Prune Antoine

journaliste française

Prune Antoine, née le 18 juin en 1981 à Épinal, est une journaliste française indépendante spécialisée dans les pays européens de l’Est et de l’ancienne URSS.

Prune Antoine
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Prune Antoine
Nationalité
Activité
Autres informations
Distinction

Finaliste du prix Goncourt du premier roman en 2019.

Lauréate du prix Louise Weiss en 2010 et 2014

Elle est l’auteure de La fille et le moudjahidine et de L'heure d'été, nommé au prix Goncourt du premier roman 2019.

Biographie

modifier

Formation

modifier

Prune Antoine est titulaire d’un Master de Droit international et de science politique [1], [2].

Carrière

modifier

Après avoir résidé en France, Hongrie, Espagne et Angleterre, elle s’installe en 2008 à Berlin comme journaliste indépendante [1], [3], [4], [5].

Écrivant exclusivement en français, elle s'intéresse principalement au monde post-soviétique. Elle réalise de fréquents déplacements de l’Europe centrale à l’Europe de l’Est, des Balkans à la Russie et au Caucase, s'attachant à en dépeindre les contradictions ou les conséquences des conflits récents, notamment sur les femmes.

Ses articles qui traitent également de l'Allemagne sont publiés dans divers journaux et magazines : GEO, L’Obs, Médiapart, M, le magazine du Monde, Madame Figaro, Elle. Elle travaille également pour la chaîne de télévision Arte, où l’émission Karambolage a diffusé plusieurs de ses récits[1].

Son style littéraire a été qualifié de « brut, vif et authentique »[6] et de « précis, direct et volontiers trempé dans un humour ravageur et impertinent »[7]. Il s'exprime aussi sur le web dont elle apprécie « la liberté de ton et le côté terrain vierge : tout est à inventer, on peut être créatif, audacieux, irrévérencieux. »[1].

Mais ce même style lui a valu des critiques[8].

Publications

modifier

Les « euro-orphelins » de Pologne

modifier
 
La journaliste Prune Antoine (à droite ) en reportage en Arménie

Elle enquête sur les jeunes Polonais laissés seuls, livrés à eux-mêmes depuis l'émigration massive de leurs parents vers l'Angleterre ou l'Irlande après l'élargissement de l'Union européenne vers l'Est en 2004. Son reportage sur ces « euro-orphelins » est publié en sur Médiapart[9] puis dans le magazine Questions de femmes en août[10] et obtient le prix Louise-Weiss 2010, catégorie junior[11],[12].

Trafics d’organes au Kosovo

modifier

Elle reçoit une bourse du Journalism Fund[13] qui lui permet de mener, en tandem avec une journaliste polonaise et pendant deux ans, une enquête sur les trafics d'organes au Kosovo[14]. Son long format, Cadavre exquis au pays des merles noirs, est publié en douze chapitres, de juillet à sur Cafébabel[15]. Pour celui-ci, elle se voir décerner pour la deuxième fois le prix Louise-Weiss, catégorie décryptage[14],[16].

Dans le même temps, elle couvre d'autres sujets, comme les femmes violées durant la guerre en Bosnie[17] ou l'opposition féminine à Vladimir Poutine en Russie [18].

Une poudrière sous la Baltique

modifier

Dès 2009, elle travaille sur le sujet des armes chimiques et conventionnelles immergées par les Alliés en 1945 en mer Baltique, au moment de la construction du Nord Stream, gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne. En 2013, elle bénéficie d'une bourse journalistique Brouillon d'un rêve de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) qui lui permet de poursuivre ses investigations entre l'île de Bornholm au Danemark, les côtes polonaise et lituanienne et sur les plages allemandes[19].

Son reportage publié à l'été 2014 dans le magazine GEO sous le titre Une poudrière sous la Baltique[20], est distingué par le prix Éco-Reportages, décerné le [19].

Les bruits de la guerre au coeur de l'Europe

modifier

Lauréate d'une autre bourse [21] du Journalism Fund, elle se lance dans une nouvelle enquête européenne. Avec un journaliste lituanien et un photographe allemand, elle s'intéresse à la re-militarisation de l'enclave de Kaliningrad et à la nouvelle rhétorique de guerre froide qui affole la région, entre déclarations belliqueuses, rétablissement du service militaire ou nouveaux systèmes de surveillance des frontières. Entre 2015 et 2016, elle se rend en Lituanie, en Pologne et en Russie, afin de sonder des habitants devenus otage de cette guerre hybride, faite d'escalade militaire et rhétorique. Le fruit de cette collaboration transnationale, le long format Bruits de la guerre en plein coeur de l'Europe [22], sera publié par Médiapart [23] en et récompensé [24] par le Prix Philippe Chaffanjon du Reportage multimédia 2017.

Œuvres

modifier

La fille et le moudjahidine

modifier

En , elle rencontre au bord d’un lac berlinois un boxeur réfugié de 20 ans, originaire du Caucase Nord et résidant dans une petite ville d'ex-RDA. À l'occasion de rencontres, d'échanges sur WhatsApp et d'interview, elle voit ce jeune, fasciné par les frères Tsarnaïev, les deux terroristes de l'attentat de Boston, osciller entre la radicalisation religieuse et le désir de partir combattre en Syrie, et des périodes de rêve du confort d'une vie rangée en Allemagne.

Ces rencontres sont l'objet d'un récit de journalisme d'immersion (en) rédigé sur le mode du journalisme narratif (en)[25] ou de la non-fiction romancée [26] publié en 2015 aux éditions Carnets nord : La fille et le moudjahidine [6], [7], [27],[28] « récit palpitant et romanesque à l’image des feuilletons des quotidiens français du 19e siècle »[25].

L'heure d'été

modifier

En , son deuxième livre et premier roman, L’Heure d’été, est publié [29] aux éditions Anne Carrière. Portrait « sans concession » [30] d’une ville en ébullition, Berlin, c’est un concentré de joies, de doutes, d’espoirs et de désespoirs d’une génération – les Xennials, ceux nés entre 1977 et 1983 ; c’est aussi une chronique acide et lucide des multiples crises qui touchent l’Europe (crise des réfugiés, crise économique, crise des populismes…), à travers une piquante galerie de personnages secondaires.

« Livre pétillant et grave sur les questionnements des femmes d’aujourd’hui, tiraillées entre carrière, indépendance et désir de maternité »[30], L'heure d'été figure parmi les finalistes [31],[32],[33] du prix Goncourt du premier roman 2019.

Prix et récompenses

modifier

Les reportages de Prune Antoine lui ont valu deux Prix Louise-Weiss en 2010 et 2014, le Young European Journalist Award en 2009 et le prix Éco-Reportages en 2015. Avec son récit dans les coulisses des Pussy Riot à Moscou en 2012, elle a également été sélectionnée pour le European Press Prize[34],[2],[4].

Avec Gil Skorwid et Jan Zappner, elle reçoit en 2017 le Prix Chaffanjon du Reportage multimédia. En 2019, elle est finaliste du prix Goncourt du premier roman.

En 2019, elle co-fonde et dirige le projet Sisters of Europe[35],[36], une plateforme qui regroupe une équipe de 70 journalistes et photographes indépendants pour documenter la condition féminine dans l'Europe post #MeToo : 27 portraits de 27 femmes dans 27 pays, une série de débats dans diverses capitales et deux nominations[37],[38] au Prix franco-allemand du journalisme 2020 et au European Press Prize 2021[36], catégorie Innovation.

Notes et références

modifier
  1. a b c et d Heidingsfelder, Marie Prune Antoine im Interview. Französisch und Deutsch, AVIVA-Berlin, 19 mai 2010.
  2. a et b Plum à Berlin, site de Prune Antoine consacré à ses reportages et projets, et notamment à ses réflexions personnelles sur Berlin.
  3. Carnets Nord, « Prune Antoine », sur www.carnetsnord.fr (consulté le )
  4. a et b Prune Antoine Notice biographique du Journalism Fund, 2015.
  5. « Fiche de Prune Antoine », sur leplus.nouvelobs.com (consulté le )
  6. a et b Marceillac, Pauline Une amitié particulière. Causette.fr, 21 mai 2015.
  7. a et b Zèbre La Fille et le Moudjahidine 2 juin 2015.
  8. Voir les commentaires sur Prune Antoine Être reporter à Kaliningrad, c'est pire que trafiquant de drogue. J'ai fini au poste L’Obs Le Plus, 5 mars 2016, modifié le 6 mars 2016.
  9. Prune Antoine et Chiara Dazi Bialystok, Pologne : les « euro-orphelins », enfants de personne. Médiapart, 4 septembre 2009.
  10. Prune Antoine (08-2009). Pologne : quand les parents sont partis… Questions de femmes, août-septembre 2009, pp. 70-73. Photos : Chiara Dazi.
  11. Prix Louise Weiss Les lauréats 2009,
  12. « Prune Antoine, vedette du journalisme européen », Club de Mediapart,‎ (ISSN 2100-0735, lire en ligne, consulté le )
  13. Le Journalism Fund est une ONG qui encourage le journalisme d'investigation « transnational » en Europe.
  14. a et b « Les lauréats 2014 », sur Prix Louise Weiss, (consulté le )
  15. Prune Antoine Cadavre exquis au pays des merles noirs, Cafébabel, 12 chapitres (Ch.1 : 30 juillet 2014 ; Ch.12 : 7 octobre 2014).
  16. Nancy : une journaliste à l'honneur, L’actualité numérique en Lorraine, 21 janvier 2015.
  17. Prune Antoine Bosnie, les femmes violées n'ont pas trouvé la paix, Le Monde magazine, 12 mars 2011, pp. 30-33. Photos Jan Zappner. Repris sur le site Stop Rape Now contre les violences sexuelles en temps de guerre.
  18. Madame Figaro, « Opposantes russes, le nouveau visage anti-Poutine », sur Madame Figaro, (consulté le )
  19. a et b Éco-reportages : trois femmes journalistes récompensées en présence de l'explorateur Serge Aviotte. Puissance 2D - Le développement durable en région, 20 juin 2015, 2 pp.
  20. Prune Antoine Une poudrière sous la Baltique, GEO, no 426, août 2014, pp.2-15 (photographies de Jan Zappner, diaporama).
  21. (en) « Kaliningrad, invisible battleground », sur Journalismfund (consulté le )
  22. Prune Antoine, Gil Skorwid Et Jan Zappner, « Les bruits de la guerre en plein cœur de l’Europe | Panoramiques », sur Mediapart (consulté le )
  23. Donatien Huet, « Du journalisme au long cours sur Mediapart », sur Club de Mediapart (consulté le )
  24. « EDITION 2017 : LES LAURÉATS | Prix Philippe Chaffanjon » (consulté le )
  25. a et b Lesur, Sabine Dialogue avec un moudjahidine, Vosges matin, 16 juillet 2015.
  26. Fournier, Catherine, « La Fille et le Moudjahidine ou le dialogue entre une féministe et un candidat au jihad », Bibliothérapie/Francetv Info,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. Zèbre Rencontre avec Prune Antoine, 12 octobre 2015.
  28. Anna Santini, « Je suis féministe, il est salafiste. Pourtant nous avons pu échanger », Paris Berlin,‎ (ISSN 1769-860x, lire en ligne, consulté le )
  29. « L'Heure d'été de Prune ANTOINE - Éditions Anne Carriere Paris », sur www.anne-carriere.fr (consulté le )
  30. a et b « Littérature - Lorraine. La Vosgienne Prune Antoine promène sa plume "à l'heure d'été" dans tout l'Est de l'Europe », L'Est Républicain,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. « Lorraine Littérature. Prune Antoine finaliste du Goncourt du premier roman », sur www.vosgesmatin.fr (consulté le )
  32. « Goncourt du premier roman et de la nouvelle : les sélections pour 2019 », sur www.actualitte.com (consulté le )
  33. « Les sélections du Goncourt du premier roman et de la nouvelle », sur Franceinfo, (consulté le )
  34. « Prune Antoine, nominee for the 'Commentator Award' », sur European Press Prize,
  35. (en-US) « Sisters of Europe », sur Sisters of Europe (consulté le )
  36. a et b « Sisters of Europe », sur European Press Prize (consulté le ).
  37. admin, « Nominierung 2020 », sur DFJP (consulté le )
  38. (de) admin, « Sisters of Europe », sur DFJP (consulté le )

Liens externes

modifier