Quatuor à cordes no 13 de Beethoven
Le Quatuor à cordes no 13 en si bémol majeur, op. 130, de Ludwig van Beethoven, est achevé en décembre 1825 et publié en mai 1827, avec une dédicace au prince Nikolai Galitzine. Il est chronologiquement le troisième des cinq derniers quatuors de Beethoven.
Quatuor à cordes no 13 en si bémol majeur opus 130 | |
Page de titre du Quatuor à cordes no 13 publiée à Vienne chez Artaria, en mai 1827 (en français) | |
Genre | Quatuor à cordes |
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Nb. de mouvements | 6 |
Musique | Ludwig van Beethoven |
Effectif | 2 Violons, 1 Alto, 1 Violoncelle |
Durée approximative | environ 45 minutes |
Dates de composition | 1825 |
Dédicataire | Prince Galitzine |
Commanditaire | Prince Galitzine |
Création | Vienne, Autriche |
Interprètes | Schuppanzigh et son quatuor |
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Histoire de l'œuvre
modifierBien que la numérotation l'ait placé après le Douzième, le Treizième Quatuor est chronologiquement postérieur au Quinzième; il est achevé en décembre 1825[1].
Long de six mouvements, le Treizième Quatuor s'achevait au départ avec la Grande Fugue. Il est d'abord créé par le Quatuor Schuppanzigh le [2] et ne fut qu'un semi-succès : seuls les deuxième et quatrième mouvements (les plus courts) ayant été applaudis au point d'être bissés. Beethoven se faisant raconter la scène par son neveu Karl, se met en colère et déclare[3],[4] :
« Les bœufs ! Les ânes ! oui, ces friandises ! ils se les font resservir encore une fois ! Pourquoi pas plutôt la fugue ? Elle seule aurait dû être rejouée. »
Mais devant l'incompréhension du public et sur insistance de son éditeur Artaria, Beethoven se résolut à séparer la fugue du reste du quatuor et composa à l'automne 1826 un finale de substitution qui resta sa dernière œuvre achevée.
Le Treizième Quatuor est publié, après la mort de Beethoven, en mai 1827[5] chez Mathias Artaria à Vienne, avec une dédicace au prince Nikolai Galitzine[5]. Le titre est en français : « Troisième Quatuor pour deux violons, Alte et Violoncelle des quatuors composés et dédiés à son Altesse Monseigneur le Prince Nicolas de Galitzine par Louis van Beethoven »[6].
Appréciations
modifierLa somptueuse cavatine qui tient lieu de cinquième mouvement est considérée comme le sommet dramatique de l'œuvre et la page la plus pathétique jamais écrite par Beethoven, le compositeur ayant avoué « qu'il avait composé cette cavatine véritablement dans les pleurs de la mélancolie » et que « jamais sa propre musique n'avait fait sur lui une telle impression »[7].
Certains commentateurs, toutefois, placent très haut la fraîcheur, la grâce et la sensibilité[8] du troisième mouvement (Andante con moto, ma non troppo. Poco scherzando). C'était le mouvement que Theodor Helm[9] préférait dans le quatuor et Daniel Gregory Mason mit quatre mesures de ce mouvement en frontispice de son étude sur les quatuors de Beethoven[10].
Selon Théodore Adorno : "...Harmoniquement aussi, les moyens de la tonalité sont utilisés aux fins de rendre celle-ci étrangère, par la dissimulation des degrés, comme au début de la cavatine du quatuor opus 130, où la tonique survient en quelque sorte trop tôt, c’est-à-dire non pas à l’entrée du thème principal, mais dès l’introduction, créant ainsi un sentiment d’incertitude quant au moment où il commence..."[11].
Le Treizième Quatuor est sans doute le plus abouti des quatuors de Beethoven avec le Quatorzième. C'est en tout cas le plus tendu et le plus introspectif[réf. nécessaire].
Structure
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Fichier audio | |
Quatuor à cordes n° 13 op 130 – V: Cavatine (piano) | |
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L'œuvre comporte six mouvements :
- Adagio ma non troppo — Allegro
- Presto
- Andante con moto, ma non troppo. Poco scherzando
- Alla danza tedesca. Allegro assai
- Cavatina. Adagio molto espressivo
- Grande Fugue
- ou finale alternatif : Allegro
Sa durée d’exécution est d'environ 45 minutes (avec la Grande Fugue comme finale)
Exécution
modifierDans un souci de conformité à la pensée originale de Beethoven, et parce qu'une œuvre d'une telle intensité dramatique requiert sa conclusion libératrice, la plupart des exécutions du Treizième Quatuor se font de nos jours avec la Grande Fugue comme finale[réf. nécessaire].
Repères discographiques
modifier- Quatuor Busch, 1942 (Sony)[12]
- Quatuor Italiano, 1968 (Philips)[13],[14]
- Quatuor Végh, 1973 (Auvidis-Valois)[15]
- Quatuor Alban Berg, 1979 (EMI)[16],[17]
- Quatuor Talich, 1980 (Calliope)[18]
- Quatuor Juilliard, 1984 (Sony Music)
- Quatuor Guarneri, 1988 (Philips Classics)
- Quatuor Takács, 2005 (Decca)[19]
- Quatuor de Tokyo, 2010 (Harmonia Mundi)[20]
- Quatuor Artemis, 2011 (Virgin Classics)[21]
- Quatuor Belcea, 2012 (Zig-Zag Territoires)
- Quatuor Ébène, 2020 (Erato), enregistrement en concert à Tokyo (16 juillet 2019)
En dehors du domaine musical
modifier- Le 5e mouvement Cavatina dans son enregistrement par le Quatuor Végh en 1973 figure notamment dans la bande originale du long métrage Le Mariage à trois réalisé en 2010 par Jacques Doillon (source : générique).
- Cette même Cavatine, jouée par le même quatuor, fait partie du Voyager Golden Record, disque embarqué à bord des deux sondes spatiales Voyager.
Notes et références
modifier- Élisabeth Brisson, Guide de la musique de Beethoven, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 878 p. (ISBN 978-2-213-62434-1 et 2213624348), p. 806.
- Brisson 2005, p. 802.
- Jean Massin et Brigitte Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, , 845 p. (ISBN 978-2-213-00348-1), p. 718.
- Maynard Solomon (trad. de l'anglais par Hans Hildenbrand et Jean Nithart), Beethoven, Paris, Fayard, , 570 p. (ISBN 2-213-61305-2, OCLC 53859243, BNF 38960806), p. 444.
- Brisson 2005, p. 806.
- L'édition originale est visible sur Beethoven-Hauss Bonn, consulté le 26 décembre 2012.
- Mot de Beethoven au violoniste Holz, reproduit dans Massin 1967, p. 718.
- « Ce que cet andante perd en solennité, il fait mieux que le récupérer en fraîcheur et en grâce, et il ne le cède à aucune musique de la dernière période pour la sensibilité. » Cité dans Kerman 1988, p. 380.
- Theodor Helm, Beethovens Streichquarette, Leipzig, 1921, cité dans Joseph Kerman (trad. de l'anglais par Marcel Marnat), Les quatuors de Beethoven [« The Beethoven quartets »], Paris, Seuil, coll. « Musiques », (1re éd. 1974), 472 p. (ISBN 2-02-002059-9, OCLC 489604306), p. 380 et 461.
- Daniel Gregory Mason, The Quartets of Beethoven, New York, 1947, cité dans Kerman 1988, p. 380–381 et 461.
- Théodor W. Adorno, Beethoven - philosophie de la musique, Rue d'Ulm, , 391 p., p. 362
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 379, de février 1992.
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 356, de janvier 1990.
- « Une intégrale qui n'a pas vieilli ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 70.
- « L'intégrale des Végh constitue la référence absolue pour les quatuors de Beethoven ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69.
- « Le Quatuor Alban Berg a réussi comme nul autre l'ascension de cet Himalaya de la production beethovénienne : clarté, intensité, expressivité, sens aigu de l'architecture caractérisent cette version ». La Discothèque idéale : sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Arles/Paris, Actes Sud, , 280 p. (ISBN 978-2-330-00216-9), p. 37.
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason, de décembre 2012, p. 74.
- « Un Beethoven sobre et allusif mais d'une frémissante sensibilité ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69.
- Enregistrement salué par un Gramophone Award en 2005 de la revue Gramophone.
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de novembre 2010, p. 90.
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason, de décembre 2011, p. 73.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la musique :
- Autographe du Presto à la Bibliothèque du Congrès