Plaque photographique
Une plaque photographique est un support photographique constitué d'une plaque de verre de dimension déterminée et d'une couche de sel d'argent.
Historique
modifierDans les débuts de la photographie, la plaque de verre fut d'abord humide : le photographe devait la préparer sur place, c'est-à-dire étaler convenablement l'émulsion photographique sur le verre au moment de l'emploi. Ensuite apparaissent les plaques sèches, d'abord au collodion. Dans les années 1870, Richard Leach Maddox crée les plaques sèches dites « au gélatino-bromure d'argent ».
En 1881, à l’âge de 17 ans, Louis Lumière améliore un procédé de plaques sèches au gélatino-bromure d’argent récemment découvert et met au point une plaque photographique instantanée prête à l’emploi[1]. Il s'agit d'une plaque sèche, dont le temps d'exposition est de 1/60 de seconde[réf. nécessaire]. Grâce à ces plaques photographiques, dites « étiquettes bleues » en référence aux boîtes dans lesquelles elles étaient vendues, les Lumière font rapidement fortune, avant l'invention du Cinématographe[1]. En 1892, l’entreprise devient la première industrie européenne de plaques photographiques, la seconde au niveau mondial, derrière la société américaine Kodak[1].
La plaque photographique est disponible dans le commerce des années 1890 jusque vers 1950. Elle est peu à peu remplacée, dès le début du XXe siècle, par la pellicule (pourvue d'un papier support), due à George Eastman, puis par le film (sans papier support) emprunté au cinéma.
Pour les besoins des photographes travaillant en grand format à la chambre, un support semi-rigide appelé « plan film » a remplacé la plaque de verre. Celui-ci, inséré dans un châssis rigide, offre tout à la fois légèreté et planéité, alliant en cela les qualités du film et celles de la plaque.
En raison de ses performances supérieures au film[réf. nécessaire], la plaque à émulsion est restée en usage chez les professionnels de l'astronomie jusqu'au début des années 1990[2].
En sciences
modifierLes plaques photographiques furent les premiers détecteurs de la radioactivité, l’ionisation des rayonnements pouvant impressionner les plaques, comme le remarqua par hasard Henri Becquerel en 1896 avec des sels d'uranium, confirmant l'existence de la radioactivité jusqu'alors inconnue[pas clair].
Astronomie
modifierPlusieurs observatoires, dont ceux de l'université Harvard et de Sonneberg, possèdent de grandes quantités de plaques photographiques astronomiques. L'observatoire de l'université Harvard a lancé en 2001 un plan de numérisation des quelque 500 000 plaques en sa possession[2].
Physique
modifierEn particulier, les plaques photographiques sont utilisées en physique des particules, puisque le rayonnement ionisant peut y laisser des traces foncées. C'est de cette façon que Victor Franz Hess a découvert les rayons cosmiques dans les années 1910, c'est-à-dire en plaçant des plaques photographiques en haute altitude.
Médecine
modifierLa sensibilité de certaines plaques photographiques aux rayons X a été utilisée en imagerie médicale et en science des matériaux. Elles ont néanmoins été supplantées par des formats informatiques qui permettent une réutilisation, tels les écrans radioluminescents à mémoire et autres détecteurs de rayons X.
Archéologie
modifierDans les universités, comme celle de l'Université Grenoble-Alpes, archéologues et historiens apprenaient et enseignaient grâce à des photographies de sites antiques, transposées sur plaques de verre. Présentées par un projecteur, elles permettent aujourd'hui de comparer l'état de sites archéologiques actuels à leur aspect passé.
Formats
modifierFormats usuels
modifier- 24 × 30 cm
- 18 × 24 cm
- 13 × 18 cm
- 9 × 12 cm
- 6 × 9 cm
- 4,5 × 6 cm
Formats stéréoscopiques dérivés
modifier- 6 × 13 cm (c'est une plaque 13 × 18 cm coupée en trois)
- 45 × 107 mm
Notes et références
modifier- « L'invention du cinéma : une aventure industrielle », sur grandpalais.fr, (consulté le ).
- (en) The Harvard College Observatory Astronomical Plate Stacks - Smithsonian Astrophysical Observatory
Bibliographie
modifier- Pascale Bonnard Yersin et Jean-Marc Bonnard Yersin, Au temps des plaques, Vevey, Musée suisse de l'appareil photographique, , 120 p. (ISBN 978-2-9701069-1-3).
- Denise Borlée (dir.) et Hervé Doucet (dir.), La plaque photographique : un outil pour la fabrication et la diffusion des savoirs, XIXe-XXe siècle, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Cultures visuelles », , 474 p. (ISBN 979-10-344-0037-9).
- Bertrand Lavédrine, Jean-Paul Gandolfo et Sybille Monod (préf. Michel Frizot), Reconnaître et conserver les photographies anciennes, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, , 345 p.
- Christian Sixou, Une histoire de plaques : l'industrie de la plaque photographique de 1850 à 1970, Paris, , 193 p. + CD-Rom.
- « Les plaques de verre », sur Archives départementales de la Vendée.
Liens externes
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