiste peintre et écrivain béninois.
Il étudie la place des Noirs dans leur histoire et du corps noir dans l'histoire de l'art et l'iconographie occidentales.
Biographie
modifierRoméo Mivekannin naît à Bouaké, en Côte d'Ivoire, en 1986[1]. Il est arrière-petit-fils de Behanzin, le dernier Royaume du Dahomey[2].
À l'âge de 17 ans[3], il part en France étudier l'ébénisterie, l'architecture et histoire de l'art[1],[2] et intègre l'École nationale supérieure d'architecture de Toulouse, où il est le seul Noir de l'internat[2] et dont il sort diplômé en 2015. Il est depuis 2017 doctorant en architecture à l'École nationale supérieure d'architecture de Montpellier, sous la direction de Frédérique Villemur[4].
En parallèle de ses études, Mivekannin expérimente divers supports et construit sa propre démarche artistique[1]. Il étudie la place des Noirs dans leur histoire — fortement marquée par l'esclavage et la colonisation — et du corps noir dans l'histoire de l'art et l'iconographie occidentales[5],[2].
Il se fait remarquer dès 2020 lors de l'exposition de ces travaux à Paris (avec « Peaux noires, masques blancs »[a] à la Galerie Eric Dupont) et à Abidjan (avec « Les âmes du peuple noir »[b], à la Galerie Cécile Fakhoury)[9],[10],[11],[12], puis en janvier 2021 avec sa participation à la première Foire 1-54 de Christie's à Paris[13].
Œuvre
modifierDans son œuvre, Roméo Mivekannin étudie la place des Noirs dans leur histoire — fortement marquée par l'esclavage et la colonisation — et du corps noir dans l'histoire de l'art et l'iconographie occidentales[5],[2]. Les tableaux sont constitués de draps usagés, de batiks traditionnels ou de toiles de jute trempés dans des mixtures et des épices avant d'être assemblés entre eux ; l'artiste inclut la pratique vaudou. Il peint ensuite à l'acrylique des compositions très contrastées, en s'inspirant d'œuvres occidentales comme les sujets de vente d'esclave de Jean-Léon Gérôme et Olympia d'Édouard Manet ou les photographies d'archives des monarchies coloniales du XIXe siècle. Il étudie dans ces œuvres la représentation des Noirs selon l'œil biaisé de l'Occidental, qui ne fait la représentation des Noirs que dans le contexte de la colonisation et de l'esclavage[5],[14]. Il inclut cette démarche dans une interprétation contemporaine en incluant son visage et son corps sur ses figures[2],[5],[14]. L'artiste explique sa démarche ainsi :
« C’est politique parce que cela parle de la construction de mon corps par rapport à l’altérité. Un corps soumis, terrorisé, stéréotypé, marchand, dominé, parce que l’asservissement est passé par là. Je me disais comment vivre avec ce corps, qui automatiquement renvoie une image qui n’est pas la mienne ? Comment vivre encore en sachant que l’être que vous êtes ne correspond pas à l’image que vous donnez, que vous renvoyez, représentez ? Comment vivre avec ce corps qui n’est pas moi[9]? »
Expositions notables
modifierExpositions individuelles
modifier- « Peaux noires, masques blancs », Paris, France : Galerie Eric Dupont, 2020[15],[16],[9].
- « Les âmes du peuple noir », Abidjan, Côte d'Ivoire : Galerie Cécile Fakhoury, 2020[17],[2],[18],[10].
- « Hosties noires », Dakar, Sénégal : Galerie Cécile Fakhoury, 2021[19]
Expositions collectives
modifier- Biennale de Dakar en 2020[1].
- Foire Art Paris 2020[3].
- Foire 1-54 Paris chez Christie's[13],[20].
Publications
modifierNotes et références
modifierNotes
modifier- Le titre de l'exposition fait référence à l'ouvrage Peau noire, masques blancs du psychiatre martiniquais Frantz Fanon[6].
- Le titre de l'exposition fait référence à l'ouvrage Les Âmes du peuple noir de l'écrivain afro-américain W. E. B. Du Bois[7]. Il propose d'ailleurs une petite installation autour de ce livre, dans une partie de l'exposition[8].
Références
modifier- « Biographie de Roméo Mivekannin », sur Galerie Cécile Fakhoury, (consulté le ).
- « Esclavage et colonisation : Roméo Mivekannin "déconstruit" l'Histoire », sur TV5 Monde, (consulté le ).
- « L’artiste béninois Roméo Mivekannin se réapproprie l’Histoire », sur TV5 Monde, (consulté le ).
- « Projet de thèse d'architecture de Roméo Mivekannin : Afrique postcoloniale et photographie contemporaine : espaces urbains / espaces invisibles », sur Fichier central des thèses (consulté le ).
- « Sénégal : le peintre Roméo Mivekannin libère les âmes du peuple noir », sur France Info, (consulté le ).
- Le billet de blog de Philippe Godin du 19 juillet 2020 sur Libération reproduit sur : Flavien Louh, « « Peaux noires, masques blancs », une exposition de l’artiste Roméo Mivekannin », sur histoirecoloniale.net, (consulté le ).
- Rolyvan Kotto, « À la rencontre des « âmes du peuple noir » de Roméo Mivekannin », sur lifemag-ci.com, (consulté le ).
- David Dolegbe, « Roméo Mivekannin se “réapproprie” l’Histoire de l’esclavage et de la colonisation en Afrique noire », (consulté le ).
- « Roméo Mivekannin, interview, « Peaux noires, masques blancs », Paris, galerie Eric Dupont. Jusqu’au 31 juillet 2020. », sur artvisions.fr, (consulté le ).
- (en) « Roméo Mivekannin, Solo Show [entretien] », sur thenewcurrent.co.uk, (consulté le ).
- (en) Hanou Amendah, « Roméo Mivekannin deconstructs the history of the visual representation of the Black body in art », sur obatala.co.uk, (consulté le ).
- Armelle Malvoisin, « L’Afrique affiche une présence régulière », sur Le Quotidien de l'art, (consulté le ).
- Sylvie Rantrua, « La Foire 1-54 sublime l’art contemporain africain à Paris », sur Le Point, (consulté le ).
- « Présentation de l'artiste », sur Galerie Cécile Fakhoury (consulté le ).
- « Notice de Roméo Mivekannin », sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
- « Notice de l'exposition « Peaux noires, masques blancs » », sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
- « La galerie Cécile Fakhoury Abidjan expose le peintre Roméo Mivekannin », sur communicart.fr, (consulté le ).
- « Présentation de l'exposition « Les âmes du peuple noir » », sur Galerie Cécile Fakhoury, (consulté le ).
- « Exposition « Hosties noires » », sur Galerie Cécile Fakhoury, (consulté le ).
- « 1-54 Paris 2021 / At Christie's : François-Xavier Gbré, Jems Koko Bi, Roméo Mivekannin, Cheikh Ndiaye, Ouattara Watts », sur Galerie Cécile Fakhoury (consulté le ).
- Roméo Mivekannin, La malédiction des Orishas, Nîmes, Les Indés, (ISBN 9782375480496, OCLC 1104307608).
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Roméo Mivekannin : Peaux noires, masques blancs (cat. exp. galerie Eric Dupont du 20 juin au 30 aout 2020), Galerie Eric Dupont (ISBN 978-2-910587-14-7, présentation en ligne).
Liens externes
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