Nissim de Camondo

officier et pilote français

Nissim de Camondo, né le à Boulogne-sur-Seine[1] (Seine) et Mort pour la France le à Leintrey (Meurthe-et-Moselle), est un banquier et aviateur français, qui périt au cours de la Première Guerre mondiale. Grâce à un legs de son père, un musée parisien consacré aux arts décoratifs porte son nom depuis 1936.

Nissim de Camondo
Biographie
Naissance
Décès
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LeintreyVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Formation
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Famille
Père
Mère
Irène Cahen d'Anvers (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Autres informations
Conflit
Distinctions

Biographie

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Famille et éducation

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Blason de la famille de Camondo.

Né en 1892 à Boulogne-Billancourt[2], Nissim est le fils du banquier et collectionneur Moïse de Camondo, et de la comtesse Irène Cahen d'Anvers. Par son père, il descend d'une famille de banquiers juifs séfarades originaire de l'empire ottoman, anoblie en 1867 par le roi d'Italie, et établie en France en 1869[3]. Il reçoit le prénom que porte également son grand-père paternel. Il est le frère de Béatrice de Camondo.

 
Comte Nissim de Camondo, son grand-père
Carolus-Duran, 1882,
Chrysler Museum of Art.

Ses parents, mariés en 1891 se séparent dès 1896, puis divorcent en 1902. Nissim de Camondo reçoit une éducation stricte et patriotique, notamment au lycée parisien Janson-de-Sailly et passe ensuite une licence en droit.

En 1911, Nissim de Camondo devance l’appel au service militaire[2] et s’engage dans l’armée[2]. Bon cavalier, il est affecté dans un régiment de hussards à Senlis, jusqu'au , où il est placé dans la réserve avec le grade de maréchal des logis[2]. Il commence une carrière de banquier[2] au service des titres de la Banque de Paris et des Pays-Bas.

Première Guerre mondiale

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Juste avant la mobilisation générale, il est rappelé en activité et rejoint son régiment de hussards à Senlis le [2] avec le grade de sous-lieutenant. Il commence à combattre le [2], puis participe notamment à la bataille de la Marne. Son courage lui vaut ses citations dès cette époque[4].

Intéressé par les nouvelles unités de l’Armée de l’air, alors en pleine création, il est affecté au 21e régiment de dragons[5] à pied fin 1915. Évacué à la suite d'une crise d'appendicite en , il est opéré puis envoyé en convalescence à Deauville.

En , il se réengage dans l'aviation française comme volontaire pour la durée des hostilités, et devient observateur, photographe et pilote auprès de l'escadrille MF 33[2]. Il participe à la bataille de Verdun puis à celle de la Somme. Promu lieutenant en juillet 1916, il est breveté pilote en novembre suivant[6]. Il obtient le brevet de pilote militaire no 5300 en sur un Farman F 40.

Le , son habileté et son sang-froid lui valent d'être cité à l’ordre de la 6e armée : « Observateur photographe en avion de très haute valeur, tant par son audace et son sang-froid que son habileté professionnelle. Pendant les batailles de Verdun et de la Somme[2] où le Corps d’armée a été engagé, grâce à son courage, il a réussi plusieurs missions photographiques rendues périlleuses par les attaques des avions de chasse ennemis, en particulier dans la journée du , où son avion a été fortement atteint ».

Nissim de Camondo est abattu en combat aérien le en Lorraine[2], en compagnie du sous-lieutenant Louis Lucien Roch Desessard. Ce jour-là, à bord d'un Dorand AR 1, ils sont pris en chasse au-dessus de Remoncourt. Desessard touche le réservoir de l'avion adverse qui prend feu. Leur avion, également touché, part en vrille. Nissim de Camondo tente d'atterrir, son avion s'écrase entre les villages d'Emberménil, de Vého et de Leintrey. Les deux français furent d'abord inhumés par les Allemands dans le cimetière de Parroy[7], avant que ses restes ne soient ramenés auprès des siens, par son père Moïse de Camondo, dans les années 1920.

Distinctions

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Hommages

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Moïse de Camondo reçut une lettre de condoléances de la part de Marcel Proust. Cela est dû à l'amitié liant Nissim de Camondo à l'écrivain et diplomate Jacques Truelle dès . Ce dernier, pour qui Marcel Proust éprouvait une sincère affection, les avait présentés l'un à l'autre[8].

Pour rendre hommage à son fils, Moïse de Camondo lègue ses collections et son hôtel particulier[2] au no 63 de la rue de Monceau à Paris à l’Union des Arts Décoratifs, à condition d'en faire un musée portant le nom de Nissim de Camondo en mémoire de son fils et que les photos qui s'y trouvent ne soient pas déplacées[9],[10]. Jusqu’à sa mort, en 1935, il continue d'acheter des œuvres d’art pour ce faire.

Références

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  1. Registre d'état civil, n° 563, p. 72, Archives municipales, Boulogne Billancourt, 1892.
  2. a b c d e f g h i j k et l Rachid Bouchareb et Pascal Blanchard, « Nissim de Camondo (vidéo) », Institut national de l'audiovisuel (INA), frères d'armes : Ils se sont battus pour la France depuis plus d'un siècle,‎ (lire en ligne).
  3. Philippe Dagen, « Splendeur et tragédie des Camondo », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. voir http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/Nissim_de_Camondo1.htm
  5. Les escadrilles aériennes n’existent pas encore.
  6. « Nissim de Camondo et la Grande Guerre 1914-1917 », sur madparis.fr (consulté le ).
  7. Selon les extraits du livret militaire de Nissim de Camondo et des rapports de guerre, voir http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/Nissim_de_Camondo1.htm
  8. Une lettre inédite de Proust prouverait que Nissim Bernard, l'un des héros d'À la Recherche du Temps Perdu, tirerait son prénom de Nissim de Camondo, selon Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Paris, Gallimard, 1997.
  9. (en) Allan Massie, « Book review: Letters to Camondo, by Edmund de Waal », The Scotsman,‎ (lire en ligne).
  10. (en) Edmund de Waal (en), Lettres à Camondo, Musée des Arts décoratifs, .

Vidéographie

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Bibliographie

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  • Le Lieutenant Nissim de Camondo, correspondance et journal de guerre, Paris, Les Arts Décoratifs, 2017. Textes de Sophie d'Aigneaux-Le Tarnec, Sylvie Legrand-Rossi, Philippe Landau.
  • Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Paris, Gallimard, 1997.
  • Nora Şeni et Sophie Le Tarnec, Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune, Arles, Actes Sud, 1997.

Liens externes

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