Ongle de l'auriculaire long
Porter l'ongle de l'auriculaire long est une pratique courante liée à celle de garder des ongles longs que l'on retrouve dans certaines régions du monde, majoritairement chez les hommes.
Esthétique et élitisme
modifierDans certaines cultures, les élites ou hautes castes portaient un ou plusieurs ongles des mains plus longs, signe qu'ils travaillent moins que les classes sociales inférieures.
Outil
modifierDans les zones les plus défavorisées il se pourrait que cet ongle ait une fonction d'outil afin de réaliser plus facilement certaines tâches.
Outil d'instrument de musique
modifierGarder l'ongle du petit doigt plus long est parfois utilisé par les joueurs d'instruments tels que ceux du genre flamenco, pour lequel le petit doigt peut servir à certains rasgueados.
Outil de consommation de drogues
modifierDans certains milieux l'usage de l'ongle du petit auriculaire sert à la consommation de cocaïne dans certains milieux, plutôt chez Européens[Quoi ?] et les Américains qu'ailleurs[1].
Mythe et fausses rumeurs
modifierCertaines fausses rumeurs circulent parfois au sujet des hommes gardant l'ongle du petit doigt plus long, comme l'idée que ce serait dans certaines cultures un moyen de défleurer et percer plus facilement l'hymen d'une femme lors d'un première rapport sexuel avec une femme vierge.
Mythe ou réalité ?
modifierD'autres fausses rumeurs relevant parfois d'une intention de moquerie et parfois relayées par des personnes faisant preuve d'ignorance sur le sujet sont le fait qu'il serait garder afin de faciliter le fait de se curer les oreilles, cette théorie serait fausse[2].
Anthropologie
modifierGangs
modifierChez les gangs et le monde des mafias et bandes criminelles, c'est parfois un signe de reconnaissance pour les membres d'un même groupe de gang[1].
Dans le monde
modifierSous-continent européen
modifierCette pratique est attestée dans de nombreuses régions du sous-continent européen, d'Est en Ouest.
Europe occidentale
modifierEn France
modifierEn France, gratter à la porte du roi de France avec l'ongle long du petit doigt était la seule façon permise de s'annoncer pour ceux qui bénéficiaient de la faveur royale[3],[4]. En conséquence, de nombreux courtisans français se sont fait pousser cet ongle plus long que les autres[5]. Il servait aussi à se servir une petite quantité de sel à table[6].
Sous Louis XIV, se laisser pousser l'ongle du petit doigt était à la mode. Scarron, dans sa tragi-comédie Plus d'effets que de paroles, se moque de Prosper, prince de Salerne, qui avait laissé démesurément pousser son ongle, « ce qu'il croyoit le plus galant du monde. »
Ces vers du Misanthrope illustrent l'effet de mode que pouvait avoir cette pratique du temps de Louis XIV[7] .
« Est-ce par l'ongle long qu'il porte au petit doigt
Qu'il s'est acquis chez vous l'estime où on le voit ? »
— Molière, Le misanthrope, acte II, scène 1
Italie
modifierEn Italie, on le retrouve dans certaines régions culturelles du Sud, par exemple dans les coutumes siciliennes[8].
L'expression "ongle de tailleur" (unghia del sarto), utilisée surtout en Sicile, se réfère précisément à la capacité de se distinguer, par ce signe, comme une personne dédiée à un travail de "raffinement et de précision". L'ongle long, en Sicile, peut également avoir été l'apanage de personnes de condition modeste qui voulaient ainsi marquer une distance sociale avec des personnes de condition inférieure, dédiées à des activités manuelles.
Europe orientale
modifierRussie
modifierOn la trouve également dans les coutumes des gangsters de la mafia russe, avec les "couronnes", c'est-à-dire de fausses capsules dentaires en or sans fonction médicale, appliquées dans le seul but d'étaler sa richesse (bien qu'elles soient en réalité faites de bronze et non de métal précieux)[9].
Monde rom
modifierParmi les Roms, on retrouve cette pratique chez les Gitans en tant que signe d'identité[1].
Asie
modifierEmpire ottoman
modifierSous-continent indien
modifierEn Inde, les artisans se laissent pousser l'ongle de la main gauche et l'aiguisent pour faciliter le nouage, tandis que d'autres utilisent un anneau sur l'index autour de l'ongle[10].
Chine
modifierChez les Chinois de certaines régions de Chine il s'agit d'un signe de noblesse qui souligne l'inutilisation des mains dans le travail par opposition aux travaux liés aux champs. Dans la culture chinoise, si l’auriculaire dépasse l’articulation de la dernière phalange de l’annulaire, c’est signe de richesse[1].
Parmi les théories sur cette tradition chinoise est que l'ongle ainsi allongé servait à récupérer les mèches de chanvre dans les lampes à huile. Puis les « riches » se faisaient faire un faux ongle en argent, sorte de capuchon de la phalange, en guise d’outil accessoire des lampes à huiles. La tradition a fait que c’est devenu un bijou pour les mandarins, totalement éloigné de sa fonction d’origine, puis les « pauvres » ont gardé le petit doigt avec un ongle long, en guise d’outil d’appoint[1].
La correspondance du missionnaire belge Théophile Verbist et de ses compagnons en Chine (1865-1866) témoigne du fait que les hommes étaient plus fréquemment porteurs des ongles longs que les femmes[11].
Vietnam
modifierChez les Siamois et les Annamites, il arrivait que l'on porte très longs les ongles des petits doigts ou du pouce[12]. Au Vietnam, la croissance exagérée des ongles passait à la fois pour un signe de beauté et de distinction pour les nobles[12].
Moyen-Orient et Afrique du Nord
modifierEn Afrique du Nord et au Moyen-Orient les nomades avaient pour habitude de faire du commerce et de vendre des étoffes aux peuplades sédentaires à l'aide de l'unité de mesure dite « main de Mercure » (statue de Mercure sur le port de Tyr). Les nomades avaient une toise sur laquelle il s « toisaient » leur main ouverte pour faire la « main de Mercure ». Pour ajuster la longueur, il coupaient plus ou moins l’ongle du petit doigt. La tradition de l’ongle long aurait perduré, servant ensuite d’outil d’appoint[1].
Monde sémitique
modifierChez les Sémites moderne cette pratique est courante chez certains hommes de la classe sociale populaire.
Égypte
modifierMaghreb
modifierAu Maghreb, avoir l'ongle de l'auriculaire long peut servir pour le nouage dans certains métiers tels que tailleur, qui enroule l'extrémité de son aiguille au bout de son auriculaire[13].
Monde subsaharien
modifierDans les pays subsahariens et leurs cultures, le fait de garder l'ongle du petit doigt est attesté en tant que signe de distinction élitiste et intellectuelle des hautes castes et rangs sociaux[1].
Voir aussi
modifierNotes
modifier- El Maestro, « Le secret de l’ongle long chez l’homme enfin dévoilé », (consulté le )
- (en) « Here’s Why Some Indian Men Keep Their Little Finger Nail Long, & No, It’s Not To Clean Their Ears », sur ScoopWhoop, (consulté le )
- Stéphane Héas et Laurent Misery, Variations sur la peau: Tome 2, Éditions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-21370-8, lire en ligne)
- Molière, Œuvres de Moliere: avec des remarques grammaticales, des avertissemens et des observations sur chaque piéce, Tardieu-Denesle, (lire en ligne)
- « Louis XIV | Portraits of Power », sur sites.psu.edu (consulté le )
- Molière, Le misanthrope, Paris, Gustave Barba, 1853-1866, p. 2
- François-Joseph-Michel Noël et Noël, Dictionnaire étymologique, critique, historique anecdotique et littéraire... pour servir à l'histoire de la langue française, Libr. Le Normant, (lire en ligne)
- Perché alcuni uomini hanno l'unghia del mignolo lunga, in Lettera43, 7 aprile 2016
- Marta Craveri, Resistenza nel Gulag. Un capitolo inedito della destalinizzazione in Unione Sovietica, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2003, p. 119.
- (en) India Office of the Registrar, Census of India, 1961, Manager of Publications, (lire en ligne)
- Daniël Verhelst et Hyacint Daniëls, La congrégation du coeur immaculé de Marie, tome II A : la correspondance de Théophile Verbist et de ses Compagnons (1865-1866), Louvain, Presses Universitaires de Louvain, , 903 p., p. 419
- Société d'Anthropologie (Paris), Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris, Masson, (lire en ligne)
- Entre Sicile Et Tunisie, Société des Ecrivains (ISBN 978-2-7480-4146-0, lire en ligne)