Nyâya

une des six écoles philosophiques hindoues dites « orthodoxes »
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Le nyāya, l'une des six écoles philosophiques hindoues dites « orthodoxes » (sanskrit en devanāgarī : न्याय; signifie : la « méthode », le « système » ou la « règle »)[1] sans doute fondée par le brahmane Akshapada Gautama, est une doctrine semblable, par certains aspects, au vaiśeṣika[2].

Son exposé le plus ancien est constitué par le nyāya sūtra[3] de Gautama (Ier siècle apr. J.-C.) — les dates varient, entre 200 et 450[4] — qui systématise la logique indienne qui avait été élaborée jusqu'alors. Le nyāya connut une nouvelle phase — dite nava-nyāya, c'est-à-dire nouveau nyāya — avec Gangesha (IAST: Gaṅgeśa), auteur du célèbre ouvrage intitulé Tattva-cintāmaṇi, le « Joyau idéal de la vérité » (1200)[5].

Description

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Le nyāya se base sur la connaissance, utilise la raison et obtient ainsi des conclusions correctes pouvant déboucher sur de nouvelles connaissances[6].

Pour le nyāya, les quatre fondements de la connaissance sont[7]  :

  • la constatation directe (observation) ;
  • l'inférence ;
  • l'assimilation par comparaison ;
  • le témoignage de l'autorité.

Philosophie

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La philosophie hindoue Nyâya considère que prendre l'âtman pour ce qu'il n'est pas est la source des souffrances, et la voie vers la délivrance, c'est la connaissance juste ou « compréhension des choses telles qu'elles sont » pour l'être qui les perçoit ; ainsi, l'ignorance fondamentale, source des afflictions, est « de prendre le non-Soi comme le Soi [âtman] par exemple quand on dit : "Je suis" où l'égarement consiste en égoïté (ahaṃkāra). L'égoïté, c'est la vision de celui qui voit le non-Soi en pensant : "Je suis" ». L'« agrégat d'objet qui est le domaine de l'égoïté » est « le corps, les facultés sensorielles, le mental, les sensations et les pensées »[8]. S'identifier à cet agrégat enchaîne, la libération vient de la connaissance métaphysique de l'âtman qui mène un tel connaisseur à vivre sans désir, sans haine ni aveuglement[9] ; ce connaisseur de l'âtman, qui sait ce qu'il faut éviter et le moyen pour l'éviter, ce qu'il faut conquérir et le moyen pour le conquérir, conçoit ainsi « de la compassion (dayâ) pour tous les êtres », créatures sans connaissance ne sachant éviter le mal ni désirer le bonheur suprême ; la compassion pour tous les êtres de ce connaisseur le mène naturellement à leur enseigner les choses telles qu'il les voit, afin qu'ils sachent et, par ce savoir, écartent ce qu'il faut écarter (l'identification à l'ego transitoire) et gagnent ce qu'il faut gagner (la réalisation du Soi éternel ou âtman, en étant libre de l'attachement aux plaisirs, libre de « la soif envers tous les objets du monde » et de la sorte enfin libre de l'insatisfaction)[10].

Notes et références

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  1. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit
  2. Gerhard J. Bellinger, Encyclopédie des religions (ISBN 2-253-13111-3)
  3. Michel Angot (trad. du sanskrit), L’Art de conduire la pensée en Inde ancienne : le nyāya-sūtra de Gautama Akṣapāda et le nyāya-bhāṣya d’Akṣapāda Pakṣilasvāmin., Paris, Les Belles Lettres, , 883 p. (ISBN 978-2-251-72051-7)
  4. Banglapedia, National Encyclopedia of Bangladesh
  5. Encyclopédie de la philosophie (ISBN 2-253-13012-5)
  6. B.M. Sullivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books (ISBN 8170945216), p. 148
  7. Jean Filliozat, Les Philosophies de l'Inde, Paris, PUF, (ISBN 978-2-13-055751-7)
  8. Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres, page 693 (ISBN 978-2-251-72051-7).
  9. Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres (ISBN 978-2-251-72051-7).
  10. Le Nyâya-sûtra de Gautama Akshpâda et Le Nyâya-Bhâshya d'Akshapâda Pakshilasvâmin, traduction de Michel Angot, éditions Les Belles Lettres, page 474 et page 677 (ISBN 978-2-251-72051-7).

Articles connexes

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