Pitseolak Ashoona
Pitseolak Ashoona ou Pitsiulaaq Asuuna (ᐱᑦᓯᐅᓛᖅ ᐊᓲᓇ, en syllabaire inuktitut) est une graveuse inuk née entre et et morte le . Elle était membre de l'Académie royale des arts du Canada.
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ᐱᑦᓯᐅᓛᖅ ᐊᓲᓇ Pitsiulaaq Asuuna |
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Enfants |
Kaka Ashoona (d) Kiawak Ashoona Napachie Pootoogook (en) |
Distinction |
Ordre du Canada (1977) |
Biographie
modifierPitseolak nait sur l’île de Nottingham, au Nunavut actuel, alors que sa famille migre de Salluit vers la terre de Baffin[1]. Elle est la fille de Timungiak et d'Oootochie. Son nom signifie « pigeon de mer » en inuktitut[2]. Passant son enfance dans des camps de la côte sud de Baffin[1], elle est parmi les dernières générations d'inuit élevées selon le mode de vie traditionnel, se nourrissant des fruits de la chasse et de la cueillette et s'appuyant sur le savoir chamanique.
Vers 1922 ou 1923, Pitseolak épouse le chasseur Ashoona dans la péninsule de Foxe de l'île de Baffin[3]. Elle porte dix-sept de leurs enfants, mais elle n'en élève que six ; certains meurent en bas âge, tandis que d'autres sont, conformément à la coutume, adoptés et élevés par d'autres familles[4].
Après la mort de son mari à 40 ans des suites d'une maladie virale, Pitseolak élève seule quatre de ses enfants, parmi lesquels Kiawak et Napachie (en)[réf. nécessaire]. Des années de misère suivent la mort d'Ashoona, au début de la Seconde Guerre mondiale. La guerre correspond au déclin du marché de la fourrure[4].
Le décès d'Ashoona amène Pitseolak à devenir une artiste. Le dessin apaise sa solitude et lui permet de faire le deuil d'Ashoona. Les œuvres de Pitseolak lui permettent de subvenir aux besoins de sa famille. Bien que son art soit né de circonstances douloureuses, il exprime surtout des souvenirs et des expériences plaisants : des scènes de privation et de souffrance n'apparaissent presque jamais dans ses dessins, bien que certaines images témoignent de tristesse et de nostalgie[4].
Pitseolak est reconnue comme l'une des premières artistes inuits à créer des œuvres autobiographiques. Son art contenant des images de la vie traditionnelle inuite a contribué à la création d'une forme d'art inuit moderne, capable de transmettre les connaissances et les valeurs traditionnelles, connaissant un succès populaire et commercial mondial[4].
Pitseolak décède le à Cape Dorset.
Carrière artistique
modifierOriginellement, Pitseolak Ashoona travaille à coudre et à broder des produits destinés à la vente dans le cadre d'un programme d'artisanat lancé par le département des Affaires nordiques en 1956[4]. C'est lorsqu'elle observe le travail de sa cousine à l'atelier de Cape Dorset que Pitseolak se met au dessin. Ses premiers travaux sont bien accueillis. Elle devient rapidement l'une des artistes les plus populaires parmi les graveurs de Cape Dorset[4].
Pitseolak est l’une des premières artistes à réaliser des gravures pour l'atelier de Cape Dorset. Artiste autodidacte, elle trouve des solutions aux problèmes artistiques à travers « un programme autodirigé de dessin répétitif »[4].
Travaillant d’abord avec un crayon graphite, Pitseolak passe ensuite aux crayons de couleur, puis aux feutres. Ceux-ci deviennent son support privilégié en raison des couleurs riches et vibrantes qui expriment le mieux la joie caractéristique de son travail[4].
Elle s'essaie également à la gravure sur plaques de cuivre, mais n'apprécie pas cette technique.
En 1973, Pitseolak raconte son histoire dans le documentaire animé Pictures out of My Life de l'Office national du film du Canada[5],[6]. Elle entre à l'Académie royale des arts du Canada en 1974. En 1975, elle fait l'objet d'une rétrospective à la Smithsonian Institution de Washington, organisée par le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada[7]. Elle reçoit l'Ordre du Canada en 1977 pour l'ensemble de son œuvre.
Au cours des deux dernières décennies de sa vie, elle produit une collection de plus de 7 000 images[7] représentant des scènes de la vie quotidienne précoloniale[8] et des légendes. Ses œuvres ont fait l'objet d'expositions dans des musées canadiens, notamment le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée national des beaux-arts du Québec[9], le Winnipeg Art Gallery, le Musée des beaux-arts de l'Ontario, le Musée canadien des civilisations et la Galerie d'art de Vancouver. Un timbre commémorant la journée internationale des femmes lui est dédié en 1993[10].
Notes et références
modifier- (en-US) « PITSEOLAK ASHOONA », sur DORSET FINE ARTS (consulté le ).
- « Pitseolak Ashoona 1904–1983 », National Gallery of Canada (consulté le ).
- « PITSEOLAK (Pitseolak Ashoona) », Canadian Women Artists History Initiative, (consulté le ).
- (en) Christine Lalonde, « Pitseolak Ashoona: Life and Work », The Art Canada Institute, sur aci-iac.ca, Art Canada Institute, .
- Pitseolak Ashoona sur L'Encyclopédie canadienne.
- (en) « Pictures Out of My Life », National Film Board of Canada, (consulté le ).
- (en) Tiberini, Elvira Stefania. (trad. de l'italien), Women in charge : artiste Inuit contemporanee = Inuit contemporary women artists = artistes Iunuit contemporaines, Milan, Officina libraria, , 71 p. (ISBN 978-88-89854-65-5, OCLC 778841636, lire en ligne).
- « Inuit Art » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le )..
- « Pitseolak Ashoona », sur collections.mnbaq.org (consulté le ).
- « Pitseolak », Famous Canadian Women on Stamps (consulté le ).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Christine Lalonde, « Pitseolak Ashoona: sa vie et son œuvre », Institut de l’art canadien, 2015.