Révo. cul. dans la Chine pop.
Révo. cul. dans la Chine pop.[1] est un ouvrage formé essentiellement d'extraits de la presse des gardes rouges chinois et paru en France en 1974. Il a été dirigé par le sinologue Guilhem Fabre[2].
Présentation
modifierComposé à contre-courant à une époque où des écrivains et des intellectuels européens comme Roland Barthes, Philippe Sollers ou Maria-Antonietta Macciocchi citaient en exemple de progrès la Révolution culturelle chinoise, il avait pour objectif avoué de démonter les mythes entretenus sur celle-ci en exposant les discours publics qu'elle produisait.[réf. nécessaire]
Le titre, provocateur, constituait une manière de prendre ses distances par rapport à l'image communément acceptée. Le chroniqueur Delfeil de Ton s'amusera dans Charlie Hebdo de voir le journal Le Monde le nommer pour ses lecteurs Révolution culturelle dans la Chine populaire.
Avec Ombres chinoises (1974) et Les Habits neufs du président Mao (1971), deux critiques de la Révolution culturelle écrites par Simon Leys, ce livre était très apprécié des milieux situationnistes, adversaires résolus du maoïsme.
Postérité
modifierEn 2008, le département « Philosophie, histoire et sciences de l'homme » de la Bibliothèque nationale de France proposa une sélection bibliographique sur la Révolution culturelle. Si, parmi les ouvrages retenus, se pressaient les écrits de Maria-Antonietta Macciocchi, Jean Daubier, Alain Peyrefitte, K.S. Karol, Han Suyin ou Alberto Moravia, par contre aucun des titres de Simon Leys concernant cette période ne fut retenu, ni aucun titre de la « Bibliothèque asiatique » du situationniste René Viénet, ni Révo. cul. dans la Chine pop.[3].
Sur les sources
modifierLe livre commence par un chapitre intitulé Quand la Chine tremblera le monde s'éveillera[4], comportant :
« À force de renifler l'oignon des bureaucrates, les Gardes rouges ont fini par pleurer… Grâce à Leys, on sait que la Révo. cul. dans la Chine pop. se ramène essentiellement à un règlement de comptes au sein de la classe dirigeante. »
Le journaliste Francis Deron du Monde indique à propos des sources des Habits neufs qu'il s'agit : « Des démarquages de poncifs sur des feuilles de papier calque fournies par des services de propagande de Pékin eux-mêmes déboussolés.[...] En fait, Leys ne faisait que lire sans lunettes déformantes la presse du régime et ses émanations, toutes bien assez éloquentes pour permettre de dresser de premiers constats. »[5].
L'agence de presse catholique Églises d'Asie, indique que cette vision que donne de la Révolution culturelle Pierre Ryckmans, spécialiste de la littérature classique chinoise, est celle du père jésuite László Ladány, qui dirigeait, à Hong Kong, un centre recueillant et analysant les informations sur la situation en Chine à l'époque et qui professait, dans son bulletin hebdomadaire China News Analysis, que la révolution culturelle était « un conflit de personnes et une immense lutte pour le pouvoir »[6].
Simon Leys revendique, dès 1972, l'exhaustivité des sources utilisées. Dans la presse communiste chinoise, ce sont : Renmin Ribao (Le Quotidien du Peuple), Hong qi (Drapeau rouge), Jiefang jun bai (journal de l'Armée populaire de libération), Wenhui bao. Simon Leys utilise aussi les publications des Gardes rouges. Pour la presse de Hong Kong, il lit Da gong bao, journal officiel du régime communiste, Ming bao (Gauche indépendante), Xingdao ribao (droite)... Simon Leys cite aussi les sources des annexes, avec de nombreux documents relatifs à l'affaire Peng Dehuai. Pour les biographies, Simon Leys utilise le Biographical Dictionary of Républican China de Boorman, le Who's Who in communist China, Huang Zhenxia , Zhonggong junren zhi, China News Analysis[7],[8].
Notes et références
modifier- Préparée par Hector Mandarès, Gracchus Wang Ed. Redon, Katia Nguyen, Xi Xuanwu, Révo. cul. dans la Chine pop. : Anthologie de la presse des Gardes rouges (mai 1966-janvier 1968), Bibliothèque asiatique, Union générale d'éditions, Coll. 10/18, Paris, 1974, 448 p.
- CV de Guilhem Fabre sur cecmc.ehess.fr.
- Pierre Boncenne, Le Parapluie de Simon Leys, Philippe Rey, 192 p., p. 81.
- Clair retournement du titre de l'ouvrage d'Alain Peyrefitte, Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera paru en 1973, soit très peu de temps avant cet ouvrage daté de 1974.
- Francis Deron "Les Habits neufs du président Mao", par Francis Deron Le Monde, 6 août 2008
- À propos de Pierre Ryckmans, alias Simon Leys, et des sources qui ont inspiré Les Habits neufs du président Mao, Églises d'Asie, 21 août 2014.
- Simon Leys, Essais sur la Chine, pages 223 et suivantes.
- Pierre Boncenne, Le parapluie de Simon Leys, Philippe Rey, 192 pages, p. 37.« Dès 1972, à l'occasion d'une réédition des Habits neufs, Simon Leys donnera une liste détaillée de ses sources, pour la plupart en langue chinoise avec une place prépondérante accordée à la presse officielle de Chine populaire comme à celle des Gardes rouges (bien des références figuraient déjà dans le texte de la première édition). Quant à la stupide allégation consistant à douter d'informations en provenance de Hong Kong, c'était ignorer qu'il s'agissait du meilleur poste d'observation pour découvrir - parfois en avant première - des documents relatifs au régime communiste et pour recueillir d'innombrables témoignages individuels. Grâce aux voyageurs réguliers, aux immigrants clandestins, aux anciens gardes rouges ayant échappé à la répression, aux habitants gardant des contacts familiaux, aux journalistes ou aux chercheurs comme le père Ladany, ce jésuite d'une science extraordinaire qui faisait paraître le périodique China News Analysis, à Hong Kong on disposait vraiment de données précises et variées sur la réalité chinoise ».