Passoire thermique

type de local dont l'isolation est de très mauvaise qualité

Une passoire thermique ou passoire énergétique est un local dont l'isolation est de très mauvaise qualité et qui conduit à des consommations énergétiques importantes ou à des conditions de vie difficile pour ceux qui y vivent ou qui le fréquentent[1].

Une des entrées de la halle aux Farines (bâtiment de l'université Paris-Cité), à Paris, offrant un large accès ouvert sans fermeture. Photographiée en .

En France, afin de lutter contre les passoires thermiques, la loi climat-résilience interdit la mise en location des logements classés G, F et E lors du diagnostic de performance énergétique, respectivement à partir de 2025 (classe G), 2028 (classe F) et 2034 (classe E)[2] et impose des gels de loyers pour les locataires déjà titulaires d'un bail dans ce type de logements.

Contexte

modifier

En France

modifier

En 2022, il y aurait 4,8 millions de passoires thermiques en France selon le ministère chargé du logement mais entre 7 et 8 millions d'après la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). Au total, sur les 30 millions de résidences principales que comptait le pays au , environ 5,2 millions de logements (soit 17 % du parc) seraient des passoires thermiques selon l'ONRE (Observatoire national de la rénovation énergétique contrôlé par le ministère de la Transition écologique). Parmi les passoires thermiques, 0,5 million de logements soit 10 % seraient très énergivores avec une consommation supérieure à 450 kWh par m² et par an[3].

La part des passoires thermiques est la plus élevée dans certains départements ruraux et/ou montagneux (avec plus de 30 % dans le Cantal, la Creuse et la Nièvre) ainsi qu'a Paris. Tandis qu’elle est la plus faible dans les départements proches de l’arc méditerranéen ou du sud de la côte atlantique notamment car le climat est plus doux réduit les besoins de chauffage[3].

La part des passoires énergétiques est plus élevée dans les résidences secondaires (32 %) que dans les résidences principales, soit 1,2 million de logements, et dans les logements vacants (27 %), soit 0,8 million de logements. Au total il y aurait donc 7,2 millions de passoires thermiques sur l’ensemble du parc[3].

Les logements chauffés au fioul sont 44 % à être classés F ou G contre seulement 15 % pour les logements chauffés à l'électricité, 13 % pour ceux chauffés au bois et 12 % pour ceux fonctionnant au gaz[3].

Il y a plus de passoires thermiques parmi les maisons individuelles (20 %) que dans les logements collectifs (15 %)[3].

Les logements les plus petits sont davantage susceptibles d'être des passoires thermiques avec 34 % des logements de moins de 30 m² qui ont une étiquette F ou G, contre seulement 13 % des logements de plus de 100 m²[3].

Consommation d'énergie des logements en fonction de l'isolation[4]
Classe Consommation d'énergie (en kWh par mètre carré et par an)
A 0 à 50
B 51 à 90
C 91 à 150
D 151 à 230
E 231 à 330
F 331 à 450
G + de 450

Conséquence

modifier

Enjeux économiques

modifier

Une enquête de 2006 avait mis en lumière que 3 400 000 ménages consacraient plus de 10 % de leurs ressources à leur facture d’énergie[5].

La rénovation des passoires thermiques permettrait de faire économiser 512 euros par an aux ménages qui les occupent selon le réseau Cler[6],[7].

Enjeux environnementaux

modifier

Selon le réseau Cler, la rénovation des logements classé F et G permettrait d'éviter l'émission de 6 millions de tonnes de CO2 par an en France[6],[7].

Enjeux sanitaires

modifier

Selon la Fondation Abbé Pierre, la précarité énergétique conduit 3,5 millions de ménage a vivre dans le froid faute de pouvoir payer des factures trop importantes[8].

Prévalence de certaines maladies au sein de population exposées ou non au froid[8]
Maladie Personnes exposées au froid Personnes non-exposées au froid
Bronchite chronique 22,1 % 10,3 %
Arthrose, rhumatisme 33,2 % 28,3 %
Anxiété, depression 40,8 % 28,7 %
Migraine, maux de tête 47,7 % 31,6 %

Une étude de l’OMS estime ainsi que les dépenses de rénovation thermique des logements réduisent les dépenses de santé : un euro investi dans des travaux permette d'économiser 0.42€ en dépenses de santé[8].

Le réseau Cler estime quant à lui que la rénovation des passoires thermiques permettrait d'économiser 750 millions d'euros par an en frais de santé[6].

Réponses apportés

modifier

En France

modifier

À partir du 1er janvier 2021 le gouvernement français a mis en place « MaPrimeRenov' » qui aide financièrement les ménages à effectuer des rénovations énergétiques sur leurs logements[9].

Les objectifs visés par la France sont la rénovation de toutes les passoires thermiques avant 2028 et que l'ensemble du parc immobilier doit avoir atteint « bâtiment basse consommation » (équivalent à la classe A ou B) d'ici à 2050[10].

Efficacité

modifier

MaPrimeRenov' a été utilisée par 141 000 foyers en 2020 puis par 644 000 foyers en 2021, le gouvernement a un objectif de 700 000 foyers rénovés par an. Le succès de MaPrimeRenov' est nuancé par le fait qu'elle sert surtout à financer de petit chantier mono-geste (86 %) qui servent à financer des changements de chauffage (72 %) et à renforcer l'isolation (26 %)[9]. Ainsi, la majorité des primes accordées servent à financer des changements de chaudière ou de fenêtre par exemple mais ne permettant pas une réelle meilleure isolation[9].

Néanmoins, d'après la Cour des comptes, les dossiers MaPrimeRenov' acceptés ont permis d'économiser en moyenne 6,7 MWh/an[11], à titre de comparaison la consommation d'électricité d'un Français moyen s'élève à 2,2 MWh/an environ[12].

Voir aussi

modifier

Sources et références

modifier
  1. « 4 choses qui montrent que vous vivez dans une passoire thermique », sur effy.fr (consulté le ).
  2. Que choisir - Marché immobilier, les ventes de logements classés F et G explosent - 26/11/2021 : « Le résultat de la loi Climat et résilience ne s’est pas fait attendre. Alors qu’elle gèle le loyer des logements classés F ou G dès 2022, qu’elle interdit leur mise en location dès 2025 pour ceux qui sont notés G, dès 2028 s’ils sont en F et 2034 s’ils écopent d’un E, de nombreux propriétaires préfèrent s’en débarrasser au plus vite. »
  3. a b c d e et f « Immobilier. Passoires thermiques : combien y en a-t-il vraiment en France ? », sur leprogres.fr (consulté le ).
  4. « >Consommation énergétique de la maison : les classes de A à G ! », sur IZI by EDF (consulté le ).
  5. « Documents | Cour des comptes », sur ccomptes.fr (consulté le ).
  6. a b et c Cler réseau pour la transition énergétique, « La fin des passoires énergétiques ? C’est possible… et rentable ! »  , sur cler.org, (consulté le ).
  7. a et b @NatGeoFrance, « Les passoires thermiques, une urgence environnementale et sociale », sur National Geographic, (consulté le ).
  8. a b et c « La transition énergétique pour tous ! », sur fondation-abbe-pierre.fr, (consulté le ).
  9. a b et c Victor Vasseur, « Combien de passoires thermiques sont rénovées par an ? 700.000 ou 2.000 ? », sur France Inter, (consulté le ).
  10. « Pour le climat et contre la précarité : stop aux logements passoires », sur Greenpeace France (consulté le ).
  11. « Documents | Cour des comptes », sur ccomptes.fr (consulté le ).
  12. « Consommation par habitant et par ville d’électricité en France - data.gouv.fr », sur data.gouv.fr (consulté le ).