Richard Rolle
Richard Rolle est un ermite et auteur mystique anglais du XIVe siècle. Aussi appelé « Richard de Hampole », il est né en 1290 à Thornton dans le Yorkshire du Nord et est mort le à Hampole près de Doncaster. Avec Walter Hilton, Julienne de Norwich, Margery Kempe et l'auteur du Nuage de l'inconnaissance, il est l'un des auteurs mystiques anglais les plus influents[1].
Naissance | |
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Décès | |
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École/tradition | |
Principaux intérêts |
Vie contemplative |
Idées remarquables |
L'abandon des biens terrestres et la conversion totale à Dieu comme condition de la vie contemplative. L'expérience spirituelle ressentie comme « chaleur, douceur et chant ». Les trois degrés de l'amour de Dieu : insurmontable, inséparable et singulier. |
Œuvres principales |
De Amore Dei, contra amatores mundi, Incendium Amoris et Melos Amoris. |
Richard Rolle a laissé une œuvre assez vaste en latin et en anglais principalement composée de commentaires de la bible et d'écrits sur la vie contemplative. Son expression est souvent poétique. On trouve notamment dans ses écrits en anglais des passages narratifs sur son expérience spirituelle. Il la décrit comme un embrasement intérieur qu'il commença à ressentir au début de sa vie érémitique, une chaleur causée par Dieu, douce à éprouver et qui procure de la joie. Dans les passages autobiographiques de son œuvre, Richard Rolle dit que cette expérience l'a détourné de tout attrait pour les créatures tandis qu'il s'est entièrement consacré à la contemplation dans une vie solitaire.
Dès le XIVe siècle, des copies de ses textes ont été diffusées non seulement en Angleterre mais aussi dans toute l'Europe, en particulier dans les régions rhénanes. Par l'intermédiaire des chartreux, des Brigittins et des courants réformateurs rhénans qui ont contribué à la diffusion de ses écrits, Richard Rolle a exercé une grand influence sur les développements de la mystique et des écrits relatifs à la vie contemplative du XIVe au XVIe siècle[2].
Biographie
modifierLes faits de la vie de Richard Rolle sont connus principalement par les indications laissées dans l’Office de Saint Richard de Hampole, composé peu après sa mort par ceux qui furent témoins de sa vie et espéraient sa canonisation[2].
À 19 ans, alors qu'il est étudiant à Oxford, Richard Rolle a choisi de vivre en ermite et de s'adonner à la vie contemplative. Dans un premier temps sa famille le croit fou, puis, ayant reçu divers soutiens, il mène la vie contemplative qu'il s'est choisie. Dans ses écrits il se défend de l’accusation d'instabilité disant qu'il avait « certainement cherché la solitude, tout en changeant d'un lieu à l'autre[2] ». Seuls trois lieux parmi ceux où il a vécu ont pu être identifiés. Il a commencé sa vie d'ermite en s’établissant pendant peut-être deux ou trois ans dans la maison de John Dalton, un Seigneur local. Il a plus tard séjourné à Richmond. Enfin, alors qu'il avait acquis une grand notoriété, il a passé les dernières années de sa vie près du monastère des cisterciennes de Hampole, d'où le nom de « Richard de Hampole » qui lui est parfois donné. Les autres lieux où il a vécu entretemps ne sont pas connus. L'idée selon laquelle Richard Rolle aurait effectué un séjour à Paris pour y être étudiant à la Sorbonne est aujourd'hui le plus souvent considérée comme improbable[3].
Des questions sur la vie de Richard Rolle restent sans réponse, notamment celle de savoir s'il fut prêtre. Richard Rolle a prêché, parfois même au cours de liturgies, ce qui peut laisser penser qu'il a été prêtre, mais il est aussi possible qu'il ait été autorisé à prononcer ces homélies sans être prêtre. S'il est certain qu'il a vécu plusieurs années près du monastère des cisterciennes de Hampole, sa situation vis-a-vis de ce couvent reste difficile à saisir. Peut-être que, vivant à proximité, il y assumait une fonction de prédicateur ou d'accompagnateur spirituel.
Son décès survient en 1348, date qui coïncide avec celle d'une épidémie de peste dans la région. Cependant on ne sait pas si c'est de cela qu'il est mort, ni l'âge qu'il avait cette année-là. À son décès Richard Rolle est tenu pour un saint par les moniales de Hampole qui composent alors un office en vue de sa canonisation. Vers 1380, un culte commence à se développer dans les environs du couvent de Hampole. Cependant, bien que les écrits de Richard Rolle ont été beaucoup plus largement diffusés, son culte n'est resté que local[2].
Œuvre
modifierRichard Rolle a laissé une œuvre assez vaste et sa réputation fut telle que de nombreux textes lui furent attribués. D'anciennes éditions de ses œuvres contiennent ainsi des écrits dont l'attribution lui a ensuite été retirée. En 1927, Hope Emily Allen a publié une étude qui fait autorité sur le sujet et dont il ressort que l'on peut authentiquement attribuer à Richard Rolle 19 traités et lettres ainsi que trois poèmes[4]. Cette œuvre n'a jamais été entièrement éditée, et certains textes ne sont consultables que sur manuscrit.
Commentaires bibliques
modifier- Commentaire du Psautier, Commentaire du Cantique des Cantiques, Commentaire de l'Apocalypse, Lamentations de Jérémie
Écrits sur la vie contemplative sous forme de commentaire de passages bibliques
modifier- Judica me Deus, probablement l'un des premiers écrits de Richard Rolle.
- Misercordias Domini
- Mulierem fortem.
- Commentaire du Psaume 20
Commentaires de textes bibliques dans leur forme liturgique
modifier- Super lectiones Job
- Commentaire du Pater
- Commentaire sur le Symbole de Apôtres
Écrits personnels et théologiques
modifierTrois traités qui peuvent être considérés comme ses écrits de la maturité : le De Amore Dei, contra amatores mundi, l’Incendium Amoris et le Melos Amoris. Une traduction en français de ce dernier traité a été publiée aux Sources Chrétiennes[5].
Lettres sur la vie contemplative
modifier- Ego Domino
- Commandment
- Emendatio Vitae.
Poèmes
modifier- Canticum Amoris
Références
modifier- Alain Saint-Marie, « Introduction » dans Le Nuage de l'Inconnaissance, Paris, Cerf, Sagesses chrétiennes, p.7.
- Michael Sargent, « Richard Rolle de Hampole », dans Dictionnaire de Spiritualité Ascétique et Mystique, vol. 13, coll. 572-590, 1988.
- Le séjour de Richard Rolle à la Sorbonne est considéré comme improbable à la suite de l'étude de (en) E.J.F. Arnould, « Richard Rolle and the Sorbonne », dans Bulletin of the Johon Rylands Library, t.23, 1939, pp. 68-101.
- Hope Emily Hallen, Writting Ascribed to Richard Rolle, Hermit of Hampole and Material for his Biography. The Moderne Language Association of American, Monographe Series 3, N.Y., D. Heath and Co., 1927.
- Richard Rolle, Le Chant d'Amour (Mellos Amoris), 2 tomes, Paris, Cerf, Sources Chrétiennes 168 et 169, trad. Moniales de l'Abbaye de Wisques, Introduction et notes François Vandenbroucke, 1971. (ISBN 2204033871) et (ISBN 220403388X)
Bibliographie
modifier- Horstmann, C., ed., Yorkshire Writers : Richard Rolle of Hampole an English Father of the Church and his Followers, 2 volumes, Swan Sonnenschein & Co, London/Macmillan & Co, New York, 1895; réédité en 1 volume sous le titre Yorkshire Writers : Richard Rolle and his Followers, D. S. Brewer, Woodbridge, 1999.
- The Fire of Love and the Mending of Life or the Rule of Living, EETS, OS 106, 1896, London : Kraus Reprint Co., 1975.
- Prose and Verse, ed. from MS Longleat 29 and related manuscripts by S. J. Ogilvie-Thomson, ETTS OS 293, London : Oxford University Press, 1988.
- English Prose Treatises, ed. from Robert Thornton’s MS by George G. Perry, new and revised text and glossary, EETS, OS 201866, 1921, reprint 2000.
- Hope Emily Allen, English Writings, ed. by Hope Emily Allen, Alan Sutton, Glouscester, 1988 (texte en moyen-anglais).
- J. A. Alford, « Richard Rolle and Related Works », dans Middle English Prose. A Critical Guide to Major Authors and Genres, éd. A.S.G. Edwards, New Brunswick, Rutgers University Press, 1984.
- The English Writings, trans., ed. and introduction by Rosamund S. Allen, preface by Valerie M. Lagorio, The Paulist Press, Mahwah/New York, 1988 (anglais moderne).
- Marzac, Nicole, Richard Rolle de Hampole : vie et œuvres, suivies de Tractatus Super Apocalypsim, Vrin, Paris, 1968.
- Le Feu de l’amour, le modèle de la vie parfaite, le Pater, trad. par D. M. Noetinger, Maison Alfred Mame et Fils, 1929.
- Richard Rolle, Le Chant d'Amour (Mellos Amoris), 2 tomes, Paris, Cerf, Sources Chrétiennes 168 et 169, trad. Moniales de l'Abbaye de Wisques, Introduction et notes François Vandenbroucke, 1971. (ISBN 2204033871) et (ISBN 220403388X).
- Nicholas Watson: Rolle, Richard. Dans: Theologische Realenzyklopädie (TRE). Volume 29, de Gruyter, Berlin/New York 1998, (ISBN 3-11-016127-3), p. 349–351.
Commentaires
- Comper, Frances M., The Life and Lyrics of Richard Rolle, London/Toronto: Dent & Sons, 1933.
- Moyes, Malcom Robert, ed., Richard Rolle’s Expositio Super Novem Lectiones Mortuorum, 2 volumes, Salzburg : Institut Für Anglistik Und Amerikanistik, Universität Salzburg, 1988.
- Renevey, Denis, Language, Self and Love. Hermeneutics in the Writings of Richard Rolle and the Commentaries on the Song of Songs, Cardiff : University of Wales Press , 2001.
- Sainte-Marie, Alain, « L’Inspiration chez Richard Rolle », in L’Inspiration : le Souffle créateur dans les arts, littératures et mystiques du Moyen Âge européen et proche-oriental', (Actes du Colloque tenu en Sorbonne les 23-34 mais 2002, éd. Claire Kappler et Roger Grozelier, L’Harmattan, Paris, 2006.
- Sargent, Michael, « Richard Rolle de Hampole », dans Dictionnaire de Spiritualité Ascétique et Mystique, vol. 13, coll. 572-590, 1988.
- Tixier, René, " Richard Rolle : La mémoire des plaies ", dans Le sang au Moyen Age, Actes du 4ème colloque international de Montpellier, 27-29 novembre 1997, Cahiers du CRISIMA, n° 4, Publications de l'Université Paul Valéry, 1999, p. 377-392.
- Watson, Nicholas, Richard Rolle and the Invention of Authority, Cambridge : Cambridge University Press, 1991.