Patrick Dupond
Patrick Dupond, né le à Paris 11e et mort le à Mercin-et-Vaux dans l'Aisne, est un danseur français.
Nom de naissance | Patrick Jean-Baptiste Dupond[1] |
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Naissance |
Paris 11e (France) |
Décès |
(à 61 ans) Mercin-et-Vaux (France) |
Nationalité | Française |
Activité principale |
Danseur étoile au Ballet de l'Opéra national de Paris Directeur de la Danse à l'Opéra de Paris |
Style | Danseur |
Lieux d'activité | Paris |
Années d'activité | 1976-1997 |
Maîtres | Max Bozzoni, Rudolf Noureev |
Il se fait connaître en 1976 en remportant la médaille d'or du concours international de ballet de Varna en Bulgarie. Danseur virtuose, il est nommé danseur étoile de l'Opéra national de Paris en 1980, et rencontre un succès considérable en France ainsi qu’à l’étranger. Il travaille avec d'éminents danseurs dont Rudolf Noureev, Maurice Béjart ou Alvin Ailey.
En 1990, il devient directeur de la danse du ballet de l'Opéra national de Paris, succédant ainsi à Noureev. Il quitte cette fonction en 1995, puis l'Opéra de Paris en 1997, licencié, selon ses mots, pour « son insoumission et son indiscipline »[2].
Par la suite, il apparaît à diverses occasions sur les plateaux télévisés comme candidat ou juré d'émissions (dont Prodiges ou Danse avec les stars) tout en continuant de se produire sur scène.
Biographie
modifierLes années d'apprentissage
modifierSon père quitte le domicile familial très tôt. Il vit une enfance simple et modeste en compagnie de sa mère et du compagnon de celle-ci. Elle travaille dans une brasserie des grands boulevards[3]. Pour canaliser l'énergie de son fils, sa mère décide de l'inscrire dans un club de football, puis à des cours de judo. Le jeune Patrick abandonne rapidement ces activités. Il découvre sa vocation en observant un cours de danse classique et sa mère l'inscrit donc à un cours de danse.
Ses capacités sont vite remarquées et son professeur de danse lui conseille de prendre des cours d'un niveau supérieur. C'est à cette époque — à la fin de l'année 1967 — que ses parents rencontrent par hasard Tessa Beaumont et Max Bozzoni, lui-même ancien danseur à l'Opéra de Paris. Ce dernier pressent tout de suite le talent du jeune danseur et accepte de prendre en main la formation de Patrick Dupond. Il est également l'élève de la chorégraphe Claude Bessy, qui veille en tandem avec Max Bozzoni sur le jeune prodige[4].
Au moment des événements de , il doit arrêter momentanément ses activités scolaires et ses cours de danse. Lorsqu'il reprend le chemin de l'école, il est victime d’ostracisme de la part de ses camarades du fait de sa qualité de jeune danseur, et il se présente aux sélections d'entrée à l'école de danse de l'Opéra de Paris.
Il est admis à l'école de danse en 1969, à l'âge de dix ans, pour le stage de préparation de trois mois. Il réussit ensuite le test d'entrée à l'école de danse et y fera toute sa formation de danseur classique, tout en continuant à prendre des cours particuliers chez Max Bozzoni, chaque soir. Il continuera d'étudier sous la direction de Gilbert Mayer mais, jusqu'au bout, son maître aura été Max Bozzoni.
Il est élève au lycée Racine (Paris), où il obtient le bac à l'âge de 14 ans[Information douteuse][5].
L'Opéra national de Paris et la carrière internationale
modifierLe , Patrick Dupond est admis à intégrer le corps de ballet de l'Opéra de Paris en tant que quadrille stagiaire. Il a seize ans.
Il remporte la médaille d'or du concours international de ballet de Varna en Bulgarie, avec la variation d'Albrecht du deuxième acte de Giselle, celle de Siegfried du troisième acte du Lac des cygnes, le solo du ballet Études d'Harald Lander, la variation de Basilio, extrait du ballet Don Quichotte, la célèbre variation du Corsaire, et enfin une chorégraphie contemporaine créée par ses soins. En décembre de la même année, il est nommé coryphée.
Sa carrière, dès lors, prend un nouvel essor. Il crée différents rôles-titres, et poursuit sa formation de soliste. Il est amené à danser tant à l'Opéra que sur des scènes internationales.
En , à l'issue de l'examen annuel du corps de ballet, il est nommé premier danseur. Il dansera alors pour les plus grands chorégraphes, Rudolf Noureev, Alvin Ailey ou encore Maurice Béjart. Il est nommé danseur étoile le 30 octobre 1980 (et non en juillet) dans Vaslaw de John Neumeier qu’il crée lors de soirées hommage au ballet[6] ; il a 21 ans. Il danse avec des partenaires comme Noëlla Pontois, Françoise Legrée, Monique Loudières, Sylvie Guillem, Isabelle Guérin, Marie-Claude Pietragalla.
Sa carrière ne s'arrête pas à l'Opéra de Paris puisqu'il est interprète le rôle de Vaslav Nijinski dansant Le Spectre de la rose dans le feuilleton Les Dames de la côte, réalisé par Nina Companeez en 1979.
Il est également nommé directeur artistique du Ballet de Nancy de 1988 à 1991.
Pierre Bergé le nomme, à l'âge de 31 ans, directeur du ballet de l'Opéra national de Paris, poste qu'il occupe de 1990 à 1995.
Des chorégraphes comme Maurice Béjart, John Neumeier, Rudolf Noureev, Alvin Ailey, Roland Petit, Youri Grigorovitch, Alwin Nikolais ou Twyla Tharp lui confient les premiers rôles. En plus des nombreux ballets qu'il a interprétés, il a également joué et dansé dans plusieurs films et créé le groupe Dupond et ses Stars, avec Sylvie Guillem, Monique Loudières, Fanny Gaida, Manuel Legris, Jean-Marie Didière et la pianiste/chef d'orchestre Elizabeth Cooper. Ce groupe fera le tour du monde pendant deux ans.
Après la danse
modifierEn 1997, il est sollicité comme membre du jury au festival de Cannes. Son absence ne sera pas acceptée par la direction générale de l'Opéra national de Paris, qui le licenciera[7]. Patrick Dupond se voit tout de même proposer un contrat de danseur étoile invité, proposition qu'il refuse, préférant contester son licenciement. Sa requête est d'abord rejetée par les prud'hommes avant que la cour d'appel puis la Cour de cassation ne lui donnent raison, estimant ce licenciement sans cause réelle ni sérieuse[8].
En , il est victime d'un grave accident de voiture qui le contraint à la fois à une réhabilitation physique et à réapprendre à danser. Il connaît une période de dépression et d'alcoolisme, dont il finit par sortir[7]. Il reprend alors son entraînement grâce à l'aide de son maître Max Bozzoni. Il retrouve la scène dans une comédie musicale en 2000, L'Air de Paris à l'Espace Cardin, avec pour partenaire Manon Landowski[9].
À partir de 2004, il intervient régulièrement en tant que professeur dans l'école de danse de sa compagne Leïla Da Rocha à Soissons[10] et enchaîne les spectacles à Soissons et Saint-Quentin dans l'Aisne. En , il annonce l'ouverture d'une école internationale de danse à Bordeaux avec Leïla Da Rocha. Proposant deux cursus de trois ans pour les jeunes de 10 à 20 ans, l'école aura vocation à préparer les jeunes danseurs à « faire le pont entre le conservatoire et l'opéra, avec les compagnies locales comme nationales ou internationales[11]. »
En 2018 et 2019, il fait partie des membres du jury de l’émission Danse avec les stars.
Vie privée
modifierÀ partir de 2004, Patrick Dupond partage sa vie avec Leïla Da Rocha, ancienne basketteuse professionnelle reconvertie dans la danse sacrée orientale. En 2017, il confie avoir vécu auparavant dans une solitude sentimentale inhérente à la vie de danseur étoile international, et que ses relations homosexuelles ont été, en ce qui le concerne, « une erreur », « une parodie de l'amour »[12]. Ses propos pouvant laisser penser que l'homosexualité est un choix suscitent la polémique[13],[14],[15], certains faisant remarquer que ce jugement peut être dévastateur pour les jeunes homosexuels, tandis que d'autres lui reconnaissent la liberté de porter son jugement sur sa propre vie, dans la mesure où il n'a pas donné de portée générale à ses propos.
Mort
modifierIl meurt le à Mercin-et-Vaux[1] près de Soissons, à quelques jours de son 62e anniversaire, des suites d'une « maladie foudroyante » selon ses proches[16],[17]. Ses obsèques sont célébrées le en l'église Saint-Roch de Paris, en présence de sa famille, ainsi que de nombreuses personnalités du monde de la danse, notamment de l'Opéra de Paris[18],[19].
Dans une interview à un hebdomadaire féminin, sa compagne Leïla Da Rocha témoigne[20] que Patrick Dupond est mort d'un cancer des poumons qui s'était généralisé et qui fut diagnostiqué trop tardivement.
Créations à l'Opéra national de Paris et au Ballet français de Nancy
modifier- 1976 : Nana (Roland Petit), Mahler Lieder (Oscar Araiz)
- 1977 : Les Quatre Saisons (Kenneth MacMillan), Le Chant de la terre (Kenneth MacMillan)
- 1978 : Métaboles (Kenneth MacMillan)
- 1979 : Relâche et Sonatine bureaucratique (Moses Pendleton), Parade (d'après Léonide Massine), Variations (Violette Verdy), Diachronies (Janine Charrat)
- 1980 : Le Fantôme de l'Opéra (Roland Petit), Vaslaw (John Neumeier), Schéma (Alwin Nikolais)
- 1981 : Le Bal masqué (Gigi Caciuleanu), La Fille mal gardée (version Heinz Spoerli), Le Songe d'une nuit d'été (John Neumeier), Roméo et Juliette (John Cranko)
- 1983 : Au bord du précipice (Alvin Ailey)
- 1985 : Arlequin magicien par amour (Ivo Cramer), Carnaval (Michel Fokine), Le Bourgeois gentilhomme (George Balanchine), No Man's Land (Rudi van Dantzig), Roméo et Juliette (Rudolf Noureev), Angel Food (Michael Clark)
- 1986 : Salomé (Maurice Béjart)
- 1987 : Soon (Daniel Esralow)
- 1988 : Le Martyre de saint Sébastien (Bob Wilson), Demago Megalo (Patrick Dupond), Faits et gestes (Ulysses Dove), Les Illuminations (Thierry Malandain)
- 1989 : Vespers (Ulysses Dove), Bad Blood (Ulysses Dove), Rouge Poisson (Pierre Darde), Petrouchka (d'après Michel Fokine), Idmen (Daniel Larrieu)
- 1992 : Push Comes to the Shove (Twyla Tharp), Grand Pas (Twyla Tharp), Dance at the Gathering (Jerome Robbins), Le Tricorne (Léonide Massine), Retours de scène (Odile Duboc)
- 1993/1994 : Giselle (Mats Ek), Casse-Noisette (John Neumeier), Déjà Vu (Murray Louis), Till Eulenspiegel (Vaslav Nijinski), Camera obscura (Roland Petit)
- 1995 : Les Variations d'Ulysse (Jean-Claude Gallotta), Kurozuka (Maurice Béjart)
- 1996 : The Four Seasons (Jerome Robbins), A Suite of Dances (Jerome Robbins), Neuvième Symphonie (Maurice Béjart)
Filmographie
modifierTélévision
modifier- 1978 : Il était un musicien : Monsieur Stravinski, de Roger Hanin : Nijinski (danseur étoile)
- 1994 : Danse avec la vie, de Michel Favart : Franck Veaujour (danseur étoile)
- 1996 : Patrick Dupond le talent insolent, de Luc Riolon, France 2
- 2001 : La Cape et l'Épée : le ménestrel
- 2005 : La Ferme Célébrités (saison 2) sur TF1 : candidat
- 2005 : Celebrity Dancing sur TF1 : juré
- 2007-2008 : La France a un incroyable talent sur M6 : juré, saisons 2 et 3
- 2014-2017 : Prodiges sur France 2 : juré, catégorie danse
- 2018-2020 : Danse avec les stars sur TF1 : juré, saisons 9 et 10
Cinéma
modifier- 1990 : Dancing Machine, de Gilles Béhat : Chico
- 1999 : Les Grandes Bouches, de Bernie Bonvoisin : le flic
Ouvrage
modifierPatrick Dupond est l'auteur d'une autobiographie intitulée Étoile et parue chez Fayard en 2000 (ISBN 2-213-60391-X).
Distinctions
modifierHommages
modifier- Le centre culturel et sportif de Péronne (Somme) s’appelle « Espace Patrick-Dupond » depuis 2013[23].
- En février 2023, l'Opéra de Paris organise en sa mémoire trois soirées d'hommage au palais Garnier[3],[24].
Notes et références
modifier- Insee, « Extrait de l'acte de décès de Patrick Jean-Baptiste Dupond », sur MatchID
- (fr) Biographie de Patrick Dupond sur le site patrick-dupond, http://patrick-dupond.ifrance.com, consulté le 16 mai 2011
- Ariane Bavelier, « Patrick Dupond, la poignante souffrance d'une star déchue », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous, 18-19 février 2023, p. 30 (lire en ligne).
- Arnaud Guiguitant, « Patrick Dupond, l'enfant terrible de la danse », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », 6-7 mars 2021, p. 30 (lire en ligne).
- « Patrick Dupont », vsd.fr, 23 octobre 2007.
- « Patrick Dupond : itinéraire d’un attachant surdoué », sur resmusica.com (consulté le ).
- Patrick Dupond, interviewé par Caroline Rochmann, « Patrick Dupond : "Leïla m'a fait découvrir l'amour" », Paris Match, semaine du 7 au 13 septembre 2017, pages 94-99.
- « Patrick Dupond a gagné le procès qu'il intentait à l'Opéra de Paris pour licenciement abusif en 1997 », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- (fr)« L'Air de Paris : des chansons nostalgiques », sur Le Parisien, (consulté le ).
- « Patrick Dupond : "Alvin Ailey m’a révélé, Leïla m’a sauvé la vie" », Ouest France, 27 janvier 2017.
- « Patrick Dupond et Leïla da Rocha ouvrent une école de danse internationale à Bordeaux », Charente Libre, 31 août 2017.
- Caroline Rochmann, « Patrick Dupond : "J'ai découvert l'amour avec une femme" », sur parismatch.com, .
- « Patrick Dupond: Le danseur explique que son 'homosexualité a été une erreur' et suscite la colère des internautes », 20 minutes (France), 7 septembre 2017.
- « Patrick Dupond - Son homosexualité, "une erreur" : Il ne fait pas l'unanimité », purepeople.com, 10 septembre 2017.
- Marine Le Breton, « "En ce qui me concerne, l’homosexualité a été une erreur" : ces propos de Patrick Dupond divisent », Huffington Post, 7 septembre 2017, en ligne.
- « DALS : virtuose de la danse, Patrick Dupond est décédé », La Voix du Nord, 5 mars 2021.
- « Patrick Dupond, figure de la danse française, est décédé à 61 ans », RTL, 5 mars 2021.
- « À l'enterrement de Patrick Dupond, une foule d'artistes est venue rendre hommage au danseur », sur huffingtonpost.fr, (consulté le ).
- « Obsèques de Patrick Dupond : les adieux du monde de la danse à "son plus bel astre" », sur lepoint.fr, (consulté le )
- Stacie Arena, « Mort de Patrick Dupond : sa compagne Leila Da Rocha nous révèle les causes de son décès », Femme actuelle, (lire en ligne).
- « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n°15 du 30 décembre 1986 - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- « Légion d'honneur, promo de Pâques. », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Benjamin Mérieau, « Le centre culturel et sportif renommé « Patrick Dupond » », sur courrier-picard.fr, (consulté le )
- « Hommage à Patrick Dupond », sur operadeparis.fr (consulté le ).
Liens externes
modifier- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressources relatives au spectacle :
- Ressources relatives à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Sa biographie, sur l'Internet Archive