Pauline Gabrielle Barré de Saint-Venant

résistante française pendant la Seconde Guerre mondiale, chef du réseau de Résistance Marie-Odile

Pauline Gabrielle Barré de Saint-Venant, née Gaillard, le à Villers-lès-Nancy et morte le à Ravensbrück, est une résistante française connue sous le pseudonyme de Marie-Odile Laroche, cheffe du réseau « Marie-Odile ».

Pauline Gabrielle Barré de Saint-Venant
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pauline Gabrielle Gaillard
Pseudonymes
Marie-Odile Laroche, Madame Drouin, Jacques Berthier, Saint-Sevenan, Saint-Aran, Madame DrameVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Parentèle
Raoul Barré de Saint-Venant (d) (beau-père)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Distinctions
Archives conservées par
Service historique de la Défense (GR 16 P 238976, GR 28 P 4 268 8, AC 21 P 421 524)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Rue Marie-Odile à Nancy.

Biographie

modifier

Pauline Gabrielle Gaillard naît à Villers-lès-Nancy le . Pendant la Première Guerre mondiale, elle s'engage comme infirmière volontaire à l'Hôpital Villemin de Nancy[2]. Le [3], elle épouse Henri Barré, comte de Saint-Venant (1881-1933)[4] avec lequel elle dirige une manufacture de lingerie, no 2 rue de la Salle à Nancy, qui emploie jusqu'à une quarantaine d'ouvrières[5] et qu'elle gère seule après la mort de son mari, jusqu'en 1939[6].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle aide les prisonniers qui arrivent chaque jour par dizaines après l'armistice du 22 juin 1940. Elle les recueille, les loge et les habille. Elle est secondée par des amis, puis par le Secours national, la Croix-Rouge et la Maison du Prisonnier[7] ; elle réussit à procurer à tous des cartes d'alimentation, et, quand arrive l'époque où des papiers d'identité sont nécessaires, elle en fait faire de faux qui sont invérifiables : les fugitifs bruns « naissent » en Afrique du Nord, les blonds dans le Nord ou l'Est de la France, mais toujours dans des localités où les archives ont été détruites[2].

Pauline Barré de Saint-Venant est alors prise dans le collimateur de la Gestapo nancéienne ; après avoir échappé à une première arrestation, elle change d'identité et devient Marie-Odile Laroche. Elle part pour Lyon où, dès la première semaine, son réseau « Marie-Odile » fonctionne : Juifs, prisonniers réfractaires et Alsaciens-Mosellans « malgré-nous » déserteurs de l'armée allemande obtiennent son aide. Elle s'intéresse aussi aux renseignements. Une nouvelle menace d'arrestation l'oblige à quitter Lyon. À Paris, elle réorganise un réseau qui assure des rapatriements d'aviateurs vers l'Angleterre, des transports d'armes et des contacts avec Genève. Le , elle est arrêtée, conduite rue des Saussaies où elle est interrogée, puis elle est incarcérée à Fresnes jusqu'au 1er août. En trois mois, ses bourreaux n'ont rien obtenu d'elle. Le 15 août, elle est sur la liste d'un convoi qui part vers Ravensbrück (« convoi des 57000 »). Elle est ensuite emmenée à Torgau, où elle refuse le travail en usine. Après un nouveau passage par Ravensbrück, elle est transférée à Königsberg in der Neumark, le plus dur des camps de femmes[8]. Puis, avec la fuite des allemands devant l'armée soviétique, elle est ramenée à Ravensbrück, où elle décède le .

Le réseau Marie-Odile

modifier

Le réseau Marie-Odile s'étendait dans toute la France, principalement en Lorraine (Nancy et Metz), Paris, Lyon et Mâcon, dans l'Ouest (Tours, Nantes[9], Caen[10], Poitiers), en Corrèze et dans les Pyrénées. L'abbé Henri Péan en était l'organisateur pour la région Sud-Touraine et Nord-Vienne. Le réseau regroupait plus de 600 agents, dont environ 200 furent arrêtés et plus de soixante fusillés ou morts en déportation[11]. Il a favorisé 30 000 passages à destination des maquis, de la France Libre, de l'Afrique du Nord, de la Suisse et de l'Angleterre, comprenant le rapatriement de plus de 300 aviateurs alliés. À titre posthume, les actions de Marie-Odile Laroche lui ont valu plusieurs décorations de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis[2].

Hommages

modifier

Décorations

modifier

Références

modifier
  1. Mémoire des hommes (base de données). 
  2. a b et c « Marie Odile Laroche 1895-1945. Bulletin de liaison des adhérents de l'association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Meurthe-et-Moselle n° 21, p. 31 », sur afmd.org (consulté le )
  3. « Pauline Gabrielle Gaillard », sur geneanet.org (consulté le )
  4. « Henri Barré de Saint-Venant, comte », sur geneanet.org (consulté le )
  5. « Photographie de Madame de Saint-Venant et ses ouvrières », sur blog de François Munier (consulté le )
  6. « Tribunal de commerce 1939, 28 avril : Gaillard Pauline Gabrielle veuve Saint-Venant, commerçante en lingerie à Nancy », sur France Archives (consulté le )
  7. « La Maison du Prisonnier », sur ajpn.org (consulté le )
  8. « Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°2, 1985, p. 7-13. Chute du nazisme : La libération du camp de concentration de Königsberg en Neumark », sur persée.fr (consulté le )
  9. « 1943, des résistantes qui cachaient des aviateurs américains », sur hypothèses (consulté le )
  10. « Louise Boitard », sur archives.calvados.fr (consulté le )
  11. « Bulletin n° 2, 2019 : Agent-recruteur au sein du réseau de passeur Marie-Odile », sur Association du Fort de Metz-Queuleu (consulté le )
  12. « Marie-Odile Laroche, grande résistante de Villers-lès-Nancy », sur L'Est républicain (consulté le )
  13. L'Est républicain,  : Grand Nancy - Villers-lès-Nancy : inauguration de la rue Marie-Odile-Laroche
  14. « Pauline Barré de Saint-Venant, infirmière, résistante » (consulté le )
  15. « Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation : Portrait de Pauline Barré de Saint Venant », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  16. « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier