Rôle de l'informatique dans les opérations de fusion-acquisition
Chaque transaction obéit à des enjeux métiers : fusions, acquisitions, cessions, coentreprises sont l'incarnation de stratégies d'entreprise.
La finalité de ces opérations varie, cependant, comme toute transformation, les systèmes d'information sont concernés et subissent des modifications profondes de l'ensemble de leurs couches, de l'infrastructure jusqu'à la gouvernance post-réalisation de la transaction. Les SI jouent un rôle majeur dans le bon déroulement de ces opérations et font partie intégrante du processus, dont la finalité est une transition d'un état A vers un état B qui se réalise dans une équation coûts-qualité-délais préservant la continuité des opérations Métiers.
Ces opérations conjuguent plusieurs compétences :
- le conseil en fusion-acquisition, pour préparer la transformation du SI selon les impératifs de la transaction, assimilable à une activité de "design"
- la transformation de systèmes d'information (se rapprochant de la conduite de gestion de projets informatiques, orienté risques)
- la gouvernance de systèmes d'information, afin de préparer la vie du SI post-transformation
Le rôle de l'informatique consiste à offrir un support à ces activités, le DSI se positionnant comme chef d'orchestre et facilitateur général de l'opération.
Les enjeux d'une opération
modifierPréserver la continuité des opérations métier reste l'enjeu numéro 1 des Systèmes d'Information lors des opérations d'intégration. Cela couvre plusieurs aspects :
- permettre aux utilisateurs finaux d'accéder à leur environnement bureautique, sans action de reconfiguration lourde de leur part
- transformer le patrimoine logiciel et matériel conformément aux impératifs de l'opération
- assurer la cohérence des données utilisateurs, personnelles et partagées, en fonction de leur degré d'habilitation propre
- effectuer la conduite du changement nécessaire à limiter les effets de bord auprès de populations touchées
Différents types d'opérations
modifierOn distingue les types d'opérations suivants :
Opération | Stratégie Métier | Exemple | Transformation SI |
---|---|---|---|
Fusion | Concentration horizontale | Rachats de concurrents sur le même marché | Intégration ou fédération |
Fusion | Contratation verticale | Rachats de clients et/ou de fournisseurs | Intégration ou fédération |
Cession | Cession d'une partie de l'activité d'une entreprise | Mise en autonomie | |
Cession | Rachat par un tiers extérieur | Intervention (fonds private equity, concurrent, etc.) | Mise en autonomie |
Dans le cas de cession, les activités s'apparentent souvent à ce qu'on appelle une mise en autonomie (stand-alone). Il s'agit de la transformation à transformer une sous-partie d'un groupe de façon qu'il soit autonome sur sa façon de fonctionner, du point de vue des systèmes d'information (services aux utilisateurs, applications métiers, supports, infrastructures, etc.).
Dans les cas de fusion, les activités consistent à intégrer une sous-partie d'un groupe dans un autre groupe, en abandonnant les services de l'un pour souscrire aux services de l'autre. Dans ces cas là, la question de l'intégration ou de la fédération se pose. Dans certains cas, la fédération est préférable, car moins coûteuse, que l'intégration, parfois difficile.
Les services concernés par les opérations
modifierDans une mise en autonomie ou une intégration, nombreux sont les services qui subissent une transformation. On peut les classer comme suit :
Mise en autonomie | Intégration | |
---|---|---|
Accès Internet | L'entité doit :
|
L'entité doit :
|
Filtrage Internet / Proxy | L'entité doit :
|
L'entité doit :
|
Hébergement | L'entité doit :
|
L'entité doit :
|
Services aux utilisateurs | L'entité doit :
|
L'entité doit :
|
Contrats et licences | L'entité doit :
|
Les données, au cœur de la transaction
modifierOn distingue plusieurs types de données à manipuler dans une transaction :
- Les données personnelles des utilisateurs (leurs fichiers ou leurs archives de messagerie, qui doivent faire l'objet d'un traitement particulier pour inclure ou ne pas inclure de donnés confidentielles)
- Les données partagées sur des espaces de travail (serveurs de fichiers, SharePoint, espaces collaboratifs en ligne)
- Les données hébergées dans les outils métiers (ERP, etc.)
Lors de toute transaction, il va s'agir de délimiter avec précision quelles données sont transférables, par quels moyens et sous quels contrôles. Une question à se poser, lors du transfert de données d'une entité à une autre, est du type "copier-coller" ou "couper-coller". Les données doivent-elles rester à la disposition du vendeur ou de l'acheteur ?
Industrialiser les opérations : l'IT M&A Playbook
modifierCertains groupes, comme Cisco, opèrent ce type d'opération à l'échelle industrielle. À la date de , Cisco avait déjà acquis plus de 149 compagnies, et ce chiffre a crû depuis. La question de l'industrialisation de la démarche se pose donc et la notion de « Playbook », propre à la discipline[2], est désormais déclinée sur les aspects informatiques.
De nombreux écrits sur le sujet sont documentés[3]). Les pas généralement décrits sont les suivants :
- Mise en œuvre de la connectivité réseau
- Intégrer le nouveau site au domaine
- Intégration à la chaîne de support
- Mise en œuvre des dispositifs cibles de support
Les Transition Services Agreements (TSA)
modifierLors d'une transformation, certains services doivent continuer à être fournis par le vendeur (ex : ERP ou maintenance des postes de travail). Dans ces cas là, un TSA est établi (à l'image d'un contrat de fourniture de services) et précise la durée du service, son coût et sa durée.
Post-transformation, la gouvernance
modifierUne fois la transformation terminée, la question de la gouvernance des SI se pose, spécialement dans les cas de fusions. Sous quel modèle gouverner un patchwork ou un ensemble en cours d'intégration dans un grand groupe ? La réponse est contextuelle, et on ne sait arbitrer de façon générique entre un modèle fédéré ou intégré.
Rôle du DSI dans la transaction
modifierLe DSI joue un rôle de plus en plus important dans ces opérations. Si auparavant il n'était pas systématiquement inclus comme partie prenante, il est désormais une pièce maîtresse dans ces opérations.
Celui-ci doit donc avoir une vue claire et à jour de ses actifs (son patrimoine technique, ses infrastructures, ses services et les compétences de ses équipes).
Dans les mises en autonomie, il sera sollicité essentiellement dans le tracé des pointillés qui serviront de démarcation entre le SI à découper et le SI Groupe. Ses alliés seront ses cartographies applicatives et techniques à jour. Il sera également sollicité pour co-élaborer les scenarios de transformation et les architectures cibles à mettre en œuvre. Il contribuera au chiffrage global de la transformation.
Dans les intégrations, s'il est du côté acheteur, il participera à l'arbitrage intégration vs. fédération et s'assurera que la transformation se déroule selon des principes ne mettant pas à risque les opérations quotidiennes.
Notes et références
modifier- « Le défi de l’intégration IT après une fusion-acquisition », sur NOM DE MON SITE, (consulté le ).
- « The Big Idea : The New M&A Playbook », sur Harvard Business Review, (consulté le ).
- « IT M&A Playbook », sur blogspot.fr (consulté le ).
- Eric Fimbel, Alignement stratégique : Synchroniser les systèmes d'information avec les trajectoires et manœuvres des entreprises,
- Le nouvel Economiste, « Fusions-acquisitions : la question des systèmes d'information », Le Nouvel Économiste, (lire en ligne , consulté le ).