Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade
L’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade (dit communément ordre de l'Annonciade) est un ordre de chevalerie de Savoie, puis d’Italie, créé au cours de la seconde moitié du XIVe siècle. Depuis la déchéance de la maison de Savoie, en 1946, il en est le principal ordre dynastique.
Histoire
modifierOrdre du Collier (1364-1518)
modifierL’ordre de l'Annonciade fut créé probablement dans le courant du mois de par le comte Vert Amédée VI de Savoie, sous le nom d’ordre du Collier[1],[2]. L'année 1362 est parfois donnée, par erreur, à la suite de l'ouvrage de François Capré, Catalogue des chevaliers de l'Ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, avec leurs noms, surnoms, qualités, armes et blasons, depuis son institution par Amé VI... en l'an 1362 (1654)[3].
Il succédait ainsi à l’éphémère ordre du Cygne noir, institué par le même Amédée VI, en 1350, à l’occasion du mariage de sa sœur Blanche avec Galéas II Visconti. En 1374, Amédée VI fixe le chef-lieu de l’ordre à Pierre-Châtel.
Les statuts de l’ordre du Collier furent codifiés par Amédée VIII, en 1409, puis profondément restructurés par le duc Charles III de Savoie, en 1518.
Amédée VII ajouta la devise FERT (« Fortitudo Eius Rhodium Tenuit, sa bravoure a défendu Rhodes ») faisant référence à la défense de Rhodes contre les Turcs, opérée en 1315 par le Amédée V de Savoie[4], pour indiquer que le chevalier portait le signe de la foi. Les statuts s'étant perdus avec sa mort, Amédée VIII les recomposa en 1409 ; enfin, en 1518, Charles III ajouta au collier l'image de l'Annonciation, d'où le nom de l'ordre[5].
L’ordre de l’Annonciade réunit les meilleures conditions pour mériter une place de choix parmi les plus illustres ordres chevaleresques d’Europe, tels que l’ordre de la Toison d'or (Bourgogne – 1430), l’ordre de la Jarretière (Angleterre - 1348) ou l’ordre du Saint-Esprit (France – 1578). Il a pour lui l’ancienneté de sa fondation et le rôle historique joué par le célèbre fondateur et ses successeurs ; le nombre très restreint des chevaliers de cet Ordre ; à cela s'ajoutait, autrefois, la double sanction accordée à la valeur des chevaliers et à leur mérite par le choix du souverain et la ratification de leurs frères d’armes. En 1601, le traité de Lyon amène le transfert du siège de l'Ordre de l’Annonciade[Où ?].
Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade (1518-à nos jours)
modifierLe duc Charles III de Savoie fait évoluer l'ordre en 1518, qui prend désomrais le nom d’ordre suprême de la Très Sainte Annonciade. Il est consacré à la Vierge, à travers la prière du rosaire et ses trois mystères (mystères joyeux, mystères douloureux, mystères glorieux, chacun comprenant cinq prières) : il était donc composé de quinze chevaliers (chiffre correspondant aux mystères du rosaire), parmi lesquels le comte de Savoie, lui-même grand maître de l'ordre, puis vingt chevaliers (l'ajout évoquant les cinq plaies du Christ) appelés « cousins du duc » qui devaient tous être obligatoirement « de haute et bonne noblesse », princes de sang ou chefs d'État.
Au début du XVIIe siècle, avant les destructions de la Révolution, il subsistait un exemplaire du collier de l'ordre dans l'abbaye d'Hautecombe, comme le rapporte Samuel Guichenon, principal historiographe de la maison de Savoie au Grand Siècle : « Il était d'or, large de trois doigts, avec ces lettres : FERT, et un lacs d'amour an bout de chaque FERT[6]. » L'insigne était un médaillon de l'Annonciation sur une chaîne d'or formée de quinze entrelacs (dits d'Amour) noués et émaillés de blanc et de rouge entrelacés de l'ancienne devise FERT — qu'il supporte (son sort) et de quinze roses blanches et rouges. À la mort du titulaire la famille rendait le collier au souverain.
À partir du XIXe siècle, l'esprit chevaleresque et religieux ayant disparu, l’ordre de l’Annonciade est conçu pour renforcer l’amitié entre les souverains régnants. Cette distinction est également réservée aux membres des familles royales et aux chefs d’État. Le nombre de décorés est toujours restreint à vingt personnalités, réparties, selon deux critères : le grand collier pour les nationaux italiens ; le petit collier pour les étrangers. Il n’existe toujours qu'une classe unique de chevalier.
Personnalités
modifierLes chevaliers actuels de l'ordre de la Très Sainte Annonciade sont[7] :
- Emmanuel-Philibert de Savoie (né en 1972), duc de Savoie, prince de Venise, chevalier le 22 juin 1986, grand-maître de l'ordre depuis la mort de son père le 3 février 2024,
- Siméon II (né en 1937), roi de Bulgarie de 1943 à 1946, chevalier le 16 juin 1955,
- Juan Carlos Ier (né en 1938), roi d'Espagne de 1975 à 2014, chevalier le 5 février 1978,
- Duarte de Bragança (né en 1945), duc de Bragance, chevalier le 5 février 1978,
- Aimone de Savoie (né en 1967), duc d'Aoste, chevalier le 13 octobre 1982,
- L'ambassadeur Renato, baron Boca-Scoppa, chevalier le 1er janvier 1983,
- Georges Mikhaïlovitch Romanov (né en 1981), grand-duc de Russie, chevalier le 31 mars 1993,
- Albert II (né en 1934), roi des Belges de 1993 à 2013, chevalier le 22 octobre 1997,
- Le prince Serge de Yougoslavie (né en 1963), chevalier le 23 décembre 2002,
- Agostino Guarenti (né en 1951), comte de Brenzone, chevalier le 25 mai 2006,
- Mariano Hugo (né en 1955), prince de Windisch-Graetz, chevalier le 25 mai 2006,
- Nikola Petrović-Njegoš (né en 1944), prince héritier de Monténégro, chevalier le 18 mai 2008,
- Johannes T. Niederhauser, chevalier le 24 décembre 2012,
- Antonio Benedetto Spada, chevalier le 14 novembre 2013,
- Charles de Bourbon des Deux-Siciles (né en 1963), duc de Castro, chevalier le 21 septembre 2019,
- Felipe VI (né en 1968), roi d'Espagne, chevalier le 27 février 2023,
- Le prince Dimitri de Yougoslavie (né en 1958), chevalier le 18 mars 2023,
- Reza Pahlavi (né en 1960), prince héritier d'Iran, chevalier le 26 avril 2023,
- Albert II (né en 1958), prince souverain de Monaco, chevalier le 27 avril 2023,
- Philippe (né en 1960), roi des Belges, chevalier le 27 avril 2023,
- John Timothy Dunlap (né en 1957), prince et grand-maître de l'ordre souverain de Malte, chevalier le 24 mai 2023,
- Pietro Parolin (né en 1955), cardinal-secrétaire d'État, chevalier le 25 juin 2023,
- Vittoria de Savoie (née en 2003), princesse de Carignan, chevalier le 7 octobre 2023.
L'insigne
modifierRuban |
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Cavaliere |
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Ordine supremo della Santissima Annunziata, Statuts et ordonnances du très-noble Ordre de l'Annonciade, Turin, Impr. royale, , 187 p. (lire en ligne). .
- [Claudius Blanchard 1875] Claudius Blanchard, Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie : avec pièces justificatives inédite, Chambéry, Puthod, , 741 p. (lire en ligne). .
- Stéphane Bontron (Conférence du 12 mars 2018), « Du collier à l'Annonciade: l'ordre suprême de Savoie, de sa fondation à sa renaissance, 1364-1518 », Les Rendez-vous de l'Académie salésienne, no 32, (lire en ligne [PDF]).
- François Capré, Catalogue des chevaliers de l'Ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, avec leurs noms, surnoms, qualités, armes et blasons, depuis son institution par Amé VI... en l'an 1362, jusques à S. A. R. Charles-Emmanuel II... justifié par les anciens et nouveaux statuts et registres de l'ordre, Turin, Barthélémy Zavatte, , 270 p. (lire en ligne).
- [Dom Romain Clair 2010] Dom Romain Clair, Hautecombe, Aix-les-Bains, Société d’art et d’histoire d'Aix-les-Bains, , 320 p. (ISBN 978-2951969179).
- Frédéric-Théodore Dubois, « Les chevaliers de l'Annonciade du Pays de Vaud », Archives héraldiques suisses, no 25, , p. 78-83.
- Frédéric-Théodore Dubois, « Les chevaliers de l'Annonciade du Pays de Vaud [suite] », Archives héraldiques suisses, no 25, , p. 129-140 (lire en ligne).
- Amédée de Foras, Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860, Grenoble, Impr. de E. Allier, , 42 p. (lire en ligne).
- Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la Maison royale de Savoie : Justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques ; enrichie de plusieurs portraits, sceaux, monnaies, sculptures et armoiries, t. 1, Lyon, Guillaume Barbier, , 310 p. (BNF FOL-LM3-836, lire en ligne).
- Laurent Ripart, « Du Cygne noir au Collier de Savoie : genèse d’un ordre monarchique de chevalerie (milieu XIVe-début XVe siècle) », dans L. Gentile, P. Bianchi (dir.), L’affermarsi della corte sabauda. Dinastie, poteri, élites in Piemonte e Savoia fra tardo medioevo e prima et a moderna, Torino, (lire en ligne), p. 93-113.
- Dino Muratore, « Les origines de l'ordre du collier de Savoie dit de l'Annonciade », Archives héraldiques suisses, no 23, , p. 5-12 (lire en ligne).
- Dino Muratore, « Les origines de l'ordre du collier de Savoie dit de l'Annonciade [suite] », Archives héraldiques suisses, no 23, , p. 59-66 (lire en ligne).
- Dino Muratore, « Les origines de l'ordre du collier de Savoie dit de l'Annonciade [suite et fin] », Archives héraldiques suisses, no 24, , p. 72-88 (lire en ligne).
Articles connexes
modifier- Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare
- Ordre de la Couronne d'Italie
- Ordre du Mérite de la République italienne
- Ordre du Mérite de Savoie
- Ordre militaire de Savoie
- Ordre civil de Savoie
- Liste d'ordres honorifiques
Liens externes
modifier
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site officiel des Ordres dynastiques de la Maison de Savoie
- (it) Armes des chevaliers de l'Annonciade, appendix du Blasonario Subalpino de Federico Bona (1999-2014) Blasonario subalpino.
Notes et références
modifier- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
- Muratore 1909, p. 6.
- Bontron 2018, p. 8.
- Muratore 1909, p. 10.
- Arnaud Bunel, « Armorial des Chevaliers de l'Annonciade »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur heraldique-europeenne.org, Héraldique européenne (consulté le ).
- Claudius Blanchard 1875, « Glorieux règne d'Amédée VI, le Comte-Vert », p. 247 et 248.
- Samuel Guichenon 1660, « Notice sur l'ordre de l'Annonciade », p. 112.
- [PDF][1].