Robert Chopard-Lallier

Préfet apostolique de Parakou et curé de la paroisse Saint-François-Xavier à Porto-Novo

Robert Chopard-Lallier, né au Locle le et mort à Morteau le , est un prélat français de l'Église catholique romaine. Il est préfet apostolique de Parakou de 1959 à 1964, puis curé de la paroisse Saint-François-Xavier à Porto-Novo. Il a favorisé l'implantation du catholicisme dans le Nord du Bénin, dans la seconde moitié du XXe siècle et a défendu des positions progressistes, telles que l'œcuménisme au Concile Vatican II.

Robert Chopard-Lallier
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Fonction
Préfet apostolique
Archidiocèse de Parakou
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 52 ans)
Morteau
Nationalités
Formation
Activité
Autres informations
Organisation
Religion
Catholique
Personne liée

Biographie

modifier

Origines et études

modifier

Robert Chopard-Lallier commence ses études secondaires au séminaire de Consolation dans le Doubs en 1933. Cinq ans plus tard, il entre au séminaire de Faverney pour y étudier la philosophie et sa première année de théologie. Robert Chopard-Lallier, rejoint le séminaire des Missions Africaines à Lyon en 1941 et dans le même temps, il prépare une licence de théologie aux Facultés catholiques de Lyon[1].

Ordination, nominations et prises de position

modifier

Robert Chopard-Lallier est ordonné prêtre, le 6 janvier 1945. Le 20 septembre de la même année, il est nommé professeur à Chamalières. Un poste qu'il occupe jusqu’à sa nomination en 1947 à Dahomey[1].

À son arrivée en 1948, il est prêté au vicariat apostolique de Lomé, au Togo où il devient professeur de l’école normale de Togoville[1] puis directeur du collège Saint Joseph de Lomé en 1951[2].

 
La cathédrale de Kandi, siège du diocèse détaché de Parakou en 1994. Cette paroisse a conservé son statut d'église particulière.

En 1953 il revient au Dahomey où il est nommé recteur du grand séminaire de Ouidah et professeur d’écriture sainte[3]. Deux ans plus tard, il est nommé professeur et directeur des études au collège Aupiais de Cotonou. Le 4 janvier 1957, le pape le nomme préfet apostolique de Parakou, en remplacement de François Faroud qui avait assumé ce poste à partir de 1948, en fondant la première paroisse catholique de la ville[4]. La région dans laquelle il est placé est constituée d'une population surtout musulmane ou de religion traditionnelle. La préfecture dont il a la charge ne compte alors aucun diocèse contre cinq aujourd'hui[2]. Dans ses lettres, Robert Chopard-Lallier témoigne des difficultés que représente sa mission [2]:

D'une part, il n'y a pas à traîner et il faut agir comme un homme de décision et de progrès ; d'autre part, on est impressionné par les petits moyens dont on dispose [...] 43 écoles ouvertes, 104 maîtres ; 103 certifiés... des indemnités qu'on ne peut pas payer. [...] Nous sommes vraiment encore à l'âge où le missionnaire exerce la tutelle par rapport à la chrétienté locale.

En 1959, il facilite l'installation des sœurs de la Retraite chrétienne des Fontenelles à Nikki, puis à Kandi et à Banikoara[5]. Il fait également partie de la délégation des six religieux[6] en provenance du Bénin qui participent au concile de Vatican II[1]. Il prend ouvertement position en faveur de l'œcuménisme[7], allant jusqu'à demander que les chrétiens des autres confessions ne soient pas systématiquement excommuniés, en particulier lorsqu'il en va de l'unité des familles[8]. Cette intervention du 29 novembre 1963 est relatée par le cardinal Yves Congar qui lui reproche, entre autres, de ne pas assez faire référence à l'esprit saint[9].

 
Eglise Saint François-Xavier de Porto-Novo

Son ouverture d'esprit fait de lui un interlocuteur privilégié des étudiants catholiques africains francophones tiraillés entre leur foi catholique, la loyauté qui en découle envers le clergé de leur Eglise majoritairement métropolitain d'une part[n 1], et la conscience politique qui émerge avec leur aspiration à l'indépendance. Le futur diplomate béninois Jacques Adande[n 2], alors étudiant en littérature à l'université de Dakar, le contacte pour se plaindre de l'attitude rétrograde du clergé catholique. Il écrit à ce sujet en 1960, « Peu d'entre eux [les membres du clergé] sont aussi ouverts d'esprit que vous et beaucoup d'entre eux ont trop de préjugés. »[10] En 1964, il accueille le premier prêtre africain de la mission, Jacques Tanné, ordonné prêtre à Rome en Décembre 1963[11],[n 3].

Le 6 mars 1964, le recteur du Grand séminaire de Ouidah, le père Nanin, informe Robert Chopard-Lallier de création de deux diocèses en précisant que « les deux évêques sont nommés » et qu'il n'en fait pas partie[2].

Le médiateur des droits et économiste, Albert Tévoédjrè parle de son rôle dans l'évangélisation du Nord du Bénin, dans son livre Mes Certitudes d'espérance. Selon lui, ce prêtre aurait été « sacrifié », au moment de la partition de « ce territoire en deux diocèses » : du fait « d'oppositions mesquines », il n'aurait jamais été nommé évêque[12],[n 4]. Ainsi, le , il est nommé curé de la paroisse Saint-François-Xavier à Porto-Novo[1], fondée en 1957[13]. Il reste en poste jusqu'en 1971, date à laquelle il tombe malade[1],[14].

Atteint par la sclérose en plaques, Robert Chopard-Lallier meurt le 21 juillet 1973 aux Gras en France et ses obsèques ont lieu le 23 juillet à Morteau.

Hommages

modifier

Le béninois Albert Tévoédjrè lui rend hommage dans son livre, le Bonheur de servir, où il dresse des biographies de personnalités africaines, ou afro-descendantes telles que l'homme de lettres martiniquais Aimé Césaire. Il le décrit comme « particulièrement attentif à l'Africain, à son histoire et à son devenir »[14].

Fondé en 2015, le petit séminaire catholique de Parakou porte son nom depuis 2020. Une quarantaine d'étudiants y suivent la formation propédeutique et le séminaire de philosophie[15],[16]. Deux ans plus tard, l'archevêque en poste à Parakou, Pascal N'koué, choisit la date anniversaire de sa naissance, le , pour la dédicace de la chapelle du séminaire[17], dédiée à Saint-Cyprien de Carthage[18]. Un cénotaphe à la mémoire du missionnaire est érigé dans ce bâtiment[18].

Publications

modifier

Robert Chopard-Lallier, Jean-Marie Viennet (éditeur scientifique) et Albert Tévoédjrè (éditieur scientifique), Le sarment qu'on émonde (Monographie), Montbéliard, Editions Espace documents, coll. « Racines », (SUDOC 107260212)

Henri Comte et Robert Chopard-Lallier (Préface de), Ouvrier de la première heure, le R. P. Reymond, premier missionnaire de la Société des missions africaines, Impr. Alsatia, (lire en ligne)

Notes et références

modifier
  1. Selon E. Foster, en 1958, sur les 794 prêtres catholiques nommés en Afrique de l'ouest française, on ne compte que 127 africains. Les prélats catholiques sont encore majoritairement des européens.
  2. Jacques Adandé servira comme ambassadeur au Niger, puis travaillera comme haut-fonctionnaire au ministère des affaires étrangères béninois avant de prendre des fonctions dans des organisations internaitonnales (UNHCR, UNICEF).
  3. L'accès des africains à la prêtrise, dans l'église catholique, et la formation d'un clergé indigène a longtemps été freinée, dans l'église catholique par ce que S. Tidjani appelle dans la thèse la grande question de la vertu : "Les Noirs sont incapables de vivre sans femmes et sans progéniture" (cf. p. 50).
  4. Le , la préfecture apostolique de Parakou disparaît au profit des diocèses de Natitingou (confié à Patient Redois) et Parakou (évêque : André van den Bronck).

Références

modifier
  1. a b c d e et f « Monseigneur Robert CHOPARD-LALLIER », sur webcache.googleusercontent.com (consulté le )
  2. a b c et d « La mission de Robert Chopard-Lallier sma - [Société des Missions Africaines de Strasbourg] », sur missionsafricaines.org (consulté le )
  3. « Historique », sur Grand Séminaire Saint-Gall de Ouidah (consulté le )
  4. (en) Abdourahmane Idrissa, Historical Dictionary of Niger, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1-5381-2015-6, lire en ligne), Chronology xxxiii
  5. « Les Fontenelles. Les impressions de Sœur Rose Marie au retour de son 13e voyage au Bénin », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )
  6. (en-CA) Christian Stackaruk, « Retrieving MENA Catholics’ Contributions to Nostra Aetate », University of St. Michael’s College / Université de Toronto,‎ , p. 256 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  7. (en) Administrator1, « Discussions on Ecumenism Continue; Liturgy Votes Also Take Place », sur Vatican II: 50 years ago today, (consulté le )
  8. (en-GB) « Response of Robert CHOPARD-LALLIER, the apostolic prefect of Parakou, Benin, to Vatican II’s Antepreparatory Commission », sur CRIID, (consulté le )
  9. (en) Yves Congar et Denis Minns, My Journal of the Council, Liturgical Press, (ISBN 978-0-8146-8029-2, lire en ligne), p. 439
  10. (en) Elizabeth Foster, « Entirely Christian andentirely African: Catholic African Students in France in the aera of independence », The Journal of African History, vol. 56, no 2,‎ , p. 239–59 (lire en ligne, consulté le ).
  11. Akpédjé Ayosso, « Le premier prêtre Bariba Jacques Bio Tanné décédé », sur 24 Heures au Bénin, (consulté le )
  12. Albert Tévoédjrè, Mes certitudes d'espérance, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-20196-0, lire en ligne)
  13. (it) « Bénin - La paroisse de Saint-François Xavier Porto Novo fête ses 60 ans », sur www.infoans.org (consulté le )
  14. a et b Albert Tévoédjrè, Le bonheur de servir: réflexions et repères, l'Archipel, coll. « Guetteurs du siècle », (ISBN 978-2-8098-0242-9)
  15. Guy Aimé Eblotié, « Au Bénin, le diocèse de Parakou résolument engagé dans l’auto-prise en charge matérielle », sur La Croix Africa, (consulté le )
  16. « Des nouvelles du Séminaire de Parakou (Bénin) », sur Studium de Notre-Dame de Vie (consulté le )
  17. « Mgr Chopard Lallier rayonne », Vie diocésaine de Parakou,‎ , p. 1-3 (lire en ligne   [PDF], consulté le )
  18. a et b « Ce jour-là à Tenonrou », Vie diocésaine de Parakou,‎ , p. 1-2 (lire en ligne [PDF])

Bibliographie

modifier

Sources secondaires

modifier
  • Jean Bonfils, La mission catholique en République du Bénin, (lire en ligne), p. 247.  
  • Albert Tévoédjrè, Mes Certitudes d'espérance, Paris, Les éditions ouvrières, coll. « À pleine vie », (lire en ligne).  
  • Albert Tévoédjrè, Le Bonheur de servir, Paris, L'Archipel, , 332 p. (ISBN 978-2-8098-0242-9, lire en ligne).  
  • (en-US) Elizabeth Foster, « Entirely Christian and entirely African : Catholic african students in France in the era of independance », The Journal of African History 56, num 2,‎ , p. 239-259 (lire en ligne   [PDF]).  
  • Serge Danialou Tidjani, La formation des prêtres diocésains au Bénin à la lumière de la législation canonique actuelle (Thèse de Doctorat de droit canonique), Ottawa, Université Saint Paul, (lire en ligne), p. 50 et 56.  

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier