Principauté d'Achaïe

principauté franque dans le Péloponnèse (XIIIe s.)
(Redirigé depuis Principauté d’Achaïe)

La principauté d'Achaïe (prononcé [a.ka.i]) également écrit Achaye ou de Morée est une seigneurie fondée par Guillaume de Champlitte pendant la quatrième croisade (1202-1204). La principauté, s’étendant au départ sur tout le Péloponnèse, est vassale du royaume de Thessalonique jusqu’à la disparition de celui-ci, date à laquelle elle devient la principale puissance franque de la région.

Principauté d'Achaïe

12051432

Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Péloponnèse au Moyen Âge
Informations générales
Statut Principauté vassale de l'Empire latin d'Orient, puis du royaume de Naples
Capitale Andravida (1205-1249)
Mistra (1249-1261)
Langue(s) Français

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La Chronique de Morée relate la conquête franque et une partie de l'histoire de la principauté.

Histoire

modifier

Fondation

modifier

La majeure partie de la région est conquise par Guillaume de Champlitte et Geoffroi de Villehardouin entre 1205 et 1206. Guillaume gouverne l’Achaïe jusqu’à son retour en France en 1209. Lui succède alors son fils Hugues qui meurt la même année.

Selon la Chronique de Morée, les terres de la principauté sont divisées après la conquête (vers 1209) en douze hautes baronnies par un conseil formé de dix seigneurs francs et grecs, présidé par Geoffroi de Villehardouin. En réalité, cet épisode est probablement apocryphe : les listes données par les différentes versions de la chronique reflètent des situations postérieures à 1209 et les différentes baronnies n'ont pas été créées à la même époque. Les listes des versions grecque et française sont datables de 1228-1230 (avènement de Geoffroy II d'Achaïe) tandis que celle de la version navarraise date des environs de 1260[1].

Selon la version grecque, les douze baronnies étaient (vers 1230) : Calamata (domaine personnel des Villehardouin), Acova/Mategrifon (Gautier de Rosières), Carytena/Skorta (Hugues de Briel), Véligourt ou Véligosti (Mathieu Ier de Mons), Geraki ou Nivelet (Guy de Nivelet), Passavant (Jean de Nully), Nicli (Guillaume [de Morlay]), Calavryta (Othon de Durnay), Gritséna (messire Luc, inconnu par ailleurs), Patras (Guillaume Aleman), Chalandritsa (Robert de Dramelay) et Aigion (Vostitsa) (Hugues Ier de Lille ou de Charpigny).

Des fiefs étaient aussi attribués à divers évêques et ordres de chevalerie.

Maison de Villehardouin

modifier
 
Situation après la libération de Guillaume II.

Geoffroi Ier de Villehardouin prend alors les rênes de la principauté jusqu’à sa mort. Les Villehardouin composent avec l’orthodoxie de leur peuple, exemptant les prêtres orthodoxes de la corvée et de l’obligation de servir les armes. Cela vaut à Geoffroy II d'Achaïe une brève excommunication, promptement levée devant la nécessité de composer avec l’un des plus puissants seigneurs francs. La Bataille de Pélagonia, perdue par Guillaume II de Villehardouin en 1259 marque le début du déclin de la principauté. Capturé, Guillaume doit céder aux Byzantins une partie du Sud-est de la Morée, dont la ville de Mistra. Rapidement, les Francs et les Byzantins entrent en conflit, et une armée byzantine envahit la principauté, mais les Grecs sont repoussés en 1263 (bataille de Prinitza) et 1264 (bataille de Makryplági) et doivent renoncer à reconquérir l'ensemble de la péninsule. Afin d'obtenir de l'aide, Guillaume devient vassal de Charles Ier d'Anjou.

Suzeraineté angevine

modifier

Dépourvu de descendants mâles, il accorde la main de sa fille Isabelle à Philippe, le fils de Charles d’Anjou, roi de Sicile. Mais Philippe décède avant son beau-père : Charles d’Anjou, à la mort de Guillaume II d’Achaïe, récupère ainsi la principauté. Son fils Charles II d'Anjou la rend cependant à Isabelle et à ses maris successifs, les princes-consorts Florent de Hainaut et Philippe Ier de Savoie.

Conflits féodaux

modifier

En 1307, Charles II d’Anjou reprend la principauté à Philippe de Savoie et Isabelle pour l'attribuer à son fils, Philippe Ier de Tarente. Ce dernier la cède en 1313 à Mathilde, la fille aînée d’Isabelle Ire, et à son mari Louis de Bourgogne, qui débarque en Grèce et écrase un autre prétendant, Ferdinand de Majorque, l’époux d’Isabelle de Sabran, nièce d’Isabelle Ire et cousine de Mathilde qui revendiquait la principauté pour lui-même. Cependant, Louis décède dès 1316. Mathilde est mariée de force, en 1318, avec un prince de la maison d’Anjou, Jean de Durazzo qui, dès 1321, la répudie mais garde la principauté. En 1333, Jean de Durazzo vend ses droits à son neveu, Robert d’Anjou, prince de Tarente alors que la mère de celui-ci, Catherine de Valois-Courtenay assure la régence de la principauté grecque.

À la mort de Robert, en 1364, la principauté est revendiquée par sa veuve, Marie de Bourbon, et par son frère cadet Philippe II de Tarente ; après plusieurs années de conflit armé, Marie et son fils Hugues cèdent leurs droits à Philippe le 4 mars 1370[2].

À la mort de Philippe sans héritier direct le 25 novembre 1373, la succession est à nouveau disputée entre son neveu Jacques des Baux et la reine Jeanne[3].

Jacques des Baux meurt en 1383 et la principauté revient aux rois de Naples, Charles III puis Ladislas qui exercent une autorité nominale. Pendant ce temps, cinq prétendants se battent pour le contrôle de la principauté. Le Navarrais Pierre de Saint-Supéran se déclare vainqueur en 1396. Son épouse, issue d’une vieille famille de marchands et d’aventuriers génois, lui succède en tant que régente de leurs enfants. Mais elle est écartée du trône par son neveu, Centurion II Zacharie, avec l’accord de Ladislas de Naples.

Reconquête byzantine

modifier

Donner la principauté en dot à sa fille unique, Catherine, promise à Thomas Paléologue, est, pour Centurion Zacharie, une fiction bienvenue pour sauver la face : les armées impériales byzantines menées par Théodore II Paléologue et Jean VIII ont investi l’Achaïe en 1417, ne laissant aux Latins que quelques rares places fortes. La principauté est alors incorporée au despotat de Morée.

En 1460, le sultan Mehmed II s'empare du Péloponnèse. Thomas Paléologue et son épouse Catherine s'enfuient à Corfou, puis s'installent à Rome.

Société

modifier

La principauté d'Achaïe recevait l'hommage des baronnies extérieures au Péloponnèse suivantes : Le duché d'Athènes, le duché de Naxos les trois baronnies des seigneurs tierciers de Négrepont, le marquisat de Bodonitza et le comté palatin de Céphalonie et Zante à quoi il faut ajouter la seigneurie de Salone

Les « Assises de Romanie » ajoutent quatre grands fiefs situés dans le Péloponnèse : la seigneurie de Karytaina ou Skorta contrôlée par Hugues de Bruyères, celle de Patras fondée par Pierre Ier Aleman, celle d'Akova ou Matagrifon donnée à Gauthier Ier de Rozière et celle de Kalavryta à Othon de Tournay. Les possesseurs de ces onze fiefs auxquels les Assises adjoignent le « maréchal de Romanie » avait le rang de pairs à la cour princière[4].

Les seigneurs latins de Morée, qui ont besoin de l’appui des grands propriétaires grecs, les archontes, les laissent développer leurs biens patrimoniaux. Les paysans de Morée, s’ils ne semblent pas payer plus d’impôts qu’avant 1204, voient leurs libertés notablement amoindries : ils vivent dans le cadre d’une seigneurie dont ils dépendent entièrement. Ils sont attachés à leur terre qu’ils ne peuvent quitter sans autorisation seigneuriale, comme aussi pour se marier ou marier leur fille. Le seigneur dispose du vilain et peut le céder à un tiers. Le paysan n’est plus vraiment libre (il peut être affranchi) mais n’est pas un serf (on ne peut vendre autoritairement sa terre en cas d’endettement, il peut disposer de ses meubles et de ses animaux, il peut prendre d’autres terres à bail).

Liste des princes d'Achaïe

modifier

Princes nommés par les rois de Naples

Principaux prétendants

Prétendants de Savoie : Prétendants d'Aragon :
Autres prétendants :

Bayles nommés par les rois de Naples

modifier

Les princes de la maison d'Anjou-Sicile résidaient rarement en permanence dans la principauté et gouvernèrent par l'intermédiaire de Bayles [5] :

Notes et références

modifier
  1. Bon 1968, p. 102-103.
  2. Bon 1968, p. 247-250.
  3. Bon 1968, p. 251-252.
  4. Grousset 1949, p. 503
  5. Stokvis 1888-1893, p. 472 (chap. IV)

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

modifier