Ranunculales

ordre de plantes

L'ordre des renonculales (Ranunculales) regroupe des plantes dicotylédones primitives.

Étymologie

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Le nom de l'ordre vient du genre Ranunculus (« petite grenouille »), diminutif du latin rana (cf rainette), car plusieurs espèces sont aquatiques et plusieurs autres affectionnent les endroits humides que fréquentent ces amphibiens[1].

Description

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Évolution florale représentée par les diagrammes floraux.

Les Ranunculales sont un groupe frère des Eudicotylédones ou Dicotylédones vraies. Ils constituent les Eudicotylédones archaïques, appelées paléo-eudicotylédones qui comprennent les Proteales, et d'autres familles dont la position est encore indéterminée. Elles possèdent donc des caractères archaïques mais aussi des caractères dérivés correspondant à des innovations évolutives.

Comme de nombreuses Eudicotylédones, ce sont essentiellement des plantes herbacées (certaines sont des arbrisseaux ou de petites lianes ligneuses mais aucune n'est arborescente) des régions tempérées qui constituent une évolution à partir peut-être d'un ancêtre ligneux, ce type de morphologie étant propice au brassage génétique[2]. La plupart ont des feuilles alternes exstipulées, avec des formes présentant une grande diversité, témoin de l'histoire évolutive de cet ordre[3]. Les tiges possèdent des faisceaux vasculaires à structure amphivasale (phloème entouré de xylème) et des rayons médullaires exclusivement largement multisériés[2]. La défense de ces plantes contre les herbivores est assurée par des alcaloïdes de type isoquinoléine (morphine, papavérine) et d'autres substances (hétérosides, saponoside, etc.)[4].

Les fleurs spiralo-cycliques, très diversement construites, n'ont pas atteint la spécialisation suivant un type architectural plus ou moins défini, type qui caractérise les autres ordres angiospermiens. Elles sont solitaires ou se regroupent en inflorescences cymeuses[3]. L'actinomorphie générale de la fleur des Ranunculales met en évidence la très forte zygomorphie constatée dans quelques genres. Le périanthe homochlamyde, caractère archaïque, a tendance à se différencier en calice et corolle. On observe de même le passage de la trimérie à la pentamérie, avec parfois des dispositions trimères par un phénomène de convergence évolutive qui rappelle que les lieux d'apparition des primordia foliaires (les pièces du périanthe étant des feuilles modifiées) sont définis en fonction de contraintes spatiales qui règnent à la surface du petit méristème et qui déterminent en partie[5] la phyllotaxie propre à chaque espèce[6]. Les autres caractères archaïques sont l'androcée polystémone (nombreuses étamines en spirale, basifixes et à déhiscence longitudinale, le gynécée dialycarpellé et la fleur produisant de nombreux (poly-) fruits (-carpes) séparés (méricarpes). Ces fruits produisent des graines albuminées ou exalbuminées contenant un petit embryon[3].

Les fleurs ont souvent des couleurs vives mais aucune plante n'est aromatique, ce qui peut être interprété comme une stratégie optimale d'allocation des ressources, ces plantes privilégiant la biosynthèse des pigments[7].

Histoire évolutive

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D'après des calculs utilisant l'horloge moléculaire, la lignée menant aux Ranunculales se serait séparée des autres plantes au Crétacé il y a environ 132 millions d'années[8] ou 140 Ma[9], et se serait diversifiée il y a environ 115 Ma, approximativement à la même époque que les Rosidae (123–115 Ma) et les Asteridae (119–110 Ma), clades les plus importants du noyau des Dicotylédones vraies[8].

Classification

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En classification phylogénétique APG III (2009)[10], cet ordre comprend aujourd'hui plus de 4 500 espèces réparties en 7 familles :

Cladogramme des familles de Ranunculales[11]
Ranunculales


Eupteleaceae




Papaveraceae





Circaeasteraceae



Lardizabalaceae





Menispermaceae




Berberidaceae



Ranunculaceae








En classification phylogénétique APG (1998)[12] et classification phylogénétique APG II (2003)[13], cet ordre comprenait :

NB : « [+ ...] » = famille optionnelle

En classification classique de Cronquist (1981)[14] il comprenait huit familles :

Notes et références

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  1. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolites, Quae, , p. 84.
  2. a et b (en) Edith L. Taylor, Thomas N. Taylor, Michael Krings, Paleobotany. The Biology and Evolution of Fossil Plants, Academic Press, , p. 940.
  3. a b et c (en) Armen Takhtajan, Flowering Plants, Springer Science & Business Media, , p. 85.
  4. Frédéric Dupont et Jean-Louis Guignard, Botanique. Les familles des plantes, Elsevier Masson, , p. 136.
  5. Il existe aussi des contraintes biochimiques, notamment la compétition dans l'approvisionnement en auxine.
  6. (en) Miho S. Kitazawa, Koichi Fujimoto, « Spiral phyllotaxis underlies constrained variation in Anemone (Ranunculaceae) tepal arrangement », Journal of Plant Research, vol. 131, no 3,‎ , p. 459-468 (DOI 10.1007/s10265-018-1025-x).
  7. (en) Zvi MMB, Negre-Zakharov F, Masci T, Ovadis M, Shklarman E, Ben-Meir H, Tzfira T, Dudareva N, Vainstein A., « Interlinking showy traits: co-engineering of scent and colour biosynthesis in flowers », Plant Biotech. J., 2008, 6(4):, p.403-415.
  8. a et b (en) Magallon S, Gomez-Acevedo S, Sanchez-Reyes LL et Tania Hernandez-Hernandez T, « A metacalibrated time-tree documents the early rise of flowering plant phylogenetic diversity », New Phytologist, vol. 207,‎ , p. 437–453 (DOI 10.1111/nph.13264).
  9. (en) Zeng Liping, Zhang Qiang, Sun Renran, Kong Hongzhi, Zhang Ning et Ma Hong, « Resolution of deep angiosperm phylogeny using conserved nuclear genes and estimates of early divergence times », Nature Communications, vol. 5, no 4956,‎ (DOI 10.1038/ncomms5956).
  10. (en) Angiosperm Phylogeny Group, « An update of the Angiosperm Phylogeny Group classification for the orders and families of flowering plants: APG III », Botanical Journal of the Linnean Society, Wiley-Blackwell, Linnean Society of London et OUP, vol. 161, no 2,‎ , p. 105–121 (ISSN 0024-4074 et 1095-8339, DOI 10.1111/J.1095-8339.2009.00996.X). 
  11. Wei Wang, An-Ming Lu, Yi Ren, Mary E. Endress et Zhi-Duan Chen, « Phylogeny and classification of Ranunculales: Evidence from four molecular loci and morphological data », Perspectives in Plant Ecology, Evolution and Systematics, vol. 11, no 2,‎ , p. 81–110 (DOI 10.1016/j.ppees.2009.01.001)
  12. (en) Angiosperm Phylogeny Group, « An ordinal classification for the families of flowering plants », Annals of the Missouri Botanical Garden, Jardin botanique du Missouri, vol. 85, no 4,‎ , p. 531–553 (ISSN 0026-6493, 2162-4372, 0893-3243 et 2326-487X, DOI 10.2307/2992015, JSTOR 2992015, lire en ligne). 
  13. (en) Angiosperm Phylogeny Group, « An update of the Angiosperm Phylogeny Group classification for the orders and families of flowering plants: APG II », Botanical Journal of the Linnean Society, Wiley-Blackwell, Linnean Society of London et OUP, vol. 141, no 4,‎ , p. 399–436 (ISSN 0024-4074 et 1095-8339, DOI 10.1046/J.1095-8339.2003.T01-1-00158.X). 
  14. (en) Arthur Cronquist, An Integrated System of Classification of Flowering Plants, New York, CUP, (ISBN 0-231-03880-1, OCLC 1136076363, lire en ligne). 

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Catherine Damerval, Annette Becker, « Genetics of flower development in Ranunculales – a new, basal eudicot model order for studying flower evolution », New Phytologist, vol. 116, no 2,‎ , p. 361-366 (DOI 10.1111/nph.14401)
  • (en) Da-Cheng Hao, Ranunculales medicinal plants. Biodiversity, chemodiversity and pharmacotherapy, Academic Press, , 404 p. (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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