Office anti-stupéfiants
L'office anti-stupéfiants (OFAST) est une agence française chargée de coordonner la lutte contre le trafic de stupéfiants sur le territoire français. Annoncée en , elle est opérationnelle depuis le [1] et succède à l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). Elle fait partie du plan national de lutte contre les stupéfiants, mis en route par le gouvernement[2]. L'office est dirigé par Stéphanie Cherbonnier, contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale, depuis sa création en 2020, jusqu'en juillet 2024.
Office anti-stupéfiants | |
Logo de l'office anti-stupéfiants | |
Situation | |
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Création | |
Domaine | Trafic de stupéfiants |
Siège | Nanterre (France) |
Coordonnées | 48° 53′ 33″ N, 2° 12′ 55″ E |
Organisation | |
Chef de l'office | vacant |
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Histoire et organisation
modifierL'OFAST est un service central à compétence nationale, chef de file pour la lutte contre les trafics de stupéfiants. Il a remplacé l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), disparu fin 2019.
L'OFAST est placé sous l'autorité du directeur central de la police judiciaire. Son fonctionnement est interministériel associant l'autorité judiciaire et l'ensemble des services concernés (justice, police, gendarmerie, douane, administration pénitentiaire, administration fiscale, etc.)[3].
Le chef de l'OFAST est une contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale et le chef-adjoint un procureur de la République, détaché également comme contrôleur général. L'OFAST est structuré en trois pôles : un pôle opérationnel dirigé par un commissaire divisionnaire, un pôle stratégie dirigé par une administratrice des douanes et un pôle renseignement, dirigé par un colonel de gendarmerie.
L'OFAST est un service opérationnel qui conduit ses propres enquêtes et a pour vocation de coordonner les enquêtes réalisées par les autres services concernant les trafics d'envergure. A ces fins, il travaille en étroite relation avec la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organise (JUNALCO) et les juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), dans le cadre de saisines conjointes avec les services territoriaux de la police ou de la gendarmerie. L'OFAST est le point d'entrée et contact privilégié des autres services étrangers spécialisés dans la lutte anti-drogue.
Il dispose d'un réseau de 14 antennes et 10 détachements en France et un maillage de cellules du renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS) dans chaque département[4].
Né le 1er janvier 2020, l'OFAST s'appuie sur plus de 200 agents issus de la police judiciaire, de la douane, de la gendarmerie, du ministère de la Justice et même des Finances publiques[5].
L'Ofast est implantée aux Antilles françaises au Fort Saint-Louis à Fort-de-France en Martinique, avec des antennes en Guadeloupe et à Saint-Martin. Fort de 60 à 70 enquêteurs pour la zone Caraïbe, l’Ofast centralise le renseignement et collabore avec l'ensemble des services sur le terrain[6].
Direction
modifierL'office anti-stupéfiants est dirigé, depuis sa création le , par la contrôleuse générale des services actifs de la Police nationale Stéphanie Cherbonnier, nommée à ce poste par un arrêté du ministre de l'Intérieur du [7]. Elle est reconduite dans ses fonctions deux ans et demi plus tard par un nouvel arrêté du [8]. Elle quitte ses fonctions en juillet 2024, suite à sa nomination comme Inspectrice générale, directrice nationale adjointe de la Sécurité Publique.
Marché illégal de la drogue
modifierEn 2022, selon Stéphanie Cherbonnier, l'office fait face à un marché de la drogue illégal porté par la demande qui est forte. « le cannabis, c'est 900 000 usagers quotidiens et pour la cocaïne, 600 000 usagers annuels ». L'office mène la lutte et obtient des résultats par la saisie en quantité de différentes drogues, le démantèlement d'organisations criminelles, et la hausse des arrestations de trafiquants[9]. Une lutte plus efficace contre la corruption est nécessaire. « Sans la corruption, qu’elle soit publique ou privée, les trafics ne prospèrent pas. Cela peut toucher des personnels des ports ou aéroports, des policiers, des gendarmes, des douaniers… Aucune profession n’est épargnée, dès lors que vous avez des trafiquants qui offrent des sommes très conséquentes »[10].
Le 27 novembre 2023, elle répondait à une audition au Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier. « Le trafic de stupéfiants, c’est le premier marché criminel au monde. En France, il représente un chiffre d’affaires évalué à trois milliards d’euros et on estime à 240 000 le nombre de personnes qui vivent directement ou indirectement de ces trafics », a-t-elle rappelé en ouverture de son audition »[10].
Succès et difficultés
modifierEn 2021, les saisies de stupéfiants connaissent un niveau historiquement élevé, 96 tonnes de cannabis, 23 de cocaïne et 1,2 d’héroïne[11].
En novembre 2022, à la suite d'une enquête sur le parcours du trafic de cocaïne en provenance des Antilles françaises, en suivant une cargaison du Havre jusqu'à Strasbourg, la police a interpellé neuf personnes en train de décharger la marchandise, l'opération et les perquisitions ont permis la saisie de 334 kg de cocaïne, 750 à 800.000 euros, une dizaine de véhicules de luxe et des bijoux de marque[12].
En 2022, 27,7 tonnes de cocaïne ont été interceptées dont 55 % provenaient des Antilles et de Guyane, zone de transit avant d’arriver en métropole[13],[6]. Selon Clarisse Taron, procureure de Fort-de-France, lors de son audition par une commission d'enquête parlementaire, la corruption est une des difficultés de la lutte antistupéfiants car elle peut toucher les dockers, les employés du port, ceux de la CMA CGM et les vigiles et s'étendre aux douaniers, aux fonctionnaires de police, aux fonctionnaires de justice[14].
En juin 2023, dans le cadre d’une enquête sur un réseau de trafic de drogue de la cité des rosiers, dans le 14e arrondissement de Marseille. Près de 285 000 euros et 45 kilos de cocaïne ont été saisis. Une enquête menée sur un réseau de blanchiment d’argent de la drogue a donné lieu à 21 mises en examen[15].
En juillet 2023, treize personnes, dont onze policiers adjoints, soupçonnées d'avoir fait passer de la cocaïne par avion de la Guyane vers la métropole, ont été mises en examen et placées en détention provisoire. Les policiers, essentiellement de la police aux frontières (PAF), profitaient de leur uniforme pour éviter des contrôles de sécurité[16].
En 2023, Moufide Bouchibi, Hakim Berrebouh, Mohamed Djeha…, "barons" de la drogue, sont interpellés grâce à des informations de l’Ofast, l’Office antistupéfiants[5].
Le 4 avril 2024, à Marseille, l’IGPN a mené des perquisitions sur des soupçons de corruption de policiers de l'OFAST, à la suite d'une enquête ouverte par le parquet. Un sac avec un demi-million d’euros en liquide a été saisi[17],[18].
En avril 2024, les enquêteurs marseillais ont conduit des opérations ciblant des ravitailleurs de trois cités différentes des quartiers nord à Marseille . Le bilan monte à 28 interpellations et plus de 100 kg de stupéfiants saisis chez des ravitailleursi[19]. Au bilan des Opérations « place nette », quatre tonnes de drogues et 20 millions d’euros d’argent frais ont été saisis en un mois, 600 personnes ont été présentées à un juge[20]
En novembre 2024, les enquêteurs de l'antenne de l'Ofast de Marseille ont saisi près de 1,2 million d'euros issus d'une filière de blanchiment de trafic de stupéfiants, dans le même cadre 15 interpellations ont eu lieu en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Île-de-France[21].
Références
modifier- Décret n° 2019-1457 du 26 décembre 2019 portant création du service à compétence nationale dénommé Office anti-stupéfiants, (lire en ligne)
- Ministère de l'Intérieur, « Plan national de lutte contre les stupéfiants », sur interieur.gouv.fr, (consulté le )
- « Hausse alarmante de la consommation d'herbe de cannabis en France », sur senat.fr, (consulté le ), question écrite no 17681 de Mme Catherine Dumas (Paris - Les Républicains) publiée dans le JO Sénat du 3 septembre 2020, page 3849. Réponse du Ministère de l'intérieur publiée dans le JO Sénat du 1er octobre 2020, page 4455.
- « Le ministre Christophe Castaner installe officiellement l'Ofast, l'Office anti-stupéfiants », sur France Bleu, (consulté le )
- Vincent Gautronneau, « Des réseaux criminels internationaux au petit dealer : comment l’Office antistupéfiants lutte contre le trafic de drogue », sur LeParisien.fr, (consulté le )
- Rodolphe Lamy (avec Rinsy Xieng, Karl Lorand et Olivia Losbar), « DOSSIER 1/5] Trafic de cocaïne aux Antilles : un combat sans fin », sur rci.fm, (consulté le )
- Légifrance, « Arrêté du 31 décembre 2019 portant nomination (contrôleurs généraux) », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Légifrance, « Arrêté du 30 août 2022 portant nomination d'une contrôleuse générale des services actifs de la police nationale », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Stéphanie Cherbonnier, de l'OFAST, « Les saisies de stupéfiants connaissent un niveau historiquement élevé », sur Radio France,France Inter, (consulté le )
- Rose Amélie Becel, « Trafic de drogue : « aucune profession n’est épargnée » par la corruption, alerte la cheffe de l’Office anti-stupéfiants au Sénat », sur publicsenat.fr, (consulté le )
- Stéphanie Cherbonnier, « OFAST : "Les saisies de stupéfiants connaissent un niveau historiquement élevé" », sur Radio France, France Inter, (consulté le )
- G.V, « Cinq nouvelles mises en examen pour un trafic de cocaïne entre les Antilles et Strasbourg », sur 20minutes.fr avec AFP, (consulté le )
- « A Saint-Martin, 1,8 tonne de cocaïne saisie par la gendarmerie sur un hors-bord », sur LeMonde.fr avec AFP, (consulté le )
- Karl Lorand, « [DOSSIER 5/5] Trafic de cocaïne aux Antilles : ce qu’ont dit les magistrats aux sénateurs », sur rci.fm, (consulté le )
- Alexandre Vella, « Quinze personnes interpellées et 45 kilos de cocaïne saisis », sur 20minutes.fr, (consulté le )
- « Guyane : soupçonnés de trafic de cocaïne, 11 policiers mis en examen et incarcérés », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
- Caroline Delabroy, « Soupçons de corruption à l’OFAST de Marseille : Un sac avec un demi-million d’euros en liquide dans le viseur », (consulté le )
- « En pleine lutte anti-drogue, des soupçons de corruption au sein de l'Office anti-stupéfiants de la police judiciaire de Marseille », sur VarMatin.com avec AFP, (consulté le )
- Alexandre Vella, « Drogue à Marseille : 28 interpellations et plus de 100 kg de stupéfiants saisis chez des ravitailleurs », (consulté le )
- « Opérations « place nette » : Quatre tonnes de drogues et 20 millions d’euros d’argent frais saisis en un mois », sur 20minutes.fr avec AFP, (consulté le )
- « Blanchiment de trafic de stupéfiants : 15 interpellations et près de 1,2 million d'euros saisis, annonce le procureur de Marseille », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Site officiel police nationale direction-nationale de police judiciaire (DNPJ)
- Lutter contre les trafics de stupéfiants sur info.gouv.fr
- Jérôme Duran, Étienne Blanc, « L'essentiel sur le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier, un nécessaire sursaut : Sortir du piège du narcotrafic » [PDF], sur senat.fr, , préconise entre autres de renforcer les moyens de coordination de l'OFAST pour en faire un DEA à la française