Pierre Sisley
Pierre Sisley, né le dans le 17e arrondissement de Paris et mort le à Levallois-Perret, est un dessinateur industriel, fils du peintre britannique né en France Alfred Sisley.
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Marie-Louise Adélaïde-Eugénie Lescouezec (d) |
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Biographie
modifierPierre Sisley, né le 19 juin 1867 à Paris, au n° 27 de la Cité des Fleurs, aux Batignolles, un an et demi avant la naissance de sa sœur Jeanne Sisley, est le fils d'Alfred Sisley et de sa compagne Marie-Louise Adélaïde-Eugénie Lescouezec[1],[2].
Son père, un des fondateurs de l'impressionnisme, né à Paris, a centré son œuvre sur les paysages français de Paris, Louveciennes, Marly-le-Roi, Sèvres et Moret-sur-Loing[3]. Le 30 mai 1888, il tente d'obtenir la nationalité française, en vain[4].
Vers 1875, Renoir peint le portrait de Pierre Sisley, que son père conserve jusqu'à sa mort[5] avant de passer dans la collection de Jeanne Sisley.
À sa majorité, Pierre s'engage dans l'armée et rejoint un régiment de Bourges où il devint sous-officier et obtient la nationalité française[6].
En 1897, Alfred Sisley et sa compagne se rendent au Royaume-Uni pour légitimer leurs enfants, ce qu'ils font le 3 août au consulat de France de Cardiff avant de se marier à l'hôtel de ville le 5 août. De retour à Moret-sur-Loing, en novembre 1897, il tente à nouveau de se faire naturaliser français, mais ses démarches n'aboutissent pas en raison de la perte de certains documents officiels. Il écrit le 13 janvier 1899 : « Je suis rompu par la douleur… Je n’ai plus l’énergie de combattre… ». Il fait appeler Claude Monet, lui recommande ses enfants et lui dit adieu. Il meurt le 29 janvier 1899 dans sa maison à Moret-sur-Loing sans avoir pu acquérir officiellement la nationalité française[7].
Claude Monet avec Pierre Sisley trouve 27 toiles et 6 pastels invendus dans la maison qu'habitait son père Alfred Sisley à Moret[6].
Le , à l'initiative de Monet, une vente de toiles de Sisley et d'autres artistes au profit de ses enfants Jeanne et Pierre est réalisée à la galerie Georges Petit. La vente des tableaux de Sisley atteint plus de 100 000 francs, et celle des autres peintres dont Degas, Monet, Pissarro et Renoir atteint plus de 40 000 francs[8],[7]. Pierre Sisley souhaitait se marier à Germaine Hoschedé, belle-fille de Claude Monet. Mais ce dernier s'y serait opposé en raison de sa profession[9]
En 1907, Jeanne vend La Leçon, une toile réalisée par son père vers 1874, la représentant au côté de son frère[10].
En 1908, lors du mariage de Jeanne avec un joaillier parisien, Louis Georges Fernand Dietsh, Pierre Sisley est un des témoins. Sur l'acte de mariage, il est indiqué qu'il est « dessinateur à Paris rue des Belles Feuilles »[11].
Pierre Sisley est présent au nom de la famille Sisley le 15 juillet 1911 à l'inauguration du monument à Alfred Sisley à Moret et remercie tous ceux qui ont participé à l'érection du monument[12].
Jeanne meurt le 4 février 1919, à l'âge de 50 ans, à Paris, à son domicile au 26 rue Vivienne[13]. Elle est suivie dans la mort par son époux le 17 février 1919. Quatre mois après la mort de Jeanne Sisley et de son époux, des œuvres d'Alfred Sisley et d'elle-même sont vendues aux enchères à l'Hôtel Drouot le 3 juin 1919. Le lot 4, Le pont de Moret, effet d'orage d'Alfred Sisley sera vendu en 1940 et envoyé en Allemagne. Il se trouve au musée d'Art moderne André-Malraux du Havre (Musées nationaux récupération). Le lot 9, La maison rose, une autre toile de son père, est vendue chez Christie's à Londres le 24 juin 2015, Impressionist and modern day sale, lot 334[14].
En 1923, Pierre Sisley, héritier de son père le peintre Alfred Sisley mandate la société de perception du droit d'auteur aux artistes de se porter partie civile pour un soupçon de falsification d'une toile signée Sisley représentant Les bords du Loing, mise en vente au printemps de 1914 à l'hôtel Drouot par un vendeur indélicat, qui pour mettre fin à la procédure, rembourse l'acheteur et remet à la société de perception du droit d'auteur aux artistes le faux Sisley, détruit en présence du juge d'instruction[15].
Pierre est mort le 21 juin 1929 à Levallois-Perret[16], à son domicile, 17 rue Poccard[17].
Après la mort de Pierre Sisley, l'affaire de la succession Sisley, jugée le 5 février 1937 par la première chambre du tribunal de la Seine est débattue après que Lucie Leudet (d) et Suzanne Leudet (d) , deux nièces d'Alfred Sisley l'aient revendiqué contre Turquin, administrateur judiciaire de la succession Pierre Sisley et la Société du droit d'auteur aux artistes. Alfred Sisley mort en 1899 laisse en effet un fils Pierre, et une fille Jeanne, décédés sans postérité. Les nièces Sisley revendiquent le droit de suite exercé par Pierre Sisley jusqu'à sa mort, comme un droit issu du peintre Sisley, sans revendiquer la succession de Pierre. Le tribunal de la Seine les déboute décrétant qu'on ne peut se prévaloir du droit de suite sans accepter la succession[18]. Un des éléments prononcés au cours du procès tient à la nationalité d'Alfred Sisley, le tribunal fait valoir « qu'il était Français par application de l'art. 8 C. civ ., reproduisant la loi du 26 juin 1889, et d'après laquelle est Français tout individu né en France d'un étranger et qui à l'époque de sa majorité est domicilié en France, à moins qu'il n'ait fait des déclarations et fourni des justifications contraires »[19].
Notes et références
modifier- François Daulte, Sisley : Les Saisons, éditions La Bibliothèque des Arts, 1992, (ISBN 2850471844 et 9782850471841), « Pierre Sisley Né le 19 juin 1867 à Paris, au n° 27 de la Cité-des-Fleurs, aux Batignolles. [...] 2. Jeanne Sisley Née le 30 janvier 1869 à Paris, au N° 27 de la Cité-des-Fleurs, aux Batignolles. Peintre et aquarelliste, Jeanne Sisley meurt le 4 février 1919, à l'âge de 49 ans, à Paris, en son domicile 26 rue Vivienne... Elle épouse le 23 juillet 1908 Louis-Georges-Fernand Diets Joaillier-bijoutier, Fernand Diets meurt le 17 février 1919, à Paris, en son domicile 26 rue Vivienne... Jacques Sisley né le 26 novembre 1871, 41 rue Nollet, à Paris. Décédé la même année. »
- Société de l'histoire du protestantisme français, Bulletin. Études, documents, chronique littéraire, 1974, p. 463 : « Alfred Sisley. Né à Paris, 19, rue des Trois-Bornes, 30-10-1839, et baptisé, 31-10-1840, par le pasteur Athanase Coquerel en l'église réformée de Paris (paroisse non précisée au registre, mais presque certainement l'Oratoire du Louvre). Demeuré de nationalité anglaise. Séjourne à Londres en 1857 pour s'initier au commerce. Commence à peindre autour de Paris. Ami du peintre protestant Frédéric Bazille qu'il a connu dans l'atelier de Gleyre et qui fit son portrait pendant l'hiver 1867-1868. Fuyant l'invasion, Sisley se réfugie à Londres en 1870 avec Monet et Pissaro ; il y retournera un peu en 1874 et en 1897. Il habite Sèvres de 1875 à 1879. Mort à Moret-sur-Loing, 19, rue Montmartre, 29-1-1899. Il épouse Marie-Louise Adélaïde-Eugénie Lescouezec, née à Toul vers 1840, morte à Moret, 19, rue Montmartre, 8-10-1898, (fille de Jean-Marie Lescouezec et de Colson). Renoir a peint en 1869 le couple Sisley (Wallraf Richartz Museum, Cologne). Marie Braquemond a peint en 1880 « La promenade en bateau. Sisley et sa femme » ; on lui doit aussi « Sous la Lampe » (Sisley et sa femme dînant chez les Braquemond à Sèvres). Les Sisley ont eu deux enfants : 1 Pierre Sisley. Né vers 1868. Décorateur en 1899, à Paris, 24, rue Popincourt. 2 Jeanne Sisley. Vit en 1899. Sisley a peint ses deux enfants, dans un salon, en 1871, seul portrait connu peint par lui. »
- Jean-François Lasnier, « Dans les pas de Sisley, l’impressionniste oublié », dans Connaissance des arts, 29 janvier 2020.
- Alfred Sisley, Sisley l'impressionniste, Hazan Eds, 2017 (ISBN 2754109846), p. 186.
- (en) Portrait de Pierre Sisley, sur le site de Christie's.
- René Roesch; Sisley rue Montmartre à Moret sur Loing, Les Amis de Sisley
- Alfred Sisley, Sisley l'impressionniste, Hazan Eds, 2017 (ISBN 2754109846), p. 187.
- « Catalogue de tableaux, études, pastels par Alfred Sisley et de tableaux, aquarelles, pastels et dessins offerts à ses enfants par les artistes », sur Gallica, (consulté le ).
- Douglas Skeggs, River of light: Monet's impressions of the Seine, 1987, p. 141 : "When Germaine Hoschede wanted to marry Pierre Sisley, he refused to allow it. The young man was an inventor and therefore, in Monet's mind, not a suitable husband for one of his step-daughters."
- (en) Richard Shone, Sisley, Phaidon Press, 1998 (ISBN 0714830518 et 9780714830513), p. 19.
- Archives de Paris Acte de mariage no 890 dressé au 16e arrondissement le 23/07/1908, vue 20 / 31.
- Archives départementales de Seine et Marne Cote PZ 1/16 : L'Abeille de Fontainebleau n° du 14 juillet 1911 N° 28 77ème année et son supplément N° 29 du 21 juillet 1911. Archives des Amis d’Alfred Sisley.
- Acte de décès (avec date de naissance erronée) à Paris 2e, n° 139, vue 26/31.
- « Catalogue des tableaux, pastels et dessins par Alfred Sisley [...] : [vente du… », Bibliothèque numérique, collections Jacques Doucet, sur inha.fr, Institut national d'histoire de l'art (consulté le ).
- Le Droit d'auteur N° 5 15 mai 1923 p. 59
- L'Art vivant, 1929, p. 587 : « On a récemment annoncé la mort dans une très modeste chambre d'un immeuble de Levallois-Perret, de Pierre Sisley, le fils du célèbre peintre impressionniste. Petit dessinateur industriel, Pierre Sisley vécut simplement... ».
- https://archives.hauts-de-seine.fr/ark:/74903/vtae68de9eaa9978174/dao/0/1/idsearch:RECH_3871ee77bfbe9ef3dedf062ed7398cbc?id=https%3A%2F%2Farchives.hauts-de-seine.fr%2Fark%3A%2F74903%2Fvtae68de9eaa9978174%2Fcanvas%2F0%2F25
- https://bib.kuleuven.be/rbib/collectie/archieven/rnb/1991-2824.pdf
- La Gazette du Palais, 1937, p. 356
Liens externes
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