Dans la mythologie grecque, Polydamna (en grec ancien Πολύδαμνα) est une femme qui connaît les simples et a transmis ce savoir à Hélène, femme de Ménélas.

Étymologie

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Le mot est formé du préfixe poly, beaucoup et du verbe damnèmi, dompter.

L'étymologie du mot révèle le pouvoir de cette femme: celle qui a beaucoup dompté ou bien celle qui dompte beaucoup.

Ce nom pourrait être aussi un avatar de la potnia théron, la déesse archaïque maîtresse des fauves, comme Circé, qui vit entourée de fauves apprivoisés:

« Et ils trouvèrent, dans une vallée, en un lieu découvert, les demeures de Circé, construites en pierres polies. Et tout autour erraient des loups montagnards et des lions. Et Circé les avait domptés avec des breuvages perfides ; et ils ne se jetaient point sur les hommes, mais ils les approchaient en remuant leurs longues queues, comme des chiens caressant leur maître qui se lève du repas, car il leur donne toujours quelques bons morceaux. Ainsi les loups aux ongles robustes et les lions entouraient, caressants, mes compagnons ; et ceux-ci furent effrayés de voir ces bêtes féroces, et ils s'arrêtèrent devant les portes de la déesse aux beaux cheveux[1]. »

Apparition dans la littérature

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Homère mentionne le personnage au chant IV de l'Odyssée:

τοῖα Διὸς θυγάτηρ ἔχε φάρμακα μητιόεντα,

ἐσθλά, τά οἱ Πολύδαμνα πόρεν, Θῶνος παράκοιτις,

Αἰγυπτίη, τῇ πλεῖστα φέρει ζείδωρος ἄρουρα

φάρμακα, πολλὰ μὲν ἐσθλὰ μεμιγμένα, πολλὰ δὲ λυγρά,

ἰητρὸς δὲ ἕκαστος ἐπιστάμενος περὶ πάντων

ἀνθρώπων· ἦ γὰρ Παιήονός εἰσι γενέθλης.

« Et alors Hélène, fille de Zeus, eut une autre pensée, et, aussitôt, elle versa dans le vin qu'ils buvaient un baume, le népenthès, qui donne l'oubli des maux. Celui qui aurait bu ce mélange ne pourrait plus répandre des larmes de tout un jour, même si sa mère et son père étaient morts, même si on tuait devant lui par l'airain son frère ou son fils bien-aimé, et s'il le voyait de ses yeux. Et la fille de Zeus possédait cette liqueur excellente que lui avait donnée Polydamna, femme de Thôs, en Aigyptiè, terre fertile qui produit beaucoup de baumes, les uns salutaires et les autres mortels. Là tous les médecins sont les plus habiles d'entre les hommes, et ils sont de la race de Paièôn. Après l'avoir préparé, Hélénè ordonna de verser le vin, et elle parla ainsi[2] »

On apprend dans ce passage que Polydamna vit en Égypte, terre réputée[3] pourvoyeuse de magie dans l'antiquité[4].

Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane, rapporte un dialogue entre le philosophe Apollonios et son disciple Damis qui commentent ce récit Homère, mais ils évoquent la possibilité qu'Hélène ait pratiqué les incantations à la suite de l'enseignement reçu en Égypte :

« D'ailleurs à quoi bon parler philosophie à des hommes dont l'esprit est abattu? - Ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin qu'on leur parle et qu'on les réconforte. Rappelez-vous ce qu'Homère dit d'Hélène, qui versait dans une coupe les remèdes égyptiens pour y noyer les chagrins des hommes : ne croyez-vous pas qu'Hélène, qui était instruite dans la sagesse égyptienne, prononçait sur cette coupe certaines paroles magiques, et que c'était à la fois la vertu de ces paroles et celle du vin qui guérissaient les affligés? - Rien n'est plus probable, dit Damis, s'il est vrai qu'elle soit allée en Égypte, qu'elle y ait connu Protée, ou, comme le dit Homère, qu'elle ait été liée avec Polydamne, épouse de Thon[5]. »

Bibliographie

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  • Grand Larousse encyclopédique en 10 volumes () : Tome 8. Orm-Rals (page 639)

Notes et références

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  1. Odyssée, chant X
  2. Odyssée, IV, 228
  3. Cf par exemple Grand papyrus magique no 754 de la Bibliothèque nationale de Paris (PGM IV.297-408) (IVe s.), trad. du grec : Manuel de magie égyptienne, Paris, Les Belles Lettres, "Aux sources de la tradition", 1995, 165 p.
  4. Autre figure littéraire de sorcière également d'origine égyptienne: Méroé
  5. Livre VII, chapitre 22[1]