Roland et Sabrina Michaud

Roland Michaud, né le [1] à Clermont-Ferrand (France) et mort le [2] à Paris[3], et Sabrina Michaud, née le [4] à Rabat (Maroc), forment un couple de photographes voyageurs français spécialistes des civilisations de l’Islam, de l’Inde et de la Chine[5]. Épris de découvertes et de rencontres, ils ont ensemble parcouru et photographié le monde pendant près de 60 ans.

Roland Michaud
Roland Michaud en 2016.
Biographie
Naissance
Décès
(à 89 ans)
Paris 14e (France)
Nationalité
Activité
Photographie et voyages
Sabrina Michaud
Biographie
Naissance
(86 ans)

Rabat (Maroc)
Nationalité
Activité
Photographie et voyages

A travers leurs reportages et leurs nombreuses publications, ils ont signé un témoignage ethnographique, poétique et documentaire unique[6], se distinguant notamment avec leurs « jeux de miroirs » : des mises en face à face de photographies archétypiques de la vie quotidienne contemporaine avec des figurations ancestrales, telles que des peintures, des sculptures, des bas-reliefs ou des miniatures, qui se font écho, se répondent à des siècles de distance dans une sorte de permanence[7]. En 2009, ils reçoivent notamment le Prix des lecteurs du magazine ChinePlus (catégorie culture) pour leur livre La Chine dans un miroir[8].

Lauréats en 2015 du Prix International Planète Albert Kahn (catégorie Photographie) pour l’ensemble de leur œuvre[9], Roland et Sabrina Michaud sont membres des agences akg-images et Gamma-Rapho, de la Fondation Leica depuis 1986[8] ainsi que de la Société des gens de lettres. Tout au long de leur carrière, ils sont restés fidèles à la photographie argentique[5].

Biographie

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Randonnée en Laponie

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A vingt ans, Roland a la passion du voyage[note 1] et, avec le vélo de randonnée que ses parents lui ont offert pour l’obtention de son baccalauréat, il entreprend un voyage solitaire de 85 jours en Europe du Nord qui le conduira jusqu’en Laponie. Il en rapporte ses premières photographies en noir et blanc réalisées avec un appareil Kodak de 1894 ayant appartenu à son grand-père[11]. De cette première aventure, il ne reste qu'un petit livre vert dans lequel Roland annonce, en guise d'introduction, ce qui le guidera dans ses futurs voyages et rencontres : « Il ne faut voir chez les autres que ce qui est meilleur que chez soi... ce qui est inférieur là-bas ne m’intéresse pas. Ne vous attendez donc point à m'entendre dire : "c'était moins beau, moins bien ou moins bon"[10]. » Après un deuxième périple à bicyclette jusqu'en Finlande (1952) et un séjour d’études en Grande-Bretagne pour préparer une licence d'anglais (1954), Roland part l'année suivante en auto-stop au Moyen-Orient avec son frère cadet Jean-Claude ; où il prend ses premières photos couleurs. Les deux jeunes voyageurs décrivent leur aventure dans un récit resté inédit : École buissonnière en Perse[5]. Et c'est déjà à Ispahan en Iran que l’idée des « jeux de miroirs » commença à germer dans l'esprit de Roland. Car, lors de sa visite du palais de Chehel Sotoun (qui signifie « quarante colonnes » en persan), il observa que si celui-ci n'en comptait réellement que la moitié, les vingt autres n'étaient pas pour autant manquantes puisqu'elles apparaissaient dans le bassin miroitant qui prolonge le bâtiment[note 2].

L'aventure éthiopienne

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Au Maroc en 1956 pour son service militaire, Roland rencontre Sabrina qu'il épouse le à Rabat[13]. Il se passionne alors pour la civilisation musulmane et travaille comme journaliste, traducteur et professeur de français[14]. Dès 1959, le couple s’installe à Paris où Roland enseigne l’anglais au lycée Janson-de-Sailly[11]. Pourtant, leur désir de voyager reste fort et en lisant Les Mille et Une Nuits (leur livre de chevet), ils rêvent d’une existence plus colorée et plus lumineuse : « Le vrai problème, c’est de donner un sens à sa vie, d’acquérir un art de vivre et de savoir que ce que l’on fait a un sens. Ça c’est très important et ce n’est pas du tout à la mode dans nos pays. On court, on court, on veut tout, on veut rien, on est dans la confusion, on ne veut pas parler des vrais problèmes[15]. » Si bien qu'entre 1960 et 1962, au volant de leur 2CV Citroën « Zafric », le couple se lance dans une première expédition photographique en Afrique orientale[note 3], mais aussi au Yémen, sur la péninsule d'Arabie[17]. Cette aventure de 17 mois, qu'ils baptiseront « Zig Zag », leur vaudra de remporter un prix au Challenge mondial de la couleur (Kodak/Air France - Jours de France) et le Prix Citroën pour la qualité de la documentation photographique rapportée[14]. A partir de 1963, ils publient leurs premiers reportages dans la presse, notamment L’Éthiopie à la belle étoile dans le magazine Camping-Plein air[17].

L'expédition caméléon

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Premier type d'appareil photographique utilisé par Roland Michaud : Eastman Kodak, modèle 2 (vers 1890).

Toujours bien décidé à vivre un métier de passion, le couple travaille et économise pour s’équiper du meilleur matériel photographique et d’une voiture qui puisse s’aventurer hors des sentiers battus, une mini-jeep autrichienne de marque Steyr-Push Haflinger surnommée « Zazie »[18]. Un jour du printemps 1964, Roland et Sabrina donnent alors le coup d’envoi de l’expédition « Caméléon », un voyage transasiatique qui les conduira de Paris à Singapour et retour. Quatre ans et demi plus tard, après avoir décrit une boucle de 85 000 km, rapporté plus de trente-quatre mille négatifs et diapositives[note 4] ainsi qu'une expérience précieuse des nombreux pays traversés, ils sont de retour en France[14]. Leur fils Romain naît en . Et l’année suivante, les Éditions Hachette Réalités publient le premier livre des jeunes parents voyageurs et photographes : L’Afghanistan, un véritable choc esthétique et éditorial puisque cet ouvrage, vendu à 180 000 exemplaires[14], révèle la beauté d’un pays pratiquement inconnu du monde occidental[11]. Mais si ce territoire a offert au couple son premier succès de librairie, il lui a également fait la promesse d’un futur grand reportage qui ouvrira une voie dans l’art photographique et conduira toute une génération à suivre les traces de Roland et Sabrina[19].

Le premier Pamir

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En effet, à l’automne 1967, le retour depuis Singapour est marqué par un arrêt prolongé en Afghanistan. Tandis que Sabrina se repose à Kaboul, Roland part au volant de son mini 4x4 en direction de Khandud, à 800 km de la capitale. De là, accompagné d’un guide, il remonte à cheval le corridor du Wakhan, ce doigt de l’Afghanistan pointé vers le nord-est qui s’enfonce entre le Pakistan et l'Asie centrale soviétique (aujourd'hui Tadjikistan) en direction de la frontière chinoise. En neuf étapes, Roland atteint Tergan Korum, le camp d’été des Kirghizes, une population d’éleveurs itinérants, et fait la connaissance de leur chef Haji Rahman Qul. Sa stature, son allure, son ouverture d’esprit, son accueil ont impressionné le voyageur pour lequel cette rencontre serait du même ordre que celle du moine franciscain Guillaume de Rubrouk, émissaire de Saint Louis, avec le Grand Khan de Mongolie ou même celle de Marco Polo avec Koubilaï Khan[20]. De cette chevauchée dans le Pamir afghan, Roland apprendra qu’au cœur de l’hiver cette population conduit des caravanes de chameaux sur les rivières gelées de la vallée (évitant ainsi les hauts cols bloqués par la neige) dans un trajet aller-retour de 450 km depuis leur camp de base de Mulk Ali (camp d'hiver) jusqu'à Khandud, où ils s'approvisionnent en blé, sucre, thé et autres produits de première nécessité[21]. Ainsi s’est préparée, tant physiquement, humainement que dans une poétique des rêves, la future grande expédition de 1970-1971[20].

La dernière caravane

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En neuf étapes, le trajet aller de Khandud jusqu'au camp d'hiver de Mulk Ali (environ 230 km à cheval)[21].

De retour en France en 1968, Roland et Sabrina cherchent inlassablement à se documenter sur les caravanes du Pamir afghan, mais nul ouvrage, nul article et, par force, nulle photographie ne témoigne de ces longues marches sur le toit du monde. L’organisation d’un nouveau voyage photographique ne leur prend pas moins de trois années[note 5]. Mais finalement, au bénéfice d’une autorisation exceptionnelle du roi d’Afghanistan[note 6] et après une ultime escale organisationnelle à Kaboul, ils mettent le cap sur Khandud et intègrent le [22] l’une de ces caravanes du Pamir pour un périple à cheval d'une trentaine de jours, dont dix passés au camp d’hiver de Mulk Ali (étape-relais avant d'entreprendre le trajet retour). Sabrina est la seule femme qui ait jamais participé à ces lents cheminements – ces caravanes étant une affaire d’hommes[20]. « Trapu, vêtu de noir des pieds à la tête, coiffé et botté à la russe, Abdul Wakil [le fils de Haji Rahman Qul] nous accueille sans cérémonie. A 4 000 m, dans un décor grandiose et féerique de haute et lointaine Asie, nous partageons les épreuves et les joies d’une caravane de dix-sept chameaux bravant la neige, la glace et le vent ; nous assistons, là où l’argent n’existe pas, au troc qui s’instaure – 150 kg de grains contre un mouton [...] Nous participons à la vie incroyablement difficile de ces nomades kirghizes coupés du monde, pour qui l’être est plus important que l’avoir. [Une fois arrivée au camp d'hiver], de par ses origines orientales, Sabrina pénètre dans l’intimité des femmes gardiennes de la tradition. Cette expérience de la vie caravanière ne prend toute sa dimension que dans l’échange avec nos compagnons. Nous accédons à un univers mental si étranger au nôtre qu’il en est parfois incompréhensible[22]. » L’oeuvre photographique née de ces aventures reste exceptionnelle, tant par son authenticité et sa rigueur que par ses qualités esthétiques[20]. De telle manière qu'en déjà, le National Geographic américain, qui tirait alors à douze millions d'exemplaires[23], publie en exclusivité leur remarquable reportage sous le titre de Winter Caravan to the Roof of the World (Caravane d'hiver sur le toit du monde). C'est pour le couple la consécration et « l'aventure la plus exceptionnelle que l'on ait vécue »[15].

La tradition musulmane

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L'année suivante, à la suite d'un voyage au Turkestan afghan avec leur fils Romain âgé de 4 ans et demi[14], le même magazine américain publie le reportage Turkomans Horsemen of the Steppes (Turcomans, audacieux cavaliers des steppes)[24]. Vient alors un séjour d'étude de Roland avec son frère en Corée du Sud (qu'ils réitéreront en 1980), puis une nouvelle escapade en famille dans les montagnes du Karakoram au Pakistan[14]. En 1975, pour le compte du World of Islam Festival qui se tiendra l’année suivante à Londres, le couple part six mois en mission photographique portant son attention sur l’architecture et l’art islamique (Tunisie, Maroc, Turquie, Iran, Égypte et Syrie)[8]. A l’issue de cette manifestation, deux livres de référence sont publiés : Art of Islam et Islamic Science ; Kodak organise leur première exposition photo Miroirs afghans. En 1977, les éditions du Chêne publient Caravanes de Tartarie. Le livre épuisé en trois mois attire l'attention des critiques et du public[14]. Edité dans plusieurs pays et réédité en France, son tirage atteint 150 000 exemplaires. Un record pour l'époque (1978)[25]. Infatigables voyageurs et répondant à une commande du magazine Geo Allemagne, Roland et Sabrina repartent en expédition avec leur fils et sillonnent 15 mois durant (d' à ) la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde en camping-car, moyen de transport familial qu'ils privilégieront encore une fois en 1987 pour un périple de huit mois en Inde[8]. Dans ľintervalle, ils publient en 1980 L'Orient dans un miroir, autre ouvrage de référence dans lequel des siècles de culture se cristallisent, un résultat de quatorze années de réflexion et de travail ethnographique sur la continuité, la permanence de la civilisation islamique[26].

L'Inde immémoriale

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Dès le début des années 1980, Roland et Sabrina se spécialisent sur l'Inde. Les voyages se poursuivent et se succèdent au point que le couple y réalisera pas moins de 26 expéditions, dont 7 durant la mousson[8]. « Pendant des années nous avons évité ce phénomène naturel dangereux, mais nous avons découvert qu’il donne la clef de l’Inde car il exprime le tempérament indien, trop passif ou trop violent, comme la pluie, trop rare ou bien diluvienne [...] On a mis beaucoup de temps à assimiler l’Inde, à absorber ce pays qui est un monde en soi, le résumé du monde » explique Roland en insistant sur le fait qu’à chaque instant, en Inde, le voyageur attentif constate la pérennité des gestes, des attitudes, des us et des coutumes malgré les changements du monde[12]. « Nous avons refusé le numérique par fidélité à ce que l’Inde nous a appris »[note 7]. En 1985, les éditions Chêne publient L'Inde des mille et une nuits, livre qui mêle photos de l'Inde et extraits des contes éponymes, faisant coïncider le rêve et la réalité. On y « retrouve » Shéhérazade, Sindbad, Aladin et Ali Baba. Cinq ans plus tard, après un treizième voyage en Inde et alors que L'Inde dans un miroir sort aux éditions Nathan, Roland traverse la Mongolie à cheval en tant que photographe d'une expédition scientifique franco-mongole qui retrace l'itinéraire du moine franciscain Guillaume de Rubrouck[8].

L'Extrême-Orient

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C'est en 1965 que Roland voyage pour la première fois en Chine. Mais malgré son désir de découvrir ce pays, son voyage se limite à la visite guidée de quelques grandes villes[28]. Il y retourne en 1988 avec son fils, sillonne la route de la soie en 4x4, et explore la Chine profonde[28]. Puis, à partir de 1995, Roland et Sabrina élargissent leur expérience de l'Extrême-Orient et se lancent dans une série de voyages dans l'Empire du Milieu (14 en tout)[8]. Sur une douzaine d'années, ils partent sans itinéraires précis à la recherche d'une Chine authentique, avec son peuple, ses traditions, et tentent de la capturer aux plus beaux instants. Le couple se contente d’avancer, se laissant guider au gré des rencontres, hors des circuits touristiques, ce qui lui permet d'explorer de manière inédite une terre lointaine et jusqu'alors méconnue en occident. Durant toutes ces années, « nous avons été invités à des mariages comme à des funérailles, parfois par les habitants qui nous conviaient à un événement, d'autres fois par notre guide-chauffeur Da Hai, jeune peintre chinois avec qui nous avons partagé la même sensibilité pour la nature et pour l'art »[28]. Leur premier livre sur la Chine est publié à l'Imprimerie Nationale en 2000 sous le titre La Grande Muraille de Chine.

Retour en France

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Si le livre a été le moyen d'expression privilégié des Michaud, leurs images ont également été exposées aux 4 coins de la France : Salon de la photo de Paris, Fnac, Visa pour l'image. En 2000, faisant écho à la sortie de La grande muraille de Chine, les photos de ce livre sont présentées au Petit Palais à Paris en parallèle avec l'exposition archéologique « Chine, la gloire des empereurs »[14]. Deux ans plus tard, le « Printemps afghan » s'affiche sur les grilles du Palais Bourbon à Paris. Puis, à l'occasion de leurs 50 ans de photographie et du 80e anniversaire de Roland, le couple montre à voir en 2010 « Voyageurs d'Orient » à la villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer. Vient alors en 2012 « L'Inde et l'Orient dans un miroir » au Château de Courcelles de Montigny-lès-Metz. Et finalement, plus près de nous encore (fin 2018), c'est au tour du Kiosque culturel de Vannes d'exposer « Voyageurs en Quête de Lumière », une rétrospective sur 60 années de découvertes, de réflexions et de rencontres souvent exceptionnelles avec la nature et les hommes.

Tout au long de leur carrière professionnelle commune, Roland et Sabrina ont été inspirés par Les Mille et Une Nuits, une œuvre littéraire qui les a rendus sensibles aux mystères de l’Orient et a renforcé leur détermination d’être voyageurs et de faire de belles photos correspondant à leurs propres émotions et à leur vision intuitive de poètes, sans se plier à l’actualité[12]. Eux-mêmes ont rêvé au départ, ce qui leur a permis de faire rêver les autres. L'un et l'autre se définissent comme des voyageurs plus que des photographes. « Le voyage est inhérent à l'homme : que faisons-nous dans cette vie de la naissance à la mort sinon voyager? » Ce qu'il y a d'instantané dans la photo vient chez eux après le temps long accordé à la contemplation. « Prendre le temps c'est très physique, c'est indispensable si l'on veut faire quelque chose dans la vie. Prendre son temps : le faire sien », conclut Sabrina[29].

Publications

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Sauf mention contraire, toutes les photographies des livres mentionnés sont de Roland et Sabrina Michaud.

- Prix Alfred-Verdaguer 2001 de l’Académie française

Notes et références

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  1. Roland Michaud se souvient : « Aîné d'une famille de trois enfants, j’acquière très tôt la notion d'exemple et de responsabilité. A travers mes lectures de Jules Verne, Jack London et James Oliver Curwood, je rêve de pays lointains et d'aventure [...] L'adolescent timide, sage et tranquille couve une immense envie d'évasion pour voir et comprendre le monde[10]. »
  2. Pour Roland, l’idée du miroir a germé en ce lieu mais s’est précisée bien plus tard devant le Taj Mahal : de chaque côté du mausolée se font face deux bâtiments, à gauche la mosquée, orientée vers La Mecque, et à droite, une réplique exacte connue sous le nom de jawab (« la réponse »), destiné à maintenir la symétrie architecturale. Le miroir apporte les réponses, crée des jeux entre le passé et le présent[12].
  3. On est en 1960, à Djibouti et c'est la première fois que Sabrina va faire une photo : « Roland a toujours fait des photos pour son plaisir, moi non. On est dans une ruelle. Une porte s'ouvre et une jeune fille sort, très belle avec ses nattes et ses perles. Quand elle voit Roland, elle claque la porte. Ni une ni deux, il me fourre l'appareil entre les mains et me pousse dans la maison. C'est à ce moment-là que je suis devenue photographe[16]. »
  4. Il leur faudra attendre plus de quatre ans et la fin de leur périple asiatique pour voir le résultat de ce qu'ils ont photographié : « On était sur une table lumineuse à regarder nos diapositives et on s'est rendus compte que certaines photos de femmes de Sabrina et certaines de mes photos d'hommes auraient pu être posées les unes à côté des autres, comme si elles avaient été prises par la même personne. » « Nous avons le même sens du cadrage et c'est aussi pour ça que nos photos sont toujours signées de nos deux noms », confirme Sabrina[16]. »
  5. En 1967, Roland Michaud utilisait un Pentax reflex de format 24 × 36. L’expédition de 1971 verra les deux voyageurs différemment outillés : « Notre équipement photographique consiste en deux boîtiers Nikon F2 appareils reflex 24 × 36. Nous utilisons essentiellement trois objectifs, un grand-angle (35 mm, ouverture F. 1,4) un petit téléobjectif (85 mm F. 1,8) et un téléobjectif de 180 mm F. 2,8. Nous travaillons avec des pellicules Kodachrome (25 et 64 ASA), quelques ektachromes plus rapides (160 ASA, qui peuvent être poussés à 320 ASA), quelques Ilford noir et blanc. Nos objectifs sont tous protégés par des filtres UV qui atténuent la dominante bleue en altitude et sur la neige. Nous n’avons ni pied photo, ni flash, ni moteur. Notre devise est simplification[20]. »
  6. Roland Michaud raconte comment il a obtenu l'autorisation du roi d'Afghanistan : « Le roi d’Afghanistan était un ancien élève de Janson-de-Sailly ou j’ai enseigné. Je suis allé voir le proviseur, je lui ai demandé si je ne pouvais pas tirer parti de cette chose extraordinaire et là, il m’a fait une lettre. Cette lettre a été une lettre magique : « Un proviseur peut toujours s’adresser à un ancien élève, fut-il devenu roi de son pays. J’ai l’honneur de vous adresser un de nos élèves. C’est un esprit curieux, il veut connaître l’Afghanistan... ». À la suite de cela, sans rencontrer le roi, celui-ci a pondu une lettre pour tous les gouverneurs et sous-gouverneurs disant : « Vous allez recevoir la visite d’un jeune couple français. Ils conduisent leur propre voiture et veulent connaître l’Afghanistan. Montrez-leur notre Afghanistan, nos coutumes… » Tout ça signé en persan[15]. »
  7. Et d'ajouter : « Je trouve qu'il y a une finesse, un rendu que je ne trouve pas vraiment dans le numérique. Je trouve qu'il y a une espèce d'alchimie, un miracle dans le système argentique qui fait qu'on a parfois des choses étonnantes[27]. »
  8. Ouvrage épuisé en 3 mois, acclamé par les critiques et le public, il sera considéré comme un modèle du genre et influencera toute une génération de jeunes attirés par le voyage, l’aventure et la photographie.
  9. Les photographies de ce livre ont été exposées au Petit Palais à Paris en parallèle avec l’exposition archéologique « La gloire des empereurs » qui valut aux auteurs d’être les invités de Bernard Pivot à l’émission de télévision « Bouillon de culture ».
  10. Dans cet ouvrage dont les auteurs ont entièrement écrit les textes, ils expliquent pourquoi et comment il leur a fallu 40 ans de fréquentations régulières de l’Inde pour pouvoir témoigner de son unité fondamentale, à savoir l’omniprésence du divin à chaque instant de la vie.
  11. Ce livre est le dernier volet d’un triptyque consacré à trois grandes civilisations vivantes : l’Islam, l’Inde et la Chine ; il traite du thème de la permanence en créant des jeux de miroirs surprenants qui renvoient face à face le passé et le présent, l’art et la vie, l’autre et nous-mêmes.
  12. Roland & Sabrina Michaud explorent de nouveau la thématique de l'art et de la vie qui se reflètent comme un miroir, à travers les œuvres du mystérieux Siyah Qalem, peintre tartare du XVe siècle.

Références

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  1. Michaud, Roland (1930-....), « BnF Catalogue général », sur www.catalogue.bnf.fr (consulté le )
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. Clémentine Mercier, « Le dernier voyage de Roland Michaud, photographe aventurier », Libération, 26 mai 2020.
  4. Michaud, Sabrina (1938-....), « BnF Catalogue général », sur www.catalogue.bnf.fr (consulté le )
  5. a b et c Marie Meulien, « Roland et Sabrina Michaud : un couple de photographes mythique », Dossier de presse sur www.presences-photographie.fr,‎ , p. 8-10 (lire en ligne)
  6. « Roland et Sabrina Michaud », sur www.akg-images.fr (consulté le )
  7. Jocelyn Chavy, « Roland et Sabrina Michaud, couple de photographes voyageurs », sur www.trekmag.com, (consulté le )
  8. a b c d e f et g Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Paris, Éditions de la Martinière, , 408 p. (ISBN 978-2-7324-6978-2), p.393
  9. « Prix International Planète Albert Kahn 2015 », sur www.pixfan.com (consulté le )
  10. a et b Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Paris, Éditions de la Martinière, , 408 p. (ISBN 978-2-7324-6978-2), p.7-9
  11. a b et c « Miroirs du monde : Roland Michaud, Sabrina Michaud », sur www.photo-montier.org (consulté le )
  12. a b et c Françoise Vernes, « L'Inde dans un miroir : Synthèse de la conférence donnée par Roland et Sabrina Michaud », sur www.confinde.com, (consulté le )
  13. Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Paris, Éditions de la Martinière, , 408 p. (ISBN 978-2-7324-6978-2), p.392
  14. a b c d e f g et h « Roland et Sabrina Michaud », sur www.gamma-rapho-expos.com (consulté le )
  15. a b et c Laetitia Santos, « Roland et Sabrina Michaud : "Ce qui est important, c'est de donner un sens à sa vie" », sur www.babel-voyages.com, (consulté le )
  16. a et b Déborah Coeffier, « Sabrina et Roland Michaud, un regard sur le monde », sur www.ouest-france.fr, (consulté le )
  17. a et b Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Éditions de la Martinière, , 408 p. (lire en ligne), p.18-19
  18. Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Paris, Éditions de la Martinière, , 408 p. (ISBN 978-2-7324-6978-2), p.23
  19. Evelyne Eveno, « Voyage : l'Iran de Roland et Sabrina Michaud », sur www.bibamagazine.fr, (consulté le )
  20. a b c d et e Monique Sicard, Les carnets de voyage de Roland et Sabrina Michaud, Presses universitaires de Paris Sorbonne (PUPS), (ISBN 978-2-84050-992-9, lire en ligne), p.131-134
  21. a et b (en) Roland et Sabrina Michaud, « Winter Caravan to the Roof of the World », National Geographic, vol. 141, no 4,‎ , p. 438-439
  22. a et b Roland Michaud et Sabrina Michaud, Voyage en quête de lumière, Paris, Éditions de la Martinière, , 408 p. (ISBN 978-2-7324-6978-2), p.68-72
  23. Monique Sicard, Les carnets de voyage de Roland et Sabrina Michaud, Presses universitaires de Paris Sorbonne (PUPS), (ISBN 978-2-84050-992-9, lire en ligne), p.140
  24. (en) Roland et Sabrina Michaud, « Turkomans Horsemen of the Steppes », National Geographic, vol. 144, no 5,‎ , p. 634
  25. Robert Fiess, « La Terre vue du ciel : un phénomène éditorial », Communication & Langages, no 127,‎ , p. 11 (lire en ligne)
  26. « Roland et Sabrina Michaud », sur www.gamma-rapho-expos.com (consulté le )
  27. La 7ème Mousson de Roland Michaud [film documentaire], Frédéric Lemalet et Frédéric Elhorga (), 07170 Lussas, France : Ultreïa & NEOS Films, consulté le , la scène se produit à 1:50
  28. a b et c Yu Zhang, « La Chine au miroir des Michaud », Revue : Monde chinois, éditions Choiseul, no 18,‎ , p. 129-132 (lire en ligne)
  29. Thierry Lyonnet, « Roland et Sabrina Michaud : "Le voyage c'est la rencontre" », sur www.rcf.fr, (consulté le )

Liens externes

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