Projet:Les Mille Pages/Jeanne Lusher
Jeanne Marie Lusher, M.D. ( - )[1] était une médecin américaine, hématologue/oncologue pédiatrique, et un chercheuse dans le domaine des troubles hémorragiques de l'enfance. Elle est directrice du programme d'hémostase à l'hôpital pour enfants du Michigan jusqu'à sa retraite le 28 juin 2013.
Biographie et éducation
modifierJeanne Lusher est née en 1935 à Toledo, dans l'Ohio, aux États-Unis. Sa famille déménage à Cincinnati, Ohio, lorsqu'elle avait trois ans, et Lusher y grandit. Bien que sa mère soit d'origine canadienne-française et parle français avec ses proches, Lusher n'a jamais appris le français. Au cours de ses études secondaires, elle s'intéresse à la musique et joue de plusieurs instruments dans la fanfare et l'orchestre de l'école, mais elle a ensuite décidé de faire carrière dans les sciences. Lusher ne s'est jamais mariée.
Jeanne Lusher obtient son diplôme de médecine à l'université de Cincinnati en 1960, puis fait son internat à l'hôpital universitaire George Washington à Washington D.C., et sa résidence pédiatrique et sa résidence en chef au Charity Hospital à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Pendant sa résidence pédiatrique au Charity Hospital, Jeanne Lusher s'est occupé d'une jeune fille atteinte d'hémophilie (un cas rare pour un trouble récessif lié au chromosome X), ce qui a stimulé son intérêt pour la coagulation du sang et les maladies hémorragiques. Son intérêt pour les troubles de la coagulation allait plus tard devenir le dévouement de toute une vie. Afin d'accroître ses connaissances en hématologie pédiatrique, Jeanne Lusher se rend au Children's Hospital of Michigan, à Detroit, pour une brève rotation avec le Dr Wolf W. Zuelzer, un éminent hématologue pédiatrique de l'époque. À son retour au Charity Hospital, elle y prend en charge les enfants atteints de maladies du sang et de cancers.
À la fin de son internat, Jeanne Lusher est retournée au Children's Hospital of Michigan, à Detroit, pour un fellowship en hématologie/oncologie pédiatrique (1964-1966). Elle effectue la troisième année de son fellowship avec Teresa Vietti à l'université de Washington à St Louis, Missouri, où elle s'est concentrée sur l'oncologie pédiatrique et les protocoles de traitement du Southwest Oncology Group (SWOG). Le Dr Jeanne Lusher retourne à Détroit en 1966, cette fois en tant qu'hématologue/oncologue pédiatrique membre du personnel.
Carrière de recherche
modifierLe travail de Jeanne Lusher s'est principalement concentré sur le purpura thrombocytopénique immunitaire (PTI) et l'hémophilie. Pour la recherche translationnelle, Lusher a collaboré avec le professeure Marion I Barnhart du département de physiologie de la faculté de médecine de la Wayne State University[2].
1- Purpura thrombocytopénique immunitaire : Jeanne Lusher et Zuelzer ont présenté une description complète de l'histoire naturelle du PTI chez les enfants dès 1966[3] Lusher et sa collègue Indira Warrier ont été parmi les premiers à utiliser l'immunoglobuline intraveineuse (IVIG) pour le traitement du PTI chez les enfants, et ont rapporté son effet thérapeutique en 1984. [Ils ont également signalé que l'IVIG pouvait être une alternative à la splénectomie chez les patients atteints de la forme chronique du PTI infantile[4]. Cependant, Lusher et ses collègues ont également reconnu que le PTI aigu chez l'enfant est une affection autolimitée et ne nécessitait pas nécessairement un traitement pharmacologique[5].
2- L'hémophilie :
Jeanne Lusher lance le premier programme complet d'hémophilie à l'hôpital pour enfants du Michigan en 1966[6]. Le traitement disponible pour l'hémophilie à l'époque comprenait la transfusion de grands volumes de plasma frais congelé pour reconstituer les facteurs de coagulation manquants. Le cryoprécipité, et plus tard en 1970, les concentrés de facteur VIII lyophilisés sont devenus disponibles pour le traitement de l'hémophilie A[7]. L'une des complications les plus frustrantes du traitement de l'hémophilie à l'époque, était le développement d'inhibiteurs du facteur VIII ou du facteur IX, qui neutralisaient l'activité du facteur administré pour le traitement. Les concentrés de complexe prothrombique étaient utilisés depuis les années 1970 comme agent de dérivation dans quelques cas anecdotiques d'hémophilie avec développement d'inhibiteurs, mais leur efficacité n'avait pas été entièrement établie[8]. Lusher a pu démontrer leur efficacité dans le traitement des hémorragies articulaires chez les hémophiles dans deux études multicentriques au début des années 1980[9],[10]. Lusher a ensuite mené les premières études sur l'utilisation du facteur VIIa recombinant dans le traitement des épisodes hémorragiques chez les patients hémophiles[11],[12],[13]. Comme ce produit était plus sûr que les concentrés de complexe prothrombique et qu'il pouvait être administré à domicile par les patients eux-mêmes, elle et ses collègues ont encouragé son utilisation chez les patients présentant des inhibiteurs pour traiter les épisodes hémorragiques[14].[15]
L'efficacité hémostatique de la desmopressine, un analogue de la vasopressine, est découverte pour la première fois en Italie en 1977 par Mannucci et ses collègues[16]. Cette substance, lorsqu'elle est administrée par voie intraveineuse ou intranasale, élève transitoirement les taux de facteur VIII et s'est avérée utile pour traiter les épisodes hémorragiques mineurs ou pour prévenir les hémorragies postopératoires lorsqu'elle est administrée avant des opérations chirurgicales mineures chez des patients atteints d'hémophilie légère à modérée ou de certains types de maladie de von Willebrand. Lusher a introduit l'utilisation hémostatique de la desmopressine aux États-Unis. Après l'avoir d'abord essayé sur elle-même et ses collègues, et avoir documenté l'augmentation des taux de facteur VIII, elle a procédé à son utilisation chez des patients atteints d'hémophilie et de la maladie de von Willebrand, et a rapporté son efficacité[17] La desmopressine a finalement été approuvée par la FDA en 1984 pour son utilisation dans l'hémophilie et la maladie de von Willebrand[18],[19].
Dans les années 1980, Jeanne Lusher et ses collègues ont reconnu un dysfonctionnement immunitaire chez les patients qui recevaient des transfusions sanguines répétées, y compris les patients atteints d'hémophilie. Plus précisément, les ratios de lymphocytes auxiliaires/suppresseurs étaient diminués, une caractéristique du syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) chez les patients multitransfusés[20]. La perte d'innombrables patients hémophiles à cause de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et l'hépatite C (acquise par la transfusion de plasma ou de concentrés de facteur VIII dérivés du plasma) dans les années 1980 est un coup dévastateur pour la communauté hémophile. Lusher a donc participé à plusieurs études multicentriques pionnières qui ont testé des concentrés de facteur pasteurisés, lesquels éliminaient la transmission du VIH[21]. Lusher s'est également attaqué à la stigmatisation sociale associée à l'infection par le VIH, et démontre que le VIH n'était pas transmis aux membres de la famille des patients infectés[22].
Une fois que les concentrés de facteur VIII fabriqués à l'aide de la technologie de l'ADN recombinant sont devenus disponibles, Jeanne Lusher mène l'un des premiers essais cliniques utilisant ces concentrés dans le traitement des patients hémophiles, et démontre son efficacité,[23],[24] Lusher a encouragé le traitement prophylactique chez les patients hémophiles (par opposition au traitement à la demande uniquement pendant les épisodes de saignement) car elle et d'autres chercheurs avaient démontré que cette stratégie réduisait considérablement les complications telles que les lésions articulaires après des épisodes de saignement répétés chez les patients hémophiles.[25] Lusher, avec d'autres chercheurs, a utilisé avec succès des concentrés de facteur VIII recombinant pour l'induction de la tolérance immunitaire chez les patients qui avaient développé des inhibiteurs.[26]
Jeanne Lusher et ses collègues ont fait état du profil particulier des effets secondaires (c.-à-d., anaphylaxie, syndrome néphrotique) du facteur IX recombinant chez les patients atteints d'hémophilie B.[27],[28],[29]
Jeanne Lusher a également participé à un essai multicentrique de phase 1 sur la thérapie génique du facteur VIII[30].
Reconnaissance
modifierJeanne Lusher est professeure de recherche sur l'hémostase Marion I. Barnhart et professeure distingué de pédiatrie à la Wayne State University ; directrice du programme d'hémophilie, d'hémostase et de thrombose et directrice médicale des laboratoires de coagulation à l'hôpital pour enfants du Michigan. Elle reçoit le prix Kenneth Brinkhous Physician of the Year Award de la National Hemophilia Foundation en 1993, le Distinguished Career Award de l'American Society of Pediatric Hematology/Oncology en 2002[31] et le Lifetime Achievement Award de l'Hemostasis & Thrombosis Research Society en 2009[32].
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jeanne Lusher » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Jeanne Marie Lusher M.D. Obituary - Visitation & Funeral Information »
- (en) « Prognosis E-News », Prognosis.med.wayne.edu, (consulté le )
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- (en) « biography - Jeanne Lusher, MD (Michigan) », Nlm.nih.gov, (consulté le )
- (en) « :: Hemostasis & Thrombosis Research Society :: », Htrs.org (consulté le )
Voir aussi
modifierLiens externes
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