Robert Duncan (poète)
Robert Duncan, né le né à Oakland, en Californie, et mort le à San Francisco des suites d'une polykystose rénale, est un écrivain, essayiste, dramaturge et poète américain, lié au courant littéraire du Black Mountain et à celui de la Beat generation. Il fut également l'une des figures phares de la Renaissance de San Francisco avec Kenneth Rexroth, Robin Blaser, Charles Olson, Robert Creeley, Jack Spicer... et de l'avant-garde littéraire américaine.
Naissance | |
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Décès |
(à 69 ans) San Francisco |
Nom de naissance |
Edward Howard Duncan |
Autres noms |
Robert Edward Symmes |
Nationalité | |
Formation | |
Activité | |
Période d'activité |
À partir de |
Conjoint |
Franklin Burgess "Jess" Collins |
Parti politique |
anarchiste de gauche |
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Mouvement | |
Partenaire | |
Distinction | 1985 : lauréat du National Poetry Award. 1964 : lauréat du prix Levinson du Poetry magazine 1963 : boursier de la fondation Guggenheim 1961 : lauréat du Harriet Monroe Memorial Prize |
Archives conservées par |
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The Venice Poem, Roots and Branches, The Opening of the Field, Writing, Writing, The Truth & Life of Myth: An Essay in Essential Autobiography |
Biographie
modifierJeunesse et formation
modifierRobert Duncan (Edward Howard Duncan) est le fils de Edward Howard Duncan, un ouvrier agricole journalier et de Marguerite Pearl Carpenter. Sa mère décède lors de son accouchement. Son père, ne pouvant subvenir à son éducation, le fait adopter en août 1919 par une famille de théosophes : Edwin Joseph Symmes, architecte, et Minnehaha Harris [1]. C'est ainsi qu'il prend le nom de Robert Edward Symmes, et ce n'est qu'en 1941 qu'il se fait nommer Robert Duncan[2],[3],[4],[5],[6],.
À l'âge de trois ans, il glisse sur la neige, dans la chute, ses lunettes se brisent, un morceau de verre blesse un de ses yeux, entraînant un strabisme.
Il grandit dans un environnement empreint de spiritualité syncrétique, de spiritisme, d'occultisme, d'hermétisme, d'ésotérisme, d'astrologie. Ainsi ses parents adoptifs, après avoir fait son thème astrologique, lui disent qu'il est un descendant d'Atlante. Cette atmosphère le familiarise à une pensée utilisant la symbolique, l'analogie, la polysémie, etc., qui détermineront son style.
En 1936, après ses études secondairesn il est admis à l'université de Californie à Berkeley. Pendant cette période, il écrit ses premiers poèmes, forge ses opinions de gauche et acquiert une réputation de bohème.
Carrière
modifierEn 1938, il entre au Black Mountain College, mais n'y reste pas longtemps du fait d'un conflit avec le corps enseignant au sujet de la Guerre d'Espagne. Il passe deux ans à Philadelphie puis s'installe à Woodstock, où il travaille pour le magazine The Phoenix. Il y rencontre Henry Miller et Anaïs Nin, tous deux le soutiendront dans son travail de poète. C'est aussi à l'université de Californie à Berkeley qu'il forge ses premières idées politiques, il fréquente des cercles trotskystes violemment anti-staliniens. Des étudiantes comme Lilli et Mary Fabilli[7], Pauline Kael, Virginia Admiral[8], Cecily Kramer le soutiendront pour qu'il s'engage dans sa vocation poétique[9].
À Philadelphie, Robert Duncan entretient une relation amoureuse avec Ned Fahs[10], un Assistant de l'Université de Berkeley, relation qui s’achèvera en 1940.
En 1941, alors qu'il fait ses classes au centre d’entraînement militaire de San Antonio, il affirme publiquement son homosexualité[11] ce qui déclenche son renvoi de l'armée.
En 1943, lassé par ses relations homosexuelles instables, il espère nouer une relation amoureuse stable avec une femme, c'est ainsi qu'il se marie avec Marjorie McKee, mariage qui ne tient pas, après quelques mois, ils divorcent. Déçu par sa vie amoureuse, il connait une période de cynisme qui le conduit à être gigolo en Floride.
Il publie en 1944, dans le magazine Politics, un essai intitulé The Homosexual in Society. Dans cet article, Robert Duncan identifie la détresse des homosexuels avec celle des Afro-américains et des Juifs dans la société contemporaine et dénonçait non seulement les persécuteurs mais aussi le culte de la supériorité homosexuelle qui rejetait le monde hétérosexuel qui régnait dans certains cénacles. Pour lui, la rédemption sociale réside dans l'inclusion et l'amour.
Parallèlement, ses poèmes sont un approfondissement de son expérience personnelle de la marginalisation, de la stigmatisation, de la ségrégation. De cette expérience il en tire un rejet du "christianisme mort", une dénonciation radicale des préjugés contre les minorités, un plaidoyer pour la liberté sexuelle et la tolérance, enfin une critique sociale de l'exploitation des classes ouvrières.
Robert Duncan, refuse d'être un antihéros ou un rebelle social, il recherche par l'expérience et l'expression poétique de favoriser l'inclusion des différents mondes, des différentes manières de vivre. C'est ainsi que Duncan rejette l'idée d'une poésie pour des élites, pour lui préférer une poésie comme lieu de compassion, d'empathie, de dialogue, de fraternité humaine.
En 1945, Duncan revient à San Francisco où il se lie d'amitié avec le poète Kenneth Rexroth, avec qui il entretenait une correspondance depuis un certain temps. Il retourne à Berkeley pour étudier la littérature du Moyen Âge et de la Renaissance, et se donne une image d'adepte du chamanisme dans les cercles littéraires et artistiques. Il sympathise avec les poètes Jack Spicer et Robin Blaser. Au début des années 1950, il écrit dans les revues Origin de Cid Corman et Black Mountain Review[12], et enseigne au Black Mountain College[13]. Ces liens et leurs réseaux joueront un rôle crucial pour l'implication des poètes du courant Black Mountain dans la Renaissance de San Francisco.
en 1951, il rencontre celui qui deviendra son compagnon jusqu'à sa mort, le peintre Franklin Burgess "Jess" Collins[14].
Après la publication de son premier livre, Heavenly City Earthly City, en 1947). Il prend plaisir à jouer le rôle de médium pour faire émerger une littérature fondée sur la symbolique, l'occultisme, le polythéisme et la diversité sexuelle, il pratique son rôle de médium dans des salons sensibilisés aussi bien à la théosophie qu'au dadaïsme et au surréalisme. ce rôle n'est pas pour lui qu'un jeu, c'est aussi la recherche de fondements ultimes de l’expérience humaine et de son expression rejoignant en cela les archétypes de C.G. Jung, comme il l'expose dans son essai : The Truth & Life of Myth: An Essay in Essential Autobiography publié en 1973..L'un des exemples de cette poésie extatique de Duncan est The Venice Poem publié en 1948, et réédité en 1975, il s'agit d'un immense poème illustrant la peinture du Douanier Rousseau peignant ses rêves et les images et mots que suscitent en lui la Symphonie en trois mouvements d'Igor Stravinsky, collage de sources sonores et picturales pour former un ensemble visionnaire.
Les années 1960 sont les temps de la reconnaissance nationale, c'est ainsi qu'il est le lauréat de nombreux prix : le prix Harriet Monroe (1961), une bourse Guggenheim (1963), le prix Levinson de la revue Poetry (1964) et trois bourses d'écriture du National Endowment for the Arts. En 1985, il a reçu le National Poetry Award. Les trois livres qui retiennent la critique sont : The Opening of the Field (1960), Roots and Branches (1964), et Bending the Bow (1968).
Engagement
modifierPolitiquement, il était anarchiste de gauche, affranchi des dogmes de la gauche institutionnelle américaine et ne se privant pas d'en faire des critiques acerbes, il est proche d'autres écrivains anarchistes tels que Willian Everson[15] et Philip Lamantia et du syndicat dit des woblies. En 1968, il signera, avec d'autres poètes un manifeste contre la politique du gouvernement des Etats-Unis : "Poet Power"[16].
Archives
modifierLes archives de Robert Duncan sont déposés et consultables à la bibliothèque de l'Université d'état de Kent[17] et à celle de l'Université d'Etat de New York à Buffalo[18].
Œuvres
modifierŒuvres complètes
modifier- Robert Duncan: The Collected Later Poems and Plays, éd. University of California Press, 2014,
- Robert Duncan: The Collected Early Poems and Plays, éd. University of California Press, 2012,
Recueils de poésie
modifier- Selected Poems, éd. New Directions, 1993,
- Notebook Poems: 1953, éd. The Press in Tuscany Alley, 1991,
- Ground Work II: In the Dark , éd. New Directions, 1987,
- The Regulators, éd. Station Hill, 1986,
- A Paris visit: Five poems, éd. Grenfell Press, 1985,
- Ground Work: Before the War, éd. New Directions, 1984,
- A Song from the Structures of Rime Ringing as the Poet Paul Celan Sings, Orange Export Ltd, 1977
- The Years As Catches, éd. Oyez Press, 1977,
- Selected Poems, éd. New Directions, 1977,
- The Venice Poem, éd. New Poetry for the Poetry Society of Australia, 1975,
- Dante, éd. Institute of Further Studies, 1974,
- An Ode and Arcadia, coécrit avec Jack Spicer, éd. Ark Press, 1974,
- A Seventeenth Century Suite (1973)
- Poems from the Margins of Thom Gunn’s Moly (1972)
- Caesar’s Gate Poems, éd. Sand Dollar, 1972,
- Poetic Disturbances, éd. Clifford Burke, 1970,
- Tribunals: passages 31-35, éd. Black Sparrow Press, 1970,
- The First Decade: Selected Poems 1940-1950, éd. Fulcrum Press, 1969,
- Derivations, éd. Fulcrum Press, 1969,
- Roots and Branches, éd. New Directions, 1968,
- Bending the Bow, éd. New Directions, 1968,
- Names of People, éd. Black Sparrow Press,1968,
- The years as catches;: First poems, 1939-1946, éd. Oyez, 1966,
- As Testimony: The Poem, éd. White Rabbit Press, 1964,
- Roots and Branches, éd. New Directions, 1964,
- The Opening of the Field, éd. New Directions, 1960,
- Letters, éd. Jargon Society, 1958,
- Caesar's Gate, éd. Sand Dollar, 1955,
- A Book of Resemblances, éd. The Auerhahn Press, 1950,
- Medieval Scenes, éd. Centaur, 1950,
- Poems, éd. Berkeley Miscellany Editions, 1949,
- Heavenly City Earthly City, Bern Porter Press, 1947.
Prose
modifier- A Little Endarkenment, and in My Poetry You Will Find Me, éd. Small Press United, 1997,
- A Selected Prose, éd. New Directions, 1995,
- In memoriam Wallace Stevens, éd. University of Connecticut, 1972,
- Writing, Writing, éd. Trask House Books, 1971,
- Achilles' Song, éd. Phoenix Book Shop, 1969,
- Writing A Composition Book Stein Imitations (1964),
- The Poetry Center, San Francisco State College, presents Charles Olson, Thursday, February 21, 1957, San Francisco Museum of Art, éd. San Francisco State College, 1957,
Théâtre
modifier- Medea at Kolchis: The Maiden Head (1965)
- Faust Foutu: An Entertainment in Four Parts, éd. Barrytown Limited, 1959
Essais
modifier- The Structure of Rime, éd. Arion Press, 2008,
- Wallace Berman Retrospective: October 24 to November 26, 1978, coécrit avec David Meltzer, éd. Lapis Press, 1989,
- The H.D. Book, éd. Frontier Press, 1984,
- Fictive Certainties: Essays, éd. New Directions, 1979,
- Scales of the Marvelous, éd. New Directions, 1979,
- Beyond Poetry, éd. Brooklyn & Caringbah, 1974,
- The Truth & Life of Myth: An Essay in Essential Autobiography, éd. Sumac Press, 1973,
- Play Time Pseudo Stein: From the Laboratory Records Notebook 1953, éd. S. N. Tenth Muse, 1969,
- As Testimony: The Poem & The Scene, éd. White Rabbit, 1966,
- The sweetness and greatness of Dante's Divine comedy, 1265-1965;: Lecture given October 27th, 1965, at the Dominican College of San Rafael, éd. Open Space, 1965,
- Randall Jarrell ... Descriptive criticism, éd. San Francisco State College, 1956,
- Upon hearing Leonard Wolf's poem on a madhouse, January 13, 1947, éd. Bancroft Library Press, 1991,
- The homosexual in society, éd. Politics Publisher. Co, 1944.
Correspondances
modifier- The Correspondence of Robert Duncan and Charles Olson, éd. University of New Mexico Press, 2017,
- The Letters of Robert Duncan and Denise Levertov, éd. Stanford University Press, 2003[19],
- H.D.(Hilda Doolittle)/Robert Duncan Correspondence, 1950-1961, éd. Lapis Press, 1991,
Livres traduits en français
modifier- Passages & structures, traduction Serge Fauchereau, éd. Bourgois, 1977.
- L’Ouverture du champ, traduction Martin Richet, Paris, Éditions José Corti, 2012 (ISBN 978-2-7143-1095-8)
Prix et Distinctions
modifier- 1985 : lauréat du National Poetry Award.
- 1964 : lauréat du prix Levinson du Poetry magazine[20]
- 1963 : boursier de la fondation Guggenheim[21]
- 1961 : lauréat du Harriet Monroe Memorial Prize
Regards sur son œuvre
modifierLa poésie de Robert Duncan possède plusieurs racines : John Milton, Charles Baudelaire, William Blake, James Joyce, Ezra Pound, Virginia Woolf, Gertrude Stein, Walt Whitman,Charles Olson, Gerard Manley Hopkins, Laura Riding, les mythes antiques (grecs, égyptiens, sumériens, indiens), les gnoses néoplatoniciennes et perses, le Zohar, Dante, les poètes élisabéthains, mais aussi des philosophes et psychologues comme Mortimer Adler, C.G. Jung, Abraham Maslow, Wolfgang Köhler, Jean Piaget, Alfred North Whitehead, etc. Il utilise la méthode du surréalisme pour faire surgir du fond de son expérience la plus intime des images, des sons, des analogies pour ensuite les traiter de façon rigoureuse, chaque mot, expression est travaillé : analogies, métaphores, association pour former poèmes et prose poétique. Chaque mot, expression sont fouillés pour faire éclater leurs polysémies, leurs capacités à pouvoir signifier. Se démarquant du formalisme post-moderniste il remet la poésie à ce qu'il estime être son usage primitif : la parole, la déclamation, l'expression des affects. Il est probablement inclassable car son œuvre relève à la fois du lyrisme romantique de Victor Hugo, du symbolisme de Mallarmé et du surréalisme d'André Breton et tout cela sur fond d'exégèse juive et de mythologie païenne[22],[23].
Bibliographie
modifierNotices dans des encyclopédies et manuels de références
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Essais
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Articles
modifierAnglophones
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- (en-US) Robert Peters, Paul Trachtenberg & Robert Duncan, « A Conversation with Robert Duncan (1976) », Chicago Review, Vol. 44, No. 1, , p. 92-116 (25 pages) (lire en ligne ),
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Lectures et interviews audio-phoniques et audiovisuels
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Références
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- « PennSound: Robert Duncan », sur writing.upenn.edu (consulté le )
Liens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives à la littérature :
- Ressources relatives à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) La page de Robert Duncan
- (en) Robert Duncan, Ten Poems, 1940 to 1980 sur le site du magazine Jacket