Rassemblement congolais pour la démocratie

parti politique

Le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) est un groupe rebelle congolais actif de 1998 à 2006 dans la partie orientale de la république démocratique du Congo (RDC). Le mouvement fut porté par le Rwanda et fut l'un des acteurs majeurs de la deuxième guerre du Congo.

Rassemblement congolais pour la démocratie
Présentation
Président Azarias Ruberwa
Fondation (insurrection armée)
2003 (parti politique)
Siège avenue Lodja 46
Kinshasa/Kasa Vubu
Fondateur Ernest Wamba dia Wamba
Idéologie Social-libéralisme
Couleurs jaune, bleu, rouge, blanc
Site web http://www.rcd-congo.info
Représentation
Députés (2006)
15  /  500
[1]
Sénateurs (2007)
7  /  108
[2]

Du au 18 février 2006, le RCD participa avec le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba au gouvernement de transition ou gouvernement « 1+4 » qui était chargé de pacifier le pays en intégrant les milices dans une armée unifiée et de préparer des élections libres dans un délai de deux ans avec une année de prolongation maximum.

Lors de l'élection présidentielle de 2006 le RCD représenté par Azarias Ruberwa, après avoir contrôlé près d’un tiers du pays, est réduit à quelques points de pourcentage de la représentation populaire[3], et obtient 15 des 500 sièges à l’Assemblée nationale[1].

Origine

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En 1997, Laurent-Désiré Kabila s'installa comme Président de la RDC, à la suite de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) au cours de la première guerre du Congo, avec l'aide des gouvernements de l'Ouganda et du Rwanda. Cependant, les tensions ethniques et politiques ne disparurent pas à l'Est du pays. Des milliers de militants Hutus ayant pris part au génocide des Tutsis au Rwanda et qui avaient dû s'enfuir en RDC entretenaient une guerre de faible intensité avec l'armée rwandaise et les banyamulenge, congolais tutsis de souche rwandaise, qui vivent dans des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En , ces deux provinces furent entraînées dans des troubles ethniques. Le climat se détériora entre Laurent-Désiré Kabila et ses alliés rwandais et ougandais.

Création du Rassemblement congolais pour la démocratie

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Le , des soldats tutsis déclenchent un rébellion dans les villes de Goma dans le Nord-Kivu, et Bukavu dans le Sud-Kivu[4],[5], dans le but de renverser le Président Laurent Désiré Kabila[4], l'accusant de corruption, népotisme et mauvaise gestion[6]. Cette attaque marque le début de la deuxième guerre du Congo[7], qui causera la mort de millions de Congolais, notamment en Ituri et dans les provinces du Kivu[8]. La rébellion, composé principalement de Banyamulenge, est soutenue par le Rwanda[1],[9],[10] et l'Ouganda[1],[7], dont les troupes militaires ont été congédiés du pays par Laurent Kabila le [11],[5]. A partir du , la rébellion est coordonnée par Arthur Z'ahidi Ngoma[12], président du parti d'opposition Forces du Futur[13].

Le , les leaders de la rébellion déclarent prendre le nom de Rassemblement congolais pour la démocratie[5], et détaillent la composition du nouveau mouvement. Le RCD est présidé par Ernest Wamba dia Wamba[12],[14], assisté de deux vice-président, Arthur Z'ahidi Ngoma et Moise Nyarugabo[12],[14], il est aussi doté d'un conseil exécutif, composé de quatre civils et quatre commandants militaires, avec Paul Lunda Bululu dans le rôle de coordinateur du conseil[15],[13]. Le noyau du RCD est composé d'anciens membres de l'AFDL, dont de nombreux Banyamulenge, qui avaient déjà pris part à des alliances avec le Rwanda contre les forces anti-Tutsi de la région.

Deuxième guerre du Congo

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Dans les semaines qui suivirent la prise de Goma et Bukavu, le RCD occupa rapidement de grandes parties de l’Est du pays[1]. Les forces pro-gouvernementales de Kabila tentèrent d'arrêter l'avancée du RCD avec l'aide des armées d'autres états dont l'Angola et le Zimbabwe, ce qui marqua un pic dans la tension entre les différents pays de l'Afrique centrale.

Au cours de cette période, les congolais vivant dans le Nord et le Sud-Kivu en vinrent à considérer le RCD comme un brutal oppresseur. Le Rwanda avait pratiquement pris le contrôle de l'organisation[réf. souhaitée], qui avait accru sensiblement la taxation sans qu'il ne soit noté d'amélioration dans les conditions de vie de la population ou dans les infrastructures. Les troupes indisciplinées du RCD et celles des autres groupes armés étaient régulièrement à l'origine d'actes de brutalité contre la population. La domination des banyamulenge était également très mal perçue. En , le RCD est accusé de crimes de guerre, et notamment d'actes de cannibalisme[16].

L'impasse conduit au morcellement du RCD

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En 1999, le front avec les forces gouvernementales se stabilisa. Le RCD avait par ailleurs gagné de nouveaux adhérents sous la forme d'anciens partisans de Mobutu Sese Seko et d'autres dissidents de longue date. Une fois qu'il fut clair que Kabila ne pourrait pas être renversé, des dissensions se firent jour dans l'organisation, et le Rwanda et l'Ouganda commencèrent à se disputer le contrôle du RCD et des ressources qu'il exploitait[17], telles les diamants, l'or, le coltan, la cassitérite et différents autres minerais ainsi que les ressources forestières et plus particulièrement l'exploitation du bois.

Les tensions apparurent au grand jour en quand Wamba dia Wamba et Antipas Mbusa Nyamwisi quittèrent la ville de Goma à l'est du pays pour s'établir à Kisangani avec l'aide de l'Ouganda, et cela à la suite d'une altercation avec les anciens mobutistes Lunda Bululu, Alexis Tambwe Mwamba, Emile Ilunga, etc. qui en voulaient aux autres pour trahison à l'objectif de faire tomber le régime de Kinshasa et qui voulaient les destituer[pas clair]. Cette nouvelle faction fut dès lors connue sous le nom de RCD-Kisangani (RCD-K), péjorativement aussi appelé RCD Wamba Dia Wamba, poursuivant pour objectif la réunification du pays et bloquer l'avancement des troupes rwandaises vers les autres provinces, l'autre faction sera connu sous le nom de RCD-Goma.

RCD/K-ML

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La scission de la rébellion conduit à la création en du RCD/K-ML. La faction contrôle le territoire de Beni entre 1999 et 2003. Elle tisse des liens forts avec l’élite économique locale, notamment en accordant des exonérations fiscales et douanières qui permettent le développement d’un commerce transfrontalier. Antipas Mbusa Nyamwisi, un des leaders du RCD/K-ML, fait partie du gouvernement de transition lors des accords de paix de Sun City en 2002, et s’alliera un temps avec le président Joseph Kabila, avant de devenir une importante figure de l’opposition[7].

La faction est également connu sous le nom de RCD-Kisangani. L'aile militaire du RCD-ML est l'Armée populaire congolaise (APC)[18].

RCD-Goma

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Le Docteur Emile Ilunga prit le commandement de la faction orientale, généralement connue sous le nom de RCD-Goma pour la distinguer du groupe RCD-K/ML. Le RCD-Goma, en tant que plus ancien et l'un des plus puissants groupes, représente le RCD face aux différents autres groupes séparatistes qui en sont issus. Le Rwanda devint le premier support du RCD-Goma, transférant ainsi les tensions entre le Rwanda et l'Ouganda dans leurs groupes rebelles respectifs actifs au Congo.

Rupture entre les deux entités du RCD

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La rupture définitive intervint lorsque les deux RCD s'affrontèrent à Kisangani, et où l'armée ougandaise fut défaite[17]. Ernest Wamba Dia Wamba et Antipas Mbusa Nyamwisi se retirent encore ensemble sur Bunia, où il dut faire face à des mécontentements et des révoltes dans son organisation. Antipas Mbusa Nyamwisi rejeta le commandement du Professeur Ernest Wamba Dia Wamba pour inadaptation et passivité et prit le contrôle du Nord-Kivu septentrional et l'Ituri avec l'aide de certains militaires ougandais.

Antipas Mbusa Nyamwisi renomma le RCD/K-ML en RCD/Kisangani, Mouvement de Libération et s'entoura des grands leaders communautaires : Uringi Padolo qui sera son premier Vice-président, John Tibasima son deuxième Vice-président, Thomas Lubanga Dilo son Ministre de défense et plusieurs autres personnalités : le Professeur Walle Sombo, Jean-Louis Ernest Kyaviro, Joseph Bangakya, etc.

Le RCD-Goma garda le contrôle sur le sud du Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema, le nord Katanga, le Kasaï-Occidental et Kisangani.

En 2000, Adolphe Onusumba remplaça Ilunga à la tête du RCD-Goma. Cette nouvelle orientation apparut après l'échec de l'offensive gouvernementale en à Pweto. Ce fut aussi à cette occasion qu'il devient clair que le gouvernement ne pourrait pas reprendre l'est du pays par les armes. Malgré les tentatives pour gagner le soutien des habitants du Kivu, les atteintes continuelles aux droits de l'homme et les abus de l'administration ruinant ces efforts.

La « fin » des combats et le gouvernement de transition

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Le , un gouvernement de transition ou gouvernement « 1+4 » est nommé selon l'« accord global et inclusif de Pretoria » du qui fut ratifié le lors du dialogue intercongolais à Sun City (Afrique du Sud). Azarias Ruberwa, leader du RCD-Goma devient un des quatre vice-présidents. Ce gouvernement d'union nationale était chargé de pacifier le pays en intégrant les milices dans une armée unifiée et de préparer des élections libres dans un délai de deux ans avec une année de prolongation maximum : les élections devaient avoir lieu au plus tard le . Cette date sera reportée au [19], à la suite de l’accumulation des retards pris pour l'élaboration du cadre juridique de la nouvelle Constitution[20].

Le support rwandais au RCD-Goma continua après la deuxième guerre du Congo via les forces tutsis alignées sur le Rwanda et le Burundi dont les officiers les plus en vue étaient le général Nkundabatare et le colonel Mutebesi. Le Rwanda ayant décidé que maintenir sa sphère d'influence dans les Kivus à travers des groupes militaires proches était de son meilleur intérêt[réf. nécessaire]. L'Ouganda procède également ainsi depuis plusieurs années[réf. nécessaire].

Autres factions du RCD

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Notes et références

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  1. a b c d et e (en) Jason Stearns, « Armée nationale et groupes armés dans l'Est du Congo, trancher le nœud gordien de l'insécurité » [PDF], sur Riftvalley.net, (ISBN 978-1-907431-31-9, consulté le )
  2. « REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Sénat »
  3. Jason Stearns, « L’ancrage social des rébellions congolaises », Afrique contemporaine, no 265,‎ (lire en ligne)
  4. a et b Deuxième guerre 2010, Paragraphe 308, p. 159.
  5. a b et c (en) « La Rébellion d'Août 1998 et les Groupes Touchés »  , sur Refworld, (consulté le )
  6. Filip Reyntjens 2009, p. 194.
  7. a b et c Mélanie Gouby, « Rassemblement congolais pour la démocratie/K-ML »  , sur Les Jours, (consulté le )
  8. Filip Reyntjens 2009, p. 7.
  9. « Accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo »  , sur Le Devoir, (consulté le )
  10. « RDC : pourquoi la société civile congolaise est excédée par le Rwanda », sur TV5MONDE, (consulté le )
  11. Gauthier de Villers et Jean Omasombo Tshonda 2001, Paragraphe 2, p. 17.
  12. a b et c Filip Reyntjens 2009, p. 238.
  13. a et b (en) « DRC: Who's Who - Key Members of the Rebellion - Democratic Republic of the Congo »  , sur ReliefWeb, (consulté le )
  14. a et b Jean-Pierre Bat, « Ernest Wamba dia Wamba (1942-2020) », sur Libération, (consulté le )
  15. (en) « DRC: Rebels formally announce new movement, leadership - Democratic Republic of the Congo »  , sur ReliefWeb, (consulté le )
  16. (en-GB) « DR Congo rebels dismiss 'cannibalism' », BBC,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  17. a et b Jean-Philippe Remy, « Congo: trêve à Kisangani.Les combats entre rebelles ont tourné à l'avantage du Rwanda face à l'Ouganda », sur Libération, (consulté le )
  18. « Qui est qui - Groupes politiques armés en Ituri : le coin le plus sanglant du Congo »  , sur Human Rights Watch, (consulté le )
  19. « RDC : premier tour de la présidentielle reporté au 30 juillet »  , sur news.un.org, (consulté le )
  20. « Mission d’observation électorale de l’Union Européenne en République Démocratique du Congo - Elections présidentielle, législatives et provinciales 2006 » [PDF], sur Election Observation and Democracy Support (EODS), (consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Gauthier de Villers et Jean Omasombo Tshonda, « La bataille de Kinshasa », Politique africaine, vol. 2001/4, no 84,‎ , p. 17-32 (lire en ligne).
  • (en) Filip Reyntjens, The Great African War Congo and Regional Geopolitics 1996-2006, , 327 p. (ISBN 978-0-521-11128-7, lire en ligne).
  • Deuxième guerre, Rapport Mapping (Rapport du projet mapping sur les violations des droits de l’homme et droit international commise entre 1993 et 2003 en République Démocratique du Congo), Organisation des Nations Unies, , 583 p. (présentation en ligne, lire en ligne  ), p. 308-392 :

    « Ce rapport est le fruit d’entretiens avec plusieurs centaines d’interlocuteurs, tant Congolais qu’étrangers, qui ont été témoins des atrocités commises dans le pays. Il documente leurs témoignages et reflète leurs aspirations à la justice. »

Liens externes

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