Paul Janet (philosophe)

philosophe français

Paul Alexandre René Janet, né à Paris le et mort à Paris le , est un philosophe français.

Paul Janet
Paul Janet avant sa mort.
Fonction
Président
Société médico-psychologique
à partir de
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Décès
Nom de naissance
Paul-Alexandre-René JanetVoir et modifier les données sur Wikidata
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Pierre-Honoré Janet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Félix Janet (d)
Jules Janet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Biographie

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Jeunesse et études

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Plaque de rue à Strasbourg.

Paul Janet est élève à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1841. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en 1844, au rang de major[1]. II soutient ses deux thèses de doctorat ès lettres le 26 août 1848, à la faculté de l'université de Paris[2]. La première, en français, traite de la dialectique platonicienne[3]. La deuxième, en latin, s'intéresse à la vie plastique de la nature, célébrée dans le système intellectuel de Ralph Cudworth[4].

Parcours professionnel

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De 1853 à 1896, il participe à des dizaines de soutenances de thèses de doctorat, en qualité de membre du jury[2].

Il devient professeur de philosophie morale à Bourges (1845-1848), à Strasbourg (1848-1857), puis de logique au lycée Louis-le-Grand à Paris (1857-1864). À partir de 1862, il est professeur suppléant de philosophie à la Sorbonne puis en 1864, il occupe la chaire d'histoire de la philosophie dans cette université jusqu'en 1898[5].

Paul Janet est recruté par Émile Boutmy comme enseignant de philosophie à l'École libre des sciences politiques (Sciences Po)[6].

Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1864 et est également membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique en 1880[5].

Ses travaux concernent essentiellement la philosophie, la politique et l'éthique en s'inscrivant dans la lignée de l'éclectisme de Victor Cousin[7] et à travers lui, de Hegel.

Son œuvre

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On lui doit en outre (avant Bergson) des considérations novatrices sur la durée de la vie. Il postule l'idée selon laquelle le temps passe plus vite au fur et à mesure que l'on grandit, cela étant dû au fait que l'homme a une vision subjective de la temporalité. Concrètement, le temps passe plus vite car « lorsque l’on a 10 ans, une année représente 10 % de notre vie, et semble vraiment une durée très longue. En revanche, à 50 ans, une année ne représente plus que 2 % de notre vie, et peut sembler durer 5 fois moins longtemps[8]. »

Dans son œuvre principale, La Morale, il développe une philosophie éthique qu'il qualifie lui-même d'eudémonisme rationnel « opposé d'un côté à l'eudémonisme utilitaire, et de l'autre au formalisme trop abstrait de la morale de Emmanuel Kant, mais en même temps les conciliant l'un et l'autre »[9]. Antonin-Gilbert Sertillanges reprendra à son compte cette conception[10]. Paul Janet qualifie également sa doctrine de déontologisme en le reliant cependant à un éclectisme éthique visant à concilier aussi bien Aristote que Kant ou John Stuart Mill.

Pour y parvenir, il part du principe selon lequel le bien moral suppose un bien naturel qui lui sert de fondement. Ce bien naturel n'est pas le plaisir mais l'excellence, ce qu'il y a de meilleur dans les biens extérieurs, puis dans le corps humain, puis dans l'âme. Et ce qu'il y a de meilleur dans l'âme est « la personnalité, c'est-à-dire la volonté raisonnable » en tant qu'elle s'unit avec la personnalité des autres hommes dans la fraternité et avec des biens impersonnels comme le beau, le vrai, le saint[11]. La distinction entre bien et plaisir signifie que tout plaisir n'est pas forcément un bien, mais non que tout bien ne soit pas un plaisir en quelques façons. Il y a du plaisir à agir comme le voulait Aristote, et l'action excellente apporte donc le plaisir le plus élevé, ce qui revient au bonheur, de sorte qu'il n'y a pas à opposer comme Kant la valeur morale et la nature humaine, ce qui serait contradictoire, mais plutôt à les accorder comme l'ont compris, selon Janet, les utilitaristes comme Bentham ou Mill. Seulement le bonheur n'est pas comme le pense Bentham le résultat d'un calcul aboutissant à combiner un maximum de plaisirs, c'est « la plus haute joie, le plus pur plaisir ».

Mais cette doctrine du bonheur est aussi une doctrine du devoir, c'est-à-dire de la loi qui consiste à chercher notre perfection, notre plus haut accomplissement moral possible qui est aussi le bonheur comme joie la plus haute. Comme le bien moral découle du bien naturel, « le devoir consiste à faire le bien. - Le bien consiste à faire son devoir. En d'autres termes, le devoir consiste à rechercher ce qui est naturellement bon ; et l'acte moralement bon est celui qui est fait par devoir. » ce qui s'accorde avec la doctrine morale de Kant.

Ouvrages

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Notes et références

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  1. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
  2. a et b https://eslettres.bis-sorbonne.fr/notice/Doctorant/5338, consulté le 11 décembre 2023.
  3. Paul Janet, Essai sur la dialectique de Platon [en ligne], Paris, Joubert, 1848, 209 p., URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5347741d, consulté le 11 décembre 2023.
  4. Paul Janet, De plastica naturae vita quae a Cudwortho in systemate intellectuali celebratur [en ligne], Paris, Joubert, 1848, 60 p., URL : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5328207b, consulté le 11 décembre 2023.
  5. a et b Christophe Charle, « 60. Janet (Paul, Alexandre, René) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 1,‎ , p. 101–102 (lire en ligne, consulté le )
  6. Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-26077-0, lire en ligne)
  7. Paul Janet, La Morale, Préface, p. XIII
  8. « Pourquoi le temps semble passer plus vite avec l'âge ? - SciencePost » (consulté le )
  9. La Morale, Préface, p. XII
  10. La revue des deux mondes, 1911, tome 4, p. 604
  11. La Morale, Préface, p. VII

Annexes

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Bibliographie

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Liens externes

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