Pierre II d'Alexandrie
Pierre II d'Alexandrie est un patriarche d'Alexandrie qui succède à Athanase en 373 et meurt avant le concile de Constantinople de 381.
Pape copte orthodoxe | |
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Patriarche d'Alexandrie |
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Lieu inconnu |
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Exilé quelques années à Rome où il enseigne auprès des aristocrates romaines contribuant ainsi à développer le monachisme romain, il est connu pour être mentionné dans l'édit de Thessalonique aux côtés de l'évêque de Rome Damase comme modèle de l'orthodoxie nicéenne qu'entend promouvoir l'empereur Théodose Ier.
Éléments biographiques
modifierLes éléments biographiques concernant cette personnalité tiennent en peu de choses. Prêtre alexandrin dont Jérôme de Stridon atteste qu'il est le propre frère du patriarche d'Alexandie Athanase[1], Pierre apparaît à l'histoire en 373, lorsque ce dernier le désigne sur son lit de mort pour lui succéder. Mais aussitôt investi, il est emprisonné par l'empereur Valens qui, peut-être conseillé par l'évêque Démophile de Constantinople, entend favoriser le christianisme homéen[2].
Exil à Rome
modifierLe préfet d'Égypte Aelius Palladius[3] et le comte des largesses sacrées Vindaonius Magnus lui substituent le prêtre Lucius — consacré évêque d'Alexandrie par le parti homéen depuis 362[4] — sur le trône épiscopal et chassent les nicéens des Églises, condamnant une vingtaine de presbytres et diacres qu'ils accusent d'être « des ennemis abominables de la loi des Romains » à l'exil ou aux mines[3]. Pierre s'enfuit à Rome où il demeure jusqu'en 378[2] justifiant dans une lettre encyclique l’abandon de son Église par le pouvoir militaire qui est déployé contre lui[3].
Arrivé à Rome accompagné de moines, il y enseigne bientôt auprès des aristocrates romaines la « discipline des vierges et des veuves »[5] et ce qui explique l'apparentement du monachisme romain à l'ascétisme égyptien[6]. Son influence s'exerce notamment sur Marcelle de Rome[5] et d'autres « dames du cercle de l’Aventin » qui pratiquent l'ascèse et la continence dans leurs palais, à l'imitation des pratiques orientales inspirées par la lecture de la Vie d'Antoine auxquelles elles ont pu être sensibilisées par Pierre[7].
Retour à Alexandrie
modifierPierre quitte Rome après un synode tenu à Rome vers la fin de 377, au cours duquel l'orthodoxie nicéenne est réaffirmée, estimant alors le moment venu de réclamer son siège, d'autant qu'il est possible que le parti nicéen ait bénéficié d'une amnistie de Valens, bien que ce point soit débattu[3]. Quoi qu'il en soit, Pierre regagne Alexandrie aux alentours du mois de et, à son retour, le peuple alexandrin chasse Lucius qui se réfugie à Constantinople, demandant l’aide de l’empereur[3]. Pierre cherche ensuite à asseoir sa base populaire et accueille les ariens en son Église, ce qui lui vaut l'accusation — d'après Jérôme — d'avoir été acheté par ces derniers[3].
En , Pierre est cité en exemple par Théodose Ier dans l'édit de Thessalonique qui promeut la foi de Nicée réputée transmise aux romains par l’apôtre Pierre lui-même et pratiquée par les patriarcats apostoliques dirigés par les évêques de Rome Damase et d'Alexandrie Pierre[8], symbolisant l’unité de l’Orient et Occident dans une même foi[9] : « Nous voulons que tous les peuples gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence vivent dans la religion que le divin apôtre Pierre — comme le proclame cette même religion, introduite par lui et continuée jusqu'à nos jours — a transmise aux Romains et que suivent, de toute évidence, le pontife Damase et Pierre, l'évêque d'Alexandrie, homme d'une sainteté apostolique »[10]. Cette déclaration atteste l'autorité doctrinale dont jouit alors le détenteur du siège d'Alexandrie[11].
Néanmoins, la même année, Pierre, peut-être lui-même motivé par un vieil antagonisme qui l'oppose à Mélèce d'Antioche, soutient avec d'autres évêques égyptiens — tendant à considérer l'épiscopat de Constantinople, alors encore dominé par le courant antinicéen, comme un satellite d'Alexandrie[12] — la nomination d'un de ses compatriotes, un philosophe cynique nommé Maxime, disciple d'Athanase, comme évêque de la faction anti-arienne[13] de la nouvelle capitale contre le cappadocien Grégoire de Nazianze[14]. La décision de l'empereur Théodose en faveur de ce dernier affaiblit la position d'arbitre que Pierre entendait jouer pour les Églises d'Orient[12] et celui-ci meurt avant le Concile qui se tient à Constantinople en 381[13]. Son frère Timothée lui succède à la tête de l'épiscopat Alexandrin[15].
Écrits
modifierOn a conservé de Pierre une lettre remarquablement détaillée relatant les évènements qui concernent l'imposition de Lucius à la tête de l'épiscopat alexandrin par Aelius et Magnus[4], lettre conservée par Théodoret de Cyr dans son Histoire ecclésiastique[16].
Notes et références
modifier- Bertrand Lançon et Benoît Jeanjean, Saint Jérôme, Chronique. Continuation de la Chronique d'Eusèbe, années 326-378. Suivie de quatre études sur Les Chroniques et chronographies dans l'Antiquité tardive (IVe – VIe siècles), Presses universitaires de Rennes, , 213 p. (ISBN 978-2-7535-2583-2, lire en ligne), p. 37
- Pierre Maraval, Le christianisme, de Constantin à la conquête arabe, Presses universitaires de France, , 544 p. (ISBN 978-2-13-073868-8, lire en ligne)
- Peter Van Nuffelen, « Arius, Athanase et les autres : enjeux juridiques et politiques du retour d’exil », dans Philippe Blaudeau (éd.), Exil et relégation, les tribulations du sage et du saint dans l'Antiquité romaine et chrétienne (IIe avt-VIe s. ap. J.-C.), De Boccard, , p. 147-175
- (en) Noel Lenski, Failure of empire : Valens and the Roman state in the fourth century A.D., Berkeley, Univiversity of California Press, (ISBN 978-0-520-28389-3, lire en ligne), p. 255
- (en) Neil B. McLynn, Ambrose of Milan : Church and Court in a Christian Capital, Berkeley, Univ of California Press, , 406 p. (ISBN 978-0-520-28388-6, lire en ligne), p. 61
- Y.-M. Duval, Introduction, p. 15-59, in Jérôme, La lettre 22 à Eustochium : De virginitate servanda, traduction et commentaire d'Y.-M. Duval et P. Laurence, coll. Vie Monastique, no 47, Abbaye de Bellefontaine, 2011, p. 19.
- Ariane Bodin, « La conversion au christianisme comme articulation des dynamiques individuelles et collectives (IIIe – Ve siècle) », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires, no spécial, (ISSN 1760-5776, DOI 10.4000/cerri.841, lire en ligne, consulté le )
- Baslez 2019, p. 242.
- Corbin 2007, p. 81-82
- traduction Jean-Marie Salamito, « L'Édit de Thessalonique, par Théodose Ier », Le Point Hors-Série, no 18 « Les textes qui ont changé le monde », , p. 31 (ISSN 0242-6005)
- (en) David M. Gwynn, Athanasius of Alexandria : Bishop, Theologian, Ascetic, Father, Oxford/New York, Oxford University Press, , 230 p. (ISBN 978-0-19-921096-1, lire en ligne), p. 54
- Didier Boisson, L’apologétique chrétienne : Expressions de la pensée religieuse, de l’Antiquité à nos jours, Presses universitaires de Rennes, , 478 p. (ISBN 978-2-7535-6872-3, lire en ligne), p. 85
- Manlio Simonetti, « Pierre II d'Alexandrie », dans Angelo Di Berardino (dir.), Dictionnaire encyclopédique du Christianisme ancien, vol. II : J-Z, Cerf, (ISBN 2-204-04182-3), p. 2036
- Sophie Métivier, La Cappadoce, IVe – VIe siècle : une histoire provinciale de l'empire romain d'orient, Publications de la Sorbonne, , 496 p. (ISBN 978-2-85944-522-5, lire en ligne), p. 203
- Jean Gaudemet, « Les regards du pouvoir sur l’épiscopat à l’époque théodosienne », dans Formation du droit canonique et gouvernement de l’Église de l’Antiquité à l’âge classique, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Société, droit et religion », (ISBN 979-10-344-0448-3, lire en ligne), p. 273-280
- Histoire ecclésiastique, IV, 21.1-22.36