Prince de la jeunesse
Le Prince de la jeunesse, en latin princeps juventutis, est un titre créé par Auguste qui est donné au fils de l'empereur au moment où il prenait la toge virile et entrait dans les rangs de la chevalerie romaine. Il devient un des titres conférés à l'héritier du pouvoir, fils ou petit-fils, naturel ou adopté, de l'empereur.
Attributions
modifierLes premiers qui reçurent ce titre furent Caius Julius Caesar Vipsanianus en -5, et Lucius Julius Caesar Vipsanianus en -2[1]. Après eux, il fut concédé à Germanicus au moment de son adoption en l'an 4, à son cousin Drusus à la même date, à Tiberius Gemellus, cohéritier de Caligula en 37[2], à Néron en 51 à quatorze ans[3], etc. Ce titre s'associe au début de formation militaire des jeunes princes, qui recevaient des armes honorifiques, lance et bouclier d'argent, et la direction d'un détachement de cavalerie. Ils sont chargés de présider à Rome les ludi juvenales, et d'après des inscriptions découvertes dans des colonies, ils sont dédicataires de gymnases destinés à l'éducation de l'élite de la jeunesse[4].
En principe, le principat de la jeunesse étant une dignité équestre, les intéressés ne pouvaient le conserver quand ils arrivaient au Sénat. À plus forte raison devaient-ils le quitter quand ils recevaient le nom d'Auguste. Mais la rigueur de cette règle fléchit dès la fin du Ier siècle : Domitien, quoique consulaire, continua à porter le nom de princeps juventutis[5]. À partir de Septime Sévère, le titre de prince de la jeunesse devient officiel et régulièrement donné à l'héritier de l'Empire[4]. Le titre est accolé au nom d'empereurs, qui parfois n'ont jamais été Césars, et qui étaient déjà d'un âge avancé quand ils parvinrent à l'empire. Ainsi, selon Dion Cassius, Macrin et son fils Diadumenien reçoivent les titres de patricien et prince de la jeunesse et César après leur usurpation en 217[6]. Gordien III, âgé de treize ans, apparaît sur diverses inscriptions associé à ses tuteurs Balbin et Pupien avec le titre de prince de la jeunesse[7]
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Bronze de Carin. Avers, comme NOB(ilissimus) CAES(ar)
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Bronze de Carin. Revers, comme Prince de la jeunesse PRINCIPI IVENTVT
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Bronze de Numérien. Avers, comme NOB(ilissimus) C(aesar)
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Bronze de Numérien. Revers, comme Prince de la jeunesse PRINCIPI IVENTVT
Durant la tétrarchie, le titre de prince de la jeunesse est attribué aux Césars Constance Chlore et Maximien Galère, comme héritiers des Augustes Dioclétien et Maximien Hercule[8],[9].
Références
modifier- Petit 1974, p. 20.
- Petit 1974, p. 81.
- Petit 1974, p. 90.
- Bouley 2003, p. 202-203.
- Petit 1974, p. 118.
- Dion Cassius, Histoire romaine, LXXVIII, 17.
- AE 1912, 00158 ; AE 1937, 00032 ; AE 1993, 01778 ; AE 1951, 00048.
- Inscription en Mauretanie Césarienne AE 1946, +00226.
- Louis Leschi, « Centenarium quod « Aqua Viva » appellatur … », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 85ᵉ année, no 2, , p. 163-176 (lire en ligne)
Bibliographie
modifier- Elisabeth Bouley, « L'éducation éphébique et la formation de la juventus d'après quelques documents des provinces balkaniques et danubiennes », dans Histoire, espaces et marges de l'Antiquité : hommages à Monique Clavel-Lévêque, t. 1, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, coll. « ISTA » (no 890), , 195-208 p. (lire en ligne).
- Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, , 800 p. (ISBN 2020026775)
- Alain Vassileiou, « Caesar proclamé Princeps Juventutis », annales littéraires de l'Université de Besançon, no 294, , p. 827-840. (lire en ligne).