Ovimbundu (peuple)

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Les Ovimbundu (ou Mbundu du Sud) - singulier "Ocimbundu", adjectif et langue "Umbundu" - sont un peuple d'Angola qui vit sur le Plateau Central du pays et dans la région côtière à l'ouest de ce plateau.

Ovimbundu
Description de cette image, également commentée ci-après
Pipe à couvercle Ovimbundu - Musée du Quai Branly.

Populations importantes par région
Population totale plus de 4 000 000
Autres
Langues Umbundu, portugais
Religions Christianisme, religions traditionnelles

Implantation des Ovimbundu en Angola (en bleu)

Histoire

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Venant du Nord, les migrations bantoues atteignirent le Plateau Central de l'Angola au début du IIe millénaire. Au long de quelques siècles, les populations qui s'y fixèrent et s'établirent en partie dans la bande côtière à l'Ouest du Plateau constituèrent des communautés locales et régionales, devenant les Bieno, Chikuma, Ganda, Kakonda, Kissanje, Mavundo, M'Balundu, Ndulu, Sambo, Sele et Wambo[réf. nécessaire].

Ces communautés n'étaient pas liées entre elles par une identité sociale commune, mais partageaient un certain nombre de caractéristiques culturelles, y compris une langue propre qui se développait lentement à partir de la base originale. Toutes ces communautés constituèrent, à un moment donné, des unités politiques (« royaumes ») de petites dimensions. Leur base économique était une agriculture de subsistance, complétée par l'élevage de petits animaux (chèvres, poulets) et, plus tard, occasionnellement des vaches obtenues des peuples agro-pastoraux plus au sud[1].

À partir du XVIIe siècle, une partie de ces « royaumes », essentiellement ceux qui étaient situés plus au Sud, noua des relations commerciales avec les Portugais qui avaient fondé Benguela, une seconde « tête de pont » sur la côte atlantique, après Luanda. Il s'agissait d'abord surtout d'un trafic d'esclaves, obtenus par « ceux du Plateau »[2] plus à l'Est, parmi les Nganguela. Dans un second temps, des caravanes allaient chercher à l'Est l'ivoire, le miel, la cire et d'autres marchandises.

Au cours du XIXe siècle, les Portugais commencèrent peu à peu la conquête du Plateau Central[3]. Celle-ci ne pouvait être considérée comme consolidée qu'au début du XXe siècle[4]. En même temps, deux importantes initiatives missionnaires, entreprises de façon parallèle, provoquaient des changements profonds : du côté catholique, celle de la Congrégation du Saint-Esprit, et du côté protestant, celle de l'Église unie du Christ américaine. Au début du XXe siècle, environ 80 % de la population du Plateau Central (et bande côtière) était christianisée ; des villages séparés pour catholiques, protestants et non-chrétiens étaient formés partout. Une partie croissante des jeunes chrétiens fréquentait des écoles missionnaires et apprenait le portugais. Les missionnaires protestants s'employaient à codifier l'Umbundu (orthographe, lexique, grammaire) et l'utilisaient dans l'enseignement et le culte, contribuant ainsi de façon décisive à la formation d'une identité sociale commune d'une population qui commençait à se considérer comme « Ovimbundu ». Il en résulta même un mouvement d'« umbundisation » qui consistait à « assimiler » culturellement des communautés situées à la périphérie de l'habitat umbundu[5].

Sur le plan économique, c'est l'effondrement du commerce des caravanes, au début du XXe siècle qui eut un effet décisif : d'une façon pratiquement immédiate, les Ovimbundu passèrent à l'agriculture commerciale, surtout du maïs, pour lequel il y avait une forte demande de la part des « commerçants de brousse » portugais ; il s'imposa rapidement comme nourriture de base d'une bonne partie de l'Angola [6]

À partir des années 1920, des colons portugais et quelques non-portugais commencèrent à acquérir des terres sur le Plateau Central, pour y établir des plantations de sisal, de café et d'autres produits. Pour les Ovimbundu, la conséquence fut un manque de terre, accentué par une forte croissance démographique[7]. Beaucoup entre eux étaient ainsi obligés à travailler soit dans les plantations de leur région, soit dans les plantations de café du Nord-ouest de l'Angola, soit dans les mines de la Namibie. En plus, un nombre considérable s'implanta dans les villes de Huambo, Benguela et Lobito. Une minorité, restant sur place, s'acheminait vers des professions artisanales.

Les Ovimbundu ne furent pas affectés de manière directe par la guerre pour l'Indépendance de l'Angola, 1961-1974. Une conséquence indirecte en fut cependant la « concentration » des villages imposée par les Portugais pour des raisons de sécurité, c'est-à-dire la fusion de plusieurs villages et leur placement dans des endroits plus faciles à surveiller. Et les mouvements anti-coloniaux qui organisaient la lutte armée étaient politiquement présents dans la clandestinité, avant tout l'UNITA, qui s'appuya sur le réseau des catéchistes de l'« Igreja Evangélica Congregacional de Angola », jouant en même temps la carte ethnique.

Pendant le conflit autour de la décolonisation de l'Angola (1974) et la Guerre Civile d'Angola, 1975-2002, la région des Ovimbundu fut le théâtre d'intenses combats. La conséquence en fut un véritable exode rural, non seulement vers les villes à majorité umbundu, mais également vers tous les autres centres urbains, en premier lieu Luanda et toute la région métropolitaine, mais aussi Lubango et Malange et les villes plus petites.

Après 2002, une lente et tenace reconstruction de la région des Ovimbundu est en cours. Elle est surtout l'œuvre de ceux qui sont restés, ou sont retournés depuis les villes. L'État y joue sa part, particulièrement en ce qui concerne le rétablissement des infrastructures et le déminage mais, dominé par le MPLA, il conserve une attitude réservée envers une population où l'appui à l'UNITA continue à être significatif.

Population

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C'est l'ethnie la plus représentée en Angola, avec 37 % de la population[8]. Leur nombre est estimé à un peu plus de 4 millions de personnes.

Ils parlent l'umbundu, une langue bantoue[9], et le portugais.

Notes et références

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  1. José Redinha, Etnias e culturas de Angola, Luanda: Instituto de Investigação Científica, 1974
  2. « os do nano » était alors la manière de s'identifier aux Portugais.
  3. René Pélissier, Les guerres grises : Résistance et revoltes en Angola (1945-1941), Montamets, Orgeval : Éditions Pélissier, 1977
  4. Douglas Wheeler et Diane Christensen, « To rise with one mind: Ther Bailundo War of 1902 », in: Franz-Wilhelm Heimer (éd.), Social Change in Angola, Munich: Weltforum Verlag, 1973, pp. 53-92, donnent un exemple de la résistance contre l'occupation portugaise.
  5. Voir le cas des Hanya : Alfred Hauenstein, Les Hanya : Description d'un groupe ethnique bantou de l'Angola, Wiesbaden: Franz Steiner Verlag, 1967
  6. Hermann Pössinger, « Interrelations between economic and social change in rural Africa: the case of the Ovimbundu of Angola », in: Franz-Wilhelm Heimer (éd.), Social Change in Angola, Munich: Weltforum Verlag, 1973, pp. 31-51
  7. Jorge Vieira da Silva & Júlio Artur de Morais, "Ecological conditions of social change on the Central Highlands of Angola", in: Franz-Wilhelm Heimer, Social Change in Angola, Munich: Weltforum Verlag, 1973, pp. 93-109
  8. CIA World Factbook [1]
  9. (en) Fiche langue [umb] dans la base de données linguistique Ethnologue.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Gladwyn Murray Childs, Umbundu kinship & character : being a description of social structure and individual development of the Ovimbundu of Angola, with observations concerning the bearing on the enterprise of Christian missions of certain phases of the life and culture described, International African Institute, Oxford University Press, Londres, 1949, 245 p.
  • (en) Adrian C. Edwards, The Ovimbundu under two sovereignties : a study of social control and social change among a people of Angola, International African Institute, Oxford University Press, Londres, 1962, 169 p.
  • (en) Wilfrid Dyson Hambly, The Ovimbundu of Angola, Anthropological series ; v. 21, n° 2, Field Museum, Chicago, 1934, p. 89-362
  • (en) Linda Marinda Heywood, Contested power in Angola, 1840s to the present, University of Rochester Press, Rochester, N. Y., 2000, 305 p. (ISBN 1580460631) (une histoire politique des Ovimbundus)
  • (fr) Alfred Hauenstein, Examen de motifs décoratifs chez les Ovimbundu et Tchokwe d'Angola, Instituto de Antropologia, Universidade de Coimbra, 1988, 85 p.
  • (fr) Alfred Hauenstein, La nourriture des Ovimbundu d'Angola, Instituto de Antropologia, Universidade de Coimbra, 1991, 21 p. (ISBN 972900630X)
  • (pt) José Redinha, Etnias e culturas de Angola, Associação das Universidades de Língua Portuguesa, Lisbonne, 2009 (rééd.), 448 p. (ISBN 9898271000)

Articles connexes

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Liens externes

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