Parti attrape-tout

parti politique qui cherche à attirer les gens avec des points de vue divers

Un parti attrape-tout est un concept utilisé en science politique pour désigner « un parti qui séduit tous azimuts au-delà des classes sociales et surtout des clivages classiques entre droite et gauche »[1].

Définition

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Selon Virginie Martin, docteur en sciences politiques, un parti attrape-tout (catch-all party) est un type de parti qui se définit par « sa capacité d’attirer des individus ayant des points de vue différents les uns des autres, des électeurs venant d’horizons divers, des hommes et des femmes qui peuvent venir de la gauche comme de la droite »[2].

Ce concept utilisé en sciences politiques a été introduit par Otto Kirchheimer dans un article intitulé « The transformation of the Western party systems », publié en 1966[3]. Dans son écrit, le politiste allemand constate l'émergence d'un type nouveau de parti, étant faiblement bureaucratique, faiblement organisé, pouvant être aussi caractérisé par une centralisation du pouvoir dans les mains du leader et de son entourage immédiat[4]. En se concentrant autour d'une figure, seul capable de tenir la structure du fait d'une bureaucratie insuffisante, un parti attrape-tout peut alors se transformer en parti dit « charismatique », selon l'expression d’Angelo Pannebianco[5].

Pour Paolo Gerbaudo et Fabienne Greffet, un parti attrape-tout est l'autre nom d'un parti télévision ou d'un parti d'opinion dans le sens où il ne rassemble pas des personnes ayant des intérêts économiques prédéfinis communs mais poursuit des intérêts et des opinions changeants[6],[7].

Cause(s)

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Certaines vues avancent que l'avènement du parti attrape-tout trouve son origine en tout ou partie De l’État providence, la massification et l'uniformisation de la société, le recul des clivages de classe, l'élévation du niveau d’éducation, la baisse de l’identification partisane, le recul du nombre d’adhérents, le montée de l’abstention, la volatilité électorale, la dépendance accrue aux médias, l'augmentation des coûts de campagne, et le financement public et la législation sur le financement, sur les règles électorales, sur la représentation médiatique[8].

Par pays

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En France, la science politique donne le qualificatif de parti « attrape-tout » au Rassemblement national[9] depuis qu'il est dirigé par Marine Le Pen, ceci par sa capacité à séduire des électeurs venant de la gauche comme de la droite. L’électorat de gauche pouvant être attiré par le volet économique et social ; celui de droite étant intéressé par les aspects identitaire et sécuritaire. Le qualificatif « attrape-tout » a été également utilisé pour définir d'autres mouvements politiques, tels que : Génération citoyens[10], La République en marche, puis Renaissance[2],[11],[12],[13], Les Patriotes[14], Nous Citoyens[15], Objectif France[16], l'Union populaire républicaine[17], ou encore République Souveraine[18].

Lors des élections, l'administration préfectorale française a notamment utilisé les étiquettes divers puis autres pour décrire principalement les élus inclassables ou défendant des intérêts catégoriels et, par défaut, ne se réclamant d'aucune sensibilité politique, qu'elle soit de gauche, du centre ou de droite, notamment depuis 1995 et depuis 2008[19].

Autres pays

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Notes et références

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  1. (en-US) Virginie Martin, « Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout », sur The Conversation, (consulté le )
  2. a et b « Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout », sur Atlantico, (consulté le ).
  3. (en) « Vol. 15 », sur Party Politics (consulté le ).
  4. Frédéric Sawicki, « La science politique et l’étude des partis politiques », Cahiers Français, no 276,‎ , p. 51-59 (lire en ligne).
  5. (en) Angelo Pannebianco, Political Parties : Organisation and Power, Cambridge University Press, , 336 p. (ISBN 9780521314015).
  6. Le parti plateforme, La transformation des organisations politiques à l’heure du Big Data, Paolo Gerbaudo, Traduction et adaptation par Fabienne Greffet, Réseaux 2022/6 (N° 236), pages 37 à 56, Cairn
  7. L'analyse politique comparée et l'institutionalisation des partis, Jean Blondel,Dans Revue internationale de politique comparée 2003/2 (Vol. 10), pages 247 à 264, Cairn
  8. Recensions, Revue internationale de politique comparée 2018/3-4 (Vol. 25), pages 165 à 178, Cairn
  9. Gilles Ivaldi, « Gilles Ivaldi : « L'économie populiste "attrape-tout" de Marine Le Pen » », sur Le Monde, (consulté le )
  10. « Génération Citoyens : une autre politique », sur Le Dauphiné Libéré, (consulté le ).
  11. Clara Bamberger, « Législatives : "Le parti d’Emmanuel Macron a un caractère attrape-tout" », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  12. « Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout », La Tribune,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Emmanuel Macron dévoile enfin son projet attrape-tout », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Marylou Magal, « Les Patriotes en quête d'alliances », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  15. Gilles Fontaine, « Municipales : comment l'homme d'affaires Denis Payre mène campagne », challenges.fr,‎ (lire en ligne)
  16. « Rafik Smati, premier candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2017 », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le )
  17. Gaël Brustier, « La candidature d'Asselineau et de l'UPR n'a rien de fantaisiste », sur Slate, (consulté le ).
  18. https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/georges-kuzmanovic-lex-conseiller-de-melenchon-et-candidat-a-la-presidentielle-qui-fustige-la-france-insoumise
  19. https://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ080103109
  20. Guliyev, Farid; Pearce, Katy E. The Challenges of Electoral Competition in an Oil Rich State: Azerbaijani Pre-Election Report Washington Post. October 6, 2013. Accessed July 2, 2014
  21. (en) Daniel Gallas, « Dilma Rousseff and Brazil face up to decisive month », sur BBC (consulté le )
  22. « Junts pel Sí (Together for Yes): "We are all in, we’ve reached the end of the line" », Ara,‎ (lire en ligne)
  23. « Tko je Most: Obrazovani, mladi, razočarani, konzervativni... », sur Vecernji.hr,
  24. David Torrance, "Scotland's Progressive Dilemma," The Political Quarterly, 88 (2017): 52–59. doi:10.1111/1467-923X.12319
  25. Severin Carrell, "Alex Salmond's big tent bulges as Tommy Sheridan lends voteless support," The Guardian, 25 April 2011. https://www.theguardian.com/politics/blog/2011/apr/25/alex-salmond-tommy-sheridan-election
  26. (en) David O'Kane et Tricia Hepner, Biopolitics, Militarism, and Development: Eritrea in the Twenty-First Century, Berghahn Books, (ISBN 9780857453990, lire en ligne), xx
  27. (en) Ondrej Ditrych, « The Georgian succession », Institut d'études de sécurité de l'Union européenne,‎ , p. 4 (lire en ligne [archive du ]) :

    « ...GD as a catch-all movement... »

  28. Lowell Barrington, Comparative Politics: Structures and Choices, Cengage Learning, (ISBN 0-618-49319-0, lire en ligne), p. 379
  29. (en) « Sadr willing to ally with Iraqi blocs to form technocratic government », sur english.alarabiya.net
  30. (en) « Sadr calls for technocratic government in pun-heavy tweet »
  31. (en) Eoin O'Malley, Contemporary Ireland, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-230-34382-5, lire en ligne), p. 13
  32. a et b (en) Liam Weeks, Politics in the Republic of Ireland: Sixth Edition, Taylor & Francis, (ISBN 978-1-317-31269-7, lire en ligne), « Parties and the party system », p. 156
  33. (en) « After Replacing Netanyahu, Gantz's Party Will Self-destruct. And That's OK », sur Haaretz (consulté le )
  34. Valentina Romei, Five Star Movement: the protest party explained in charts: Direct democracy and rejection of binary politics brings success but stunts maturity, Financial Times, 10 janvier 2017
  35. (en) Günther Pallaver, Tolerance Through Law: Self Governance and Group Rights In South Tyrol, Martinus Nijhoff Publishers, , 305, 309 (ISBN 978-90-04-16302-7), « South Tyrol's Consociational Democracy: Between Political Claim and Social Reality »
  36. (en) David Lublin, Minority Rules: Electoral Systems, Decentralization, and Ethnoregional Party Success, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-994884-0, lire en ligne), p. 229
  37. (en) K. Beyme, Transition to Democracy in Eastern Europe, Springer, (ISBN 978-0-230-37433-1, lire en ligne), p. 59
  38. (en) Glenn D. Hook, Julie Gilson, Christopher W. Hughes et Hugo Dobson, Japan's International Relations: Politics, Economics and Security, Routledge, (ISBN 978-1-134-32806-2, lire en ligne), p. 58
  39. (en-US) « Pragmatism is a winner for Romanian Left », sur POLITICO, (consulté le ).
  40. « Coaliția pentru Familie, motiv de ceartă în USR », (consulté le )
  41. « Serbian Compliance Patterns towards EU Integration under the Progressive Party: An Exercise in Statecraft » (consulté le )
  42. Marko Stojić, Party Responses to the EU in the Western Balkans: Transformation, Opposition or Defiance?, Springer, , p. 135
  43. Jiří Hroník, « Známe tajemství velkého úspěchu Andreje Babiše », sur Parlamentní listy (consulté le )
  44. Josef Mlejnek, « Marketing jako kingmaker aneb Kam směřují české politické strany? », sur Revue Politika (consulté le )
  45. (en) Max Bader, Against All Odds : Aiding Political Parties in Georgia and Ukraine, , 202 p. (ISBN 978-90-5629-631-5, lire en ligne), p. 82.
  46. (en) « The Ukrainian Week », sur ukrainianweek.com (consulté le ).
  47. (en) « The Ukrainian Week », sur ukrainianweek.com (consulté le ).

Liens externes

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