Révolte des Maccabées

révolte qui se déroule de 167 à 140 av J-C contre la tyrannie des rois séleucides

La révolte des Maccabées qui se déroule de 167 à est à la fois une révolte des Juifs de Judée contre les Séleucides et un conflit interne au peuple juif opposant les traditionalistes aux Juifs hellénisants. Elle tire son nom de la famille des Maccabées, dont Mattathias et ses fils Judas et Simon. Cet épisode est raconté dans les deux premiers Livres des Maccabées et conduit à la fondation de la dynastie des Hasmonéens.

Révolte des Maccabées
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date 167 -
Lieu Judée (royaume séleucide)
Issue

Victoire des Maccabées

Belligérants
Royaume séleucide Maccabées
Commandants
Antiochos IV
Antiochos V
Démétrios Ier
Lysias
Nicanor
Gorgias
Bacchidès
Mattathias
Judas Maccabée
Jonathan Maccabée
Simon Maccabée

Batailles

Contexte historique

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La question du judaïsme hellénistique

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La révolte des Maccabées a été à la fois une révolte des Juifs pieux contre la dynastie grecque des Séleucides et un conflit interne au peuple juif opposant des traditionalistes hostiles à l’évolution de la tradition juive au contact de la culture grecque et des Juifs hellénisants plus favorables au métissage culturel. Les dirigeants de cette révolte sont Mattathias et ses fils, notamment Judas Maccabée et Simon.

Après la mort d’Alexandre le Grand en 323, la Judée passe sous le contrôle des Lagides d’Égypte et fait partie de la province de Syrie-Phénicie. S’ouvre alors une période de rencontre entre le judaïsme et la culture grecque aussi bien en Judée que dans la Diaspora[1]. À l’issue de la cinquième guerre de Syrie, vers 201, Antiochos III prend le contrôle de la Judée ; mais en 188, les Séleucides sont vaincus par les Romains lors de la guerre antiochique et doivent verser une colossale indemnité à Rome, conduisant Antiochos IV Épiphane, successeur d’Antiochos III plus ou moins soutenu par les Romains, à alourdir la fiscalité en Judée, obligeant le grand-prêtre, nommé par le pouvoir séleucide, à entamer le trésor du temple de Jérusalem[1]. À cette époque, le grand-prêtre est un personnage de première importance ; c’est lui qui est habilité à prélever de l’argent sur le trésor du temple pour payer le tribut exigé par Antiochos IV.

Jason et la fondation d'Antioche-Jérusalem (175)

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Héliodore chassé du Temple, Raphaël, Vatican (1511-12).

En , au moment où meurt Séleucos IV, le grand-prêtre des Juifs, Onias III, est à Antioche pour se justifier d’avoir refusé le prélèvement des trésors du temple de Jérusalem par le ministre séleucide, Héliodore. Il est accompagné de son frère, Joshua, qui se fait appeler Jason. Celui-ci intrigue auprès du nouveau roi, Antiochos IV, frère du précédent, dont la légitimité est contestée : c’est à son neveu, otage à Rome, que devrait revenir la royauté. Jason fait une triple proposition au nouveau roi : qu’il le nomme, lui Jason, comme grand-prêtre à la place d’Onias, qu’il lui accorde le droit de transformer la ville de Jérusalem en une nouvelle cité grecque, une polis, et en échange, il lui promet une augmentation du tribut et le versement d’importantes sommes supplémentaires[2]. Antiochos accepte. Premier point essentiel : la transformation de Jérusalem en cité grecque ne se fait pas à l’initiative du roi, mais des Juifs hellénisés.

Par ailleurs, à l’époque où Antiochos IV Épiphane prend la tête de l’empire Séleucide en 175, un parti hellénique s’établit en Judée pour une longue période. Une forteresse séleucide, l'Acra, se dresse au cœur de Jérusalem qui devient une polis grecque. Rentré à Jérusalem, Jason établit la liste des nouveaux citoyens de cette Antioche de Jérusalem (pour la distinguer des nombreuses autres Antioche), fonde un gymnase au pied du mont du Temple et un éphébéion, un organisme de formation des futurs citoyens[3]. Jason a donc fondé une cité grecque à Jérusalem, pratique courante à l'époque, dans une région, la Judée, qui possède déjà une gérousia ; il ne semble pas avoir bouleversé les institutions politiques ; d'ailleurs, son pire adversaire, l’auteur du Deuxième Livre des Maccabées, un contemporain, ne lui en fait pas le reproche. En outre, beaucoup de Juifs aisés souscrivent à ce qui leur apparaît comme une utile modernisation de la société juive : les prêtres se précipitent au gymnase dès que retentit le gong annonçant le début de la distribution d’huile[réf. nécessaire].

 
Indication du Tombeau de Jason (Joshua), Réhavia, Jérusalem.

Hellénisant enthousiaste, Jason envoie des athlètes aux jeux en l’honneur de l’Héraclès tyrien Melkart[4]. Est-ce à dire que ces Juifs sont prêts à renoncer à leurs rites et aux préceptes de la Loi ? L’auteur de II Maccabées est obligé de convenir que non : lorsqu’ils partent assister à Tyr aux concours gymniques en l’honneur d’Héraclès, invités comme tous les habitants des cités grecques de la région, les Antiochiens de Jérusalem dépensent les sommes d’argent à acheter des équipements pour des trières, non à sacrifier aux idoles[5]. Le contraire aurait étonné : qui imaginerait que le grand-prêtre juif cherche à abolir la religion qui est le fondement de son pouvoir ? Pour plusieurs historiens, en particulier Martin Hengel[6], il est clair que Jason, poussé par une partie des élites hellénisées de Judée, cherche à gommer les différences entre les Juifs et leurs voisins, à les faire entrer en quelque sorte dans le monde moderne, qui est largement hellénisé. La réforme de Jason a d'ailleurs rencontré un réel succès, confirmé par les deux Livres des Maccabées[7]. Mais cela ne signifie pas que Jason est prêt à renoncer aux préceptes essentiels de sa religion.

La réforme de Jason ne va cependant pas sans problème. D’abord, il a obtenu son poste par l’intrigue et en promettant de l’argent : c’est le peuple qui paie. De plus, aux yeux des Juifs traditionnels, ceux qui sont étrangers aux modes nouvelles, il est difficile de comprendre comment on peut rester Juif en adoptant des mœurs aussi étrangères à la tradition que la nudité du gymnase. D’autant que les Juifs qui fréquentent le gymnase en viennent soit à masquer leur circoncision (« ils se firent faire des prépuces[8] »), soit à y renoncer pour leurs enfants mâles, violant alors la loi de la Torah. D’après Maurice Sartre, Jason a joué un rôle majeur dans cette évolution[2], en se voulant l'artisan d'une réforme qui effacerait le particularisme juif sans abolir le judaïsme.

Du pontificat de Ménélas à l'Édit de persécution (172-167)

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Monnaie à l'effigie d'Antiochos IV.

À côté des tensions créées au sein de la population juive entre les partisans d’une hellénisation forcée et les traditionalistes, la révolte des Maccabées s’inscrit sur un fond de corruption et de crise politique créée autour du poste de grand-prêtre.

En achetant sa charge, Jason a ouvert la porte à la concurrence : de fait, en , un de ses parents, Ménélas, dont le nom dit assez l’hellénisme, issu d’une famille sacerdotale apparentée au grand-prêtre, intrigue à son tour auprès d’Antiochos. Il est nommé grand-prêtre à la place de Jason en 172 et fait assassiner Onias III alors réfugié à Antioche. Son frère Lysimaque prend au temple de Jérusalem des vaisseaux sacrés, provoquant en 170 des émeutes et la mort du voleur tombé entre les mains des émeutiers. Ménélas est arrêté et traduit en justice devant Antiochos, mais ce dernier parvient à le faire libérer en donnant de l’argent. Jason revient comme grand-Prêtre à la place de Ménélas en 168. Antiochos est outré par le fait que son poulain Ménélas ait été renvoyé. Il fait mettre le temple à sac et remet en place Ménélas[9]. Ce retour de Jason intervient après plusieurs années de guerre entre les factions juives de Ménélas et de Jason, toutes deux hellénisantes, mais celle de Ménélas est certainement plus radicale et plus prompte à renoncer aux traditions juives. S’ouvre alors une période de guerre civile entre les deux factions hellénisantes[2].

 
Section en araméen sur Antiochos IV sur un siddour yéménite.

Le peuple, impuissant, assiste à cette guerre civile dont il paie la facture. La pression fiscale au profit du roi, entre 175 et 169 a été si forte qu'elle doit être prise en compte dans le soulèvement populaire sur le point d'éclater. Certains fuient au désert, d’autres s’agitent. On passe de l’indignation muette à un début de révolte à laquelle Ménélas est incapable de faire face. Il fait appel aux troupes royales, tandis que Jason, vaincu, se réfugie d’abord chez le roi des Nabatéens à Pétra, puis à Sparte. Les troupes séleucides – deuxième fait capital – interviennent donc d’abord pour mettre fin à des troubles entre Juifs[10].

En 170-169, Antiochos IV, qui ne s’est guère soucié de l’affaire, sauf pour nommer le grand-prêtre et empocher le plus d’argent possible (il a une lourde dette de guerre envers les Romains et compte lancer de nouvelles expéditions contre l’Égypte et en Iran), commence à s’inquiéter. Pourquoi les Juifs s’agitent-ils ? Il doit faire campagne contre l’Égypte au printemps 169, et il ne convient pas de laisser sur ses arrières un foyer de rébellion susceptible de le couper de ses bases syriennes. À ses questions sur les causes des troubles en Judée, on a dû lui répondre que les Juifs se disputaient au sujet de la Loi : le texte de II Maccabées oppose constamment ceux qui font preuve de zèle pour la Loi (Torah), et ceux qui font preuve de zèle contre la Loi, c'est-à-dire les hellénistes qui ne sont pas hostiles à la Loi mais en proposent une interprétation moderne. Antiochos IV en déduit une mesure politique radicale et désastreuse mais logique : si les Juifs se disputent au sujet de la Loi, supprimons la Loi ! D’ailleurs, il est habituel qu’un peuple révolté perde le privilège de s’administrer selon ses propres lois.

 
Tétradrachme sous Antiochos IV : tête barbue de Zeus portant couronne de laurier (168-)

À l'automne 168, Antiochos IV promulgue donc un édit pour abolir la Torah. C’est ce que l’on nomme abusivement l’édit de persécution, qui aboutit de fait à l’interdiction du judaïsme. Les Juifs sont sommés d’abandonner les pratiques essentielles de leur religion : le sacrifice juif est interdit, les fêtes et la circoncision sont mises hors-la-loi avec peine de mort pour ceux qui continuent à observer le Chabbat[11]. Le temple de Jérusalem est consacré à Zeus Olympien[4].

On voit par quel enchaînement on en est arrivé là. Il n’y a chez Antiochos nul fanatisme, nulle intention de réaliser l’unité de ses États ou d’étendre la religion ou la culture grecque : on se demande où il aurait puisé une telle idée, totalement étrangère aux Grecs. Aucun roi hellénistique, pas plus Antiochos IV qu’un autre, ne s’est soucié d’helléniser ses sujets dont il attend seulement qu’ils paient le tribut et se soumettent à son autorité. Rien dans la politique d’Antiochos IV, bien connu par ailleurs pour son esprit de tolérance, ne laisse entrevoir la moindre volonté d’une politique d’hellénisation forcée, ou de promotion des cultes grecs. Mais, comme ses prédécesseurs et ses successeurs, lorsque des indigènes suffisamment hellénisés souhaitent acquérir le statut favorable d’une polis, il le leur accorde si cela ne contredit pas ses intérêts[12].

Là où Antiochos IV commet une magistrale erreur politique, c’est qu’il n’avait pas compris qu’abolir la Torah ne revenait pas seulement à priver les Juifs de leurs lois civiles, mais conduit à l’abolition du judaïsme. Nombre de Juifs pieux préférèrent le martyre (d’où les récits édifiants de II Maccabées), alors que d’autres fuient dans le désert. La répression est d’autant plus sanglante que beaucoup de Grecs et de Syriens accusaient les Juifs d’arrogance, leur reprochant de nier la divinité des dieux des autres, de refuser de partager leurs repas et d’éviter tout contact sous prétexte de pureté rituelle.

La révolte contre les Séleucides

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La guérilla des Maccabées

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Matthatias refuse de sacrifier aux idoles, G. Popelin (1882).

C’est à ce moment-là (courant 168, début ) qu’interviennent Mattathias (he. מתתיהו בן יוחנן הכהן, Matityahou ben Yohanan HaCohen) et ses fils, notamment son troisième fils Judas, le seul à qui convienne le nom de Maccabée (he.מקבים) d’étymologie incertaine. La révolte est déjà bien commencée, mais sans chef et sans objectifs clairs. D’après le premier Livre des Maccabées, texte qui exalte la dynastie issue de Mattathias[4], des officiers du roi se seraient adressés à Mattathias, notable respecté de Modi’in, pour lui demander d’accomplir un sacrifice païen en lui faisant miroiter d’être introduit parmi les « amis du roi ». Mattathias refuse, tue un juif qui a accepté de sacrifier ainsi que l’officier du roi, et s’enfuit avec ses fils dans la montagne[13].

La révolte des Maccabées vise d’abord les Juifs hellénisés qui accommodent l’antique tradition juive avec des ingrédients de culture grecque, et ensuite l’occupant étranger qui taxe durement le pays en même temps qu’il favorise aussi l’expansion du mode de vie et de la culture grecque[4].

L’intervention de Mattathias et de ses fils vers 168-167 aurait été décisive pour donner des chefs et une organisation militaire à une révolte entamée par des Juifs pieux qui se laissaient massacrer le jour du Shabbat pour ne pas violer la Loi[2]. Si l’on connaît mal ces groupes de hassidim ou pieux engagés aux côtés des Maccabées, il est clair que ces derniers doivent accepter dès le début des compromis avec la Loi, comme combattre le jour du Shabbat[4]. À la mort de Mattathias (166), la direction de la résistance passa à son troisième fils Judas Maccabée, qui a laissé son surnom à toute sa famille. Cette même année 166 voit la victoire des rebelles sur le gouverneur de Syrie à la bataille de Beth Horon. L’année suivante, Judas défait Nicanor et Gorgias dans leur propre campement lors de la bataille d'Emmaüs[14]. Les deux ou trois premières années de la révolte ont été mises à profit pour organiser la force militaire juive.

En 165, Lysias retire ses forces militaires, probablement avec l'intention de négocier. De la fin 165 au printemps 163, les séleucides ne tentent pas de nouvelle invasion. Judas profite de ce répit pour prendre le contrôle de Jérusalem. Dès décembre 165 ou 164[15], Jérusalem est délivrée et le temple à nouveau dédié à Yahweh. Après la mort d’Antiochos IV en Perside à l’automne 164, et l’avènement d’un roi mineur, Antiochos V, des négociations s’ouvrent : non seulement les deux principaux ministres du roi défunt s’affrontent, mais une mission sénatoriale romaine de passage dans la région a fait savoir qu’elle apportait son plein soutien aux Juifs, de manière à affaiblir un peu plus les Séleucides.

En 164, la fête juive de la Dédicace, Hanoucca, est célébrée pour la première fois dans le temple rendu au seul culte juif[4]. Dès le printemps 163, l’édit de persécution est rapporté. Judas obtient du régent syrien Lysias la liberté de culte pour les Juifs. La guerre se poursuit néanmoins dans la confusion, probablement parce que les communautés juives dispersées aux abords de la Judée se sentent menacées : on connaît ainsi des expéditions de Judas et de ses frères en Syrie du Sud, en Transjordanie, en Idumée (Négev) pour secourir des Juifs persécutés. D’autre part, les troupes séleucides n’ont pas été vaincues : elles continuent à occuper la citadelle de Jérusalem, l'Acra, jusqu’en 141, protégeant par sa seule présence les Juifs hellénisants[14]. En fait, il s’agit d’une guerre impossible : les Juifs révoltés mènent une guérilla contre laquelle les troupes régulières séleucides sont désarmées, alors que les Juifs sont incapables de battre les Séleucides en rase campagne.

Vers la victoire des Maccabées

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Maccabees et Flavius Renatus, Pays-Bas (1190-1200).
Maccabees et Flavius Renatus, Pays-Bas (1190-1200).

La mort d’Antiochos IV et l’accalmie de n’entraînent pas la fin des combats. Les réussites militaires de Judas le poussent à assiéger l'Acra, dernier lieu symbole de la présence séleucide à Jérusalem. Les Séleucides réagissent avec force et montent une expédition vers Jérusalem depuis les monts d'Hébron. En 162, à la bataille de Beth Zacharia, Eléazar, frère de Judas, est écrasé par un éléphant de guerre qu’il a tenté de prendre d’assaut. Un an plus tard, les troupes grecques sous la conduite de Nicanor sont en partie anéanties ; mais à la bataille d’Élasa en 160, c’est Judas qui meurt à son tour, laissant la place à son frère Jonathan.

Jonathan mène une politique d’alliance avec Rome pour mieux combattre le gouverneur Bacchidès qui a mis en poste à Jérusalem le Grand Prêtre hellénisant Alcime. De 160 à 158, ce sont les hellénisants qui tiennent le haut du pavé à Jérusalem alors que leur protecteur Bacchidès construit des fortifications notamment à Béthel, Beth-Horon et Emmaüs[14].

Alors que la guerre s’essouffle, qu’un accord politique est intervenu entre les Maccabées conduits désormais par Jonathan et leurs adversaires et que les hellénistes les plus extrémistes sont éliminés (Ménélas a été exécuté de façon atroce à Alep), un nouveau grand-prêtre, Alcime, choisi parmi les hellénistes modérés, est désigné. Après sa mort en , pourtant, il n’est pas remplacé. Pour Maurice Sartre, la nomination d’Alcime, hellénisant modéré, était acceptée par les révoltés[2]. Pour Élie Barnavi, un accord entre Jonathan et Bacchidès, ministre du souverain Démétrios Ier Sôter, le successeur d’Antiochos IV, n’est réalisé qu’en 152[14]. La chronologie des années 157-152 pose un problème. En 152, Jonathan, profitant de la guerre civile qui oppose deux prétendants au trône à Antioche, parvient à se voir reconnaître le titre de grand-prêtre (auquel il n’a pas droit) en même temps qu’il est honoré de titres de cour séleucides.

Bilan de la révolte

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Le Martyre des Sept Maccabées, A. Ciseri (1863).

Démétrios Ier meurt en  ; Démétrios II lui succède. Mais l’un de ses rivaux, Diodote Tryphon, fait prisonnier Jonathan et le met à mort. Simon Maccabée, deuxième fils de Mattathias, succède à son frère cadet. D’après Élie Barnavi, Démétrios II reconnaît l’indépendance de l’État hasmonéen[14], nom donné à la dynastie issue des Maccabées, mais d’après Maurice Sartre, aucun Séleucide ne reconnaît l’indépendance juive[2],[16] : des tentatives sont d’ailleurs lancées en 131-130 (avec succès), puis en 87 (sans succès) pour récupérer la Judée. Mais les rois d’Antioche, affaiblis par une querelle dynastique qui empoisonne la vie du royaume jusqu’à sa disparition en 64, sont la plupart du temps incapables de contester l’indépendance de fait conquise par ceux que l’on nomme désormais les Hasmonéens, fondateurs d’un nouvel État juif fortement hellénisé. Simon est considéré comme le fondateur de la dynastie des Hasmonéens. En 140, il est proclamé « grand-prêtre, stratège et ethnarque » à titre héréditaire. Aristobule Ier prend le titre de basileus en 104-103. L’autonomie juive dure jusqu’en 63, quand Pompée prend Jérusalem et soumet la Judée à l’autorité romaine.

La révolte des Maccabées apparaît, selon les mots de Maurice Sartre, comme une lutte de libération rapidement couronnée de succès[2]. Les Maccabées savent également profiter des faiblesses de la dynastie séleucide, minée par des querelles internes. Leur diplomatie peut prendre parti pour l’usurpateur du moment, auquel ils arrachent des concessions, ou nouer des alliances lointaines, comme avec Sparte, tout en s’assurant de la bienveillance de la puissance romaine[4]. En même temps, ils ne manquent pas de recourir à ce qu’Élie Barnavi appelle les « armes idéologiques » en établissant des parallèles entre la situation politique contemporaine et celles d’autres époques où le peuple juif était en butte à des problèmes d’assimilation ou d’assujettissement. Les partisans des Maccabées écrivent le Livre de Daniel, le Livre de Judith et le Livre d’Esther qui évoquent plus ou moins la Débora du Livre des Juges[4].

À partir d’une guerre civile s’est donc produit une escalade lorsque le royaume séleucide a soutenu les Juifs hellénisés dans leur conflit avec les traditionalistes[17]. Au fur et à mesure que le conflit prend de l’ampleur, Antiochos prend le parti des juifs hellénisants en interdisant les pratiques des traditionalistes. Ceci peut expliquer pourquoi Antiochos aurait complètement rompu avec la politique suivie par les Séleucides en d’autres lieux et d’autres époques et en serait venu à interdire la religion traditionnelle de tout un peuple[18][source insuffisante],[2].

Historiographie

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Prise de Jérusalem par le roi Antiochus, La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, trad. par Guillaume Coquillart (1480-1485).

Les quatre Livres des Maccabées sont reconnus par les orthodoxes comme partie de la Bible, tandis que les catholiques ne reconnaissent que les deux premiers. Ils font partie des Livres deutérocanoniques. Les protestants et les Juifs n’en reconnaissent aucun. C’est uniquement par la Hanoucca de 164 que la révolte des Maccabées fait partie de la tradition rabbinique, le reste de l’histoire provient de textes grecs, recueillis plus tard par les chrétiens[4]. L’historien juif Flavius Josèphe a repris ces récits dans sa Guerre des Juifs[19].

Ces textes présentent l’hellénisation et les persécutions menées par Antiochos IV comme la cause de la révolte, mais la plupart des historiens modernes mettent en avant qu’Antiochos est d'abord intervenu dans une guerre civile interne à la population juive, mettant aux prises juifs traditionalistes et juifs hellénisés[20],[21],[22],[23]. La compétition pour le poste de grand-prêtre oppose des traditionalistes portant des noms hébreux ou araméens, comme Onis, et des hellénisants qui portent des noms grecs comme Jason ou Ménélas[24]. D’autres auteurs soulignent, pour expliquer la guerre civile, les causes socio-économiques à côté des causes purement religieuses[25].

Archéologie

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Une preuve de la révolte des Maccabées dans le désert de Judée contre le royaume grec séleucide est trouvée lors de fouilles en 2022 sur le site archéologique de la grotte de Murabba'at, dans la réserve naturelle du ruisseau Darageh près de la mer Morte[26]. Il s'agit d'un petit trésor contenu dans une boîte en bois, renfermant un morceau de tissu de laine pourpre et 15 pièces d'argent, frappées de la figure de Ptolémée VI, roi d'Égypte, qui avait régné en même temps que son oncle Antiochos IV, soit datées de 176 à 170 avant J.-C., cachée depuis environ 2 200 ans en ce lieu quand Antioche s'apprêtait à piller le temple de Jérusalem[26].

Notes et références

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  1. a et b Élie Barnavi, Histoire universelle des Juifs, Hachette Littérature, 2002, p. 40.
  2. a b c d e f g et h Maurice Sartre, « Des Maccabées très sulpiciens ! (version archivée) », sur booksmag.fr, (version du sur Internet Archive)
  3. Sartre 2003, p. 339-340.
  4. a b c d e f g h et i Barnavi, op. cit., p. 44.
  5. Sartre 2003, p. 341-342.
  6. Martin Hengel, Hellenism and Judaism, Londres, 1976, tome I, p. 278.
  7. Sartre 2003, p. 343.
  8. Premier livre des Maccabées, I, 15.
  9. (en) Oesterly, W.O.E., A History of Israel, Chapter 16 (Oxford, 1939).
  10. Sartre 2003, p. 344-345.
  11. Sartre 2003, p. 346-349.
  12. Sartre 2003, p. 350-353.
  13. 1Maccabées, 2, 1-22
  14. a b c d et e Barnavi, op. cit., p. 45.
  15. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2130563969), p. 331
  16. Sartre 2003, p. 333.
  17. (en) Leon James Wood, A Survey of Israel’s History, Zondervan, 1986, (ISBN 0-310-34770-X), p. 357.
  18. (en) Tchrikover, Victor. Hellenistic Civilization and the Jews.
  19. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre XII, chapitre 5-11 Version française en ligne.
  20. (en) Joseph Telushkin, Jewish Literacy: The Most Important Things to Know about the Jewish Religion, Its People, and Its History, W. Morrow, 1991, (ISBN 0-688-08506-7), p. 114.
  21. (en) Sarah Iles Johnston, Religions of the Ancient World: A Guide, Harvard University Press, 2004, (ISBN 0674015177), p. 186.
  22. (en) Irving Greenberg, The Jewish Way: Living the Holidays, Simon & Schuster, 1993, (ISBN 0-671-87303-2), p. .29
  23. (en) Joseph P.Schultz, Judaism and the Gentile Faiths: Comparative Studies in Religion, Fairleigh Dickinson Univ Press, 1981, (ISBN 0-8386-1707-7), p. 155.
  24. (en) Robert H. Gundry, A Survey of the New Testament, Zondervan , 2003, (ISBN 0-310-23825-0), p. 9.
  25. (en) David Noel Freedman, Allen C. Myers, Astrid B. Beck, Eerdmans Dictionary of the Bible, Wm. B. Eerdmans Publishing, 2000, (ISBN 0-8028-2400-5) p. 837.
  26. a et b Xavier Martinage, « Première preuve dans le désert de Judée de la révolte des Maccabées contre le royaume grec séleucide », sur Geo.fr, (consulté le )

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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