Révolution asturienne
La révolution asturienne est une insurrection qui éclata en 1934, à l’instigation des forces socialistes asturiennes, qui voulaient l’abolition du système républicain instauré par la constitution de 1931 et son remplacement par un gouvernement socialiste. Ce fut un fait important dans le processus révolutionnaire survenu en Espagne en 1934. Elle aboutit à la création de l'éphémère République socialiste asturienne.
Date | Du 5 au 19 octobre 1934 |
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Lieu | Asturies (Espagne) |
Issue | Échec de l'insurrection ouvrière. |
République espagnole | République des ouvriers et paysans des Asturies
Soutenu par : |
40 000 hommes | au moins 50 000 hommes |
1 000 tués et blessés | 3 000 tués 7 000 blessés 30 000 prisonniers |
Contexte politique
modifierDepuis le début des années 1930, de fortes tensions politiques existent en Espagne, entre d'un côté la gauche républicaine et socialiste et de l'autre la droite monarchiste et conservatrice[1]. Un gouvernement socialiste mis en place en 1931 peine à mener ses réformes, face à une crise économique importante[2]. Le marque l'entrée dans le gouvernement républicain de la Confederación española de derechas autónomas (CEDA) (Confédération espagnole des droites autonomes). Créé en , ce mouvement réunit des forces politiques hostiles à la République et favorables aux régimes fascistes d’Allemagne et d’Italie[3]. En réaction, et comme cela avait été annoncé, de multiples grèves ont lieu dans plusieurs régions[4].
Dans les Asturies, la Confédération nationale du travail était plus encline à la formation d'alliances ouvrières que dans les autres provinces d'Espagne. Ainsi, la CNT avait signé un pacte en mars avec l'Union générale des travailleurs avec lequel la Fédération socialiste asturienne, représentante du Parti socialiste ouvrier espagnol dans la province, était d'accord. Par la suite, de nouveaux partis socialistes se sont unis à l'Alliance, appelée Union des frères prolétaires, symbolisé par le slogan et acronyme UHP (Uníos Hermanos Proletarios), comme le Parti communiste espagnol, le Bloc ouvrier et paysan ou les Forces socialistes unies.
Les mouvements politiques dans la province des Asturies s'accompagnent de grandes grèves insurrectionnelles notamment d'une grève des mineurs de charbon, très suivie. Les mineurs, travailleurs des gisements de charbon et colonne vertébrale de l'économie des Asturies, disposaient d'armes et de dynamite[5].
République des ouvriers et des paysans
modifierLe , une République des ouvriers et des paysans est proclamée dans la ville d'Oviedo par le comité révolutionnaire, composé des différentes forces de l'Alliance ouvrière, qui avait appuyé et préparé la révolution[6]. Trois jours plus tard, toutes les Asturies étaient gouvernées par les mineurs. Une Armée rouge, composée de 30 000 travailleurs, est créée pour assurer la défense des insurgés[4]. La République des ouvriers et des paysans est dirigée par un comité révolutionnaire, présidé successivement par Ramón González Peña, Teodomiro Menéndez et enfin Belarmino Tomás, président du Parti socialiste ouvrier espagnol.
La République des ouvriers et des paysans donne la terre aux paysans, confisque les usines, juge ses ennemis dans des tribunaux révolutionnaires[7].
Répression
modifierUne armée de 40 000 hommes, commandée par le général de division Franco, est envoyée par la République espagnole pour réprimer la révolte. Elle est formée de soldats de la Légion étrangère et de troupes arabes du Maroc. Au bout d’une quinzaine de jours, l'armée asturienne doit se rendre, faute de munitions. La répression fait 3 000 morts (dont la plupart après la reddition), 7 000 blessés et 30 000 emprisonnés[8].
Retombées
modifierCette insurrection aura un impact fort en Espagne, et inspirera le gouvernement de Front populaire élu en 1936[9]. A l'international, le mouvement marque également les esprits, notamment en France[6]. Il est ainsi souvent mis en parallèle avec la commune de Paris[10]. Il inspire également une pièce de théâtre, Révolte dans les Asturies, sous-titré Essai de création collective, écrite collectivement par Albert Camus, Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, en 1935 et publiée en 1936 par Edmond Charlot.
Notes et références
modifier- Jean-Pierre Amalric, Geneviève Dreyfus-Armand et Bruno Vargas, Présence de Manuel Azaña. Journées Manuel Azaña (actes des 9es et 10es Journées Manuel Azaña, Montauban, 2014-2015), Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes », (ISBN 978-2-8107-0551-1), « Huit ans de République en Espagne: entre réforme, guerre et révolution, 1931-1939 ».
- Antoine (Montpellier), « Lectures de l'été. 1934 : La Révolution asturienne », sur Mediapart (consulté le ).
- référence?
- Guillamón, Agustín, 1950- ... (trad. de l'espagnol), Josep Rebull, la voie révolutionnaire : critique d'Andreu Nin et de la direction du POUM, 1937-1939, Paris, Spartacus, impr. 2014, 169 p. (ISBN 978-2-902963-70-6 et 290296370X, OCLC 894376134, lire en ligne).
- « Révolution asturienne » (consulté le )
- « 1934 : la révolution des mineurs dans les Asturies », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
- (en) Felix Morrow, The Civil War in Spain, Pioneer Publishers, New York, 1936, p. 33 : « The greatest and most glorious struggle took place in Asturias. Here the Workers' Alliances were most nearly like Soviets, and had been functioning for a year under socialist and Communist Left leadership. Peña and Manuel Grossi led the miners, who made up for lack of arms by dynamite, tool of their trade, in a victorious insurrection. The "Workers and Peasants Republic" of Asturias gave the land to the peasants, confiscated the factories, tried their enemies in revolutionary tribunals, and for fifteen historic days held off the Foreign Legion and Moorish troops. There is a saying in Spain that had there been three Asturiases, the revolution would have been successful. Only the failure of the rebellion elsewhere enabled the government to concentrate its full force on Asturias ».
- Emile Martinez, Albert Camus, l'Algérie au cœur..., 13 mars 2010.
- https://www.cairn.info/revue-nouvelles-fondations-2007-2-page-143.htm
- « L’insurrection des Asturies en 1934 », sur Chroniques critiques (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Ignacio Díaz (trad. de l'espagnol par Pierre-Jean Bourgeat), Asturies 1934. Une révolution sans chefs, Toulouse, Smolny, , 256 p. (ISBN 978-2-490793-04-4)
- Manuel Grossi, L'Insurrection des Asturies : quinze jours de révolution socialiste, traduction et présentation par Georges Garnier ; préface de Joaquín Maurín ; postface de Julían Gorkin ; Paris , Études et documentation internationales, 1972.
- Collectif, Rouge charbon. L'insurrection de 1934 dans les Asturies et en Espagne : actes du colloque de Nérac du 18 et , Éditions d'Albret, Ancrage, 2015.
- Le chant des Asturies, d'Alfonso Zapico, roman graphique traduit de l'espagnol (titre originel : La balada del norte) de près de 1 000 planches en quatre volumes
Articles connexes
modifier- Révolution de 1934
- Saints Martyrs de Turón
- Révolte dans les Asturies, pièce de théâtre d'Albert Camus
- Grèves de 1962–63 en Espagne
Lien externe
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- (en) José Luis Mulas Hernandez, The Asturian Commune of 34