People and baby

entreprise gestionnaire de crèches

People and baby (stylisé people&baby) est une entreprise française gestionnaire de crèches en délégation de service public ou pour des entreprises. Créée en 2004, elle compte en 2024 environ 762 établissements dans le monde, réparties dans dix pays, et 583 en France. People & Baby accueille en France 14 000 enfants[1].

People and baby
Le sens de l'enfanceVoir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Fondation
Cadre
Forme juridique
Domaine d'activité
Accueil de jeunes enfantsVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Effectif
10 600 employés ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs
Christophe Durieux (d), Odile Broglin (d), Thomas FabiusVoir et modifier les données sur Wikidata
Président
Philippe Tapié (2024)
Chiffre d'affaires
86,7 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Résultat net
−4,4 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Identifiants
SIREN
TVA européenne
OpenCorporates

En 2023, aux côtés de trois autres entreprises du secteur[2], le groupe apparut par ailleurs associé à une polémique portant sur la maltraitance infantile dans les crèches privées françaises[3].

Histoire

modifier

Création

modifier

En 2003, le parc de crèches français ne propose que 200 000 berceaux - ne pouvant accueillir qu'un enfant sur dix de moins de trois ans[4]. Selon la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales), Il n'y a en 2002 que 200 crèches privées dans le pays[5]. Le gouvernement souhaite donc encourager la création de nouveaux établissements. En 2004, il accorde aux entreprises des financements publics pouvant atteindre 80% pour créer leur propre crèche[6]. C'est dans ce contexte que de nombreuses entreprises de l'accueil de la petite enfance sont créées cette année-là dont People and Baby[4],[7].

Odile Broglin, infirmière puéricultrice, gère la crèche de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Son compagnon, Christophe Durieux, entrepreneur notamment dans le secteur de la communication d'entreprise, lui propose l'idée de lancer une entreprise dans la création de crèches. Le couple s'entoure de plusieurs associés, dont Thomas Fabius pour créer People&baby[8].

Thomas Fabius quitte la société au bout de 6 mois en raison de différends avec ses partenaires qui lui rachètent ses parts[9],[10]. Dans le procès-verbal de l'assemblée générale de l'entreprise du 16 janvier 2006, ils lui reprochent notamment ses « menaces et propos pesants envers les autres participants au projet », ses « rendez-vous inopinés avec la concurrence » et l'« inacceptable dévoiement de son rôle », se présentant, « notamment auprès des médias, comme le dirigeant de l'entreprise, voire son président, usurpant un titre qu'il ne possède pas »[11].

People and baby propose d'abord des solutions de crèches clés en mains à destination des grandes entreprises qui entendent ainsi fidéliser leurs salariés[12] et des zones industrielles[8].

Extension

modifier

L'entreprise s'est spécialisée dans les micro-crèches et a développé un réseau d'établissements bilingues, principalement en anglais[13]. En 2011 est lancé le réseau "Crèches pour tous", un puissant réseau de plus de 3000 établissements regroupant les crèches appartenant à People and baby et des établissements partenaires[7] pour lesquels elle commercialise les places[13].

En 2012, création de la Fondation People and Baby dont les actions s'étendent notamment en Côte d'Ivoire (2013)[14].

En 2017, People and baby est élue « Meilleure enseigne » dans la catégorie « Crèches » par l’enquête annuelle menée par le magazine Capital et l’institut d’études Statista auprès d’un panel de 20 000 personnes[15] mais elle ne figure plus dans le palmarès les années suivantes[16],[17].

En 2020, contrairement à ses concurrents, le 3e acteur du secteur limite son développement à la France avec 550 crèches et 5000 salariés pour un chiffre d'affaires de 200 millions €[18]. People & baby reste le dernier groupe familial du secteur détenu par ses fondateurs jusqu'en 2024[19].

En 2023, le groupe compte 700 établissements en France et accueille 14 000 enfants chaque jour[20].

Les crèches lucratives ont ainsi progresser dans le paysage français. En 2011, les crèches privées ne représentaient que 6,5 % du parc, loin derrière les crèches municipales 61% du parc et les crèches associatives (30%). En 2015, on dénombre, selon la Dress, environ 700 structures sur 12000 gérées en DSP. En 2020, les crèches privées à but lucratif représentent 31 % du parc, devant [21]les crèches municipales (16% du parc), et les crèches associatives (22%)[21].

Données économiques

modifier
 
Implantation internationale de People and baby

EN 2024, People and Baby revendique 850 crèches en France et à l'étranger et un taux de croissance de 31% de son nombre de places. Son CA de 130 millions reste moins élevés que ses concurrents[13].

En 2022, le groupe est largement présent en France, avec plus de 700 établissements ouverts. Il est également implanté dans douze pays étrangers avec environ 150 crèches réparties entre Chine, Cambodge, Philippines, Singapour, États-Unis, Canada, Qatar, Émirats arabes unis, Luxembourg, Italie, Russie, et Belgique[22]. Au total, le groupe emploie environ 10 600 personnes, dont 6 200 en France[22] et garde environ 33 000 enfants par jour[23].

En 2019, le chiffre d'affaires de People and baby s'élevait à de 84,2 millions d'euros[24].

Accusations de maltraitance, d'escroqueries et de détournement de fonds publics

modifier

2022: Affaire de Lyon

modifier

À l'été 2022, les médias relaient les témoignages de parents et de salariés du groupe déplorant la gestion de People and baby[25]. Ces prises de paroles font suite à la mort d'un enfant de 11 mois, tué le 22 juin 2022 par une employée d'une microcrèche People and baby de Lyon, qui lui a fait ingérer un produit ménager, excédée par les pleurs du nourrisson[25]. À la suite de la révélation de l'affaire, des témoignages sont relayés dans les médias : un ancien cadre responsable opérationnel chez People and baby estime que « le groupe est aussi responsable car il ne s'apprête pas à la sécurité physique et mentale de ces collaborateurs »[25], tandis que d'autres collaborateurs dénoncent un manque de personnel, une trop forte pression exercée sur les employés, et font état d'actes de maltraitance envers des enfants qu'ils expliquent par les manquements du groupe[25],[26],[27],[28]. Le groupe People and baby n'est finalement pas poursuivi[19]. Il dénonce un « amalgame médiatique indigne », conteste le « rapprochement [opéré par certains médias] entre ce meurtre et les conditions de travail des professionnels en crèche »[29] et des témoignages qualifiés d'« invérifiables »[30].

Suites médiatiques de l'affaire de Lyon

modifier

Il est révélé dans la presse d'autres cas de maltraitance dans les crèches People and baby : une enfant de quatre mois retrouvée en décembre 2021 avec des traces de coups dans une crèche lyonnaise[31]. Un enfant présente en mai 2021 « des bleus à la base du cou, des lésions d'empoignement sur le bras, des hématomes intercostaux et des griffures comme s'il s'était échappé et qu'on l'avait rattrapé » et un autre qui « se tétanise et fait des crises de pleurs » dans une crèche à Villeneuve-d'Ascq[32]. L'ex-directrice et une ex-employée sont condamnées le par le tribunal de Lille pour «violences physiques ou psychologiques commises sur des enfants en bas âge» et «privations d’aliments ou de soins au point de compromettre la santé d’un enfant»[33]. À Bordeaux, une crèche est fermée par la préfecture le 19 juillet 2022 à cause de cris et paroles inappropriés proférés lors de sorties par trois employés de l'établissement, et d'un rapport d'un médecin de la Protection maternelle et infantile, dénonçant notamment un mal-être des enfants[34]. Une décision que le réseau de crèches privées avait tout de suite contestée. Finalement, au lieu du 19 octobre initialement prévu, la structure a été autorisée à rouvrir avec 1 mois d'avance[35], « Le groupe people&baby regrette qu’il ait fallu 2 mois et la mise en difficulté de 20 familles alors que tout était conforme : équipe, diplômes, locaux, normes de sécurité, formations ».

Une nouvelle plainte pour maltraitance est déposée en décembre 2022 contre une crèche à Metz à la suite d'une blessure sous l'œil d'un enfant de 7 mois. De son côté, le groupe conteste les faits et maintient que le bébé s'est réveillé de la sieste avec l'œil rouge. « Sur la même période, 3 autres enfants de la crèche ont développé des conjonctivites »[36],[37].

2023: Enquêtes journalistiques

modifier

Le livre enquête Babyzness décrit la manière dont dérive le business des crèches privées, dont l'entreprise People&baby. L'enquête décrit la méthode de croissance tous azimuts du groupe People and baby au détriment de ses concurrents (Saperlipopette) tout en maîtrisant les voix dissonantes[38]. L'affaire de Saperlipopette est en cours juridiquement afin de connaître le préjudice financier même si People and baby a déjà été condamnée en première instance et en appel[39].

Libération expliquait que les services juridiques de l'entreprise travaillent sans relâche à la maîtrise des commentaires perçus comme négatifs sur internet, et la e-réputation de People and baby, en utilisant notamment des lettres de menaces à l'égard des personnes qui s'épancheraient trop sur les problèmes de maltraitance[38].

2024: Mise en cause dans Les Ogres de Victor Castanet

modifier

En septembre 2024, le groupe est ouvertement mis en cause dans un livre écrit par un journaliste d'investigation, Victor Castanet. Il révèle les pratiques commerciales agressives de l'entreprise, proposant des prestations à des mairies à des prix défiant toute concurrence (4 000 € par enfant contre 12 000 € dans une crèche publique)[40]. La masse salariale y serait donc très encadrée et dégraderait les conditions d'accueil des jeunes enfants. L'auteur y décrit un système du moins-disant financier qui privilégie la baisse des coûts au maintien de la qualité de service. Un système qui est soutenu au niveau du gouvernement par Aurore Bergé, qui fait preuve de mansuétude à l'égard des crèches privées[41].

Le 8 novembre 2024, l'association Anticor dépose plainte à Paris contre le groupe pour escroqueries et détournement de fonds publics[42].

Bibliographie

modifier
  • Bérangère Lepetit et Elsa Marnette, Babyzness : Crèches privées : l'enquête exclusive, Robert Laffont, , 311 p. (ISBN 2221268709).
  • Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse, Le prix du berceau: ce que la privatisation des crèches fait aux enfants, Éditions du Seuil, (ISBN 978-2-02-153498-6)
  • Victor Castanet, Les Ogres, Flammarion, (ISBN 9782080425621)

Références

modifier
  1. « Les crèches People & Baby suscitent les convoitises », sur Le Figaro, (consulté le )
  2. « Maltraitance dans les crèches privées : Babilou, People & Baby... les 4 groupes mis en cause convoqués par le gouvernement », sur midilibre.fr (consulté le )
  3. « Maltraitance dans les crèches privées : "Un adulte pour cinq enfants"... la ministre Aurore Bergé veut un meilleur encadrement et plus de contrôles », sur ladepeche.fr (consulté le )
  4. a et b Jean-Francis Pécresse, « Petite enfance : le gouvernement ouvre les crèches au secteur privé », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  5. « Fortement subventionné, le marché des crèches d'entreprise grandit rapidement », La Tribune,‎
  6. Nicolas Lebon, « Les crèches d'entreprise décollent en douceur malgré un boom des demandes », La Tribune, no 3482,‎ , p. 6
  7. a et b Dominique Malécot, « People & Baby met les crèches en réseau », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Nathalie Brafman, « Thomas Fabius, de la plonge aux crèches d'entreprise », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Raphaëlle Bacqué, « Thomas Fabius, l’« enfant terrible » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. « People & Baby attise l’appétit des fonds », sur Capital Finance, (consulté le )
  11. Anne Vidalie, « Thomas Fabius, itinéraire d'un enfant pas si gâté », sur L'Express, (consulté le )
  12. « Les services aux salariés, un marketing coûteux », sur Les Echos, (consulté le )
  13. a b et c Daphné Gastaldi et Mathieu Perisse, Le Prix du berceau: Ce que la privatisation des crèches fait aux enfants, Seuil, (ISBN 978-2-02-153499-3, lire en ligne)
  14. « La Fondation people&baby installe une nouvelle crèche en Côte d’Ivoire », Cnews,‎ (La Fondation people&baby installe une nouvelle crèche en Côte d’Ivoire)
  15. Zeliha Chaffin, « Les champions du service à la personne », Capital,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le )
  16. Zeliha Chaffin, « Babychou, Merci +, Complétude… découvrez les champions du service à la personne », Capital,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Bruno Declairieux, « Babychou, MesDépanneurs, Keepschool... voici les champions du service à la personne », Capital,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Babilou, Petits Chaperons rouges, Maison bleue : les crèches privées, un succès qui s'exporte », sur Les Echos, (consulté le )
  19. a et b Marion Perroud, « « Putsch », « fonds vautour » : bras de fer autour de la gouvernance des crèches People & baby », sur Challenges, (consulté le )
  20. « Crèches privées, les dessous d'un succès controversé : "C’est le même principe qu’à l’Ehpad" », sur L'Express, (consulté le )
  21. a et b Julie Marty Pichon, J'ai mal à ma crèche: Ce que vous devez savoir sur l'accueil des bébés en France, Editions Eyrolles, (ISBN 978-2-212-59159-0, lire en ligne)
  22. a et b « Découvrez le réseau de crèches et jardins d'enfants people&baby à l'international », sur people&baby (consulté le )
  23. (en) « The story of people&baby », sur people&baby (consulté le )
  24. « Société PEOPLE AND BABY : Chiffre d'affaires, statuts, Kbis », sur www.pappers.fr (consulté le )
  25. a b c et d Romain Poisot, « Affaire "People & Baby": y a-t-il un problème avec les crèches en France ? », sur RMC (consulté le )
  26. SudOuest, « « Je n’ai pas envie qu’il y ait d’autres drames » : l’ex directrice d’une crèche dénonce des conditions intenables », sudouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
  27. « Dijon : des salariés d'une crèche se mettent en grève pour dénoncer les conditions d'accueil des enfants », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
  28. « Moisissures, "usine à fric", maltraitance: les témoignages sombres d'employés de crèches People&Baby », sur RMC (consulté le )
  29. Lucie Hennequin, « Les crèches People & Baby visées par des accusations de maltraitance », sur Le HuffPost, (consulté le )
  30. Camille Belsoeur, « Décès d'une fillette : la crèche People & Baby dénonce des "témoignages invérifiables" », sur Lyon Capitale, (consulté le )
  31. « "C'est atroce de vivre une chose pareille" : des parents dénoncent des soupçons de maltraitance dans des crèches People & Baby », sur Franceinfo, (consulté le )
  32. Baptiste Mezerette, « Deux employés d'une crèche People and Baby accusés de violence sur des bébés à Villeneuve-d'Ascq », sur France 3 Hauts-de-France, (consulté le )
  33. Joséphine Pelois, « Crèche People & Baby : ce que l’on sait de la condamnation de deux ex-employées »  , Capital, (consulté le )
  34. V. D., « Une crèche People and Baby fermée à Bordeaux », sur lesprosdelapetiteenfance, (consulté le )
  35. « People and Baby : réouverture anticipée de la crèche de Bordeaux », sur lesprosdelapetiteenfance, (consulté le )
  36. « «Je n'arrive plus à dormir la nuit» : une mère assure que son fils a été violenté dans une crèche People & Baby », sur LEFIGARO, (consulté le )
  37. « Œil "injecté de sang", griffure... Les parents d'un bébé portent plainte contre une crèche People and Baby de Metz », La dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le )
  38. a et b Elsa Maudet, « Crèches privées : le groupe People & Baby épinglé dans un livre enquête »  , Libération, (consulté le )
  39. [lire en ligne]
  40. « Crèches privées : "Il y a des enfants punis dans le noir, sans tétine, sans doudou", affirme Victor Castanet », sur France Inter, (consulté le )
  41. Charlotte Arce, « Dans « Les Ogres » de Victor Castanet, la crèche de Matignon est prise pour cible, voilà pourquoi »  , The HuffPost, (consulté le )
  42. « Crèche : Le groupe People & Baby visé par une plainte pour escroqueries »  , 20 minutes,

Liens externes

modifier